Articles Tagués ‘François Hollande’

(!) Info minute – Revue de Presse

Hier soir à l’assemblée nationale, alors qu’elle défendait son projet de loi sur la transition énergétique, la ministre Ségolène Royal a annoncé qu’elle allait refuser la délivrance d’un permis de recherche d’hydrocarbure à la société Tethys Oil France dans le parc du Lubéron. Bonne nouvelle pour les uns, stupéfaction pour d’autres. En fait le gouvernement gère ce dossier au gré des vents contestataires. Comme sur d’autres dossiers, il navigue à vue, sans vision, sans politique.

Une stratégie de la communication qui peine à dissimuler l’absence de politique claire et ambitieuse en matière de transition énergétique et de protection de l’environnement.

François Hollande ne s’y est pas trompé en nommant Ségolène Royal, la quatrième ministre de l’écologie de son mandat commencé il y deux ans et demi. Forte personnalité, l’énarque qui est déjà passée dans ce ministère sous François Mitterrand est en campagne de communication permanente pour défendre les archaïsmes français : à peine nommée, notre Ministre enterrait l’ « éco redevance poids lourds » sous prétexte d’écologie punitive! Puis comme un certain Arnaud Montebourg, désormais remercié, elle ne « ferme pas la porte » aux gaz et pétroles de schiste. Avant de se raviser lorsque son adversaire des élections présidentielles de 2007 Nicolas Sarkozy -qui avait fat voté une loi d’interdiction de la fracturation hydraulique et abrogé trois permis de recherche de gaz de schiste, change lui aussi de position à 180° et annonce qu’il faut exploiter les gaz de schiste pour sauver l’économie française !

La chance … ou la malchance

La mobilisation des collectifs et élus locaux, des responsables du parc naturel du Lubéron, en pleine discussion de la loi sur la transition énergétique y est certainement pour quelquechose. Pour Madame Royal, il fallait accompagner ses fraiches déclarations (« moi ministre, il n’y aura pas d’exploitation de gaz de schiste ni même d’exploration ») d’un geste. Le rejet d’une demande de permis ferait l’affaire. Qui plus est, dans un parc naturel, celui du Lubéron, la Provence, on ne peut qu’adhérer. Et d’autant plus que le premier dossier de demande déposé en 2010 spécifiait bien que la cible visée par le pétitionnaire était effectivement du gaz de schiste.

Pourquoi une seule demande et pas les autres permis et demandes ?
Annexe III mission d'inspection

Demandes de permis non conventionnels – CGEIET – CGEDD

Un geste symbolique donc. UNE demande de permis de recherche hydrocarbure rejetée. François Hollande plus généreux en avait rejeté 7 en 2012. Et toujours aucune décision sur les multiples autres demandes, ni les permis non conventionnels existant. Une épée de Damoclès qui reste suspendue pour tenter de fatiguer les populations et élus locaux qui résistent contre ces projets depuis quatre ans et expriment régulièrement leur opposition au gaz de schiste.

« Contre le gaz de schiste » mais surement pas contre le pétrole de schiste, le gaz de couche et autres hydrocarbures non conventionnels

La communication mise en œuvre par nos gouvernants mérite d’être examinée de près. Car depuis 2012, on nous répète à l’envie qu’ « il n’y aura pas d’exploration ni exploitation de gaz de schiste ». On parle bien de gaz de schiste, tandis que de nombreux permis et demandes visent d’autres hydrocarbures non conventionnels : le pétrole de schiste dans le bassin Parisien, le gaz de couche (gaz de houille) dans le Nord, les pétroles lourds dans le Gard et le Sud de l’Ardèche, les gaz compacts sous le lac Léman, les pétroles logés sous les roches karstiques dans le massif du Jura …

France Info

Irresponsabilité totale: on fatigue la population en la contraignant à l’opposition permanente plutôt que de l’engager vers les projets du futur.
Ce samedi 11 octobre, pour exprimer à nouveau votre refus de ces projets spéculatifs et néfastes à l’environnement et la santé, rejoignez les manifestations près de chez vous !
global frackdown FR

Plus d’information sur les manifestations du 11 octobre 2014 en cliquant sur l’image

Pour participer à la cyberaction cliquer ici!                                                         (!) Info minute – Revue de Presse

La vigilance citoyenne est de mise ! Car la nouvelle offensive à laquelle on assiste depuis quelques semaines risque de remettre en cause les engagements pris par le gouvernement contre la recherche et l’exploitation des huiles et gaz de schiste. Une offensive qui vise également à remettre en cause le principe de précaution. La vigilance doit être renforcée et l’information circuler avant qu’il ne soit trop tard.

Des permis en cours de signature qui déboucheront sur des forages
  • Dans le Lubéron, habitants et élus locaux sonnent le tocsin. En effet, un projet d’arrêté signé des ministères de l’Écologie et de l’Économie, et accompagné de documents mentionnant The Tocsin of Libertyles avis favorables des préfets de Vaucluse, des Alpes-de-Haute-Provence et des Bouches-du-Rhône est en attente de la décision du conseil général de l’économie de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGEIET). Ce document de trois pages, c’est le projet de permis exclusif de recherches de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux (PERH), dit “permis de Calavon”. Comme à chaque fois, la population et les élus locaux n’ont pas été tenus informés des projets et se retrouvent devant le fait accompli !
  • Dans le Gard et en Ardèche, c’est le permis de la plaine d’Alès qui fait l’objet de bien des questions. Les collectifs locaux et les élus n’obtiennent aucune réponse à leurs questions de la part de l’autorité publique. Et ce permis concerne lui-aussi des hydrocarbures non-conventionnels.
  • Dans l’Ain et le Jura, c’est le permis des Moussières qui fait l’objet d’une vaste campagne de désinformation menée par Celtique la compagnie titulaire du permis dont elle a demandé le renouvellement. Localement, la population, les élus locaux et régionaux se sont mobilisés pour demander le rejet de cette demande. Ils ont en cela le soutien objectif du projet de l’Ain et de la DREAL Rhône-Alpes, l’un et l’autre ayant émis un avis défavorable à cause des risques majeurs liés à un tel projet.
  • Dans le Languedoc Roussillon d’autres inquiétudes persistent avec la décision à prendre de renouveler ou pas le permis dit de Plaine du Languedoc.
La folie ne s’arrête pas là. Les Ministères de l’Écologie et de l’Économie ont en effet ressorti des dossiers de demande de permis de recherche d’hydrocarbure pour lesquels ils s’apprêtent à délivrer des autorisations.
Inconsistance de politiques: déboulonnage du principe de précaution en vue!

La presse l’a rapporté, lors de son premier discours de campagne, Nicolas Sarkozy – l’ex-président qui brigue à présent la chefferie de son parti, a fait des déclarations enflammées au sujet des hydrocarbures non -paul-desmarais-nicolas-sarkozyconventionnels affirmant qu’il ne «peut pas accepter que les États-Unis soient devenus du point de vue de l’énergie indépendants grâce au gaz de schiste et que la France ne puisse pas profiter de cette nouvelle énergie alors que le chômage ravage tant de nos territoires et tant de nos familles, c’est inacceptable». Une succession de fables puisque d’une part les États-Unis n’ont pas atteint l’indépendance énergétique avec l’exploitation des gaz de schiste (même si on y ajoute celle des pétroles de schiste) et que d’autre part on sait que l’exploitation des gaz de schiste, si elle était lancée en France, serait génératrice de très peu d’emplois, une infime quantité d’emplois durables et qu’à l’inverse les activités mises à risque par l’exploitation des hydrocarbures, elles, représentent des emplois de proximité.
Rappelons quand-même que c’est sous la présidence de M. Sarkozy que la loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique a été votée et publiée.
Ce qui est présenté comme un « revirement de Sarkozy », n’est qu’en fait l’expression de l’attachement de l’ex-Président au vieux modèle économique dont le fonctionnement est basé sur la consommation d’énergie fossile. Est-ce que les forts liens d’amitiés qui l’unissent à la famille Desmarais l’obligeraient ? (lire aussi ceci).
Segolene Royal stop gaz de schisteAlors qu’elle s’était arrêtée en Ardèche pendant la campagne électorale de 2012  pour clamer son opposition à la recherche de gaz de schiste, Ségolène Royal maintenant ministre en charge de l’Écologie, de la protection de l’environnement et des énergies durables du pays devant accueillir la conférence internationale sur le climat en 2015, serait à la veille de relancer la recherche d’hydrocarbures (non conventionnels de surcroit) sur le sol national ?

françois hollande stop gaz de schisteQue doit-on attendre encore ? Un discours de François Hollande nous annonçant qu’il « a changé » et que lui Président, finalement il va damer le pion à Sarkozy et relancer la recherche de gaz de schiste en France ?

Face à ces incertitudes et ce jeu de dupes, la vigilance doit être renforcée et l’information doit être largement relayée avant qu’il ne soit trop tard. Car on le sait, un forage de recherche même effectué dans les meilleures conditions technologiques, c’est :
  • La création d’un droit de recherche d’hydrocarbure convertible d’un trait de plume en droit d’exploitation
  • Prendre le risque de polluer les sources en eau et assurément polluer l’air lors de l’extraction puis de l’utilisation des hydrocarbures
  • Préparer le mitage de territoires entiers
  • Ouvrir les territoires à l’invasion de lieux de vie et d’exploitation agricoles par des plateformes de forage et des tours de forage et d’extraction, à l’augmentation du trafic routier
  • Un investissement perdu pour d’autres recherches notamment pour le développement des énergies renouvelables et l’amélioration des solutions visant la sobriété et l’efficacité énergétiques
  • Tourner le dos aux solutions durables et aux objectifs de réduction des énergies fossiles alors que ce modèle économique est à bout de souffle.
Le samedi 11 octobre 2014, soyons nombreux à signifier notre rejet de la recherche de ces hydrocarbures non conventionnels lors des mobilisations en France, en Europe et ailleurs.

(!) Info minute – Revue de Presse

Suite au désaveu exprimé lors des élections municipales, abstention record et dégringolade du « Parti Socialiste », le nouveau gouvernement décidé par François Hollande voit l’arrivée de Ségolène Royal au Ministère de l’Écologie du Développement Durable et de l’Énergie.
Ségolène RoyaleLa bonne nouvelle est que la nouvelle ministre connaît déjà ce ministère ; elle l’a toutefois pratiqué alors que son domaine de compétence était bien plus restreint, c’était sous François Mitterrand, c’était le ministère de l’environnement, c’était il y a 22 ans et ce fut court : 11 mois et 27 jours .
La deuxième bonne nouvelle c’est que l’énergie reste de la compétence de ce ministère. Toutefois soyons réalistes: de son côté Arnaud Montebourg nouveau ministre de l’économie garde son portefeuille du « redressement productif ». Il ne restera pas muet sur le sujet et exercera toute son influence. Et on connaît sa position sur la question de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures en général et des pétrole et gaz de schiste en particulier : Cherchons et forons dès que possible quitte à soutenir de surprenants concepts (le gaz de schiste « écologique » ) et surtout faisons la promotion du concept de la recherche (même utopique) pour stigmatiser les opposants au gaz de schiste qu’on fera passer pour de sombres obscurantistes, opposés à toute recherche, des hommes de cro-magnon ayant quand-même découvert la bougie.

Ségolène Royal ni pour (le gaz de schiste) ni contre (une nouvelle technique d’exploitation)

Ségolène Royal serait-elle exactement sur la même ligne qu’Arnaud Montebourg ?

montebourg_A une époque où la primaire du parti socialiste en vue de désigner le candidat à la présidentielle battait son plein, l’un(4) et l’autre(5) se disaient contre l’exploitation du gaz de schiste par la fracturation hydraulique. C’était en 2011. Même Nicolas Sarkozy alors Président avait reculé sur le sujet. Le refus de ces projets d’exploitation des gaz de schiste était quasi général dans la classe politique, les campagnes françaises grondaient qui n’avaient été ni consultées ni informées alors qu’elles découvraient que des permis de recherche avaient été octroyés sans même consulter les habitants ni leur élus. Ségolène Royal indiquait alors être « « favorable à l’interdiction » de l’extraction du gaz de schiste tant que « la maîtrise » de cette exploitation « n’est pas garantie ». Ne fermant pas la porte à une exploitation par « les générations futures », elle jugeait « nécessaire de poursuivre la recherche sur les procédés d’extraction propres à long terme » ».

Une deuxième partie de quinquennat avec ou sans recherche de gaz de schiste ?

hollande conf envi gaz de schisteSur le gaz de schiste, la communication de François Hollande reste invariable : « Pas d’exploitation durant mon mandant mais ne nous interdisons pas de développer la recherche ». Toutefois de grandes incertitudes persistent : De nombreuses demandes de permis de recherche d’hydrocarbures pour l’essentiel non –conventionnels n’ont toujours pas été rejetées et des permis font l’objet de demandes de prolongation. Philippe Martin, troisième ministre de l’écologie du premier ministre Ayrault en 22 mois indiquait qu’aucun nouveau permis de recherche d’hydrocarbure ne serait accordé avant l’adoption du nouveau code minier. Déclaration par la suite démentie par les faits.
Or nous n’avons de cesse de le répéter : un permis de recherche constitue un droit d’une durée de 5 ans ouvrant à un autre droit qui est celui de forer. Même si le titulaire d’un permis doit désormais soumettre son projet de forage à une autorisation, même si une société doit démontrer l’exécution de son engagement financier pour maintenir ou renouveler ses droits, l’administration centrale en charge des mines est clémente et pleine de créativité, elle joue la montre pour prolonger ou renouveler les permis, avec l’espoir de voir s’assouplir la position de l’exécutif … et du législateur.

Madame Royal sera-t-elle ouverte à l’expression citoyenne? Considère-t-elle toujours que la France doit être ce grand pays « champion européen de la transition énergétique ». Saura-t-elle s’imposer pour l’organisation de la conférence sur le climat à Paris en 2015 ou l’organisation de ce sommet restera-t-elle la seule prérogative du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius? Les semaines à venir devraient permettre d’en savoir plus sur l’ambition de ce gouvernement envers la transition énergétique.

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(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9gol%C3%A8ne_Royal
(2) Gaz de schiste : l’extraction «propre» relance le débat
(3) Réponse de Ségolène Royal au questionnaire de GREENPEACE, Positionnements et engagements en matière de politique climatique et Énergétique
(4) Montebourg : Le gaz de schiste, une fausse bonne idée
(5) Gaz de schiste, nucléaire, taxe carbone : que va faire Ségolène Royal ?

 

(!) Info minute – Revue de Presse

Les collectifs citoyens du bassin parisien sont révoltés par les mensonges qui leur sont servis, l’attentisme du gouvernement et la complicité d’une partie de l’administration qui sert les intérêts des pétro-gaziers et ceci malgré les déclarations du Président de la République et des (trois) ministres (successifs) de l’Écologie

bonnet gaz de schiste« La température commence à descendre mais ce n’est pas cela qui nous fera reculer! On en a vu d’autre comme à Saint-Julien en Genevois où nous avons défilé à une température qui descendait en dessous de -10°C » répondent en cœur les citoyens membres des collectifs de la région Rhône-Alpes.

Cette histoire de schiste et de permis est loin d’être terminée. Les collectif locaux avec certains de leurs élus sont en train de se battre contre le Ministère de l’Écologie (lequel devrait être un allié !) qui tient un double discours. Au lieu d’assumer pleinement sa position (“on est pas si contre que ça, on est même un peu pour”), un moyen “subtil” est mis en œuvre: laisser les pétroliers faire des procès contre l’État, (environ 25 procès depuis le mois de janvier) ne pas se présenter aux audiences, (l’État ne présente aucune défense, ne répond pas aux convocations, ne rédige pas de “mémoires en défense”) perdre systématiquement tous les procès (au nom de l’adage “les absents ont toujours tort”) et nous dire ensuite “vous voyez bien, nous on est contre le pétrole de schiste, mais la justice a tranché, on est obligé de signer les permis”.
C’est la manœuvre contre laquelle les collectifs locaux se battent depuis plusieurs semaines et le paroxysme a été atteint le vendredi 8 novembre lorsque les représentants des collectifs agissant en Seine et Marne ainsi que les élus de ces territoires ont été convoqués par le ministre. Ils l’ont entendu leur dire: “je suis d’accord avec vous, vous me connaissez, je me suis battu contre les OGM, contre les permis de recherche de gaz de schiste, mais là, je n’y peux rien, l’État est condamné par la justice, il faut qu’on signe, si on ne le fait pas, ça coûtera encore plus cher”.

Les collectifs ont dénoncé ces propos :

Non, la justice n’a pas condamné l’État à signer, elle a condamné l’État à justifier son refus de signer des arrêtés de mutation de permis de recherche exclusif d’hydrocarbures !

Aujourd’hui solidaires des collectifs citoyens du bassin parisien, nous dénonçons la manipulation dans laquelle on souhaite nous engluer. Non, l’État n’a pas l’obligation de signer ces documents. Ces arrêtés de mutation ne doivent pas être signés !

Si le gouvernement signe ces documents, il avoue implicitement aujourd’hui, qu’il soutient les pétroliers dans leur volonté d’explorer (donc d’exploiter) les hydrocarbures non conventionnels (les pétrole et huile de schiste) comme il les a soutenus en ne se présentant pas devant les tribunaux administratifs.  Prendre prétexte d’une condamnation en justice mal interprétée pour signer, c’est avouer son incapacité à prendre une vraie décision politique concernant les énergies extrêmes.  On peut enfin s’étonner que le ministre de l’écologie se réjouisse de la décision du Conseil Constitutionnel d’avoir conforté une loi qui autorise les expérimentations, qui interdit la fracturation hydraulique sans la définir. A-t-il oublié qu’en 2011 les élus « socialistes », au motif que le projet de loi présenté par C.Jacob était mal rédigé et pouvait être dangereux, n’avaient pas pris part au vote de cette loi?

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• lire également le communiqué de presse des collectifs présents à la réunion du 8 novembre

• lire ou relire la lettre ouverte fort instructive des avocats A.Gossement et O.Meyer

• consulter le site du Collectif du Pays-Fertois qui non au pétrole de schiste

• consulter l’ordonnance condamnant l’État à justifier son refus de signer

Edit: voir aussi la réaction d’Agir pour l’Environnement communiquée ce jour

Alerte!  en Pologne fil info ici                      SIGNEZ La pétition ici                            (!) Info minute revue de presse
Article de Corinne Lepage publié le 26/06/2013 dans Rue 89 sous le titre « Gaz de schiste : comment Delphine Batho accepte le pillage du sous-sol national » (lire  aussi notre commentaire à la fin)

site extraction gaz de schiste PA

La loi de juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste en France pourrait être remise en cause. En effet, le Conseil d’Etat devrait autoriser son renvoi devant le Conseil constitutionnel. La chambre des conflits du Conseil d’Etat avait été saisie Schuepbach Energy, dont deux permis pétroliers avaient été annulés.

La France a connu beaucoup de ministres de l’Ecologie, certains détestaient l’environnement et ses acteurs, d’autres étaient là faute de mieux, d’autres encore ont fait de leur mieux et ont effectivement marqué des points. Mais jusqu’à présent, nous n’avions pas connu de ministre qui accepte de prendre ou d’endosser des décisions aussi contraires aux discours tenus, au demeurant le plus souvent lénifiants.

Nous aurons probablement l’occasion de le constater dans les mois qui viennent, à propos des décisions qui suivront le débat sur la transition énergétique mais nous en avons déjà un très bel exemple avec l’affaire des gaz de schiste.

Permis d’exploration signé en catimini par Borloo

Tout commence le 1er mars 2010 quand Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Ecologie, signe en catimini le permis d’exploration des gaz de schistes, dont celui de Montélimar. A cette époque, de gros doutes envahissent quelques associations et il faudra attendre une tribune que je signe le 20 décembre 2010 sur Rue89 pour que la mobilisation commence et que la première manifestation s’organise au Larzac.

Retour sur les grandes étapes :

  • Le 20 janvier 2011, une ordonnance prétend modifier le Code minier. Au nom de Cap21, j’attaquerai cette ordonnance qui viole ouvertement le code de l’environnement.
  • Le 13 juillet 2011, une loi interdit la fracturation hydraulique et abroge certains permis. Nathalie Kosciusko-Morizet lancera une mission pour proposer une réformette opportuniste du code minier, qui restera dans les cartons.
  • En mars 2012, alors que la technique est interdite, le ministère lance une commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation de cette technique ayant pour mission « d’évaluer les risques environnementaux liés à la fracturation hydraulique et d’émettre un avis sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique ».
  • La ratification de l’ordonnance portant codification de la partie législative du code minier sera déposée le 4 mai 2012, entre les 2 tours de l’élection présidentielle alors que le Ministère de l’environnement n’a plus d’occupant depuis le 22 février.

Exploration signifie exploitation

Pendant toute cette période et depuis cette date, la pression des gaziers et pétroliers soutenus par le Medef ne faiblit pas. Les habitués du lobby nucléaire au sein du parlement que sont Jean-Claude Lenoir et Christian Bataille, signataires d’un rapport sur les techniques alternatives ont pris le relais.

L’exploration, coûteuse, ouvre nécessairement la voie à l’exploitation et sans appel d’offres. De plus, le code minier actuel que nous devons à Mme Kosciusko-Morizet ne prévoit aucune protection ni aucune redevance pour l’Etat dans la phase dite d’exploration. Enfin, les contrats de long terme passés par la France avec l’Algérie ou la Russie garantissent un prix élevé, ce qui signifie que l’exploitation virtuellement moins chère du gaz de schiste ne profitera qu’aux sociétés gazières et non à l’industrie et encore moins aux consommateurs.

Malgré des déclarations apparemment fermes sur le refus d’entrer dans la problématique gaz de schiste, discrètement, c’est la politique contraire qui se met en place.

Tout d’abord, en retardant la sortie de la réforme du code minier qui devrait protéger financièrement l’Etat et appliquer le droit communautaire et le droit de l’environnement.

Dans le même temps, instruire les nombreuses demandes d’autorisations qui sont dans les tuyaux, comme si de rien n’était, après avoir pris les Français pour des imbéciles en leur faisant croire que rejeter sept demandes signifiait rejeter toutes les demandes.

Enfin, sur le plan juridique, en ne s’opposant pas vigoureusement à la question prioritaire de constitutionnalité dont les titulaires d’autorisation voulaient saisir le Conseil Constitutionnel.

Il est pour le moins paradoxal de voir les pourfendeurs habituels du principe de précaution s’en prévaloir pour tenter d’obtenir l’inconstitutionnalité de la loi Jacob. Quoiqu’il en soit, au lieu de défendre la loi Jacob, le ministère, qui a hésité à intervenir, le fait de la manière la plus molle possible, comme s’il souhaitait une saisine du Conseil constitutionnel, puis une censure par ce dernier.

Profits maxima et risques minima

Si la loi était jugée inconstitutionnelle, elle ne pourrait être appliquée. Les autorisations demandées ne pourraient être refusées et l’absence de publication du code de l’environnement éviterait toute difficulté aux entreprises gazières. Succès sur toute la ligne pour les multinationales. Echec sur toute la ligne pour les citoyens.

Au-delà du cynisme qu’illustre ce comportement, il est dramatique y compris si nos réserves sont importantes. En effet, la pression pour délivrer les permis d’exploration n’a aucunement pour objectif de connaître notre richesse mais bien de s’accaparer le sous sol pour s’en réserver une exploitation future, avec les profits maxima et les risques minima.

Si en définitive l’intérêt général conduit à rendre nécessaire la connaissance de nos réserves en gaz de schiste, la seule solution conforme à l’intérêt général consiste, comme la loi l’a prévu, à confier à un organisme public le soin de répondre à cette question, puis de déterminer dans l’hypothèse où des procédés non polluants existeraient un jour, s’il convient ou non d’exploiter. Dans le cas d’une réponse positive, l’exploitation ne pourrait se faire qu’en payant à son juste prix une ressource qui appartient à la Nation, en encadrant les autorisations de règles extrêmement strictes et en assurant l’indemnisation complète et réelle de tous les préjudices qui pourraient être causés quels qu’en soit la nature.

Mais, l’histoire telle qu’elle est en train de s’écrire aboutira à une solution inverse : permettre l’exploitation des gaz de schiste, avec une méthode dont les saccages commencent à être reconnus même aux Etats-Unis, sans revenus adéquats pour l’État, et sans aucune garantie ni en amont par les études d’impact, ni en aval par une réparation intégrale de tous les préjudices y compris le préjudice écologique.

(Note: Nous aurions bien aimé que l’auteure n’oublie pas de mentionner le rôle majeur joué par les citoyens dans cette bataille lancée depuis fin 2010. Sans nous tous, sans cette mobilisation et cette vigilance, les trépans de Schuepbach et consort auraient déjà foré dans la roche mère, les puissants compresseurs auraient déjà injecté des produits dans le sous-sol sans que les « responsables » ne s’en émeuvent. Des maires peu informés et un peu malgré eux auraient signé des accords permettant à ces chercheurs de profits d’occuper nos terres et de fouiller dans ce sous-sol qui reste une propriété collective. Et puis cette exploitation ça n’est pas que le sous-sol. C’est le climat. Le méthane dont le taux de fuite(1) est très important lors de l’exploitation, du transport et de la distribution du gaz de schiste est un puissant gaz à effet de serre. Ne désarmons pas!)


[1] Lire relire à ce sujet Exploitation du gaz de schiste, une transition vers nulle part ainsi que les articles en référence

stop fracking

(!) Info minute revue de presse

Le Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes (CESER-RA) dans son projet de contribution intitulé « Rhône-Alpes: la transition énergétique au service de la performance économique et sociale » remet sur le tapis la possibilité de la recherche de gaz et pétrole de schiste. Faisant fi de la délibération du Conseil régional de février 2011, le Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes préconise « d’une part pour les gaz et huile de schiste, que le Bureau de recherches géologiques, minières (BRGM) effectue un recensement cartographique des ressources potentielles et leurs conditions d’exploitation, d’autre part de laisser ouverte et d’encourager la recherche afin d’explorer d’autres voies d’extractions visant à maîtriser les risques (notamment sanitaires et environnementaux) »[1].

 Appelons un chat un chat : au cours des auditions des pétrogaziers réalisées par l’OPECST le 18 avril dernier[2]  Christian Besson de l’Agence Internationale de l’Energie a évalué à  une centaine le nombre de forages nécessaires pour savoir de quelles ressources on se prive par « obscurantisme » et tous les participants ont confirmé qu’il n’y avait pas aujourd’hui d’alternative à la fracturation hydraulique que nous devrions d’ailleurs appeler de son vrai nom : fracturation « hydro-chimique » Donc le souhait du CESER est bien de voir réaliser une centaine de forages suivis de fracturation hydraulique.

Les collectifs opposés à la recherche et l’exploitation de gaz et huile de schiste pointent que de telles recommandations sont en parfaite contradiction avec la position adoptée par le Conseil Régional Rhône-Alpes depuis 2010 et confirmée dans sa délibération de février 2011 qui exprime son « opposition à toute exploration / exploitation de gaz de schiste sur son territoire »[3]. De-même, de telles propositions formulées par le CESER vont à l’encontre de la volonté exprimées par des milliers de citoyens depuis plus de deux ans dans l’ensemble des départements de Rhône-Alpes alors qu’une multitude de permis de recherche d’hydrocarbure avait été délivrée sans consultation de la population et de ses représentants. Qui plus est, dans la région dont les sites classés SEVESO sont les plus nombreux !

 « Cette histoire de gaz de schiste que les industriels veulent remettre de force sur le tapis démontre par elle-même les dangers de son exploitation » indique Jean-Louis Choppy un des porte-parole du collectif stop au gaz de schiste 07. « Donnez l’autorisation de forer (ce qui est une nécessité lorsqu’on parle de recherche) et vous ne pourrez pas maîtriser les fuites de gaz comme on le constate en Amérique du Nord». « Un recensement des ressources non conventionnelles nécessiterait des forages suivis de fracturation hydraulique (qui ne seraient pas réalisés par le BRGM qui n’en a pas les moyens, mais par des entreprises privées) et souvent pour notre région dans de fragiles zones karstiques que le BRGM[4] proposait d’ailleurs d’exclure des zones de recherche !», renforce Jacques Cambon hydrologue et coprésident du collectif des pays de Savoie et de l’Ain concerné par deux permis de recherche et trois demandes toujours non rejetée par l’administration.

Si la loi interdisant la fracturation hydraulique votée avant les élections de 2012 a freiné les projets de forage, la remise en cause de la légalité du texte (par des compagnies qui s’étaient vues octroyer des permis en toute discrétion[5]) voté par le législateur en 2011 est une des failles d’un dispositif de protection environnementale et sanitaire que les industriels et certains investisseurs veulent faire voler en éclats. En Rhône-Alpes[6] seulement deux permis de recherche d’hydrocarbure on été abrogés, quatre sont actifs ; quatre demandes ont été rejetées (le sont-elles définitivement ?) et trois sont toujours en cours d’instruction.

Ce que François Hollande lors de l’ouverture de la conférence environnementale le 14 septembre 2012 affirmait vouloir interdire sur le territoire national tout au long de son quinquennat, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST)[7] le remet déjà en cause à travers l’examen de supposées « techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels », techniques dont l’inexistence a été confirmée lors de la première audition . Si les préconisations de l’OPECST et du lobby des ingénieurs des mines et du MEDEF  sont appuyées par les CESER de diverses régions, cela donnera l’impression qu’il existe un consensus, voire une volonté générale d’aller forer. Et tout ça pour tenter de sortir à grand frais quelques hydrocarbures dont l’intérêt économique est loin d’être prouvé alors que la recherche est à la peine pour financer le développement des énergies propres et renouvelables, seules à même de prolonger la survie de l’espèce humaine dans un environnement sain.


[1]           Pages 59 et 60 du projet de contribution paragraphe 5.2.2

[2]           www.journaldelenvironnement.net/article/l-alternative-a-la-fracturation-hydraulique-la-fracturation-hydraulique,34250

[3]           Délibération du Conseil Régional Rhône-Alpes 24 et 25 février 2011 : « UNE ÉCORÉGION PRÉSERVÉE SANS EXPLOITATION DE GAZ DE SCHISTE »

 [4]           Rapport Final BRGM RP-60312-FR  Septembre 2011

[5]             Gaz de schiste : l’interdiction de la fracturation hydraulique est-elle constitutionnelle ? http://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-fracturation-hydraulique-recours-qpc-conseil-etat-18276.php4

[6]                      http://www.sghds-ra.org/  « PERMIS ET DEMANDES DE PERMIS DE RECHERCHE D’HYDROCARBURES »

[7]                      http://www.senat.fr/opecst/saisine.html Saisine n° 2012-06 : « les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels »

Cette semaine en Rhône-Alpes: Agenda ici                                                                       (!) Info minute
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C’est un article paru début octobre dans le journal Libération[1] qui révèle une information qui finalement sera restée plutôt confidentielle avant de réapparaitre sous forme de scoop lors de la visite d’État Nicole Bricqde François Hollande en Algérie[2]. La France cherche un terrain pour tester la «fracturation propre». Que dit Libération ? Fin septembre Nicole Bricq une des porte-étendard de la lutte contre la fracturation hydraulique et l’exploitation des hydrocarbures piégés dans les réservoirs non conventionnels est en visite en Algérie avec un petit groupe d’entrepreneurs français parmi lesquels figure le patron de Saltel Industries « jeune entreprise high-tech basée en France et figurant comme le leader mondial des technologies d’expansion par packer gonflable ». Cette société compte à son actif plusieurs inventions offrant « des solutions à la fois simples et rentables pour toute une variété d’applications » telles que  :

  • Colmatage de perforations et fermeture de zones de production d’eau ou de gaz
  • Réparation de casings / tubings endommagés ou corrodés
  • Colmatage des zones de pertes totales lors du forage
  • Isolation de zones en Open Hole

Voici donc cette fameuse « technique de fracturation propre » tant vantée pour rendre la poursuite de l’exploitation de ces ressources fossiles acceptable!

« Jeune ministre » de l’écologie, Nicole Bricq avait pris le risque de stopper les autorisations données à Shell pour effectuer des forages de recherche pétrolière offshore au large de la Guyane. Ceci lui avait valu son porte feuille[3]. Maintenue au gouvernement Ayrault II en charge du commerce extérieur, cette ancienne sénatrice spécialiste du budget aura tôt fait de rentrer dans le rang. En moins de six mois la voila qui facilite le développement de la recherche de gaz de schiste (interdite en France faute de technologie appropriée) en Algérie.

Aux défenseurs des nobles causes, nous sommes désolés de ne pas être en mesure de vous servir meilleur conte de Noël pour cette année.

COMMUNIQUE DU RESEAU RHONALPIN DES COLLECTIFS OPPOSES À L’EXPLOITATION DES GAZ ET HUILES DE SCHISTE

Selon l’hebdomadaire le Point (1), « un accord permettant d’expérimenter une alternative à la fracturation hydraulique sur le territoire algérien sera signé » entre la France et l’Algérie.
Une expérimentation sans valeur

Les Collectifs opposés aux explorations et exploitations des gaz de schiste dénoncent depuis plus de deux ans la faiblesseFH Boutef des filières de contrôle des installations qui existent en France. En souhaitant mener ces expérimentations en Algérie, le gouvernement reconnaît implicitement le peu d’importance qu’il donne à ces contrôles. Le seul objectif de ce gouvernement est bien d’exploiter les gaz de schiste ailleurs, puis en France.

Nous pouvons aussi légitimement nous poser la question de la valeur de ces expérimentations au regard des milieux géologiques, naturels et socio-économiques profondément différent de la réalité française.

Ces expérimentations n’aurait comme seul objectif que de présenter une évolution de la fracturation hydraulique comme propre afin d’obtenir l’agrément des citoyens français.

Des airs de déjà vu…

déclanchement 3ième bombe française  Reggane SaharaDans la droite ligne de l’héritage colonial, 55 ans après avoir effectué les premiers essais nucléaires dans le Sahara algérien, la France s’apprête à nouveau à tester ses technologies controversées en territoire nord africain. Cet accord avec l’Etat Algérien est en totale contradiction avec le discours de François Hollande pour un « partenariat d’égal à égal », jeudi 20 décembre 2012.

Les Collectifs ne peuvent que renouveler leur opposition ferme à l’exploration et à exploitation des gaz et huiles de schiste. Ni ici, ni ailleurs.

 (1) http://www.lepoint.fr/confidentiels/exclusif-gaz-de-schiste-la-france-va-explorer-en-algerie-20-12-2012-1604170_785.php

 

RESEAU RHONALPIN DES COLLECTIFS OPPOSES À L’EXPLOITATION DES GAZ ET HUILES DE SCHISTE