(!) Info minute revue de presse
Le Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes (CESER-RA) dans son projet de contribution intitulé « Rhône-Alpes: la transition énergétique au service de la performance économique et sociale » remet sur le tapis la possibilité de la recherche de gaz et pétrole de schiste. Faisant fi de la délibération du Conseil régional de février 2011, le Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes préconise « d’une part pour les gaz et huile de schiste, que le Bureau de recherches géologiques, minières (BRGM) effectue un recensement cartographique des ressources potentielles et leurs conditions d’exploitation, d’autre part de laisser ouverte et d’encourager la recherche afin d’explorer d’autres voies d’extractions visant à maîtriser les risques (notamment sanitaires et environnementaux) »[1].
Appelons un chat un chat : au cours des auditions des pétrogaziers réalisées par l’OPECST le 18 avril dernier[2] Christian Besson de l’Agence Internationale de l’Energie a évalué à une centaine le nombre de forages nécessaires pour savoir de quelles ressources on se prive par « obscurantisme » et tous les participants ont confirmé qu’il n’y avait pas aujourd’hui d’alternative à la fracturation hydraulique que nous devrions d’ailleurs appeler de son vrai nom : fracturation « hydro-chimique » Donc le souhait du CESER est bien de voir réaliser une centaine de forages suivis de fracturation hydraulique.
Les collectifs opposés à la recherche et l’exploitation de gaz et huile de schiste pointent que de telles recommandations sont en parfaite contradiction avec la position adoptée par le Conseil Régional Rhône-Alpes depuis 2010 et confirmée dans sa délibération de février 2011 qui exprime son « opposition à toute exploration / exploitation de gaz de schiste sur son territoire »[3]. De-même, de telles propositions formulées par le CESER vont à l’encontre de la volonté exprimées par des milliers de citoyens depuis plus de deux ans dans l’ensemble des départements de Rhône-Alpes alors qu’une multitude de permis de recherche d’hydrocarbure avait été délivrée sans consultation de la population et de ses représentants. Qui plus est, dans la région dont les sites classés SEVESO sont les plus nombreux !
« Cette histoire de gaz de schiste que les industriels veulent remettre de force sur le tapis démontre par elle-même les dangers de son exploitation » indique Jean-Louis Choppy un des porte-parole du collectif stop au gaz de schiste 07. « Donnez l’autorisation de forer (ce qui est une nécessité lorsqu’on parle de recherche) et vous ne pourrez pas maîtriser les fuites de gaz comme on le constate en Amérique du Nord». « Un recensement des ressources non conventionnelles nécessiterait des forages suivis de fracturation hydraulique (qui ne seraient pas réalisés par le BRGM qui n’en a pas les moyens, mais par des entreprises privées) et souvent pour notre région dans de fragiles zones karstiques que le BRGM[4] proposait d’ailleurs d’exclure des zones de recherche !», renforce Jacques Cambon hydrologue et coprésident du collectif des pays de Savoie et de l’Ain concerné par deux permis de recherche et trois demandes toujours non rejetée par l’administration.
Si la loi interdisant la fracturation hydraulique votée avant les élections de 2012 a freiné les projets de forage, la remise en cause de la légalité du texte (par des compagnies qui s’étaient vues octroyer des permis en toute discrétion[5]) voté par le législateur en 2011 est une des failles d’un dispositif de protection environnementale et sanitaire que les industriels et certains investisseurs veulent faire voler en éclats. En Rhône-Alpes[6] seulement deux permis de recherche d’hydrocarbure on été abrogés, quatre sont actifs ; quatre demandes ont été rejetées (le sont-elles définitivement ?) et trois sont toujours en cours d’instruction.
Ce que François Hollande lors de l’ouverture de la conférence environnementale le 14 septembre 2012 affirmait vouloir interdire sur le territoire national tout au long de son quinquennat, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST)[7] le remet déjà en cause à travers l’examen de supposées « techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels », techniques dont l’inexistence a été confirmée lors de la première audition . Si les préconisations de l’OPECST et du lobby des ingénieurs des mines et du MEDEF sont appuyées par les CESER de diverses régions, cela donnera l’impression qu’il existe un consensus, voire une volonté générale d’aller forer. Et tout ça pour tenter de sortir à grand frais quelques hydrocarbures dont l’intérêt économique est loin d’être prouvé alors que la recherche est à la peine pour financer le développement des énergies propres et renouvelables, seules à même de prolonger la survie de l’espèce humaine dans un environnement sain.
[1] Pages 59 et 60 du projet de contribution paragraphe 5.2.2
[2] www.journaldelenvironnement.net/article/l-alternative-a-la-fracturation-hydraulique-la-fracturation-hydraulique,34250
[3] Délibération du Conseil Régional Rhône-Alpes 24 et 25 février 2011 : « UNE ÉCORÉGION PRÉSERVÉE SANS EXPLOITATION DE GAZ DE SCHISTE »
[4] Rapport Final BRGM RP-60312-FR Septembre 2011
[5] Gaz de schiste : l’interdiction de la fracturation hydraulique est-elle constitutionnelle ? http://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-fracturation-hydraulique-recours-qpc-conseil-etat-18276.php4
[6] http://www.sghds-ra.org/ « PERMIS ET DEMANDES DE PERMIS DE RECHERCHE D’HYDROCARBURES »
[7] http://www.senat.fr/opecst/saisine.html Saisine n° 2012-06 : « les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels »
Tout cela pour retarder les décisions de rejet en vue d’un accord en catimini entre l’UE et le canada, pays ou les petroliers se mettent à l’abri de toute responsabilité juridique? cet accord donnera libre accès à toutes les terres européennes à ceux qui veulent exploiter les sous-sol! Qu’en est il de cet accord, d’ailleurs ?
De quand date ce projet de contribution du CESER? Je vois que le CESER de Rhône -Alpes n’est pas en reste par rapport à celui du LR… Que dire? Les Conseils économiques et sociaux sont également des Conseils censés aborder les points liés à l’environnement, mais cette dernière facette de leurs attributions est récente et de toute évidence, elle n’est pas prise en compte dans cet avis. Il paraît que cet avis n’est que consultatif. On peut le croire… ou pas.
Le projet est daté du 14 mai 2013. Cette contribution doit être validée dans les jours qui viennent.