L’économie du gaz de schiste aux Etats-Unis, une bulle financière plutôt qu’une solution magique

Publié: 25 Mai 2013 dans énergie climat, forage d'hydrocarbures, gaz de schiste
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(!) Info minute revue de presse

Traduction libre par nos soins de l’article paru sous le titre Fracking Economics Revealed as Shale Gas Bubble, Not Silver Bullet dans EcoWatch le 23 mai 2013

Alors que plusieurs projets de loi sur l’activité liée au gaz naturel sont en attente dans l’Etat de New York, aujourd’hui, les élus ont été informés sur les recherches qui en révèlent ses limites économiques.

Drill Baby DrillOrganisé par la campagne des citoyens pour l’environnement , Earthworks, Energy Policy Forum, Environmental Advocates of New York, Frack Action et le Post Carbon Institute , le briefing a porté sur deux tout nouveaux rapports publiés au printemps. En résumé, les analyses scientifiques et financières indiquent que les avantages à moyen et à long terme de l’exploitation du gaz de schiste peuvent-être une illusion plus semblable à la bulle immobilière qu’au miracle économique promis par l’industrie du gaz.

Les rapports, Drill Baby Drill[1]  du géologue spécialiste du charbon et du gaz David Hughes et Shale and Wall Street  (Le schiste à Wall Street)  de l’analyste financier Deborah Rogers évaluent la viabilité économique du boom du pétrole et du gaz de schiste qui balaye l’Amérique et pourrait toucher New York par la fracturation des bassins schisteux de Marcellus et de l’Utica. Ils offrent une analyse approfondie et une mise à jour des données sur plus de 60.000 puits de pétrole et de gaz ainsi qu’un examen complet de la situation financière des principales entreprises actuellement impliquées dans l’exploitation locale de ces énergies fossiles.

Ensemble, les auteurs concluent que plutôt que d’offrir à la nation un siècle d’énergie pas cher et la prospérité économique, le fracking (la fracturation hydraulique) fournira seulement une décennie de gaz et d’abondance de pétrole, tout au plus, et la création d’une nouvelle bulle financière fragile qui est déjà en train de se dégonfler. Les autres conclusions des recherches discutées lors de cette réunion d’information sont les suivantes:

  1. Les booms du gaz et du pétrole de schiste ont été survendus. Selon les données de production des puits disponibles dans de nombreux États, les réserves de gaz de schiste et de pétrole de schiste ont été surestimées par les opérateurs de 400 à 500 pour cent.
  2. En coulisses Wall Street a joué un rôle clé en surévaluant le boom du schiste par le biais de fusions et acquisitions et des frais transactionnels, selon les mêmes principes observés dans le boom immobilier qui a conduit à la crise financière.
  3. La productivité élevée dans les gisements schisteux est rare. Cinq gisements de gaz et deux gisements de pétrole représentent à eux seuls 80 pour cent de la production de ces sources d’énergie, et alors même que les zones les plus productives de ces principaux gisements constituent de relativement petites «zones»[2].
  4. Les taux de récupération sont déjà en déclin dans de nombreux sites d’exploitation de schiste. Les taux élevés d’investissements par puits nécessaires au maintien de la production signifient que la production de gaz de schiste américain a peut-être déjà atteint son apogée et le maintien de la production exigera un taux élevé de forages coûteux et potentiellement non rentables.

Marcellus déclin de production « L’exploitation des gaz et pétrole de schiste a toujours été présentée à New York et dans le pays comme un moyen de générer des retombées économiques et la création d’emplois, avec un risque limité d’impacts environnementaux et de santé publique« , explique Deborah Rogers. « Mais les chiffres ne mentent pas. Dans toutes les régions où l’exploitation du gaz de schiste a lieu, aucune stabilité économique n’a été prouvée alors que la dégradation de l’environnement et ses conséquences, elles, sont bien réelles « .

« Sur la base de notre recherche et de ce qui apparaît de plus en plus évident sur ces sites d’exploitation de gaz et de pétrole, un nouveau dialogue sur l’énergie est clairement nécessaire au niveau national et dans les États comme New York, » indique David Hughes. « Étant donné le potentiel existant, ses limites ainsi que les coûts financiers et environnementaux de cette énergie que l’industrie et ses promoteurs au niveau gouvernemental vantent comme une panacée, il sera tout simplement impossible d’atteindre « l’indépendance énergétique » en forant et en fracturant à tout va.« 


[1] La phrase anglaise « Drill, baby, drill! » , qui peut être traduite en français par « Fore, chéri, fore ! », est un slogan de campagne du parti républicain pendant l’élection présidentielle de 2008 aux États-Unis. Ce slogan exprime le soutien de ce parti à l’intensification des forages pétroliers en vue d’augmenter les ressources en énergie

[2] Notre suggestion : lire ou relire Gaz de schiste la naissance de Frankenstein première partie et deuxième partie l’interview du Dr Anthony Ingraffea sur l’invraisemblable mitage du paysage,  l’occupation des terres agricoles et les conséquences sociale, sanitaires et environnementales.

(Re)Lire également : Gaz de schiste les nouveaux subprimes Sylvain Lapoix

Chez votre libraire, demandez Le Mirage du Gaz de schiste Thomas Porcher. Que se passerait-il si la France décidait d’exploiter son gaz de schiste ? Y aurait-il des créations d’emplois, une baisse du prix de l’énergie ou un retour de la compétitivité ? Accéderions-nous au Graal de l’indépendance énergétique ? Thomas Porcher propose une étude inédite sur les conséquences d’une ouverture législative à une telle exploitation. En s’appuyant sur l’expérience américaine et en prenant en compte les spécificités juridiques et économiques de la France, il vient contrebalancer point par point une information largement dominée par les lobbies et apporte des réponses cruciales en plein débat sur le gaz de schiste en France.
Thomas Porcher est docteur en économie, professeur en marché des matières premières à l’ESG-MS et chargé de cours en économie internationale à l’université Paris-Descartes. Ces analyses sur l’énergie ont été reprises dans plusieurs rapports du gouvernement et de l’Assemblée nationale.

commentaires
  1. Oppliger dit :

    il semblerait que seul M.Tout-le-monde n’est pas au courant, tous les financiers savent que le gaz de schiste est un leurre et ils ont simplement décidé de retirer leurs billes avant la cata. Il y a déjà 2 mois que C. de Margerie, le PDG de Total, qu’on ne peut pas soupçonner de sympathie pour l’écologie, a senti le vent et conclu que se lancer dans le gaz de schiste ne serait probablement pas une bonne affaire. C’est peut-être ce danger financier qui est notre meilleur allié…

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