Articles Tagués ‘pétrole de schiste’

(!) Info minute – Revue de Presse

Paris – Le groupe pétrolier canadien Vermilion a renoncé à son recours contre une interdiction de réaliser un forage d’exploration pétrolière à Nonville (Seine-et-Marne), la rendant ainsi définitive, a-t-on appris mercredi auprès de l’avocat de la commune. Cette procédure fait suite à une forte mobilisation locale et à la ténacité de citoyens qui n’ont jamais lâché le dossier.

Rejet de l’appel et désistement du pétrolier Vermilion

Cette interdiction de forage avait été prononcée en 2014 par le tribunal administratif de Melun à l’encontre du groupe pétrolier américain Hess Oil, dont la licence a été reprise par Vermilion.  Première en France, cette décision à l’encontre de Hess Oil dont l’objectif était l’extraction de pétrole de schiste avait ensuite été contestée devant stop petrole gaz de schiste NONVILLE 2la cour administrative d’appel de Paris. « Lors d’une audience lundi, nous avons appris que le rapporteur public – ses conclusions sont généralement suivies – allait nous donner raison: rejet de l’appel et confirmation du jugement du tribunal administratif », a expliqué Me Arnaud Gossement à l’AFP.  Dans la foulée, Vermilion a renoncé à son recours, à la veille de l’audience jeudi où devaient être présentées les conclusions du rapporteur public. Ce dernier va d’ailleurs accepter ce désistement, confirmant ainsi le jugement du tribunal de Melun, a expliqué Me Gossement.

Le projet de forage visait le pétrole de schiste

Selon l’avocat de Nonville, le projet de forage portait très clairement sur du pétrole de schiste: c’est écrit noir sur blanc dans le jugement du tribunal administratif. C’est bien ce qu’avaient mis en évidence une poignée de citoyens qui avait fouillé le dossier avant que la commune ne s’attache les service de l’avocat spécialiste de la protection de l’environnement.

Or, une des seules techniques disponibles à ce jour pour extraire ce type de pétrole, lastop petrole gaz de schiste NONVILLE 1 fracturation hydraulique, est critiquée pour les risques qu’elle fait courir à l’environnement et interdite en France depuis 2011.

Hess Oil avait de son côté assuré à plusieurs reprises vouloir simplement sonder par des forages conventionnels le sous-sol du bassin parisien pour rechercher des hydrocarbures non exploités. La société elle-même, avant la loi de 2011, avait fait circuler un dossier de presse auprès des élus locaux dans lequel il était écrit noir sur blanc qu’il y aurait schiste et fracturation hydraulique. Comme par enchantement, après la loi, elle a prétendu le contraire, a commenté Arnaud Gossement.

C’est pour cela que ce jugement est très important: (…) c’est la première fois que nous avons un jugement qui annule une autorisation de forage pour du pétrole de schiste. C’est la première fois qu’on a une application claire, nette, directe de la loi de 2011, a-t-il ajouté.

 

Avec AFP via Romandie

(!) Info minute – Revue de Presse

L’enquête publique menée suite à la demande faite par la société Vermilion de forer une dizaine de puits dans le cadre du permis de recherche d’hydrocarbures de Vert-le-Grand dans le bassin parisien est bouclée. Et le commissaire enquêteur a donné un avis défavorable. Ce résultat est celui d’une mobilisation citoyenne très tenace qui a permis d’alimenter l’enquête avec des éléments déterminants justifiant cet avis.

Il est clair que malgré les discours du titulaire du permis arguant que les forages ciblaient desn'inschistez pas essonne vert le grand gisements conventionnels, c’est bien du pétrole de schiste que souhaite exploiter le premier producteur de pétrole sur le territoire français.

Sur son site, le Collectif 91 non à l’huile (pétrole) et gaz de schiste « REMERCIE l’ensemble des habitant-es qui se sont mobilisés durant ces derniers mois, et notamment lors de l’enquête Publique, que ce soit lors du rassemblement devant les mairies concernées, mais aussi à remplir les cahiers à Leudeville et Vert le Petit, la présence en nombre à la réunion publique ».

Par ailleurs le collectif à la lecture du rapport a relevé quelques-uns des points négatifs retenus afin de motiver l’avis défavorable :
vert le grand vermilionÇa n’est un secret pour personne, la pression est maintenue par les pétroliers pour explorer les gisements (bien connus) d’hydrocarbures non conventionnels. C’est le rôle des habitants et des élus d’exprimer leur refus de voir se développer ces travaux. Les pétrole et gaz de schiste, c’est NON! La loi interdit une technique, les citoyens demandent depuis 2011 l’interdiction de la recherche et de l’exploitation. Il existe d’autres ressources renouvelables pour produire de l’énergie.
Il appartient maintenant au Préfet de rendre un avis. Augurons qui suivra celui du commissaire enquêteur et ne donnera pas suite à ces projets de forage.
L’ensemble des rapports du commissaire enquêteur sont téléchargeables (attention certains fichiers sont lourds + de 20 Mo)
Rapport 1

(!) Info minute – Revue de Presse

D’après l’article* de Daniel Dicker | publié le 17.03.15 (Dan Dicker, ancien trader au New York Mercantile Exchange, a plus de 25 années d’expérience en courtage pétrolier. Il est actuellement président de MercBloc LLC, une firme de gestion de patrimoine, et est l’auteur de « Oil’s Endless Bid », publié en Mars 2011).
(*) extrait de son prochain livre « Shale Oil Boom, Bust Shale Oil [Du boom du pétrole de schiste à l’éclatement de la bulle du pétrole de schiste]- Le mythe de l’Amérique Saoudite » sortie prévue en mai 2015.

NEW YORK – L’huile de schiste est une chaîne de Ponzi (voir définition ici). Je n’affirme pas qu’il y a une vaste conspiration dans le monde de l’énergie visant à créer la confusion chez les investisseurs quant à son potentiel. Ce que je veux dire, c’est que l’activité de forage pour l’extraction de pétrole de schiste crée un appétit circulaire sans fin pour plus de forages avec des retours sur investissement en constante diminution.

Charles Ponzi

Charles Ponzi

Pensez à un plan d’investissement de Ponzi classique – la disponibilité de capitaux frais est nécessaire de manière permanente afin de générer de faux gains pour payer les premiers investisseurs. C’est ce qu’il se passe dans la production d’hydrocarbures de schiste avec le besoin de forer en permanence et de plus en plus afin de maintenir une production et continuer à générer des rendements équivalents, même si leur rentabilité diminue. Dans une pyramide de Ponzi classique, lorsque l’apport argent frais cesse, inévitablement la pyramide s’effondre rapidement. Dans les hydrocarbures de schiste, ce moment où la pyramide devient intenable à maintenir est loin d’être atteint, mais l’inéluctabilité de son effondrement est également claire. Et je crois que le point de basculement est beaucoup plus proche que la plupart des autres analystes, et particulièrement l’Agence américaine de l’énergie (EIA), ne le pensent.

La raison principale pour laquelle je définis la production de pétrole de schiste comme une pyramide de Ponzi est la décroissance rapide de la production des puits de pétrole de schiste par rapport à presque tous les autres types de production de pétrole. Une figure suffit à illustrer la progression et les problèmes de la production de l’huile de schiste:
le déclin de la production de pétrole de schiste eagle ford FRCes courbes compilées par l’Agence américaine de l’énergie reflètent la production moyenne par puits pour le gisement d’Eagle Ford. Et ceci correspond bien au modèle de l’huile de schiste en général. Deux points très intéressants apparaissent très clairement:
1. La vitesse à laquelle le pétrole sort des puits nouvellement forés s’est nettement améliorée au cours des cinq dernières années, depuis 2009.
2. Plus de 50% de tout le pétrole de schiste produit par un puits est récupéré au cours des deux premières années de production et la plus grande partie le sera dans les six premiers mois de l’exploitation.

Le premier point – sur les récents progrès technologiques dans la fracturation permettant l’augmentation des rendements – nous éloigne un peu de la thèse selon laquelle l’exploitation du pétrole de schiste constitue une pyramide de Ponzi. Mais cette « distraction » n’est que temporaire. Dans les projections faites par l’Agence américaine de l’énergie (EIA), la progression des progrès de la technologie a été considérée comme étant pratiquement illimitée. Encore plus étonnant, l’EIA estime que les réserves potentielles de pétrole de schiste non encore explorées sont presque aussi illimitées.

Mais la vérité est qu’il existe probablement seulement huit à dix principaux gisements de schiste exploitables aux États-Unis, et qu’ils sont tous en cours d’exploitation intensive en ce moment. Mark Papa, l’ancien PDG de EOG Resources, l’un des producteurs d’hydrocarbures de schiste de premier plan, faisait remarquer au moment de son départ que la totalité des gisements de schiste les plus rentables aux États-Unis étaient déjà en cours d’exploitation.

Ce que nous voyons de la production américaine d’aujourd’hui est le résultat de la meilleure technologie mise en œuvre avec les meilleurs investissements opérés dans les meilleurs gisements que le pays puisse offrir. Et l’efficacité et les progrès technologiques dans les forages de pétrole de schiste ne pourront dépasser cette limite physique.

En fin de compte, et beaucoup plus tôt que la plupart des analystes ne le croient, la production américaine de schiste sera composée de puits toujours moins productifs, de plus en plus chers à exploiter, avec un retour sur investissement plus tardif et une production de pétrole en diminution. L’EIA estime que rien de tel ne se produira pendant au moins les 25 prochaines années. Je pense que le pic de schiste potentiel sera atteint dans les 10 prochaines années, s’il ne l’a pas déjà été – et c’est alors que la pyramide commencera à s’effondrer.

Aller plus loin en (re)lisant :

et nos pages « économie »

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Nous relayons le Communiqué de presse du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Lire aussi cette réaction

gaz de schiste RVHQ

Saint-Dominique, le 15 décembre 2014 – Ce matin, nous avons eu l’occasion de prendre connaissance du rapport du dernier BAPE concernant le déploiement éventuel de l’industrie des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent[1]. Les commissaires ont été conséquents avec les études, les commentaires et les mémoires déposés et nous saluons leur conclusion : « La commission a constaté qu’il n’était pas démontré que l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans les basses-terres du Saint-Laurent, avec la technique de fracturation hydraulique, serait avantageuse pour le Québec ».

Depuis 2010, les groupes citoyens n’ont eu de cesse de porter sur la place publique leurs inquiétudes et leurs questionnements sur le gaz et le pétrole de schiste.  Nous voulons ici rendre hommage à ces milliers de citoyens et citoyennes qui ont su garder le cap et donner de l’information à leurs dirigeants locaux, à leurs concitoyens et au public en général, et ce, en l’absence de moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. « Sans cette mobilisation sans précédent dans l’histoire du Québec, nous n’en serions évidemment pas là. Les milliers d’heures de bénévolat donnent aujourd’hui leur résultat et confirment que nous avons eu raison de lutter pour préserver nos territoires de cette ravageuse industrie. Nous le répétons : il n’est pas souhaitable ni rentable pour le Québec de développer le gaz et le pétrole de schiste, ne serait-ce qu’en invoquant l’urgence climatique » affirme Jacques Tétreault, coordonnateur et porte-parole du RVHQ.

Plusieurs questions demeurent cependant. Est-ce que le gouvernement va tenir compte de ce rapport? Est-ce que les conclusions concernant la fracturation seront transposées aux travaux effectués ou prévus à Gaspé, Anticosti et ailleurs? Est-ce que les gouvernements du Québec et du Canada pourront comprendre que l’extraction des hydrocarbures mènera inévitablement au transport de matières dangereuses et que la construction des infrastructures nécessaires au transport de ces mêmes hydrocarbures favorisera et accentuera leur extraction?

Pour l’instant, ce rapport nous donne la force de poursuivre nos efforts vers l’abandon des hydrocarbures et la promotion des énergies vertes, car nous avons ici la preuve que le pouvoir citoyen est grand et porteur d’espoir lorsqu’il est utilisé à de justes fins.

Source : Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Pour mieux connaître le RVHQ : rvhq.ca  Page Facebook : Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec regroupe plus de 120 comités citoyens du Québec, mobilisés contre l’exploration, l’exploitation et le transport des hydrocarbures fossiles et pour le développement des énergies vertes. Depuis 2010, ces comités ont été particulièrement actifs dans la lutte contre les gaz de schiste au Québec.

[1] http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/rapports/publications/bape307.pdf

(!) Info minute – Revue de Presse

 COMMUNIQUE DE PRESSE DES COLLECTIFS FRANÇAIS OPPOSES A LA RECHERCHE ET L’EXPLOITATION DES PÉTROLE ET GAZ DE SCHISTE ET DE HOUILLE

 LYON, LE 23 NOVEMBRE 2014

Les collectifs français opposés à la recherche et l’exploitation des pétrole et gaz de schiste et de houille se sont réunis en coordination nationale à Lyon les 22 et 23 novembre 2014.

Malgré les récentes annonces rassurantes de la ministre de l’écologie, de l’énergie et du développement durable, les collectifs constatent que l’opacité sur la délivrance des permis de recherche hydrocarbure et autorisations de travaux persiste. Ils constatent aussi que les nombreuses interpellations des collectifs, de la société civile et des élus sont restées jusqu’à ce jour sans réponse.

Il existe actuellement en France 119 demandes de permis en cours d’instruction et 54 permis de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux dont plus de la moitié font l’objet de demande de renouvellement, prolongation « exceptionnelle » et / ou demande de mutation.

Dans le Nord/Pas-de-Calais, deux autorisations de travaux pour des forages d’exploration sur les gaz de couche ont été délivrés à Avion et Divion. Les travaux de forage pourraient commencer d’un moment à l’autre si l’on en juge par la campagne de promotion qui est faite dans les journaux locaux. L’entreprise EGL qui conduira les travaux a déjà réalisé quatre forages en Lorraine qui sont des fiascos, alors que la géologie y est supposée être plus favorable que dans le Nord. Alors  que 6 millions d’euros ont déjà été dépensés il n’y a toujours pas de résultats probants. Pourquoi donc autant de précipitation à forer dans le Nord ? Rassurer les actionnaires ? Mettre au point une méthode de « fracturation light » pour contourner la loi et déposer un brevet sur cette technique ? L’inquiétude et la mobilisation des populations grandissent face à l’opacité qui règne là aussi autour de ces projets déclenchés sans enquête publique préalable. Nous ne comprenons pas le soutien actif de certains élus locaux à ce projet, ni la logique qui a conduit l’état à accorder ces autorisations de forage.

Comme pour le tabac et les OGM, des moyens colossaux vont être dépensés par les industriels pour tenter de retourner l’opinion publique toujours largement opposée à la recherche et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels.

Les collectifs réaffirment leur vigilance, aussi bien contre les tentatives d’extraction locales  comme dans le Nord/Pas-de-Calais, la Région Parisienne ou le Haut-Bugey, que contre les projets nationaux (Projet de révision du Code Minier) ou européens (recommandations communautaires sur les études d’impact).

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« Drilling deeper« , l’étude que vient de publier J. David Hugues du Post Carbon Institute est à prendre particulièrement au sérieux pour la raison suivante. C’est ce même David Hugues qui en décembre 2013 avait déjà démontré que les projections faites au sujet du gisement californien de Monterrey étaient complètement erronées et très, très en deçà de la réalité. Quelques mois plus tard, l’Agence Américaine de l’Énergie a revu son scénario et abaissé le volume techniquement récupérable de… 95,6 % ! Cette nouvelle étude examine les 12 gisements qui représentent 82% de la production d’huile de schiste et 88% de la production de gaz de schiste des États-Unis selon les prévisions publiées par l’Agence Américaine de l’Énergie pour 2040.

drilling deeperElle tient compte de l’ensemble des informations disponibles sur la production de ces gisements, évalue les données historiques de production, les taux de déclin de la production. Les projections de la production future sont ensuite effectuées sur la base des taux de forage prévus. La production d’huile de schiste et de gaz de schiste est jugée non pérenne à moyen et à long terme en comparaison des projections très optimistes établies par l’Agence Américaine de l’Énergie.

Ce rapport fait le constat que le pic de production d’huile de schiste pour ces grands gisements interviendra avant 2020. A moins de nouvelles découvertes majeures de l’ampleur des gisements de Bakken ou Eagle Ford, la production sera bien en dessous des prévisions de l’AAE pour 2040. La production de pétrole à partir des deux premiers gisements de Bakken et Eagle Ford aura un rendement de 28% inférieur au scénario de référence de l’Agence Américaine de l’Énergie pour la période 2013 à 2040.

Pour ce qui concerne les gaz de schiste, la production réalisée à partir des sept gisements pétrole gaz de schiste boom et pschittles plus rentables arrivera à son apogée également avant 2020. Sauf nouvelles découvertes majeures de l’importance du gisement de Marcellus, la production sera bien en deçà des prévisions de l’Agence Américaine de l’Énergie pour 2040. La production de gaz de schiste à partir des sept premiers gisements de Bakken et Eagle Ford aura un rendement de 39% inférieur au scénario de référence de l’Agence Américaine de l’Énergie pour la période 2014 à 2040. Et à l’horizon 2040, les taux de production devraient êtrre inférieurs d’environ un tiers aux prévisions de l’Agence Américaine de l’Énergie. Pour répondre au scénario de référence de l’AAE, il faudrait que la production de gaz de schiste pour les sept gisements soit quatre fois supérieure aux projections estimées par l’Agence Américaine de l’Énergie.

À court terme, la production américaine d’huile et de gaz de schiste devrait être importante, mais une analyse approfondie des données de production des principaux gisements indique que ce ne sera pas viable à long terme. Les résultats de cette étude devraient avoir des implications majeures sur les questions énergétiques à moyen et long terme ainsi que sur la politique étrangère américaine basée sur l’hypothèse actuelle d’une abondance de pétrole et de gaz américain pendant des dizaines d’années.

Cette étude est également une nouvelle fois la démonstration que l’investissement dans les énergies fossiles en général et les hydrocarbures non conventionnels en particuliers n’est que pure spéculation et vision à court terme.

L’Étude complète est disponible ici.               Récap. pour les media (en anglais) disponible ici

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(!) Info minute – Revue de Presse

Hier soir à l’assemblée nationale, alors qu’elle défendait son projet de loi sur la transition énergétique, la ministre Ségolène Royal a annoncé qu’elle allait refuser la délivrance d’un permis de recherche d’hydrocarbure à la société Tethys Oil France dans le parc du Lubéron. Bonne nouvelle pour les uns, stupéfaction pour d’autres. En fait le gouvernement gère ce dossier au gré des vents contestataires. Comme sur d’autres dossiers, il navigue à vue, sans vision, sans politique.

Une stratégie de la communication qui peine à dissimuler l’absence de politique claire et ambitieuse en matière de transition énergétique et de protection de l’environnement.

François Hollande ne s’y est pas trompé en nommant Ségolène Royal, la quatrième ministre de l’écologie de son mandat commencé il y deux ans et demi. Forte personnalité, l’énarque qui est déjà passée dans ce ministère sous François Mitterrand est en campagne de communication permanente pour défendre les archaïsmes français : à peine nommée, notre Ministre enterrait l’ « éco redevance poids lourds » sous prétexte d’écologie punitive! Puis comme un certain Arnaud Montebourg, désormais remercié, elle ne « ferme pas la porte » aux gaz et pétroles de schiste. Avant de se raviser lorsque son adversaire des élections présidentielles de 2007 Nicolas Sarkozy -qui avait fat voté une loi d’interdiction de la fracturation hydraulique et abrogé trois permis de recherche de gaz de schiste, change lui aussi de position à 180° et annonce qu’il faut exploiter les gaz de schiste pour sauver l’économie française !

La chance … ou la malchance

La mobilisation des collectifs et élus locaux, des responsables du parc naturel du Lubéron, en pleine discussion de la loi sur la transition énergétique y est certainement pour quelquechose. Pour Madame Royal, il fallait accompagner ses fraiches déclarations (« moi ministre, il n’y aura pas d’exploitation de gaz de schiste ni même d’exploration ») d’un geste. Le rejet d’une demande de permis ferait l’affaire. Qui plus est, dans un parc naturel, celui du Lubéron, la Provence, on ne peut qu’adhérer. Et d’autant plus que le premier dossier de demande déposé en 2010 spécifiait bien que la cible visée par le pétitionnaire était effectivement du gaz de schiste.

Pourquoi une seule demande et pas les autres permis et demandes ?
Annexe III mission d'inspection

Demandes de permis non conventionnels – CGEIET – CGEDD

Un geste symbolique donc. UNE demande de permis de recherche hydrocarbure rejetée. François Hollande plus généreux en avait rejeté 7 en 2012. Et toujours aucune décision sur les multiples autres demandes, ni les permis non conventionnels existant. Une épée de Damoclès qui reste suspendue pour tenter de fatiguer les populations et élus locaux qui résistent contre ces projets depuis quatre ans et expriment régulièrement leur opposition au gaz de schiste.

« Contre le gaz de schiste » mais surement pas contre le pétrole de schiste, le gaz de couche et autres hydrocarbures non conventionnels

La communication mise en œuvre par nos gouvernants mérite d’être examinée de près. Car depuis 2012, on nous répète à l’envie qu’ « il n’y aura pas d’exploration ni exploitation de gaz de schiste ». On parle bien de gaz de schiste, tandis que de nombreux permis et demandes visent d’autres hydrocarbures non conventionnels : le pétrole de schiste dans le bassin Parisien, le gaz de couche (gaz de houille) dans le Nord, les pétroles lourds dans le Gard et le Sud de l’Ardèche, les gaz compacts sous le lac Léman, les pétroles logés sous les roches karstiques dans le massif du Jura …

France Info

Irresponsabilité totale: on fatigue la population en la contraignant à l’opposition permanente plutôt que de l’engager vers les projets du futur.
Ce samedi 11 octobre, pour exprimer à nouveau votre refus de ces projets spéculatifs et néfastes à l’environnement et la santé, rejoignez les manifestations près de chez vous !
global frackdown FR

Plus d’information sur les manifestations du 11 octobre 2014 en cliquant sur l’image

(!) Info minute – Revue de Presse

Traduit par nos soins d’après l’article de Anastasia Pantsios publié sur ecowatch . com le 22 août 2014 sous le titre Satellite Map Shows Fracking Flares in Texas and North Dakota Equal to Greenhouse Emissions From 1.5 Million Cars

Earthworks, une association engagée dans la protection des collectivités contre les effets de l’exploitation des minéraux et combustibles fossiles ainsi que dans la promotion du développement des énergies pérennes, a publié un nouveau rapport[1] qui montre que la pollution dégagée par le torchage des « déchets » de l’exploitation du gaz naturel sur seulement deux gisements représente à elle seule l’équivalent d’un million et demi de véhicules supplémentaires sur les routes. Ceci se produit lorsque le gaz naturel est brûlé plutôt que capturé.

eaglefordflare torchage pétrole de schiste

En Juin 2014, le schiste Eagle Ford a produit sept milliards de pieds cubes par jour, tandis que le Bakken produit 1,3 milliard de pieds cubes par jour. Le gaz produit comprend le gaz brûlé à par torchage et le gaz qui est captée pour être utilisé. Ci-dessus, le torchage dans le Bakken. Crédit photo: Sarah Christianson

Le rapport, “Up in Flames: U.S. Shale Oil Boom Comes at Expense of Wasted Natural Gas, Increased Carbon Dioxide,” (Le coût du boom du pétrole de schiste : les pertes de méthanes et l’augmentation des émissions de dioxydes de carbone), est accompagné d’une carte interactive produite par SkyTruth , un groupe qui fournit des preuves aériennes des impacts environnementaux. Cette carte permet aux utilisateurs de visualiser le torchage aux États-Unis et dans le monde sur la base des données infrarouges recueillies de nuit par un satellite de l’administration nationale de l’atmosphère et des océans (National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)).

Paul Woods, le directeur de la technologie de SkyTruth souligne l’impact potentiel de cette carte: « Ce nouvel outil permet de mesurer l’ampleur et la fréquence de l’activité de torchage. Il offre une illustration très complète et moins abstraite. Espérons que la possibilité offerte à tout un chacun de voir où, quand et combien de fois les opérateurs font ces opérations de torchage va créer une pression publique sur le gouvernement et l’industrie pour réduire le gaspillage de cette ressource naturelle durement gagnée ».

Skytruth

Observer l’ensemble des opérations de torchage: Accéder à la carte de Skytruth en cliquant sur cette carte

Le rapport examine plus particulièrement les pertes dans les zones d’exploitation de pétrole de schiste des gisements de Bakken au Dakota du Nord et d’Eagle Ford au Texas. Il illustre comment une réglementation et une surveillance laxiste génèrent ces gaspillages, sous-produits des opérations de fracking (fracturation hydraulique).

On retiendra des conclusions de l’étude:

  • 130 milliards de pieds cubes (3,7 Milliards de mètres cubes) de gaz naturel brûlés par l’exploitation des gisements de schiste de Bakken et Eagle Ford ont produit l’équivalent des émissions de dioxyde de carbone d’1,5 million de voitures.
  • $ 854 000 000 (644 812 700 d’Euros) de gaz naturel ont été brûlés comme déchets de l’exploitation du gisement de schiste de Bakken depuis 2010.
  • $ 854,000,000 représente le coût de l’installation de panneaux solaires photovoltaïques de 5 kilowatts pour presque tous les ménages de Fargo, la plus grande ville du Dakota du Nord.
  • Le Dakota du Nord ni ne suit combien les entreprises paient des taxes sur les gaz torchés, ni ne fait mesurer de manière indépendante le volume des gaz torchés.
  • Le Texas ne requiert pas des producteurs qu’ils payent des taxes sur les gaz torchés.

Pour l’auteur de l’étude, Dusty Horwitt « Le brûlage du gaz naturel comme « déchet » (comme c’est le cas dans le torchage) a un coût pour les contribuables et impacte le climat. Les États devraient adopter de nouvelles normes rigoureuses pour empêcher le torchage, notamment en exigeant des foreurs de payer des taxes équivalant à la valeur totale de tous les gaz qu’ils torchent ».

Les « gardiens de l’environnement » dans le Dakota du Nord et le Texas commentent ainsi les résultats de l’étude : «Ce rapport montre que les législateurs du Dakota du Nord ne font tout simplement pas leur travail. Au lieu de cela, ils placent les intérêts privés avant l’intérêt public. Ce n’est pas notre premier boom pétrolier, de ce point de vue nous savons comment mieux faire ».

eaglefordtx torchage pétrole gaz de schiste

Torchage dans le comté de DeWitt, Texas, dans le shale d’Eagle Ford. Crédit photo: Earthworks

Pour Sharon Wilson membre de l’association Earthworks, « La Railroad Commission (Commission du chemin de fer) est légalement tenue d’éviter le gaspillage des ressources naturelles du Texas. Je ne vois pas comment la Commission du chemin de fer n’aurait pas enfreint la loi en permettant aux foreurs ces pertes de gaz naturel par brûlage plutôt que d’en exiger la capture ».

Mais pour cette association, le gaspillage du gaz par torchage – sous-produit de l’exploitation des hydrocarbures de schiste, fait partie du problème plus vaste de l’exploration et de l’extraction des combustibles fossiles. Pour Bruce Baizel, le chargé de campagne énergie « Le torchage est juste l’un des nombreux problèmes liés à l’exploitation du pétrole et du gaz non conventionnel. Malheureusement, le défaut de gestion et surveillance du torchage au Dakota du Nord et au Texas est représentatif de l’état de surveillance de la fracturation hydraulique à travers le pays. La solution ultime pour ces problèmes est de faire la transition complète des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables comme le vent et l’énergie solaire ».

[1] http://www.earthworksaction.org/files/publications/Up-In-Flames_FINAL.pdf