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(!) Info minute – Revue de Presse

Article traduit par nos soins publié le 23.11.2014 dans sa version originale sur le site  desmogblog

Alors que l’industrie pétrolière et gazière aime à répéter que la fracturation hydraulique n’est pas un procédé particulièrement gourmand en eau, un nouveau rapport[1] indique qu’il existe aux États-Unis plus de 250 sites de fracking chacun ayant nécessité de 38 à 95 millions de litres d’eau.

fracturationDe son côté l’Institut du Pétrole Américain suggère[2] que le puits typique de fracturation utilise « l’équivalent du volume de trois à six piscines de taille olympique », ce qui correspond à 7 à 15 millions de litres d’eau.

Pourtant, à partir des informations officiellement déclarées par l’industrie elle-même et disponibles sur le site FracFocus.org, l’Environmental Working Group (EWG) a déterminé qu’il existe au moins 261 puits de fracturation dans huit États qui ont utilisé une moyenne de 48 millions de litres d’eau chacun, correspondant à un total de 12,5 milliards de litres (douze milliards cinq cents millions), entre 2010 et 2013. Dans cette même période, quatorze puits ont utilisé plus de 75 millions de litres d’eau chacun (voir tableau ci-dessous).

Selon EWG, environ deux tiers de ces puits à très haute consommation d’eau sont situés dans les zones frappées par la sécheresse. Alors que de nombreuses parties du Texas souffrent de sécheresses graves et durables, c’est précisément dans cet État que l’on trouve ce que EWG qualifie de « puits monstres ». On en dénombre 149 et 137 d’entre eux se situent dans des zones frappées par des sécheresses exceptionnelles .

Le Texas détient également le triste record d’avoir la plupart de ses puits fracturés à l’eau potable. Pour la seule année 2011, c’est plus de 80 milliards de litres d’eau douce qui ont été utilisés pour fracturer les puits texans. Par ailleurs, l’augmentation du pompage dans les nappes[3] par les entreprises qui cherchent à extraire le pétrole et le gaz dans le gisement de schiste d’Eagle Ford a quant à elle été citée comme une cause majeure de la baisse rapide des niveaux d’eau souterraine.

Les autres États opérant ce type de « puits monstre » sont la Pennsylvanie (avec 39 puits ayant requis un total de plus d’1,5 milliards de litres d’eau), le Colorado (avec 30 puits ayant utilisés 1,8 milliards de litres), l’Oklahoma (avec 24 puits ayant utilisés plus d’1,2 milliards de litres), et le Dakota du Nord (avec 11 puits ayant utilisés près d’un demi milliard de litres d’eau). La Louisiane et le Mississippi ont chacun trois « puits monstres », et le Michigan a deux.

Voici les plus grands « puits monstres » dans le pays:

Environmental Working Group - les puits monstres de fracturation hydraulique

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Et pourtant, il n’y a pas moyen de connaître précisément les quantités d’eau utilisées pour la fracturation hydraulique, puisque cette technique controversée de stimulation des puits est connue pour être mise en œuvre dans 36 États alors que seulement 15 d’entre eux exigent des compagnies de faire leur déclaration à FracFocus. Et aucun des chiffres déclarés n’est examiné par quelque organisme de réglementation ou autorité indépendante que ce soit.

Même les données faisant l’objet de rapport sont incomplètes. EWG indique que pour 38 des 261 « puits monstres », FracFocus n’est même pas en mesure de fournir les informations aussi simples que la nature des hydrocarbures visés (pétrole ou le gaz), ou la source de l’eau utilisée pour les opérations de fracturation.

La fracturation hydraulique a également été fortement critiquée comme contribuant à exacerber la sécheresse extrême en Californie, même si la fracturation dans cet État ne nécessite pas autant d’eau que dans des États comme le Texas et la Pennsylvanie. Un organisme de réglementation de l’État a récemment confirmé que neuf puits d’injection avaient contaminé les aquifères protégés par la loi de l’État et fédérale en y déversant des fluides de fracturation.

Une fois que l’eau est contaminée par les produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique, elle doit être définitivement retirée du cycle de l’eau.

[1] « Malgré la sécheresse des centaines de sites de fracking exigent plus de 38 millions de litres d’eau chacun »   http://www.ewg.org/research/monster-wells
[2] Hydraulic Fracturing, Unlocking America’s Natural Gas Resources, July 2014 http://www.api.org/oil-and-natural-gas-overview/exploration-and-production/hydraulic-fracturing/~/media/Files/Oil-and-Natural-Gas/Hydraulic-Fracturing-primer/Hydraulic-Fracturing-Primer-2014-highres.pdf
[3] Forte baisse du niveau des eaux souterraines au Texas selon une étude http://www.texastribune.org/2013/05/07/texas-groundwater-dropped-sharply-amid-droughtstud/

(!) Info minute – Revue de Presse

Traduit par nos soins d’après l’article de Anastasia Pantsios publié sur ecowatch . com le 22 août 2014 sous le titre Satellite Map Shows Fracking Flares in Texas and North Dakota Equal to Greenhouse Emissions From 1.5 Million Cars

Earthworks, une association engagée dans la protection des collectivités contre les effets de l’exploitation des minéraux et combustibles fossiles ainsi que dans la promotion du développement des énergies pérennes, a publié un nouveau rapport[1] qui montre que la pollution dégagée par le torchage des « déchets » de l’exploitation du gaz naturel sur seulement deux gisements représente à elle seule l’équivalent d’un million et demi de véhicules supplémentaires sur les routes. Ceci se produit lorsque le gaz naturel est brûlé plutôt que capturé.

eaglefordflare torchage pétrole de schiste

En Juin 2014, le schiste Eagle Ford a produit sept milliards de pieds cubes par jour, tandis que le Bakken produit 1,3 milliard de pieds cubes par jour. Le gaz produit comprend le gaz brûlé à par torchage et le gaz qui est captée pour être utilisé. Ci-dessus, le torchage dans le Bakken. Crédit photo: Sarah Christianson

Le rapport, “Up in Flames: U.S. Shale Oil Boom Comes at Expense of Wasted Natural Gas, Increased Carbon Dioxide,” (Le coût du boom du pétrole de schiste : les pertes de méthanes et l’augmentation des émissions de dioxydes de carbone), est accompagné d’une carte interactive produite par SkyTruth , un groupe qui fournit des preuves aériennes des impacts environnementaux. Cette carte permet aux utilisateurs de visualiser le torchage aux États-Unis et dans le monde sur la base des données infrarouges recueillies de nuit par un satellite de l’administration nationale de l’atmosphère et des océans (National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)).

Paul Woods, le directeur de la technologie de SkyTruth souligne l’impact potentiel de cette carte: « Ce nouvel outil permet de mesurer l’ampleur et la fréquence de l’activité de torchage. Il offre une illustration très complète et moins abstraite. Espérons que la possibilité offerte à tout un chacun de voir où, quand et combien de fois les opérateurs font ces opérations de torchage va créer une pression publique sur le gouvernement et l’industrie pour réduire le gaspillage de cette ressource naturelle durement gagnée ».

Skytruth

Observer l’ensemble des opérations de torchage: Accéder à la carte de Skytruth en cliquant sur cette carte

Le rapport examine plus particulièrement les pertes dans les zones d’exploitation de pétrole de schiste des gisements de Bakken au Dakota du Nord et d’Eagle Ford au Texas. Il illustre comment une réglementation et une surveillance laxiste génèrent ces gaspillages, sous-produits des opérations de fracking (fracturation hydraulique).

On retiendra des conclusions de l’étude:

  • 130 milliards de pieds cubes (3,7 Milliards de mètres cubes) de gaz naturel brûlés par l’exploitation des gisements de schiste de Bakken et Eagle Ford ont produit l’équivalent des émissions de dioxyde de carbone d’1,5 million de voitures.
  • $ 854 000 000 (644 812 700 d’Euros) de gaz naturel ont été brûlés comme déchets de l’exploitation du gisement de schiste de Bakken depuis 2010.
  • $ 854,000,000 représente le coût de l’installation de panneaux solaires photovoltaïques de 5 kilowatts pour presque tous les ménages de Fargo, la plus grande ville du Dakota du Nord.
  • Le Dakota du Nord ni ne suit combien les entreprises paient des taxes sur les gaz torchés, ni ne fait mesurer de manière indépendante le volume des gaz torchés.
  • Le Texas ne requiert pas des producteurs qu’ils payent des taxes sur les gaz torchés.

Pour l’auteur de l’étude, Dusty Horwitt « Le brûlage du gaz naturel comme « déchet » (comme c’est le cas dans le torchage) a un coût pour les contribuables et impacte le climat. Les États devraient adopter de nouvelles normes rigoureuses pour empêcher le torchage, notamment en exigeant des foreurs de payer des taxes équivalant à la valeur totale de tous les gaz qu’ils torchent ».

Les « gardiens de l’environnement » dans le Dakota du Nord et le Texas commentent ainsi les résultats de l’étude : «Ce rapport montre que les législateurs du Dakota du Nord ne font tout simplement pas leur travail. Au lieu de cela, ils placent les intérêts privés avant l’intérêt public. Ce n’est pas notre premier boom pétrolier, de ce point de vue nous savons comment mieux faire ».

eaglefordtx torchage pétrole gaz de schiste

Torchage dans le comté de DeWitt, Texas, dans le shale d’Eagle Ford. Crédit photo: Earthworks

Pour Sharon Wilson membre de l’association Earthworks, « La Railroad Commission (Commission du chemin de fer) est légalement tenue d’éviter le gaspillage des ressources naturelles du Texas. Je ne vois pas comment la Commission du chemin de fer n’aurait pas enfreint la loi en permettant aux foreurs ces pertes de gaz naturel par brûlage plutôt que d’en exiger la capture ».

Mais pour cette association, le gaspillage du gaz par torchage – sous-produit de l’exploitation des hydrocarbures de schiste, fait partie du problème plus vaste de l’exploration et de l’extraction des combustibles fossiles. Pour Bruce Baizel, le chargé de campagne énergie « Le torchage est juste l’un des nombreux problèmes liés à l’exploitation du pétrole et du gaz non conventionnel. Malheureusement, le défaut de gestion et surveillance du torchage au Dakota du Nord et au Texas est représentatif de l’état de surveillance de la fracturation hydraulique à travers le pays. La solution ultime pour ces problèmes est de faire la transition complète des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables comme le vent et l’énergie solaire ».

[1] http://www.earthworksaction.org/files/publications/Up-In-Flames_FINAL.pdf