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(!) Info minute – Revue de Presse

Les fuites de gaz ne font pas bon ménage avec le climat. Une nouvelle étude confirme que les fuites sont telles qu’elles annulent l’avantage comparé du gaz sur les autres énergies fossiles. Pour le commanditaire de l’étude, « le gaz aurait un avantage environnemental par rapport au charbon ou au pétrole seulement si les producteurs pouvaient garder un couvercle hermétique sur les nombreuses fuites qui jalonnent le processus depuis l’extraction jusqu’à la consommation finale« .

Le gaz de schiste n’est pas un « pont vers le futur »

Le gaz naturel est souvent présenté comme un substitut « écologique » au charbon et à la production de pétrole. C’est le credo des producteurs de gaz qui se sont réunis en congrès mondial à Paris début Juin 2015 et qui affirment: « Le rôle du gaz naturel augmente dans le mix énergétique global, présentant maintenant une forte opportunité pour les économies en croissance, qui sont confrontées au défi du développement de la ressource carburant dans un mode de développement durable[1] ». Mais un nouveau rapport estime que les fuites de gaz sont telles qu’elles contribuent d’elles-mêmes à annuler les « avantages climatique » de cette source d’énergie fossile.

Le rapport , commandé par l’Environmental Defense Fund (EDF) et réalisée par le cabinet d’experts en environnement ICF International, a estimé le volume des fuites de méthanes issues de torchage hydrocarburesl’exploitation de gaz naturel et de pétrole aux États-Unis. Il a également examiné la ventilation et le torchage, processus par lequel sur les sites de forage, on laisse délibérément le gaz s’échapper dans l’atmosphère pour plusieurs raisons – généralement pour la sécurité.

Précision sur le commanditaire de l’étude

Notons avant de poursuivre que lEnvironmental Defense Fund (EDF ou Fond pour la défense de l’environnement) n’est pas particulièrement opposée à l’exploitation du gaz et la considère même comme une énergie de transition permettant de sortir du charbon, avec l’idée que le gaz sera ensuite remplacé lui-même par des énergies renouvelables. Cette organisation pousse pour un renforcement des contrôles des forages et de la fracturation hydraulique, sans les interdire. Cette Fondation a financé des études en collaboration avec l’industrie pétrolière sur les effets environnementaux de la production de gaz naturel. Par ailleurs EDF s’est attirée des critiques pour ses liens avec de grandes sociétés parmi lesquelles figurent McDonald, FedEx, et Walmart. Autant dire que le site stopgazdeschiste.org n’en n’est pas véritablement fan.

Torchage et ventilation des puits d’hydrocarbures : fuites de méthane

L’affirmation selon laquelle le gaz naturel est un « pont vers le futur », ou un « carburant de transition » pour les prochaines décennies ne tient pas. La vertu du méthane issu de la roche présenté comme carburant à faible émission de carbone est largement remise en cause par les énormes émissions de gaz à effet de serre (facteur de réchauffement climatique) que génère son exploitation sur le court terme. Or cette étude a trouvé qu’aux États-Unis en 2013, c’est près de 2 milliards de mètre cube de gaz qu’on a laissé échapper dans l’atmosphère, représentant une valeur de 360 Millions de dollars (320 M Euros). Ce qui représente non seulement une perte économique mais aussi un problème environnemental. Le méthane, composant principal du gaz naturel, est 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur de courtes périodes de temps et 30 fois plus puissant sur ​​le long terme.

Ces fuites annuelles sont l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre produites par 5,6 Millions de véhicules

Pinedale Wyoming

Pinedale, Wyoming

La pollution locale liée à l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels est également préoccupante. En effet, selon l’Environmental Defense Fund, dans certaines régions (par exemple à Pinedale petite commune rurale du Wyoming), les émissions liées à la fracturation hydraulique et aux autres opérations du processus de forage et d’exploitation ont produit des niveaux de pollution de l’air rivalisant avec ce qu’on peut mesurer dans le centre-ville de Los Angeles; tandis qu’au Nouveau-Mexique, les émissions de méthane étaient telles qu’elles pouvaient être détectées par les satellites de la NASA.

Dans la communauté scientifique américaine, il est généralement admis que dans le processus de production – du forage, au transport par canalisations, à la distribution – les fuites de gaz ne devraient pas excéder 3% pour maintenir l’avantage du gaz sur les autres modes de production d’énergie les plus polluants. De son côté, l’ONG Food and Water Watch pointe que si les données d’EDF suggèrent un taux de fuite de 2,2% sur les sites de production, la prise en compte des fuites générées par la suite du processus (transport et distribution) font progresser le taux global au-delà des 3% annulant du même coup l’avantage concurrentiel du gaz sur les autres énergies fossiles en matière d’émission de gaz à effet de serre.

« Avec un taux de fuites de 3%, on nous vend les avantages climatiques alors qu’en réalité il s’agit d’un gain minime sur les dégâts faits au climat».

S’il existe bien des moyens pour réduire de manière drastique les taux de fuite – certains opérateurs gaziers parviennent à faire baisser ce taux à 1% sur leurs sites, la question est de savoir si tous les opérateurs de forage aux États-Unis peuvent répondre à ces normes rapidement. Poser la question c’est déjà constater que ça n’est pas le cas et que la volonté n’est pas au rendez-vous.

Au niveau mondial, on repousse de 15 ans l’objectif d’un taux nul d’émissions fugitives sur les sites d’extraction

Au niveau mondial alors que l’urgence climatique fait l’objet d’alertes répétées de la part de la communauté scientifique, on repousse l’objectif d’un taux de fuite de méthane nul lors des opérations d’extraction d’hydrocarbures à 2030. On repousse de 15 ans ! En effet, l’initiative Zero Routine Flaring by 2030[2] (élimination du brûlage systématique de gaz par torchage à l’horizon 2030) – à laquelle neuf pays, dix compagnies pétrolières et six institutions de développement ont adhéré – a été annoncée en Avril 2015.

Sources : The Guardian, Banque Mondiale

[1] Congrès Mondial du gaz, WGC Paris 1-5 Juin 2015 : http://www.wgc2015.org/?lang=fr
[2] Communiqué de la Banque Mondiale sur le Zero Routine Flaring by 2030 http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2015/04/17/countries-and-oil-companies-agree-to-end-routine-gas-flaring

(!) Info minute – Revue de Presse

Traduit par nos soins d’après l’article de Anastasia Pantsios publié sur ecowatch . com le 22 août 2014 sous le titre Satellite Map Shows Fracking Flares in Texas and North Dakota Equal to Greenhouse Emissions From 1.5 Million Cars

Earthworks, une association engagée dans la protection des collectivités contre les effets de l’exploitation des minéraux et combustibles fossiles ainsi que dans la promotion du développement des énergies pérennes, a publié un nouveau rapport[1] qui montre que la pollution dégagée par le torchage des « déchets » de l’exploitation du gaz naturel sur seulement deux gisements représente à elle seule l’équivalent d’un million et demi de véhicules supplémentaires sur les routes. Ceci se produit lorsque le gaz naturel est brûlé plutôt que capturé.

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En Juin 2014, le schiste Eagle Ford a produit sept milliards de pieds cubes par jour, tandis que le Bakken produit 1,3 milliard de pieds cubes par jour. Le gaz produit comprend le gaz brûlé à par torchage et le gaz qui est captée pour être utilisé. Ci-dessus, le torchage dans le Bakken. Crédit photo: Sarah Christianson

Le rapport, “Up in Flames: U.S. Shale Oil Boom Comes at Expense of Wasted Natural Gas, Increased Carbon Dioxide,” (Le coût du boom du pétrole de schiste : les pertes de méthanes et l’augmentation des émissions de dioxydes de carbone), est accompagné d’une carte interactive produite par SkyTruth , un groupe qui fournit des preuves aériennes des impacts environnementaux. Cette carte permet aux utilisateurs de visualiser le torchage aux États-Unis et dans le monde sur la base des données infrarouges recueillies de nuit par un satellite de l’administration nationale de l’atmosphère et des océans (National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)).

Paul Woods, le directeur de la technologie de SkyTruth souligne l’impact potentiel de cette carte: « Ce nouvel outil permet de mesurer l’ampleur et la fréquence de l’activité de torchage. Il offre une illustration très complète et moins abstraite. Espérons que la possibilité offerte à tout un chacun de voir où, quand et combien de fois les opérateurs font ces opérations de torchage va créer une pression publique sur le gouvernement et l’industrie pour réduire le gaspillage de cette ressource naturelle durement gagnée ».

Skytruth

Observer l’ensemble des opérations de torchage: Accéder à la carte de Skytruth en cliquant sur cette carte

Le rapport examine plus particulièrement les pertes dans les zones d’exploitation de pétrole de schiste des gisements de Bakken au Dakota du Nord et d’Eagle Ford au Texas. Il illustre comment une réglementation et une surveillance laxiste génèrent ces gaspillages, sous-produits des opérations de fracking (fracturation hydraulique).

On retiendra des conclusions de l’étude:

  • 130 milliards de pieds cubes (3,7 Milliards de mètres cubes) de gaz naturel brûlés par l’exploitation des gisements de schiste de Bakken et Eagle Ford ont produit l’équivalent des émissions de dioxyde de carbone d’1,5 million de voitures.
  • $ 854 000 000 (644 812 700 d’Euros) de gaz naturel ont été brûlés comme déchets de l’exploitation du gisement de schiste de Bakken depuis 2010.
  • $ 854,000,000 représente le coût de l’installation de panneaux solaires photovoltaïques de 5 kilowatts pour presque tous les ménages de Fargo, la plus grande ville du Dakota du Nord.
  • Le Dakota du Nord ni ne suit combien les entreprises paient des taxes sur les gaz torchés, ni ne fait mesurer de manière indépendante le volume des gaz torchés.
  • Le Texas ne requiert pas des producteurs qu’ils payent des taxes sur les gaz torchés.

Pour l’auteur de l’étude, Dusty Horwitt « Le brûlage du gaz naturel comme « déchet » (comme c’est le cas dans le torchage) a un coût pour les contribuables et impacte le climat. Les États devraient adopter de nouvelles normes rigoureuses pour empêcher le torchage, notamment en exigeant des foreurs de payer des taxes équivalant à la valeur totale de tous les gaz qu’ils torchent ».

Les « gardiens de l’environnement » dans le Dakota du Nord et le Texas commentent ainsi les résultats de l’étude : «Ce rapport montre que les législateurs du Dakota du Nord ne font tout simplement pas leur travail. Au lieu de cela, ils placent les intérêts privés avant l’intérêt public. Ce n’est pas notre premier boom pétrolier, de ce point de vue nous savons comment mieux faire ».

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Torchage dans le comté de DeWitt, Texas, dans le shale d’Eagle Ford. Crédit photo: Earthworks

Pour Sharon Wilson membre de l’association Earthworks, « La Railroad Commission (Commission du chemin de fer) est légalement tenue d’éviter le gaspillage des ressources naturelles du Texas. Je ne vois pas comment la Commission du chemin de fer n’aurait pas enfreint la loi en permettant aux foreurs ces pertes de gaz naturel par brûlage plutôt que d’en exiger la capture ».

Mais pour cette association, le gaspillage du gaz par torchage – sous-produit de l’exploitation des hydrocarbures de schiste, fait partie du problème plus vaste de l’exploration et de l’extraction des combustibles fossiles. Pour Bruce Baizel, le chargé de campagne énergie « Le torchage est juste l’un des nombreux problèmes liés à l’exploitation du pétrole et du gaz non conventionnel. Malheureusement, le défaut de gestion et surveillance du torchage au Dakota du Nord et au Texas est représentatif de l’état de surveillance de la fracturation hydraulique à travers le pays. La solution ultime pour ces problèmes est de faire la transition complète des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables comme le vent et l’énergie solaire ».

[1] http://www.earthworksaction.org/files/publications/Up-In-Flames_FINAL.pdf