Articles Tagués ‘CH4’

(!) Info minute – Revue de Presse

La commission du développement durable a terminé hier 17 janvier 2016 à minuit l’examen du texte du projet de loi adaptant le code minier au droit de l’environnement et de ses 360 amendements (voir ici le dossier de l’ensemble des amendements adoptés ou rejetés).

C’est ce texte qui sera étudié en séance plénière à l’Assemblée nationale, les 24 et 25 janvier 2017, de nouveaux amendements seront encore déposés .

Concernant l’interdiction des hydrocarbures non conventionnels, c’est l’amendement du rapporteurgaz-de-couche-non-conventionnel-code-minier Jean Paul Chanteguet qui a été retenu (page 369) : celui-ci ne considère pas « les hydrocarbures gazeux contenus dans les veines de charbon » comme des hydrocarbures non conventionnels et de fait, ils ne sont pas concernés par cette interdiction.

De plus, la définition qu’a proposé M. Chanteguet est très générale alors que plusieurs autres amendements apportaient une définition plus complète et précise des hydrocarbures non conventionnels incluant les gaz de couche et leur interdiction à ce titre.

Volonté délibérée de ne pas interdire le gaz de couche

Il y a eu une volonté délibérée de ne pas interdire ces gaz de couche, les députés Mme S. Buis (amendement page 274) et M. F. Verdier (amendement page 336) ont retiré leurs amendements au profit de celui de M. Chanteguet moins complet, ils ne sont pas intervenus sur la question des gaz de couche.

L’amendement (page 280) défendu par Mme L. Abeille interdisant les gaz de couche au titre d’hydrocarbures non conventionnels a été rejeté par la commission du développement durable!

La Lorraine sacrifiée!

M. Chanteguet a entretenu la confusion entre gaz de mine et gaz de couche en laissant croire quegaz-de-couche-stop-gaz-de-schiste-code-minier son bilan carbone était meilleur que celui du pétrole. Il a présenté le gaz de couche comme une énergie de transition , une « énergie verte » comme dirait La Française de l’énergie qui détient plusieurs permis de recherche (lire ici, et ). Nous avons l’impression que la Lorraine a été « sacrifiée ».

Rappel: Le gaz de mine (ou grisou) peut être récupéré suite à l’exploitation du charbon. Le gaz de couche (considéré comme hydrocarbure de roche mère, fait partie des « gaz naturels non-conventionnels » avec les gaz de schistes, les hydrates de méthane (clathrates sous-marins ou des pergélisols), ou le CH4 dissous dans certaines eaux souterraines salines). Il est piégé dans les veines de charbon et nécessite des techniques de fracturation pour être extrait.

Revoir les séances de la commission du développement durable et l’intégralité des débats sur cette proposition de loi et les amendements.

(!) Info minute – Revue de Presse

Adaptation d’après une tribune de Scott Novak parue le 14 Juillet dans huffingtonpost.com

Le gaz de schiste extrait par fracturation hydraulique – un procédé requérant la mise en œuvre de multiples forages- serait censé être bon pour l’environnement. C’est ce que nous rabâche l’industrie du « gaz naturel », relayée par un nuée de spéculateurs et quelques politiciens vassaux (dont les campagnes électorales de certains dépendent du généreux financement de l’industrie fossile).

Le mythe du gaz propre

Aux États-Unis, le président Obama et une grande partie de la classe politique ont approuvé la production de gaz naturel par la technique du fracking (fracturation hydraulique) comme une « solution de transition», un «pont vers un avenir durable».

Le fracking n’est pas ce « pont vers un avenir durable » que les politiciens et les sociétés d’énergie prétendent qu’il est.

Ce gaz serait selon eux un carburant qui va aider l’Amérique à opérer une «transition vers une économie verte». Pourquoi cela ? Parce que le gaz naturel émet deux fois moins de dioxyde de carbone (CO2) que le charbon. Et pourtant il est important que le public comprenne que cette notion de « carburant de transition » est fausse, nuisible à la santé et l’environnement et de courte vue. C’est un mensonge relayé à coup (coût) de millions de dollars et précisément à la veille de la conférence mondiale sur le climat, la « COP21 » qui se tiendra à Paris en décembre 2015.

Le gaz non conventionnel fort émetteur de gaz à effet de serre

La notion selon laquelle le gaz naturel serait un carburant plus propre que le charbon ou le pétrole est basée sur la mesure des émissions de gaz extraits par les méthodes conventionnelles, et non celui extrait par les techniques de stimulation comme la fracturation hydraulique. En 2011, une étude de l’Université Cornell constatait que les émissions de méthane provenant de l’exploitation des gaz par fracturation « sont au moins 30% supérieures voire deux fois plus importantes que celles du gaz classique, » et ceci parce que le méthane est libéré à chaque étape du processus de fracturation. Et malheureusement, ce méthane réchauffe 34 fois plus que le dioxyde de carbone. Ceci signifie que le gaz exploité par fracturation a un effet de serre supérieur à celui du pétrole et peut avoir un impact équivalent à celui du charbon sur le long terme. En termes d’effet de serre à court termes, il est même bien pire que le charbon.

Même en améliorant les techniques d’exploitation, l’impact sur le climat est dévastateur

Même si l’injection dans le sol de produits chimiques hautement toxiques requise pour la fracturation pouvait être accomplie sans contaminer les réserves d’eaux souterraines locales, et même si les déchets très toxiques produits par le processus de fracturation pouvaient être éliminés en toute sécurité – deux scénarios qui restent actuellement hautement improbables et notamment par les coûts qu’ils représenteraient- la pollution par le méthane (et le carbone) générée par les émissions du gaz produit par la fracturation persisteront. C’est pour cette raison que le gaz non conventionnel (gaz de schiste, gaz compact (tight gas), gaz de houille etc.) ne doit pas être considéré comme un « combustible propre ». Son utilisation contribuerait à mettre en péril l’objectif d’une limite de réchauffement planétaire de 2 degrés Celsius – limite au-delà de laquelle les scientifiques prédisent des sécheresses extrêmes, l’élévation du niveau des mers, et des extinctions de masse – phénomènes dévastateurs dont l’humanité s’approche à grands pas.

Les compagnies pétrolières n’ont aucune envie de freiner les investissements dans les ressources fossiles, bien au contraire !

Non seulement le gaz de schiste n’est pas plus propre que les autres combustibles, mais il n’a jamais été prévu comme « carburant de transition » en premier lieu. Il suffit de regarder les plans des compagnies pétrogazières pour s’en convaincre. Des sociétés comme Chevron et Shell, toutes deux engagées dans d’importantes opérations d’exploitation d’hydrocarbures par fracturation, prévoient d’investir des milliards dans de nouveaux projets de combustibles fossiles au cours des dix prochaines années. Or il ne peut y avoir retour sur de tels investissements à moins que ces sociétés ne soient autorisées à poursuivre l’exploitation de la planète pour des décennies encore. Le gigantesque investissement de 54 Milliards de dollars US de Chevron dans la construction d’infrastructures de liquéfaction et d’exportation de gaz, et les 12 Milliards investis par Shell pour construire un gigantesque méthanier (une usine flottante de liquéfaction de gaz, l’engin le plus gros jamais mis sur les océans par l’homme), tous deux situés en Australie, ne sont que deux des nombreux exemples illustrant cette course effrénée au profit par l’exploitation des hydrocarbures. Pourquoi ces compagnies feraient de tels investissements si leur objectif était de passer dans le court terme à des sources d’énergie renouvelable? Mais tout simplement parce qu’elles n’en n’ont pas du tout l’intention !

Le gaz vendu comme « carburant de transition » est un déni de réalité

Enfin, affirmer que l’exploitation de gaz de schiste est un « pont vers une économie plus verte » pose avant tout la question de savoir pourquoi un tel « pont » est nécessaire. Pourquoi repousser ? Pourquoi, comme certains pays le font déjà, ne pas tout simplement investir directement avec l’objectif 100% énergies propres? Pourquoi ne pas massivement investir dans ces énergies qui ne présentent pas de risque de pollution ou de contamination des eaux souterraines? Les technologies et les plans pour que cela fonctionne sont déjà disponibles. Des pays tels que le Danemark et l’Allemagne parviennent maintenant à couvrir plus d’un quart de leurs besoins énergétiques en ayant recours aux énergies renouvelables, et pour 2050, chaque pays dispose de plans pour éliminer sa dépendance aux combustibles fossiles.

En France, le patron de TOTAL sort les muscles et concernant des permis de recherche d’hydrocarbures déclare tout en finesse aux parlementaires : « Oui, en France on ne veut pas m’accorder des permis en Guyane. J’espère qu’on ne va pas les donner à un autre. Là, je m’énerverais »

Lire aussi: Pourquoi le gaz de schiste n’est pas une énergie de transition

(!) Info minute – Revue de Presse

Les fuites de gaz ne font pas bon ménage avec le climat. Une nouvelle étude confirme que les fuites sont telles qu’elles annulent l’avantage comparé du gaz sur les autres énergies fossiles. Pour le commanditaire de l’étude, « le gaz aurait un avantage environnemental par rapport au charbon ou au pétrole seulement si les producteurs pouvaient garder un couvercle hermétique sur les nombreuses fuites qui jalonnent le processus depuis l’extraction jusqu’à la consommation finale« .

Le gaz de schiste n’est pas un « pont vers le futur »

Le gaz naturel est souvent présenté comme un substitut « écologique » au charbon et à la production de pétrole. C’est le credo des producteurs de gaz qui se sont réunis en congrès mondial à Paris début Juin 2015 et qui affirment: « Le rôle du gaz naturel augmente dans le mix énergétique global, présentant maintenant une forte opportunité pour les économies en croissance, qui sont confrontées au défi du développement de la ressource carburant dans un mode de développement durable[1] ». Mais un nouveau rapport estime que les fuites de gaz sont telles qu’elles contribuent d’elles-mêmes à annuler les « avantages climatique » de cette source d’énergie fossile.

Le rapport , commandé par l’Environmental Defense Fund (EDF) et réalisée par le cabinet d’experts en environnement ICF International, a estimé le volume des fuites de méthanes issues de torchage hydrocarburesl’exploitation de gaz naturel et de pétrole aux États-Unis. Il a également examiné la ventilation et le torchage, processus par lequel sur les sites de forage, on laisse délibérément le gaz s’échapper dans l’atmosphère pour plusieurs raisons – généralement pour la sécurité.

Précision sur le commanditaire de l’étude

Notons avant de poursuivre que lEnvironmental Defense Fund (EDF ou Fond pour la défense de l’environnement) n’est pas particulièrement opposée à l’exploitation du gaz et la considère même comme une énergie de transition permettant de sortir du charbon, avec l’idée que le gaz sera ensuite remplacé lui-même par des énergies renouvelables. Cette organisation pousse pour un renforcement des contrôles des forages et de la fracturation hydraulique, sans les interdire. Cette Fondation a financé des études en collaboration avec l’industrie pétrolière sur les effets environnementaux de la production de gaz naturel. Par ailleurs EDF s’est attirée des critiques pour ses liens avec de grandes sociétés parmi lesquelles figurent McDonald, FedEx, et Walmart. Autant dire que le site stopgazdeschiste.org n’en n’est pas véritablement fan.

Torchage et ventilation des puits d’hydrocarbures : fuites de méthane

L’affirmation selon laquelle le gaz naturel est un « pont vers le futur », ou un « carburant de transition » pour les prochaines décennies ne tient pas. La vertu du méthane issu de la roche présenté comme carburant à faible émission de carbone est largement remise en cause par les énormes émissions de gaz à effet de serre (facteur de réchauffement climatique) que génère son exploitation sur le court terme. Or cette étude a trouvé qu’aux États-Unis en 2013, c’est près de 2 milliards de mètre cube de gaz qu’on a laissé échapper dans l’atmosphère, représentant une valeur de 360 Millions de dollars (320 M Euros). Ce qui représente non seulement une perte économique mais aussi un problème environnemental. Le méthane, composant principal du gaz naturel, est 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur de courtes périodes de temps et 30 fois plus puissant sur ​​le long terme.

Ces fuites annuelles sont l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre produites par 5,6 Millions de véhicules

Pinedale Wyoming

Pinedale, Wyoming

La pollution locale liée à l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels est également préoccupante. En effet, selon l’Environmental Defense Fund, dans certaines régions (par exemple à Pinedale petite commune rurale du Wyoming), les émissions liées à la fracturation hydraulique et aux autres opérations du processus de forage et d’exploitation ont produit des niveaux de pollution de l’air rivalisant avec ce qu’on peut mesurer dans le centre-ville de Los Angeles; tandis qu’au Nouveau-Mexique, les émissions de méthane étaient telles qu’elles pouvaient être détectées par les satellites de la NASA.

Dans la communauté scientifique américaine, il est généralement admis que dans le processus de production – du forage, au transport par canalisations, à la distribution – les fuites de gaz ne devraient pas excéder 3% pour maintenir l’avantage du gaz sur les autres modes de production d’énergie les plus polluants. De son côté, l’ONG Food and Water Watch pointe que si les données d’EDF suggèrent un taux de fuite de 2,2% sur les sites de production, la prise en compte des fuites générées par la suite du processus (transport et distribution) font progresser le taux global au-delà des 3% annulant du même coup l’avantage concurrentiel du gaz sur les autres énergies fossiles en matière d’émission de gaz à effet de serre.

« Avec un taux de fuites de 3%, on nous vend les avantages climatiques alors qu’en réalité il s’agit d’un gain minime sur les dégâts faits au climat».

S’il existe bien des moyens pour réduire de manière drastique les taux de fuite – certains opérateurs gaziers parviennent à faire baisser ce taux à 1% sur leurs sites, la question est de savoir si tous les opérateurs de forage aux États-Unis peuvent répondre à ces normes rapidement. Poser la question c’est déjà constater que ça n’est pas le cas et que la volonté n’est pas au rendez-vous.

Au niveau mondial, on repousse de 15 ans l’objectif d’un taux nul d’émissions fugitives sur les sites d’extraction

Au niveau mondial alors que l’urgence climatique fait l’objet d’alertes répétées de la part de la communauté scientifique, on repousse l’objectif d’un taux de fuite de méthane nul lors des opérations d’extraction d’hydrocarbures à 2030. On repousse de 15 ans ! En effet, l’initiative Zero Routine Flaring by 2030[2] (élimination du brûlage systématique de gaz par torchage à l’horizon 2030) – à laquelle neuf pays, dix compagnies pétrolières et six institutions de développement ont adhéré – a été annoncée en Avril 2015.

Sources : The Guardian, Banque Mondiale

[1] Congrès Mondial du gaz, WGC Paris 1-5 Juin 2015 : http://www.wgc2015.org/?lang=fr
[2] Communiqué de la Banque Mondiale sur le Zero Routine Flaring by 2030 http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2015/04/17/countries-and-oil-companies-agree-to-end-routine-gas-flaring

Sauvegarde du principe de précaution j’écris à mon député            (!) Info minute – Revue de Presse

Gaz de schiste en France ?

Voilà trois ans qu’a été publiée l’imparfaite loi votée par une assemblée en émoi, suite au rejet massif des projets de forage par une population en colère qui avait découvert que l’État allait autoriser la recherche d’hydrocarbures non-conventionnels sur leurs territoires sans aucune consultation préalable.

pétrolier gaziers industriels twComme une trainée de poudre, à partir de la fin de l’année 2010, la nouvelle avait été colportée de villages en villages par des réunions publiques organisées par des citoyens dans le sud de la France comme dans le Bassin Parisien : Les foreurs étaient à nos portes et allaient fouiller la roche mère pour essayer d’en libérer des gouttelettes d’hydrocarbure. Pour cela, il fallait recourir à la fracturation hydraulique, seule technique toujours en usage, aux États-Unis notamment, permettant de faire exploser la roche en grande profondeur et de faire remonter les hydrocarbures liquides (pétrole de schiste) ou gazeux (gaz de schiste ou gaz de couche). Une technique très largement employée aux États-Unis suite à une vaste déréglementation décidée par l’administration Bush (Junior) dont le vice-président cheney bushDick Cheney était un des dirigeants de la firme Halliburton spécialisée dans la fracturation hydraulique. Les techniques et produits utilisés étant extrêmement polluants, il avait fallu modifier la loi fédérale sur l’eau afin de contourner un règlement qui aurait empêché les industriels de pratiquer le « fracking ». Par ailleurs cette réglementation permet aux industriels de garder secrète la composition de la mixture liquide injectée sous très haute pression pour fracturer la roche.

Les impacts de l’exploitation des pétrole et gaz de schiste

En se documentant sur ce qu’il se passait outre-Atlantique, on apprenait, en France, à découvrir les impacts désastreux de ce processus d’exploitation, sur l’environnement (l’eau et l’air) et sur la santé humaine et animale. La composition du liquide de fracturation était étonnante. La modification du cocktail soumis à une compression à très haute température sous terre l’était encore plus. Les rejets de  méthane étaient importants. Faut-il rappeler que le méthane est un puissant gaz à effet de serre qui participe au dérèglement climatique, et contribue à détruire la couche d’ozone. La fracturation hydraulique pratiquée dans des puits forés verticalement puis horizontalement devait être répétée de nombreuses fois pour maintenir un niveau de production acceptable avant un déclin très rapide. La multiplication des puits nécessaires pour essorer la roche représentait une emprunte au sol dont les images largement véhiculées ont fait prendre conscience de l’impact majeur de cette industrie sur les paysages et les terres, source de conflits d’utilisation.

La Loi sous haute pression d’un lobby très actif

Depuis trois ans, sous la pression populaire et avec ce nouveau dispositif législatif interdisant la technique de la fracturation hydraulique, les projets initialement approuvés ont été très largement ralentis et les nombreuses demandes de permis de recherche d’hydrocarbures font l’objet d’un rejet massif de la part de la population et d’élus. Mais un lobby pour la recherche et l’exploitation des pétroles et gaz de schiste se montre très actif depuis le début.

N’ayant pas vu venir cette opposition populaire, l’industrie du gaz et du pétrole, du traitement de l’eau et des déchets ainsi que celle de la chimie alliée à des fonds d’investissement a dans un premier temps trouvé l’oreille de parlementaires dont l’activité dans les commissions a permis d’ajuster la proposition de loi laquelle prévoyait initialement d’interdire l’exploitation de ces hydrocarbures non-conventionnels. Réaménagé, le texte finalement adopté au parlement interdit une technique (sans véritablement la définir) et surtout prévoit une commission de suivi de la recherche, recherche qui verrait la mise en pratique de « fracturations hydrauliques encadrées » et qui pourrait être autorisée par dérogation. Et puis, afin de préparer les esprits et tenter de retourner l’opinion largement défavorable à l’exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels, cette alliance des industriels et de la finance engage une large offensive et trouve tribune auprès de nombreux média, au travers desquels des éditorialistes économiques se font les porte-paroles de la déréglementation et de la relance de ces projets interrompus à la veille des élections présidentielles de 2012. Sur fond de crise économique majeure, on promet monts et merveilles et on fait miroiter une relance de l’emploi par ces projets. On va même jusqu’à évoquer 100 000 emplois ! 100 000 emplois ça serait donc plus de 65 000 puits forés en France (si sur la base de l’expérience américaine on compte 1,5 emplois créés par puits). 65 000 puits ! fracking en montagneMais où donc va-t-on pouvoir forer 65 000 puits sans massacrer les terres, sans ravager des régions qui ont développé des activités agricoles, touristiques ou de petites productions. Où va-t-on puiser l’eau nécessaire à la fracturation hydraulique et comment va-t-on se débarrasser des eaux usées chargées de métaux lourds, de produits chimiques et d’éléments radioactifs remontés des tréfonds du sous-sol ? Comment va-t-on stocker et évacuer ces hydrocarbures ? Qui paiera pour l’entretien d’un réseau routier massivement sollicité lors de la mise en œuvre de ce processus industriel ? Tout ça alors même que la France s’est engagée à réduire sa consommation d’énergie fossile et que les projections de réserves d’hydrocarbures sont incertaines et probablement bien supérieures à la réalité. En Pologne, pays qui disposerait -selon l’agence internationale de l’énergie et de l’agence américaine de l’énergie – des plus grandes réserves de gaz de schiste en Europe avant la France, on découvre que l’exploitation est techniquement très compliquée et peu rentable. Malgré les avantages fiscaux promis par le gouvernement polonais, de nombreuses majors qui avaient acquis des permis de recherche plient bagages à partir de 2013.

Une résistance à long terme dans un contexte de pressions transatlantiques

Quand bien même en France, l’immense majorité des permis de recherche d’hydrocarbure a été délivrée à des sociétés étrangères, le discours est propagé selon lequel il faudrait laisser nos champions français effectuer de la recherche de pétrole et gaz de schiste sur le territoire français afin de quantifier les ressources et disposer de moyens de pression vis-à-vis de nos fournisseurs d’Algérie, de Norvège mais aussi et surtout de Russie. On veut faire croire au bon peuple de veaux décérébrés que des compagnies privées vont investir et se mettre spontanément au service de l’État pour faire cet inventaire sans retour sur investissement. Car pour estimer les réserves (techniquement récupérables, sinon à quoi bon ?) il ne s’agit pas de faire quelques forages mais bien de multiplier l’acquisition de sismique 3D et la mise en œuvre de chantiers de forages et d’en faire de nombreuses dizaines. Un forage c’est quelques millions d’Euro (entre 3  et 5 en exploration on-shore). Comment ces compagnies seront-elles rétribuées ? Comment peut-on imaginer que l’on va forer sans jamais exploiter?

TAFTA-c-est-quoi-qu-est-ce-que-TTIP-tract-Mais la pression est grande pour expliquer que bien évidemment la Russie va couper le robinet de gaz à l’Europe occidentale (pensez-vous, l’Urkraine n’est qu’un apéritif!) Et qu’il faut forer chez nous si l’on ne veut pas dépendre du gaz de schiste américain. Une pression transatlantique exercée par de grands lobbys industriels qui au travers des accords commerciaux en discussion entre Bruxelles et Washington souhaitent avoir les coudées franches pour déréglementer et autoriser des pratiques jusqu’alors inacceptables. Pour le moment, la loi du 13 juillet 2011 est une maigre protection. Elle peut voler en éclat si les accords transatlantiques autorisent le règlement des différents entre multinationales et États à travers des tribunaux d’arbitrage commerciaux.