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(!) Info minute – Revue de Presse

Lettre ouverte de Serge Fortier, qui fut longtemps porte parole du Regroupement interrégional sur le gaz de schiste de la Vallée du Saint-Laurent et qui réagit aux conclusions du rapport BAPE[1] sur le projet de construction d’une installation de liquéfaction de gaz naturel à Bécancour (Québec). Réaction à ces conclusions qui ne font que nourrir la volonté du lobby des hydrocarbures de nous enfoncer de plus en plus dans le dérèglement du climat. Nous la publions en expression de notre solidarité avec les citoyens du Québec dont les terres sont menacées par l’exploitation intensive du gaz de schiste, mais aussi parce ces projets d’industrialisation en Amérique de Nord ont bien pour vocation d’exporter le gaz de schiste … vers l’Europe. Ce sont des têtes de pont dont le fonctionnement est négocié par l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE) et le TAFTA.

Le brin de scie qui nous empêche de voir la poutre qu’on a dans l’œil

Que de belles paroles de la part des gouvernements qui se disent préoccupés par le réchauffement climatique et qui, dans leurs décisions colorées de parti-pris, font exactement le contraire. Denon au gaz de schiste moratoire permettre la liquéfaction du gaz naturel est un autre des moyens hypocrites pris par le lobby des hydrocarbures et leurs fidèles politiciens qui leur mangent dans la main, pour nous maintenir dans ce qui nous détruit depuis un siècle, car pour fournir de telles usines (car il y en aura d’autres) il faut augmenter la production de gaz naturel non conventionnels, comme le gaz de schiste.

Peu de gens voient ce qui est en train de se mettre en place au Québec. Peu de gens prennent le temps ou ont le temps de reconnaitre toutes les entourloupettes que fait le lobby pétrolier et gazier pour augmenter leur influence sur le marché des énergies, alors qu’il faut impérativement inverser cette pression.

Pauvres enfants que nous mettons au monde! L’usine de Stolt n’est que le brin de scie qui nous empêche de voir la poutre qu’on a dans l’œil. Quel bel héritage nous lèguerons à nos enfants! Quel égoïsme et quelle lâcheté de continuer à imposer le même style d’économie qui a fait ses preuves de son échec sur tous les plans, assurant rien d’autre à nos enfants chéris que malheur, endettement et maladie.

Je pourrais en écrire long, car j’en ai long sur le cœur, moi qui consacre ma vie depuis 2010 au dossier des gaz de schiste dans la Vallée du St-Laurent, en m’impliquant à fond dans le regroupement de 115 comités de citoyens qui ont ramené à la raison… non, pas vraiment… qui ont mis un «Wo» à l’enthousiasme fou de nos politiciens d’ouvrir la porte aux gazières.

Mais cette même gang est encore là à pousser des projets insensés. Et comme ils n’ont pas trouvé le moyen d’envahir notre belle Vallée du St-Laurent avec des puits de gaz de schiste, sachant qu’on les attendait de pied ferme, ces hypocrites s’enlignent pour nous l’imposer de force en mettant en place des usines comme Stolt, en faisant la promo du Gaz naturel, en encourageant la consommation de gaz pour le chauffage des résidences en maintenant les prix bas du gaz et en augmentant le prix de l’électricité, etc, etc.

Ce n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme pour voir toute cette manipulation. Et pendant ce temps, le temps passe, le climat se réchauffe, les initiatives vertes stagnent et, comble de malheur et d’illogisme, l’ère des hydrocarbures s’installe petit à petit au Québec. Quelle gang de peureux nous sommes, de marcher à contre-courant du gros bon sens sous prétexte de créer quelques jobs temporaires! Dites-moi où vous voyez dans cette décision une volonté de changement vers des énergies propres?

Préparez-vous les jeunes! L’héritage que vous légueront vos parents sera loin d’être un cadeau! Mon enfant, pour te prouver comment je t’aime, je te lègue mes déchets qui dérèglent le climat dans lequel tu vivras. Arrange-toi avec ça, moi j’étais trop lâche et trop égoïste pour chercher à faire mieux!

[1] Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) est un organisme voué à l’information et à la consultation publiques sur des projets susceptibles d’avoir un impact majeur sur l’environnement ou sur toute autre question relative à la qualité de l’environnement. http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/faq/#qcq

(!) Info minute – Revue de Presse

Nous relayons le Communiqué de presse du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Lire aussi cette réaction

gaz de schiste RVHQ

Saint-Dominique, le 15 décembre 2014 – Ce matin, nous avons eu l’occasion de prendre connaissance du rapport du dernier BAPE concernant le déploiement éventuel de l’industrie des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent[1]. Les commissaires ont été conséquents avec les études, les commentaires et les mémoires déposés et nous saluons leur conclusion : « La commission a constaté qu’il n’était pas démontré que l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans les basses-terres du Saint-Laurent, avec la technique de fracturation hydraulique, serait avantageuse pour le Québec ».

Depuis 2010, les groupes citoyens n’ont eu de cesse de porter sur la place publique leurs inquiétudes et leurs questionnements sur le gaz et le pétrole de schiste.  Nous voulons ici rendre hommage à ces milliers de citoyens et citoyennes qui ont su garder le cap et donner de l’information à leurs dirigeants locaux, à leurs concitoyens et au public en général, et ce, en l’absence de moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. « Sans cette mobilisation sans précédent dans l’histoire du Québec, nous n’en serions évidemment pas là. Les milliers d’heures de bénévolat donnent aujourd’hui leur résultat et confirment que nous avons eu raison de lutter pour préserver nos territoires de cette ravageuse industrie. Nous le répétons : il n’est pas souhaitable ni rentable pour le Québec de développer le gaz et le pétrole de schiste, ne serait-ce qu’en invoquant l’urgence climatique » affirme Jacques Tétreault, coordonnateur et porte-parole du RVHQ.

Plusieurs questions demeurent cependant. Est-ce que le gouvernement va tenir compte de ce rapport? Est-ce que les conclusions concernant la fracturation seront transposées aux travaux effectués ou prévus à Gaspé, Anticosti et ailleurs? Est-ce que les gouvernements du Québec et du Canada pourront comprendre que l’extraction des hydrocarbures mènera inévitablement au transport de matières dangereuses et que la construction des infrastructures nécessaires au transport de ces mêmes hydrocarbures favorisera et accentuera leur extraction?

Pour l’instant, ce rapport nous donne la force de poursuivre nos efforts vers l’abandon des hydrocarbures et la promotion des énergies vertes, car nous avons ici la preuve que le pouvoir citoyen est grand et porteur d’espoir lorsqu’il est utilisé à de justes fins.

Source : Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Pour mieux connaître le RVHQ : rvhq.ca  Page Facebook : Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec regroupe plus de 120 comités citoyens du Québec, mobilisés contre l’exploration, l’exploitation et le transport des hydrocarbures fossiles et pour le développement des énergies vertes. Depuis 2010, ces comités ont été particulièrement actifs dans la lutte contre les gaz de schiste au Québec.

[1] http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/rapports/publications/bape307.pdf

Un accord commercial majeur, en cours de négociation, entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis (US) menace les pouvoirs dont disposent les gouvernements pour protéger les populations et l’environnement des nouvelles technologies à risque telles que la fracturation hydraulique (fracking en anglais). A la veille des rassemblements qui se tiendront le 11 octobre 2014, et suite aux parties 1, 2, 3 et 4, nous publions le cinquième et dernier épisode qui conclut sur le risque d’un droit excessif pour les entreprises.

Des risques bien au-delà des privilèges pour les investisseurs

Le développement des gaz de schiste donne l’opportunité aux États-Unis de devenir, pour la première fois, un important exportateur de gaz naturel. Les États membres de l’UE, qui produisent peu de gaz naturel, aimeraient en importer des États-Unis. L’industrie du gaz souhaite exporter du gaz de schiste américain vers l’Europe, où elle peut le facturer environ trois fois plus qu’aux États-Unis. Le PTCI faciliterait les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis vers l’UE. En fait, si le PTCI comprend ce qui est appelé « le traitement national pour le commerce du gaz naturel », le Département de l’énergie des États-Unis serait légalement tenu d’approuver automatiquement les exportations de GNL des États-Unis vers l’UE sans même en examiner les impacts. L’UE va encore plus loin, en demandant un accès rapide au gaz des États-Unis (et au pétrole et au charbon), en proposant de nouveaux termes selon lesquels les gouvernements des États-Unis et de l’UE ne seraient pas en mesure de restreindre les exportations de charbon, de pétrole ou de gaz.

L’augmentation des exportations de GNL menacerait notre environnement et le climat de nombreuses façons

L’augmentation de l’utilisation de la fracturation hydraulique : l’exportation de gaz naturel encourage l’augmentation de la production de gaz, dont la plupart provient de sources de gaz non conventionnels, qui nécessitent presque toujours l’utilisation de la fracturation hydraulique.

L’aggravation des dérèglements climatiques : le GNL est un carburant à forte intensité en carbone, avecun déluge de disputes des émissions tout au long du cycle de production nettement supérieures à celles du gaz naturel. L’énergie nécessaire pour refroidir, liquéfier et stocker le gaz naturel pour l’expédier par les océans rend le GNL plus intensif en énergie, et en gaz à effets de serre, que le gaz naturel ordinaire. Ouvrir des réserves de gaz naturel à des exportations illimitées augmentera la dépendance aux  énergies fossiles avec des impacts significatifs sur le climat.

Une dépendance accrue aux infrastructures d’énergies fossiles, augmentant les émissions de méthane : les exportations de GNL requièrent une infrastructure industrielle, notamment un nouveau réseau de puits, des terminaux, des usines de liquéfaction et de regazéification, des gazoducs et des compresseurs. Cette infrastructure génère des fuites de méthane, un gaz à effet de serre quatre-vingt six fois plus puissant que le CO2 sur une période de vingt ans(33). Par conséquent, l’intensification des exportations est susceptible d’augmenter les émissions de méthane et d’aggraver les dérèglements climatiques.

Malgré le caractère critique de ces implications politiques, dans le cadre du PTCI, les pays ne seraient plus en mesure de contrôler ou de gérer les niveaux d’importation de gaz naturel, enfermant les États-Unis et l’UE dans une dépendance accrue aux énergies fossiles.

le diable est dans les détails commerciaux TAFTA

Conclusion : Non aux droits excessifs pour le secteur privé dans le PTCI

Le projet d’’accord transatlantique va bien au-delà des questions commerciales traditionnelles. Il pourrait STOP TAFTA-avoir de graves conséquences sur les réglementations publiques qui vont dans l’intérêt des citoyens et de l’environnement. Cela est d’autant plus préoccupant que le PTCI est conçu comme un modèle pour les accords commerciaux et d’investissement à venir, un modèle que des entreprises multinationales telles que Chevron espèrent voir reproduit à l’échelle mondiale. Les activités pétrolières et gazières sont des investissements risqués qui peuvent avoir des impacts irréversibles sur les populations locales et l’environnement. C’est le rôle des pouvoirs publics de protéger les populations contre de tels impacts et veiller à ce que les entreprises paient des indemnités en cas de dommages. L’octroi de droits spéciaux et excessifs aux investisseurs a un effet inverse, puisque le risque d’investissement est transféré aux contribuables et à la société dans son ensemble. Les gouvernements pourraient être contraints d’indemniser des entreprises suite à des décisions prises pour protéger les populations et l’environnement.

“Les entreprises tentent d’obtenir par la ruse – par des accords commerciaux négociés secrètement– ce qu’elles ne pouvaient atteindre dans un processus politique ouvert.” Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel d’économie(37)

La bataille actuelle sur la réglementation de la fracturation hydraulique fournit un exemple clair de ce qui est en jeu. Les tribunaux internationaux d’arbitrage sont déjà utilisés pour contester un moratoire sur la fracturation hydraulique au Québec. Il fait peu de doute que si un tel dispositif était inclus dans les accords commerciaux entre les États-Unis et l’UE et entre l’UE et le Canada, la protection des investisseurs serait à nouveau mobilisée pour contester d’autres interdictions et réglementations de la fracturation hydraulique, que ce soit au niveau local ou national.

Les gouvernements pourraient être ébranlés par des tribunaux d’arbitrage, permettant aux entreprises de contester des décisions prises démocratiquement et visant à protéger les populations et l’environnement. L’enthousiasme pour les accords commerciaux contenant des clauses de ce type et, plus inquiétant encore, leur utilisation croissante par les entreprises, montrent que ce risque est réel.

Pour éviter des crises environnementales et climatiques catastrophiques, il faut résister à cette tendance-là, y compris au nom de la démocratie. La première étape consiste à s’opposer à toute inclusion de dangereux mécanismes de règlement des différends investisseur-État dans les projets d’accords entre l’Union européenne et les États-Unis et le Canada.

(36) Une annexe au projet de texte de l’AECG qui a fuité en novembre 2013 précise que des mesures de bonne-foi, non-discriminatoires, pour protéger la santé, la sécurité et l’environnement ne constituent pas une expropriation indirecte et ne seraient donc pas indemnisables. Toutefois, ce texte comprend également le principe de la nation la plus favorisée qui pourrait permettre aux investisseurs d’importer des clauses d’expropriation d’autres traités d’investissement, ne comportant
pas ces exceptions de politique publique, dans le cadre de différends menés sour l’AECG, rendant l’annexe relativement vide de sens.

(!) Info minute – Revue de Presse

Un accord commercial majeur, en cours de négociation, entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis (US) menace les pouvoirs dont disposent les gouvernements pour protéger les populations et l’environnement des nouvelles technologies à risque telles que la fracturation hydraulique (fracking en anglais). A la veille des rassemblements qui se tiendront le 11 octobre 2014, nous publions en cinq épisodes le document élaboré au printemps par plusieurs organisations qui soutiennent également le combat contre le développement de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels(i)

Le Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement(1) (PTCI) couvre un très large éventail de questions et de secteurs, y compris la sécurité alimentaire, les organismes génétiquement modifiés, les produits chimiques, les combustibles très polluants et la protection des données. Dans l’intérêt du secteur privé, les négociations risquent d’affaiblir, voire même de revenir sur des mesures de protection décidées démocratiquement et mises en œuvre pour protéger l’environnement et les citoyens.

Il est à craindre que les négociations privilégient la protection des investissements du secteur privé aux mesures de protection en faveur des citoyens et de l’environnement, permettant aux entreprises de solliciter des dédommagements lorsque les décisions gouvernementales affectent leurs bénéfices. Ceci pourrait favoriser les intérêts des entreprises désireuses d’exploiter les ressources naturelles par l’intermédiaire de technologies dangereuses et dont les activités pourraient être concernées par des réglementations environnementales ou de santé.

La fracturation hydraulique est utilisée pour extraire des combustibles fossiles non conventionnels difficiles d’accès, tels que les gaz et pétrole de schiste, le tight gas et le gaz de couche. Cette technologie permet d’accroître la quantité de ressources de gaz qu’il est possible d’extraire, contribuant à notre dépendance aux énergies fossiles pour plusieurs décennies.
Les dangers et les effets environnementaux et sanitaires de la fracturation hydraulique sont de mieux en mieux documentés, conduisant à une opposition croissante des populations concernées, à la fois dans les pays de l’UE et aux États-Unis.

stop taftaCe rapport analyse comment le PTCI pourrait limiter la capacité des gouvernements à réglementer le développement et l’expansion de l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Il fait valoir que le PTCI pourrait dangereusement contrecarrer les efforts pour lutter contre les dérèglements climatiques et pour protéger les populations. Le PTCI pourrait étendre l’utilisation de la fracturation hydraulique en retirant aux pouvoirs publics leurs capacités de contrôle des exportations de gaz naturel. Les États pourraient être obligés de dédommager des entreprises à hauteur de millions d’euros pour
compenser les baisses de profits dues à l’entrée en vigueur de réglementations.
Ce rapport appelle l’UE et les États-Unis à exclure le mécanisme de règlement des différends investisseur-État des négociations, ainsi que des autres accords en cours de négociations,
notamment l’accord économique et commercial global UE-Canada (AECG)(2).

Le Chapitre sur l’investissement du PTCI : Protection des investissements, menaces sur la démocratie

Il est à craindre que davantage de droits soient donnés au secteur privé par le biais d’une clause appelée « mécanisme de règlement des différends investisseur-État » (ISDS pour l’acronyme anglais). L’inclusion de cette clause dans l’accord permettrait aux entreprises de réclamer des dommages et intérêts devant des tribunaux privés/à l’abri des regards, des tribunaux d’arbitrage, si elles estiment que leurs bénéfices sont affectés par des changements de réglementation ou de politique. Des lois démocratiquement décidées pour protéger les populations et l’environnement seraient ainsi menacées.

Les entreprises qui prétendent que leurs investissements (y compris les prévisions de bénéfices futurs) sont touchés par un changement dans les politiques gouvernementales auraient le droit de solliciter une indemnisation auprès de tribunaux internationaux privés. Les entreprises américaines (ou toute entreprise avec une filiale aux États-Unis) qui investiraient en Europe pourraient utiliser ces droits, d’une grande portée, pour réclamer des dédommagements en compensation de futures réglementations ou interdictions de la fracturation hydraulique. Ces tribunaux ne font pas partie du système judiciaire normal. Ils sont spécifiquement mis en place pour des affaires d’investissement. Les arbitres ont une forte tendance à privilégier les investisseurs(3) et ils n’ont aucune connaissance spécifique sur le climat ou la fracturation hydraulique. Les entreprises privées utilisent déjà les accords d’investissement existants pour réclamer des dommages et intérêts aux États, et ce sont les contribuables qui paient la note.

Le mécanisme de règlement des différends investisseur-État est de plus en plus controversé dans un contexte où des entreprises minières et énergétiques l’utilisent pour contester des politiques publiques. Le géant suédois de l’énergie Vattenfall réclame plus de 3,7 milliards d’euros à l’Allemagne en compensation de la décision du pays de sortir du nucléaire(4). Pacific Rim, une entreprise minière basée au Canada réclame 315 millions de dollars au Salvador dont le gouvernement a refusé de lui octroyer un permis pour un projet(5) de mine d’or potentiellement dévastateur.
Enfin, Lone Pine Resources poursuit le Canada et lui réclame 250 millions de dollars suite à l’introduction d’un moratoire sur la fracturation hydraulique décidé au Québec (nous en reparlerons)(6).          A suivre

les dangers de la fracturation hydraulique

à suivre prochain épisode sur l’opposition croissante à la fracturation hydraulique aux États-Unis et en Europe.

(i) Ce document a été préparé par : Natacha Cingotti (Amis de la Terre Europe); Pia Eberhardt (Corporate Europe Observatory), Timothé Feodoroff (Transnational Institute), Antoine Simon (Amis de la Terre Europe), Ilana Solomon (Sierra Club), avec des contributions de : Maxime Combes (ATTAC France), Paul de Clerck (Amis de la Terre Europe), Peter Fuchs (Powershift), Pietje Vervest (Transnational Institute) et la version originale éditée par : Helen Burley

(1) Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) est la traduction du terme Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP). Le sigle TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement) est également utilisé, comme le terme « grand marché transatlantique ».
(2) http://www.tni.org/sites/www.tni.org/files/download/ceta-fracking-briefingen.pdf
(3) http://www.tni.org/briefing/profiting-injustice
(4) http://www.tni.org/sites/www.tni.org/files/download/vattenfall-icsid-case_oct2013.pdf
(5) https://www.citizen.org/documents/Pacific_Rim_Backgrounder1.pdf
(6) http://www.canadians.org/media/lone-pine-resources-files-outrageous-nafta-lawsuit-against-fracking-ban

(!) Info minute – Revue de Presse

Cette lettre est envoyée aux élus du Conseil Régional Rhône-Alpes par les collectifs rhonalpins opposés à la recherche et l’exploitation de gaz et pétrole de schiste.

Mesdames, messieurs élus du Conseil Régional Rhône-Alpes,


Vous n’ignorez pas que se déroulent actuellement via la Commission Européenne des négociations en vue de la signature de traités de libre-échange tels que :


TAFTA_TTIP gaz de schiste– LE PARTENARIAT TRANSATLANTIQUE DE COMMERCE ET D’INVESTISSEMENT (PTCI) ou « GRAND MARCHE TRANSATLANTIQUE » (GMT) : L’Accord de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais) ou Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ou TTIP en anglais) est un projet de traité commercial entre l’Union européenne et les États-Unis en cours de négociation depuis juin 2013.
– L’ACCORD ÉCONOMIQUE ET COMMERCIAL GLOBAL (AECG) : L’Accord économique et commercial global (AECG ou CETA en anglais)), a été signé le 18 octobre 2013 entre le Canada et l’Union Européenne et est en attente de ratification par les Etas membres et le Parlement Européen.


Si en eux-mêmes les traités d’échanges et de partenariats peuvent être des opportunités de développement du commerce entre pays, il est impératif qu’ils soient rédigés de façon à établir des échanges équilibrés et qui ne remettent pas en question les règles fondamentales des peuples et des états.


Sans parler des risques d’impacts de ces traités sur notre agriculture et notre souveraineté alimentaire, nos normes et règlements sanitaires, phytosanitaires, alimentaires, environnementaux, culturels ou sociaux, nos collectifs tiennent à vous alerter sur leurs conséquences concernant la recherche et l’exploitation des gaz et huiles de schiste et autres hydrocarbures non conventionnels.


Tant par l’uniformisation des normes environnementales que par le mécanisme de règlement des conflits entre les investisseurs et les États, tels que prévus dans le mandat de négociation donné à la Commission Européenne ou dans l’accord conclu avec le Canada, ces projets menacent l’interdiction de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures par fracturation hydraulique édictée par la loi du 13 juillet 2011.


En effet, même si les éventuels traités ne prévoyaient pas explicitement l’abrogation de cette loi comme « entrave au commerce et à l’investissement », il serait possible à n’importe quelle entreprise pétrolière américaine ou canadienne de déférer la France devant une instance arbitrale privée pour exiger des dédommagements pour les profits qu’elle entendait réaliser avec l’exploitation d’hydrocarbures conventionnels sur notre sol.


C’est ce que vient de faire l’entreprise américaine Lone Pine qui poursuit le gouvernement canadien dans le cadre de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pour plus de 250 millions de dollars US en raison du moratoire du Québec concernant la fracturation hydraulique (1).

Nous demandons donc que le Conseil Régional de la région Rhône-Alpes, comme viennent de le faire entre autres collectivités les Conseil régionaux d’Ile-de-France, de Provence Côte d’Azur, d’Auvergne ou du Limousin, adopte un vœu qui:

  • rejette le projet de Traité de libre-échange transatlantique, alias TAFTA, TTIP ainsi que l’accord économique et commercial global (AECG)
  • demande l’arrêt des négociations sur ces traités du fait de l’absence de contrôle démocratique et de débat public sur les négociations en cours.
  • demande la diffusion publique immédiate de l’ensemble des textes relatifs aux négociations en cours qui représentent une attaque sans précédent contre la démocratie.
  • déclare la Région Rhône-Alpes « hors Grand Marché Transatlantique ».

Confiants dans votre implication contre ce risque grave d’atteinte à notre démocratie, nous vous prions de recevoir nos remerciements anticipés.

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(1)  http://affaires.lapresse.ca/economie/canada/201211/23/01-4597025-lone-pine-poursuit-ottawa.php

(!) Info minute revue de presse

Traduit par nos soins – Article de David Suzuki paru sous le titre Fracked Gas: A Bridge Fuel to Nowhere dans Ecowatch le 30.05.2013

david suzukiLa Colombie-Britannique[1] semble fonder ses espoirs (de développement) économiques sur le gaz naturel en grande partie obtenu par la fracturation hydraulique. Alors que le monde devrait être en train de faire sa transition des énergies fossiles vers les énergies propres et à la protection de l’environnement, nous sommes prêts à nous enterrer plus profondément dans le trou de carbone du changement climatique.

S’inspirant de la politique de liquidation du gouvernement de l’Alberta et du gouvernement fédéral, les dirigeants de la Colombie-Britannique veulent extraire les combustibles fossiles du sous-sol, les transporter vers la côte, les liquéfier et les expédier vers l’Asie ou partout où ils pourront trouver acheteur et aussi rapidement que possible. Il s’agit là d’un plan à court terme basé sur un mode de pensée révolue. À long terme, ce n’est bon ni pour l’économie ni pour l’environnement.

torchage gazQue les politiciens imaginent que les ressources en combustibles fossiles soient infinies ou qu’ils ne puissent penser qu’en fonction de la prochaine échéance électorale, ils vendent notre avenir et laissent un héritage désastreux pour nos enfants et petits-enfants. Pour commencer, le gaz naturel n’est pas la solution d’énergie propre telle qu’elle est souvent présentée. Selon lInstitut Pembina[2] , si seulement cinq des 12 terminaux de GNL[3] proposés étaient construits sur la côte de la Colombie-Britannique, ils pourraient cracher 63 millions de tonnes de carbone par an dans l’atmosphère ce qui dépasse le volume actuellement produit par l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta et qui l’équivalent de la totalité des émission de gaz à effet de serre de toute la Colombie-Britannique en 2010. Les composés organiques volatiles et les particules rejetées dans l’atmosphère seraient également de nouvelles sources importantes de pollution.

La liquéfaction du gaz pour l’exportation, qui nécessite d’énormes quantités d’énergie, n’est pas la seule source de gaz à effet de serre. Les fuites -ou ce que l’industrie appelle les « émissions fugitives« – au cours des forages, de l’extraction et du transport sont également des préoccupations. Bien que le ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique affirme que de 0,3 à 0,4 pour cent du gaz s’échappe dans l’atmosphère, des études indépendantes indiquent que c’est en fait de nombreuses fois ce montant.

Selon un article paru dans la revue Nature, des scientifiques de l’US National Oceanic and Atmospheric Administration et l’Université du Colorado  ont trouvé que les fuites de méthane -un gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone- représentent quatre à neuf pour cent de la production totale dans deux champs gaziers aux États-Unis[4].

Même les retombées économiques de ces projets de GNL dans la province peuvent être mises en doute. De nombreux analystes s’attendent à un ajustement des prix, et lexpert en GNL Peter Hughes disait à la CBC News que la manne espérée était un «vœu pieux», car la Colombie-Britanique sera en concurrence avec les producteurs d’autres pays et régions comme le Qatar, l’Afrique de l’Est et l’Australie. Et la majeure partie de cet argent ne bénéficierait même pas à la Colombie-Britannique, puisque de nombreuses compagnies gazières sont originaires d’autres provinces ou étrangères. Quant aux emplois, l’extraction du gaz naturel , son transport et sa production en créent relativement peu en comparaison de tous les autres secteurs de l’économie, y compris le tourisme, les sciences et la technologie, les soins de santé, l’éducation et les petites entreprises.
 
En plus de cela, la fracturation hydraulique – l’injection d’eau, de sable et de produits chimiques à haute pression dans le sol pour éclater le schiste et libérer le gaz naturel- a bien d’autres conséquences environnementales. Elle exige d’énormes quantités d’eau, contamine l’eau potable, endommage l’habitat et les écosystèmes et provoque même des micro-séismes !

En plus de voir le gaz naturel comme une panacée économique, certains estiment qu’il pourrait s’agir d’un « carburant de transition « , quelque chose de plus propre que le pétrole ou le charbon à utiliser tandis que nous ferions la transition vers les énergies renouvelables. Il s’agit-là d’une transition pleine de danger, et le subventionnement et l’investissement dans l’extraction et les infrastructures de gaz naturel sans véritable engagement à nous sevrer du pétrole, du charbon et du gaz nous maintient sur la voie des énergies fossiles et décourage les investissements dans l’énergie propre et la protection de l’environnement.

L’industrie s’appuie également sur l’argent des contribuables pour subventionner, par l’impôt et des cadeaux fiscaux, la fourniture de l’eau, les routes ainsi que les énormes quantités d’énergie nécessaires pour liquéfier le gaz. Et les « émissions fugitives » provenant de l’exploitation du gaz sont exonérées de la taxe carbone. Si nous sommes vraiment en «transition» pour réduire les énergies fossiles, pourquoi subventionnerions-nous les coûts en carbone des entreprises?

Il est temps d’investir notre argent et nos ressources humaines dans des idées novatrices à long terme qui permettront de créer de bons emplois durables et assurer que nous, nos enfants et nos petits enfants continueront de jouir d’une vie saine et prospère tandis que notre magnifique environnement sera protégé. Nous avons d’abondantes ressources renouvelables et les possibilités d’économiser l’énergie et de montrer la voie dans le développement de l’énergie propre. Il est temps d’aller de l’avant.

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A propos de l’auteur : Le Dr. David Suzuki est un scientifique, animateur radio, auteur et co-fondateur de la Fondation David Suzuki . Il est Compagnon de l’Ordre du Canada et récipiendaire du Prix Kalinga pour la science, de la médaille du Programme pour l’Environnement des Nations Unies, le Right Livelihood Award 2009 et du Global 500 de l’UNESCO. M. Suzuki est professeur émérite à l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver et détient 27 diplômes honorifiques d’universités du monde entier. Il est connu des téléspectateurs comme animateur de l’émission de télévision de la CBC The Nature of Things, ainsi que des auditeurs ; il fut à l’origine de l’émission Quirks and Quarks de CBC Radio, ainsi que de la série plébiscitée It’s a Matter of et From Naked Ape to Superspecies. Son œuvre écrite comprend plus de 52 livres, dont 19 pour les enfants. Dr. Suzuki vit avec sa femme, le Dr Tara Cullis, et sa famille à Vancouver, Colombie-Britanique


[1] Ndt : La Colombie-Britannique, est la plus occidentale des provinces canadiennes
[2] Ndt : Plus d’information sur l’Institut Pembina ici
[3] Ndt : GNL : Gaz naturel liquéfié
[4] Ndt : Voir également à ce sujet Comment une nouvelle étude remet sérieusement en cause l’affirmation selon laquelle le gaz naturel est un carburant propre et  Les fuites de méthane lors de la production peuvent annuler les avantages climatiques du gaz naturel.

                                                                                                    (!) Info minute revue de presse

Source: Corporate Europe Observatory par Pia Eberhardt, Timothé Feodoroff, Emma Lui, Cecilia Olivet et Stuart Trew

Corporate Europe ObservatoryAlors que les états membres de l’Union Européenne (UE) analysent les conséquencesimage_ceta_fracking_briefing environnementales du développement du gaz de schiste par la fracturation hydraulique, des négociations sont en cours pour un Accord Économique et Commercial Global (AECG) entre le Canada et l’Union Européenne. Controversé, ce dernier permettrait aux investisseurs de contester la décision des gouvernements de réguler ou d’interdire la fracturation.

Ce document met en relief le débat public entourant la fracturation; les intérêts des compagnies pétrolières et gazières dans les réserves de gaz de schiste en Europe et les conséquences que la clause regardant la protection des investissements inclue dans l’AECG pourrait avoir sur le pouvoir des gouvernements de réglementer ou d’interdire la fracturation. Il comprend l’étude de cas de la société Lone Pine Resources Inc. versus le Canada, qui conteste le moratoire sur la fracturation et poursuit le gouvernement canadien en faisant valoir cette clause, et met en garde que cela pourrait se produire en Europe. Il recommande de ne pas inclure le mécanisme de règlement de litige entre les investisseurs et l’État dans l’AECG.

DES GÉANTS DE L’ÉNERGIE NORD-AMÉRICAINE DIRIGENT LA FRACTURATION EN EUROPE

Total, une société française ayant une filiale au Canada, a investi au Danemark, en Pologne et en France. Enimage... 2010, le gouvernement danois a émis deux permis d’exploration à Total, et malgré un moratoire, la société a commencé le forage exploratoire au pays. Total  possède une concession en Pologne. La société a également investi en France avant le moratoire, et a soumis un appel contestant le retrait de son permis. Chevron, une société américaine ayant des filiales au Canada, détient et exploite quatre concessions de gaz de schiste dans le sud-est de la Pologne, et depuis 2012, creuse des puits exploratoires. Avant le moratoire roumain, Chevron possédait une gigantesque concession de gaz de schiste à Bârlad. Chevron détenait également une participation de 50 % dans une société d’exploration et de production en Lituanie.

Au début de 2013, Shell a signé le plus important contrat de gaz de schiste en Europe, une transaction de 10 milliards $ en Ukraine, où elle creusera 15 puits d’essai. En 2011, ExxonMobil a signé un accord avec la société d’état énergétique de l’Ukraine, Naftogaz. La société souhaite exploiter le potentiel du gaz de schiste en Allemagne, en réponse au moratoire de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Exxon a développé un site Web visant à apaiser les inquiétudes du public.

En collaboration avec Lane Energy, Conoco Philips, une société du Texas, évalue les réserves de 445 000 hectares dans le nord de la Pologne. Il existe d’autres sociétés nord-américaines qui sont intéressées par les réserves de gaz de schiste de l’Europe, notamment Halliburton, Enegi, Talisman et Encana.

Projet traité commercial Canada Union Europeenne

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