(!) Info minute – Revue de Presse

Malgré l’état d’urgence, la préfecture de Moselle a décidé de ne pas interdire la manifestation contre les gaz de couche en Moselle-Est qui aura donc bien lieu :  RDV le Mercredi 02 décembre 2015 à 14h à Metz (rdv colonne Merten – en Face de la République, à l’entrée Serpenoise)

Après plusieurs tentatives infructueuses de forages en Moselle Est, à Diebling et Folschviller, l’entreprise EGL/Française de l’Energie s’obstine : Trois enquêtes publiques sont en cours. (voir communiqué de presse du 14 octobre 2015)

L’entreprise australienne « EGL » alias « Française de l’Energie » déclare** qu’elle utilise un procédé d’extraction qui ne fait pas intervenir la fracturation hydraulique. gaz de couche non merciMais ces demandes d’autorisations successives malgré l’absence de résultat laissent présager le pire en cas de revirement législatif vis à vis de l’interdiction de ce procédé dangereux pour les nappes d’eau.

Voir la vidéo : « Octobre 2015 – Gaz de houille en Lorraine. Fracturation hydraulique et stimulation ? Le consultant d’EGL/Française de l’Energie s’embrouille face au conseil municipal de Longeville »

A l’heure de la COP21, alors que tous les conseils municipaux (Longeville, Zimming, Lachambre) consultés dans le cadre de l’enquête publique en cours viennent de voter contre le projet, alors que les forages précédents (Freybouse, Tritteling, Redlach, Pontpierre et Loupershouse) ont été autorisés en 2012 sans enquête publique bien qu’elle était nécessaire, alors que les commissaires enquêteurs ont refusé de prolonger ces enquêtes malgré les nombreuses questions restées sans réponse…

Venez tous dire votre indignation et soutenir le collectif local contre les gaz de houille qui organise cette manifestation le mercredi 02 décembre 2015 à 14h à Metz (rdv colonne Merten – en face de la République, à l’entrée de la rue Serpenoise).

Gaz et pétrole de schiste ou de houille Ni ici Ni Ailleurs!

Notes : **

Dans ce document officiel à destination du ministère de l’environnement, EGL affirme en conclusion que : « La fracturation hydraulique n’a pas été utilisée dans les travaux conduits par la Compagnie, et les plans de travail qui seraient mis en place sur le permis de Bleue Lorraine Nord ne considèrent pas l’utilisation de cette technique. » Ces affirmations incluent les forages réalisés en 2006 et 2008 (Diebling/Folschviller) par la compagnie.

Rapporté dans cet article de presse on peut lire (2008) : « « Nous utilisons des techniques de forage horizontales et de fracturation », explique la géologue Virginie Poirier. « Celles-ci consistent à faire craquer la couche de charbon pour libérer le gaz et permettre la migration du méthane vers la surface », précise-t-elle. »

Et là (2006) : « « Si les résultats sont probants – ce dont nous ne doutons pas -, nous engagerons l’exploitation en utilisant les techniques de forages horizontaux et de fracturation pour optimiser la migration du méthane », explique Gilbert Clark. »

Lors d’une réunion au conseil municipal.(cf video vers 22:30) M.Sutter, consultant EGL a réaffirmé qu’il n’y avait pas eu recours à des fracturation dans le cadre des travaux d’exploration de gaz de houille menés par EGL. Selon lui « La fracturation, dans les charbons Lorrains ne marche pas, je l’ai pratiqué au houillères, à Merlebach et à la Houve. On injectait…des trous…aussitôt..on arrivait à augmenter un peu la taille des fissures, aussitôt qu’on relâchait la pression les fissures…se refermaient, ça ne marche pas dans le charbon Lorrain. »

(!) Info minute – Revue de Presse
Par Olivier Petit Jean emprunté au site de l’observatoire des multinationales

Pour la COP21, Engie (ex GDF Suez) s’est lancée dans une campagne de communication de grande ampleur pour mettre en scène sa conversion à la cause du climat et de la transition énergétique. Le géant français a aussi annoncé qu’il renonçait à tout nouveau projet de centrale au charbon. Mais les militants du climat ne sont pas du tout convaincus. À preuve : la nomination d’Engie au prix Pinocchio du climat. Décryptage.

Aucune entreprise n’a autant misé qu’Engie sur la Conférence climat de Paris, qui doit s’ouvrir dans quelques jours. Sponsor officiel du Sommet, ainsi que de plusieursmultinationaleorg engie COP21 greenwashing événements connexes comme Solutions COP21, le géant français de l’énergie a lancé une grande campagne de communication pour vanter ses investissements dans les énergies vertes et se poser en « leader européen de la transition énergétique ». Ses dirigeants s’affichent aux côtés de Laurent Fabius et Ségolène Royal, et ne manquent pas une occasion de poser en défenseur du climat au sein des milieux économiques, et auprès de leurs employés. Engie a même fini par annoncer, il y a quelques semaines, l’abandon de tout nouveau projet de centrale à charbon, et en particulier de deux projets contestés par les ONG environnementalistes en Afrique du Sud et en Turquie.

Tout ceci, pourtant, ne semble pas suffire aux Amis de la terre et aux autres associations impliquées dans les « prix Pinocchio du climat », qui ont nominé une nouvelle fois Engie cette année, dans la catégorie « Greenwashing ». Pourquoi une telle défiance face à l’offensive verte de l’entreprise ? À vrai dire, les raisons ne manquent pas : il y en a au moins dix.

1. Les dirigeants d’Engie disent exactement le contraire de ce qu’ils disaient il y a quelques mois.

La conversion d’Engie à la cause de la transition énergétique est récente et particulièrement abrupte, puisqu’il y a quelques mois encore, le PDG de l’entreprise Gérard Mestrallet ne s’affichait pas en leader de la transition énergétique, mais en leader d’une « croisade » contre les énergies renouvelables en Europe, au motif que celles-ci portaient atteinte à la compétitivité des centrales au gaz et au charbon [1]. « J’ai été le premier, en mai 2013, à alerter [la Commission européenne] et à dire qu’on était allé trop vite et trop loin sur les renouvelables », se vantait-il au Monde.

Avec les PDG des autres géants européens de l’énergie, Gérard Mestrallet défendait alors une politique alternative : augmenter le prix du carbone, réduire les aides publiques aux énergies renouvelables afin de restaurer la compétitivité du gaz, soutenir la construction de gazoducs et de terminaux méthaniers, et lever tout obstacle à l’exploitation des gaz de schiste en Europe. Le lobbying d’Engie et de ses homologues européens a largement contribué à l’abandon par l’Union de tout objectif ambitieux et contraignant en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique.

2. La « transformation » d’Engie est une opération de communication soigneusement organisée, avec peu de substance.

Le changement de nom de l’entreprise, de GDF Suez à Engie, au début de l’année, puis la campagne de communication actuelle à l’occasion de la COP21, ont été soigneusement orchestrés voici plusieurs mois avec des communicants. Engie s’affiche comme une entreprise totalement différente, mais elle n’a pas changé grand-chose concrètement à ses activités, ni à son mix énergétique. Pour les syndicats français, le but de la restructuration annoncée cette année est surtout de faire des économies et de supprimer des emplois. « De réforme en réforme, le principal objectif assigné à l’Europe et à la France, c’est de faire des économies », avait alors dénoncé la CGT, qui évoquait la perte de 3000 emplois dans le groupe [2].

3. Engie reste très impliquée dans le secteur du charbon.

Illustration de la conversion très récente d’Engie à la cause environnementale : l’entreprise vient d’ajouter plusieurs centrales à charbon flambant neuves à son portefeuille, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas. En tout, selon un rapport des Amis de la terre et d’Oxfam France, Engie possède une flotte de 30 centrales au charbon dans le monde, laquelle émet 81 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère chaque année – l’équivalent de la consommation d’énergie des Philippines, un pays de 100 millions d’habitants.

Le charbon est la principale source globale de gaz à effet de serre. Outre son impact sur le climat, son extraction et sa combustion entraînent également une grave pollution de l’air et de l’eau, avec des conséquences souvent dramatiques pour les riverains des mines et des centrales. Le parc d’Engie a également été identifié comme le plus inefficient au monde, après deux petites firmes indiennes, en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de pollution de l’air et d’utilisation de l’eau (lire cet article).

D’autres projets de centrales au charbon d’Engie en cours de construction, (comme à Safi au Maroc) ou en projet (comme en Mongolie ou au Brésil) ne semblent pas remis en cause.

4. La sortie d’Engie du charbon a des raisons économiques autant qu’environnementales.

Tout le secteur du charbon traverse actuellement une crise profonde, qui s’explique en partie par le pari manqué de nombreux industriels et acteurs financiers sur un boom ininterrompu des pays émergents et sur le fait que ces pays continueraient à privilégier le charbon. Pari qui était aussi jusqu’il y a quelques mois celui d’Engie.

L’entreprise française n’envisage d’ailleurs pas de fermer ses centrales à charbon existantes dans des conditions décentes pour les travailleurs et les riverains. Elle n’envisage que de les céder à d’autres. Les centrales indiennes (acquises il y a quelques mois à peine), australiennes et indonésiennes seraient sur la liste des cessions envisagées, mais Engie peine à trouver des repreneurs.

En cédant certaines de ses centrales, Engie se débarrasserait aussi opportunément de certains passifs juridiques, comme en Australie, où elle est sous la menace de poursuites au pénal suite à un incendie désastreux dans sa mine et centrale de charbon de Hazelwood en 2014. Sa centrale de Vado Ligure en Italie a été fermée par la justice, et plusieurs dirigeants locaux d’Engie sont sous le coup de poursuites pour leur contribution à un « désastre environnemental ».

5. Remplacer le charbon par du gaz (de schiste) est un jeu de dupes pour le climat.

Malgré ses publicités sur les énergies renouvelables, le scénario privilégié par Engie comme par toute l’industrie des hydrocarbures est celui d’un remplacement des centrales électriques au charbon par des centrales au gaz. Le gaz est ainsi présenté comme une énergie « propre » indispensable à la transition énergétique. Ou, comme l’affirme le site web d’Engie : « De combustion bien moins polluante que l’équivalent charbon ou fuel lourd, le gaz naturel est un choix idéal pour une production énergétique plus respectueuse de l’environnement. »

En réalité, non seulement le gaz demeure une énergie fossile source d’émissions de dioxyde de carbone, mais certaines formes de gaz – notamment le gaz de schiste et les autres gaz dits « non conventionnels » extraits au moyen de la fracturation hydraulique – sont probablement tout aussi nocives pour le climat que le charbon. Le recours à la fracturation hydraulique entraîne en effet des risques accrus de fissuration des puits de forage, avec pour résultat des fuites importantes dans l’atmosphère de méthane, un gaz 84 fois pire pour le climat que le dioxyde de carbone.

Engie est impliquée dans le gaz de schiste au Brésil et au Royaume-Uni. Elle a aussi récemment signé un contrat d’approvisionnement auprès de la firme Cheniere, de sorte que les usagers français consommeront bientôt du gaz de schiste américain (lire cet article).

6. Engie est aussi lourdement impliquée dans les autres énergies fossiles.

Engie est également directement impliquée dans l’extraction de pétrole et de gaz. À ses opérations historiques en Europe du Nord (Pays-Bas, Royaume-Uni, Norvège) s’ajoutent désormais des projets extractifs menés en partenariat avec un fonds souverain chinois en Indonésie, en Malaisie, en Algérie, au Qatar, au Brésil et même dans l’Arctique !

Selon les calculs de Fossil Free Indexes, Engie détient des réserves de pétrole et de gaz qui, si elles étaient extraites, entraîneraient l’émission de 155 millions de tonnes de carbone supplémentaires dans l’atmosphère, ce qui en fait l’une des 100 premières entreprises mondiales en termes de réserves prouvées de pétrole et de gaz.

7. Les énergies « vertes » dont se prévaut Engie sont souvent problématiques.

Au titre de son engagement dans les énergies renouvelables, Engie cite ses investissements dans les grands barrages et la biomasse. Or les grands barrages sont très contestés en raison de leurs impacts sociaux et environnementaux. Leurs bénéfices pour le climat sont également à relativiser dans la mesure où les grands barrages en zone tropicale entraînent des émissions de méthane, du fait de la décomposition de la végétation dans l’eau. Le barrage de Jirau construit par Engie en Amazonie brésilienne en constitue un exemple particulièrement saisissant puisqu’il a été associé – pour ne parler que des conséquences à court terme, seules connues à ce jour – à des déplacements forcés de tribus indigènes non contactées, à une augmentation de la criminalité et de la déforestation dans la région, à la disparition des poissons pêchés traditionnellement dans la région, à des inondations désastreuses en 2014, à des cas de travail esclave et à deux grandes émeutes ouvrières sur son chantier.

Quant à la biomasse – le bois -, elle est de plus en plus brûlée (comme les déchets) dans les centrales électriques européennes en complément du charbon, ce qui permet de justifier la prolongation de leur existence. Comme la classification de la biomasse comme énergie verte par l’Union européenne ne s’accompagne pas des garde-fous nécessaires, la demande croissante de biomasse du vieux continent commence à faire sentir ses effets négatifs sur les forêts européennes, mais aussi nord-américaines.

8. Les activités d’Engie dans l’éolien et le solaire proviennent du rachat d’entreprises plus petites plutôt que de développements propres.

Engie détient des actifs dans le solaire et dans l’éolien, mais il s’agit d’acquisitions récentes d’entreprises plus petites. Engie a ainsi acquis opportunément en juillet dernier l’entreprise Solairedirect, ce qui lui a permis de se poser immédiatement en leader français du solaire, et d’inaugurer en grande pompe un parc solaire en septembre en Corrèze en présence de François Hollande.

Il y a quelques années, Engie avait acquis similairement la Compagnie du Vent pour répondre aux appels d’offres français dans le domaine de l’éolien offshore. Une opération qui a fini par occasionner un conflit judiciaire entre Engie et le fondateur et ancien président de la Compagnie du Vent, lequel a remporté deux de ses procès contre le géant de l ’énergie. Une enquête pour corruption a également été ouverte dans ce cadre.

9/ La filiale d’ « efficacité énergétique » d’Engie, Cofely, fait en réalité beaucoup d’autres choses.

Les dirigeants d’Engie évoquent volontiers les activités de leur filiale Cofely dans les « services énergétiques », qui consistent à conseiller des collectivités locales ou d’autres organisations publiques et privées pour les aider à mieux gérer leur utilisation
d’énergie, afin de réduire à la fois leurs factures et leurs émissions de gaz à
effet de serre. Mais peut-on vraiment à la fois vendre de l’énergie d’un côté et se voir confier de l’autre l’essentiel de l’effort de réduction de nos consommations énergétiques ? Une enquête de Mediapart a mis en lumière plusieurs exemples où Cofely avait joué un rôle ambigu, contribuant à réduire les objectifs d’économies d’énergie initialement requis par les collectivités. Il y a quelques mois, la presse évoquait un litige opposant une petite ville de l’Essonne à Engie, qui lui réclamait plusieurs milliers d’euros pour n’avoir pas suffisamment consommé de gaz...

Par ailleurs, Cofely a bien d’autres activités sur lesquelles Engie s’étend peu et qui n’ont rien à voir avec l’efficacité énergétique, comme les caméras de vidéosurveillance, la protection incendie, la gestion d’équipements et les services collectifs, ou encore l’éclairage public.

10/ Le modèle financier d’Engie a-t-il changé ?

Ces trois dernières années, Engie a distribué dix milliards d’euros de dividendes, soit deux fois plus que ses profits sur la même période. Ce chiffre en dit long sur la réalité de l’entreprise, qui reste un conglomérat d’entreprises privatisées (dont Gaz de France ou l’opérateur belge Electrabel) et qui paraît – au contraire sans doute d’EDF ou de Total – gouvernée par une logique plus financière qu’industrielle. Qu’il s’agisse de la reprise des anciens services publics français et belge ou désormais de projets d’énergies renouvelables abondamment soutenus par les pouvoirs publics, comme les grands projets d’éolien offshore, la stratégie d’Engie repose-t-elle sur autre chose que l’accaparement de « rentes » énergétiques, abondées en dernière instance par les pouvoirs publics, les citoyens et les usagers ?

Les votes pour le prix Pinocchio du climat sont ouverts jusqu’au 2 décembre.

- Sauf mention contraire, toutes les informations de cet article sont issues du « contre-rapport annuel » de l’Observatoire des multinationales sur Engie

[1] Voir ici.
[2] Voir aussi ici.

(!) Info minute – Revue de Presse
Article d’Olivier Petit Jean publié sur le site de l’observatoire des multinationales

Face au changement climatique – dont elle n’admet encore la réalité qu’avec une certaine réticence [1] -, la firme pétrolière américaine Chevron a déjà trouvé la solution idéale (pour elle) : le gaz de schiste. Et elle n’hésite pas à l’imposer par tous les moyens à sa disposition. En témoignent ses pratiques agressives en Argentine, qui lui valent une nomination aux « prix Pinocchio du climat ».

Aux États-Unis et même parfois en Europe, l’industrie pétrolière vante le gaz de schiste comme une « énergie de transition » permettant à nos économies de se défairemultinationaleorg gaz de schiste argentine chevron de leur dépendance envers les énergies fossiles plus sales, comme le charbon. Or cet argument – volontiers mis en avant par une entreprise comme Chevron lorsqu’elle se trouve interpellée sur sa responsabilité climatique – est largement discrédité. De nombreuses études scientifiques suggèrent que le gaz de schiste pourrait être tout aussi nocif pour le climat que le charbon, en raison des fuites accrues de méthane – un gaz 84 fois plus puissant dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone [2].

L’Argentine est le seul pays du monde en dehors de l’Amérique du Nord où Chevron ait pour l’instant réussi à imposer sa vision du défi climatique. En Europe de l’Est, ses velléités de développer le gaz de schiste ont fait long feu. La firme pétrolière a dû abandonner ses concessions en Pologne, Roumanie et Ukraine les unes après les autres au cours des derniers mois du fait de forages décevants. En Argentine, en revanche, Chevron est en première lignée de la ruée des multinationales (comme Total et Shell [3]) sur la province de Neuquén, en Patagonie. Elle a été la première à obtenir une concession avec l’entreprise nationalisée YPF en 2013 et s’est accaparée les gisements les plus prometteurs.

Chantage à l’investissement

En brandissant la promesse d’un investissement de plusieurs milliards de dollars dans le pays. Chevron a aussi réussi à convaincre les autorités argentines de lui accorder des conditions d’exploitation et un régime fiscal extrêmement favorables. La firme a même obtenu la mise en place d’un mécanisme de résolution des litiges État-investisseurs sur mesure, proche de ce qui est souhaité dans le cadre du projet de traité de libre-échange Tafta entre Europe et États-Unis… alors même que l’Argentine est le pays le plus ciblé par les procédures de ce type [4].

Pour couronner le tout, Chevron a aussi menacé de renoncer à tous ses investissements au cas où les procédures intentées en Argentine par les victimes de ses crimes environnementaux en Équateur n’étaient pas rejetées [5]. Au moment où la Cour suprême argentine devait examiner la demande des Équatoriens de gel des avoirs de Chevron dans le pays, le PDG d’YPF et le procureur fédéral ont pesé de tous leur poids en faveur de la firme américaine, en invoquant une menace pour l’emploi et l’investissement.

Quelques jours à peine après que la Cour suprême ait finalement rendu un arrêt favorable à Chevron, son PDG John Watson signait en grande pompe son contrat de concession patagonien avec YPF, en présence de la présidente argentine Cristina Kirchner. Les manifestations qui s’en sont immédiatement suivies en Patagonie ont été violemment réprimées (lire ici). Ce comportement de Chevron en Argentine lui vaut une nomination au « prix Pinocchio du climat » organisé par les Amis de la terre et leurs alliés.

Jeu de dupes pour le climat

Au-delà du cas Chevron, la question du gaz de schiste suscite de nombreuses questions sur la position des États-Unis en matière climatique et sur leur capacité à se dissocier véritablement des intérêts de leur secteur pétrolier. Une enquête du magazine américain Mother Jones avait ainsi révélé comment la diplomatie américaine, sous l’égide d’Hilary Clinton, avait activement soutenu les efforts de Chevron pour faire accepter le gaz de schiste à des populations et des dirigeants réticents en Bulgarie et en Roumanie.

Plus fondamentalement, la mise en lumière du véritable impact climatique du gaz de schiste a de quoi tempérer quelque peu l’optimisme affiché par nombre d’observateurs suite aux annonces récentes de l’administration Obama, qui mettent l’accent sur la sortie du charbon [6]. Si l’on tient compte des fuites de méthane, le simple passage du charbon au gaz (de schiste) risque fort de se révéler un jeu de dupes pour le climat. Pour Chevron et plus largement pour l’industrie pétrolière américaine, en revanche, c’est une source potentielle de profits considérables.

Les votes sont ouverts jusqu’au 2 décembre 2015.

[1] Voir ici et .
[2] Lire ici et , ainsi qu’ici en français.
[3] Lire les enquêtes ici et .
[4] Lire par exemple cette enquête sur la procédure intentée par Suez contre l’Argentine.
[5] Sur l’histoire de la bataille juridique entre Chevron et ses victimes équatoriennes, et le sens de la procédure en Argentine, lire cet article-entretien avec Pablo Fajardo, avocat principal des parties équatoriennes.
[6] La politique énergétique récemment annoncée par le gouvernement britannique repose elle aussi sur la substitution du gaz de schiste (et du nucléaire) au charbon.

Je signe l’Appel pour le maintien des mobilisations citoyennes pour le climat

(!) Info minute – Revue de Presse
Paris, le 16 novembre 2015

La Coalition climat 21 et l’ensemble des organisations qui la compose expriment toute sa solidarité auprès des victimes des attentats du 12 novembre à Beyrouth et celles du 13 novembre à Paris, ainsi que leurs familles et leurs proches.  Le monde que nous avons toujours défendu n’est pas celui-là.  Le monde que nous défendons est celui de la paix, de la justice, de la lutte contre les inégalités et contre les dérèglements climatiques.

Le combat que nous menons pour la justice climatique ne s’arrête pas pour autant. Nous avons le devoir de rester debout et de continuer de nous battre pour une planète juste et vivable pour toutes et tous. Nous continuerons de nous mobiliser pour construire un monde à l’abri des guerres et des atrocités et des ravages de la crise climatique. Nous continuerons de porter les solutions et les alternatives pour lutter contre les dérèglements climatiques.

Tout en tenant compte des circonstances exceptionnelles, nous sommes convaincus que la COP 21 ne peut pas se dérouler sans la participation ni sans les mobilisations de la société civile en France. Ainsi, nous mettrons en œuvre tous nos efforts pour que se tienne l’ensemble des mobilisations que nous organisons. En concertation avec les autorités, nous continuerons à chercher à ce que la sécurité de toutes et de tous soit garantie.  

Nous rappelons que cette mobilisation sera mondiale : des centaines de milliers de personnes se mobiliseront durant les deux semaines de négociations de la COP21 et des représentants des pays du Sud comme des pays du Nord seront présents à Paris.

L’ensemble du monde est concerné et nous ne ferons pas l’impasse sur ces enjeux.  

Les marches des 28 et 29 novembre 2016, en savoir plus ici

coalition climat 21

La Coalition Climat 21 est née en 2014 à l’initiative du RAC (Réseau Action Climat), du CRID (Centre de Recherche et d’information pour le développement) et d’Attac. A son origine : l’échec de la conférence de Copenhague en 2009, mais aussi le piétinement des négociations lors de la Conférence de Varsovie en 2013, qui avait poussé la société civile à claquer la porte de la COP. Aujourd’hui, la Coalition Climat 21 rassemble plus de 130 organisations de la société civile. Ensemble, elles affirment que les négociations qui se tiendront dans le cadre de la COP21, si elles sont une étape nécessaire, ne seront pas suffisantes pour sauver le climat, comme nous l’ont montré celles des vingt dernières années. Elles appellent les citoyennes et les citoyens à profiter du rayonnement politique et médiatique de ce sommet pour s’organiser et se mobiliser largement afin de lancer un mouvement fort et durable pour la justice climatique. Découvrir la campagne de mobilisation de la Coalition facebook.com/climat21 @Climat21 http://www.coalitionclimat21.org

(!) Info minute – Revue de Presse

En 2011, des associations et élus dont les députés européens José Bové et Michèle Rivasi saisissaient la justice d’une demande d’annulation des Permis de Nant et de Montelimar délivrés en 2010 dès que l’existence de ces autorisations a été révélée.  Fin 2011, au lendemain de l’abrogation des permis de gaz de schiste du Sud-Est, les compagnies pétrolières entamaient une série de recours demandant notamment l’annulation de la décision d’abrogation de leur titre minier. Ces recours seront examinés par le Tribunal Administratif de Cergy-Pontoise le mardi 8 décembre.

Au moment même où Paris hébergera la conférence mondiale sur le climat (COP21), quel serait le message de la France pour la transition énergétique et la réduction des gaz-à-effet-de-serre si l’exploitation des gaz de schiste revenaient sur le devant de la scène ? Le gouvernement doit réaffirmer son opposition à la fracturation hydraulique et stopper immédiatement la délivrance de nouveaux permis de recherche.

En 2010, les habitants du Sud-Est découvraient que leur territoire était menacé par une nouvelle industrie pétrolière, l’extraction du gaz de schiste. global frackdown since feb 2011Trois permis avaient été accordés à l’entreprise texane Schuepbach (permis de Nant et permis de Villeneuve de Berg) et au français TOTAL (permis de Montélimar), couvrant plusieurs milliers de km2, et impactant les régions PACA, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.

La découverte de cette future industrie particulièrement destructrice avait conduit à une mobilisation sans précédent des citoyens, associations et élus locaux. L’opacité de l’octroi de ces titres miniers, l’immensité du territoire concerné, la menace de pollution des sous-sols et de l’eau, les ravages que les forages ont gaz de schiste mobilisation elus et citoyen villeneuve de berg 2011déjà provoqués de part le monde mais aussi la volonté de voir les moyens de la recherche orientés vers des solutions plus sobres pour la production d’énergies renouvelables et décarbonées : tels étaient quelques uns des arguments repris par ceux qui se sont levés contre ces permis. Ils obtenaient victoire le 14 juillet 2011, alors que l’assemblée nationale votait une loi interdisant la fracturation hydraulique, technique d’extraction utilisée, et abrogeait de ce fait les permis.

Alors que les ex-titulaires de ses permis appuyés par un solide lobby souhaitent voir revenir ces permis dans leur giron afin d’y mener des expériences et des forages et fracturations grandeur nature, il ne fait pas de doute que cette mobilisation sera de nouveau au rendez-vous si, par malheur, une décision juridique ranimait la menace des gaz de schiste!

Pétrole et gaz de schiste ou de houille, NI ICI NI AILLEURS, NI AUJOURD’HUI NI DEMAIN!

29/10/2015: COP21, France le gouvernement rétablit le contrôle aux frontières LIRE ICI

(!) Info minute – Revue de Presse

Le silence du gouvernement face aux demandes de 130 organisations compromet les conditions dans lesquelles des dizaines de milliers de représentants de la société civile mondiale vont participer à la Conférence climat dans quelques semaines.

Dans moins de six semaines se tiendra au Bourget le 21ème sommet des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP21. Près de 40 000 personnes y sont attendues, des délégations venues de 196 pays différents s’efforceront de trouver des COALITION 21 COP 21solutions pour lutter contre le dérèglement climatique. Pour la France il s’agit d’un enjeu considérable : la COP21 est le plus grand rassemblement diplomatique jamais accueilli par le pays tandis qu’à l’échelle internationale il représente une étape-clé des négociations sur le climat. Tour à tour, ces derniers mois, différents membres du gouvernement ont appelé de leurs vœux la mobilisation de la société civile à cette occasion. Ainsi lors de la cérémonie officielle «Go COP21» organisée à l’Élysée le 11 septembre dernier, François Hollande déclarait-il devant un parterre d’ONG et de représentants syndicaux que «tout dépendra bien sûr de la capacité, de la volonté des États, mais aussi de la force des peuples, des mouvements que vous représentez».

La Coalition Climat 21 s’est effectivement constituée sur l’idée que les changements majeurs et indispensables pour répondre aux enjeux du dérèglement climatique ne seront possibles sans une mobilisation large et durable de la société. Cette coalition regroupe aujourd’hui 130 organisations, des syndicats aux ONG, en passant par les mouvements sociaux, les jeunes ou les groupes de foi. Nous nous sommes donnés pour objectif de préparer des mobilisations citoyennes massives en décembre. Pour cela, nous devons faciliter la participation de toutes celles et ceux qui souhaitent exprimer leur inquiétude et leur volonté de changement, qu’ils soient invités de la conférence officielle ou non. Nous agissons sur tous les terrains : celui de l’emploi, celui de l’environnement, celui de la solidarité mais aussi ceux de l’éducation et des spiritualités. Nous avons à cœur de défendre une société moins inégalitaire, à l’abri des ravages du climat et du modèle de développement qui les perpétue, et nous sommes déterminés à mettre l’ensemble de nos forces au service d’un mouvement durable pour la justice climatique.

Depuis près de deux ans nous préparons donc différentes mobilisations, dont une grande marche pour le climat à Paris le 29 novembre, en amont de l’ouverture du Sommet officiel, deux espaces de rencontres et de débats ouverts au grand public ainsi qu’une journée de mobilisation de masse à l’issue du Sommet, le 12 décembre. Ces différents temps donneront à voir la diversité de nos approches tout en nous permettant d’élargir et de renforcer le mouvement populaire en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique et ses causes. Ils seront aussi l’occasion d’accueillir à Paris les dizaines de milliers de personnes venues du monde entier qui se sentent également concernées. Les Européens d’abord, pour lesquels le déplacement est le plus facile, mais également des représentants des pays du Sud, ceux qui sont aujourd’hui les plus affectés par la crise climatique.

Pour ouvrir ces larges espaces d’expression, nous avons besoin que le gouvernement réponde à nos demandes. Celles-ci sont simples : un trajet emblématique au cœur de Paris pour la marche du 29 novembre, des hébergements pour les dizaines de milliers de personnes qui convergeront vers la capitale, mais aussi des visas pour celles et ceux qui, venant des zones les plus impactées par le dérèglement climatique, souhaitent venir témoigner et participer à ce moment historique.

À ce jour, le gouvernement reste sourd à nos demandes. Nous l’appelons à traduire ses engagements en actes : à quelques semaines de l’ouverture de la conférence, ce silence compromet les conditions dans lesquelles des dizaines de milliers de représentants de la société civile mondiale vont participer à la mobilisation. Pire, il fait douter de la sincérité du gouvernement lorsqu’il dit souhaiter une mobilisation citoyenne d’envergure sur le climat. Il n’y aura pourtant pas d’avancées majeures dans la lutte contre le dérèglement climatique et ses causes sans prise en compte des mouvements citoyens dans toute leur diversité.

Associations et collectifs membres de la Coalition Climat 21 :

350.org, ACF – Action Contre la Faim, Actionaid, AderOC décroissance, Agenda 21 Afrique – A21A, Agir pour l’Environnement, AITEC – Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs, Agrisud, ALDER – Climat Energie, ACIPA, Alofa Tuvalu, Alternatiba, Altertour, Les Amis de la Terre, Les Amis d’Enercoop, les Assises musulmanes de l’Ecologie, Association Espace Vision, Artisans du Monde, Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire – AMFPGN, Association des Populations de Montagnes du Monde, Association 4D, ATTAC, Attention Chantier, Avaaz, Bloom, Bizi !, Blue Energy, Brahma Kumaris, Campaign Against Climate Change, CARE, CARI, Collectif Mantois et Climat, Connected by Nature, CCFD- Terre Solidaire, CFDT – Confédération Française Démocratique du Travail, CGT, CLER – Réseau pour la transition énergétique, Coalition Eau, Collectif Roosevelt, Coordination Eau Île-de-France, Coordination SUD, Confédération Paysanne, Collectif pour une Transition Citoyenne, Collectif pour les droits des femmes, Chrétiens Unis pour la Terre, CREAQ – Centre Régional d’Eco-énergétique d’Aquitaine, CRID – Centre de Recherche et d’Information pour le Développement, CIWF France, CliMates, CISP, Coeur de Forêt, Comité de Solidarité avec les indiens des Amériques, CSP75, Désobéir, Droit humain France, EEUDF – Eclaireurs et Eclaireuses Unionistes de France, Effet de Serre Toi-Même Association, Emmaüs – France, End Ecocide on Earth, Eclaireuses et éclaireurs unionistes de France, Énergie Partagée, Fédération protestante de France, FNE – France Nature Environnement, Forum pour une Nouvelle Gouvernance Mondiale, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Fondation Danielle Mitterrand – France Libertés, FSU – Fédération Syndicale Unitaire, France Amérique Latine, Geres, Green Cross France & Territoires, Greenpeace, Grand Orient de France, HNNE – Haute Normandie Nature Environnement, Humanité et Biodiversité, L’Heureux Cyclage, Institut Momentum, Jeunes Amis pour la Terre, J’aime le vert, Je vote pour le Climat, Justice et paix, LGBTI pour le Climat, Ligue des droits de l’Homme, Le mouvement de la Paix, Les Petits Débrouillards, LPO – Ligue pour la protection des Oiseaux, la Marche Mondiale des Femmes, Mouvement Utopia, le MRAP, MRES, Max Havelaar France, Nature Rights, Negawatt, The Noise, Oxfam France, Oui à la Transition, Oui Share, Our Voices, Pax Christi, Peuples solidaires, POC21, Plateforme pour le Commerce Equitable, RAC – Réseau Action Climat, REFEDD – Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable, Réseau Ecole et Nature, Réseau Féministe Ruptures, Réseau Foi & Justice Afrique – Europe, Réseau IPAM, Réseau Sortir du Nucléaire, Réseau Gubbio, Réseau Ecole et Nature, Respaix Conscience Musulmane, Ritimo, Scouts et Guides de France, Secours Catholique Caritas France, Semaine de la Solidarité internationale, Sciences Citoyennes, Solidarité Asso, Stop Gaz de Schiste ! (Ni ici ni ailleurs), Students for Climate, TACA – Taxe Carbone avec Redistribution, Association Terre et Liberté pour Arauco, Union Syndicales Solidaires, UNEF, VECAM, WWF, YMCA France, Zéro Waste France.

(!) Info minute – Revue de Presse

L’incidence et les effets de la fracturation hydraulique sont bien documentés, qu’il s’agisse de la contamination des eaux souterraines (voir [1] [2] [3] [4] [5] ), des fuites de méthane (voir [6] [7] [8] [9]), de l’apparition soudaine de tremblements de terre dans des régions où te tels phénomènes n’existaient pas (voir [10] ). Il faut maintenant ajouter à cette liste de nouveaux dangers sur la santé humaine : Il s’agit du risque de naissance prématurée.

Selon une récente étude de l’Université Johns Hopkins aux États-Unis (source[11]), les femmes enceintes qui vivent près des puits de gaz de schiste ont à un risque accru de complications pendant la grossesse. Lesbebe prema risque gaz de schiste fracturation chercheurs ont analysé les données de 40 comtés de Pennsylvanie, un état où l’exploitation des hydrocarbures de schiste s’est développée de manière exponentielle : On comptait moins de 100 (cent) sites de fracturation en 2006 contre plus de 8.000 (huit mille) aujourd’hui. Les scientifiques rapportent que pour les femmes vivant à proximité des sites de forage actifs on constate une augmentation de 40 pour cent des naissances avant terme et une augmentation de 30 pour cent des grossesses « à haut risque », (caractérisée par des complications comme l’hypertension, la prise de poids excessive, la tension artérielle etc.).

Selon le Centres de Contrôle et de Prévention des maladies des États-Unis (CDC), les décès de prématurés représentaient 35 pour cent de tous les décès de nourrissons en 2010, plus que toute autre cause de décès chez les nourrissons. Les naissances prématurées sont également cause majeure de handicaps neurologiques à long terme chez les enfants. Le coût financier en est égelement énorme. A titre d’illustration en 2005 la prématurité a coûté plus de 26 milliards de dollars au système de soins de santé des États-Unis.

Bien qu’à ce stade la recherche n’a pas déterminé précisément pourquoi les femmes enceintes vivant à proximité des puits les plus actifs étaient victimes de telles affections, le chef de l’étude M. Brian S.Schwartz indique que chaque étape du processus de forage a un impact environnemental. Lorsque les plateformes de forage sont construites, les engins et équipements fonctionnant au diesel sont utilisés pour défricher et apprêter de grandes surfaces. Il en va de même concernant le matériel de transport ainsi que pour le forage des puits également fort émetteurs de pollutions. Les forages profonds descendant verticalement puis progressant horizontalement à des milliers de mètres de profondeurs nécessitent un équipement lourd pour briser le schiste où est logé le gaz. La fracturation hydraulique (fracking) consiste ensuite à injecter des millions de litres d’eau mélangés avec des produits chimiques et du sable pour fracturer le schiste. Les fluides sont ensuite pompés vers la surface. Le gaz lui-même libère également des polluants.

On pourrait penser que la multiplication des tremblements de terre, la contamination avérée de l’eau potable justifieraient l’abandon de cette industrie. Faut-il attendre la multiplication des pathologies et des décès pour réellement décider l’interdiction de ces pratiques?

[1] L’EPA confirme l’impact de la fracturation hydraulique sur l’eau potable
[2] Gaz de schiste, c’est confirmé: Les aquifères de Californie contaminés par des milliards de litres d’eaux usées de fracturation … en pleine sécheresse
[3] Gaz de schiste : La contamination de puits liée à des défauts de cimentation et de mauvais forages
[4] En Pennsylvanie, une région pionnière du boom du gaz de schiste, 243 cas de contamination confirmés par l’administration de l’environnement
[5] Texas : « Les tests qui prouvent la contamination de l’eau par la fracturation hydraulique »
[6] Étude : Les fuites de méthane sont telles qu’elles annulent l’ « avantage » du gaz sur le climat
[7] Gaz de schiste et fracturation hydraulique : multiplication des fuites de méthane
[8] États-Unis: les puits d’hydrocarbures abandonnés rejettent beaucoup de méthane
[9] Pourquoi le gaz de schiste n’est pas une énergie de transition
[10] Avec le gaz de schiste, 300 fois plus de tremblements de terre!
[11] Fracking linked to premature births, study finds

(!) Info minute – Revue de Presse

Voilà ce que diraient à la Ministre de l’Écologie, si elle prenait 15 minutes pour les écouter, des citoyens engagés depuis 2011 dans des collectifs locaux de France. A la veille de la Conférence Mondiale sur le Climat c’est business as usual, le gouvernement délivre des permis de recherche d’hydrocarbures et communique pour dire qu’il ne souhaite pas qu’on autorise les travaux…

Madame la Ministre,

Le 21 septembre dernier, vous et Mr le Ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, avez accordé trois nouveaux permis de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux (permis de Champfolie en Seine-et-Marne, d’Herbsheim dans le Bas-Rhin et d’Estheria dans la Marne). Vous avez également décidé d’en prolonger deux autres jusqu’à fin 2018 (permis de Bleue Lorraine en Moselle et de Juan de Nova Maritime Profond dans « les Iles Eparses » au large de Madagascar). Vous aviez déjà, quelques jours auparavant, accordé une autorisation de prospection au large de St Pierre et Miquelon.

Pour mémoire, entre 2009 et 2011, plusieurs documents déposés par les entreprises pétrolières concernées, évoquaient sans ambiguïté la recherche d’hydrocarbures non conventionnels et faisaient état de leur savoir-faire en matière d’exploitation de pétrole ou de gaz de schiste. Certes, ces mêmes entreprises ont signé, depuis la loi Jacob de juillet 2011, un document par lequel elles s’engagent à respecter la loi, en ne procédant pas à des fracturations hydrauliques.

Mais les objectifs géologiques, eux, n’ont pas changé ! Avant la loi Jacob, la plupart de ces projets avaient des objectifs géologiques non conventionnels. Par quel artifice, en 2015, ces objectifs non conventionnels sont-ils devenus conventionnels ?

En 2014, lors des débats de la Commission spéciale de l’Assemblée nationale, chargée d’examiner le projet de loi relatif à la transition énergétique, vous aviez évoqué au sujet des hydrocarbures nonS ROYAL gaz de schiste bulle spéculative conventionnels, les “dommages graves en terme de santé publique causés aux riverains” et la “dégradation de l’environnement avec l’abandon des puits de gaz de schiste lorsqu’ils seront épuisés”. Le 28 septembre 2014, sur Europe 1, vous déclariez : “Pas d’exploitation de gaz de schiste tant que je serai là”. Vous aviez alors qualifié cette énergie de “bulle spéculative” qui “ne va rien rapporter du tout”. Vous aviez dit que “les experts américains en reviennent du gaz de schiste, d’abord à cause des dégâts environnementaux et ensuite parce que les entreprises ne referment pas les puits qu’ils creusent. Vous aviez ajouté: “Tant que je serai ministre de l’Écologie, il n’y aura pas d’exploitation de gaz de schiste en France. Tout doit être dirigé vers l’économie d’énergie et les énergies renouvelables.” Vous aviez également exprimé (en 2007) votre attachement à la parole et à l’expertise citoyennes affirmant que “l’expertise citoyenne est précieuse si l’on veut prendre les bonnes décisions…” tout en précisant que les citoyens sont “les meilleurs experts de ce qu’ils vivent”. Mais, concrètement, qu’en est-il ?

Déjà en septembre 2014, plusieurs collectifs citoyens, ayant acquis une réelle expertise depuis 5 ans sur le dossier des « pétrole, gaz de schiste et gaz de couche », afin de vous alerter, vous ont adressé des courriers. Vous n’avez jamais donné suite ! Pourquoi déjà à cette époque, ni pour les demandes d’attributions de nouveaux permis (Dormans, Gastins, etc…), ni pour les demandes de renouvellement des permis de Mairy, Château-Thierry, etc. ni pour la demande de mutation de la Folie de Paris, n’aviez-vous accepté de rencontrer ces citoyens qui vous proposaient de partager leurs expertises ?

En septembre 2015, un an plus tard, l’Histoire se répète ! Sur France 5, le 3 octobre 2015, vous déclarez même, en seule réponse aux protestations des collectifs citoyens et d’autres associations à propos de ces attributions: « Ma conviction profonde et ma volonté, c’est que ces autorisations ne soient pas transformées en travaux… Une autorisation de recherche n’est pas une autorisation de travaux : entre les deux, il va falloir une étude d’impact sur l’effet sur l’environnement, une enquête publique auprès de la population ».

Mais savez-vous, Madame la Ministre, que tous les forages récemment autorisés par les préfets ont été précédés d’une notice d’impact (et pas d’une étude d’impact) et d’une enquête publique qui n’a qu’un rôle consultatif ?

Allez-vous donner, Madame la Ministre, les directives au Préfet de l’Essonne, afin qu’il n’autorise pas les 10 nouveaux forages demandés par la société Vermilion et prendre ainsi, en considération, l’avis de la population, des élus et du commissaire enquêteur qui se sont déclarés largement défavorables à ces forages ?

Savez-vous, Madame la Ministre, qu’une fois un permis octroyé, il est reconductible deux fois (par vous-même ou votre successeur) engageant ainsi l’État pendant 15 ans ?

Savez-vous que lorsque vous octroyez un permis, il est suivi d’un permis à exploiter (également appelé concession) quasi automatiquement ?

Savez-vous, Madame la Ministre, que pour octroyer un permis il faut que l’entreprise soit capable financièrement et techniquement ? “Nul ne peut obtenir un permis exclusif de recherches s’il nechamp-gaz-schiste possède les capacités techniques et financières nécessaires pour mener à bien les travaux de recherches” (Article L122-2 du Code Minier nouveau). Or, savez-vous que la Sté BlueBach, bénéficiaire du permis d’Herbsheim, est une entreprise à 8378 € de capital social, n’ayant jamais pris la responsabilité d’aucun forage jusqu’à maintenant ? Savez-vous que vous avez octroyé par mutation un permis (La Folie de Paris) à Concorde Energie, entreprise à 1000 € de capital social et que vous auriez pu refuser de signer cette mutation ?

Vous avez indiqué également sur France 5 que « le projet de loi sur la réforme du code minier qui sera débattu à l’assemblée nationale au mois de janvier, donnera des bases juridiques permettant au gouvernement de s’opposer à des recherches d’hydrocarbures qui ne sont absolument pas fondées ».

Mais savez-vous, Madame la Ministre, qu’il n’y a nulle part, dans ce nouveau code minier, de définition pour « les recherches d’hydrocarbures qui ne sont pas fondées » ?

Savez-vous, Madame la Ministre, que dans le projet de loi relatif au nouveau code minier, en l’état actuel du texte, le droit de suite n’est pas remis en cause et que tout pétitionnaire qui a obtenu un permis pour rechercher des substances, aurait automatiquement le permis pour les exploiter s’il trouve quelque chose ?

Savez-vous également que le projet de ce nouveau code minier prévoit de permettre au gouvernement de demander au parlement l’autorisation de légiférer par ordonnance pour tout ce qui est relatif à l’amodiation, la mutation et la fusion des titres miniers ?

Vous avez également indiqué sur France 5 que quatre permis avaient été refusés. Pouvez-vous nous indiquer de quels permis il s’agit ? Nous aurions ainsi la possibilité d’avoir des dossiers les plus à jour possible, car nous prenons très à cœur la qualité des informations que nous collectons. Ces refus de permis ne nous semblent pas avoir fait l’objet d’une publication officielle par les services de votre Ministère.

A la veille de la Conférence de l’ONU sur le changement climatique à Paris, le gouvernement encourage donc la poursuite des investissements dans la recherche de nouveaux gisements hollande ONU 2015d’hydrocarbures sur le territoire français. Une décision qui entre en contradiction avec les recommandations des scientifiques, qui ont clairement établi qu’il fallait geler 80 % des réserves actuelles prouvées d’hydrocarbures, pour avoir une chance raisonnable de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique d’ici la fin du siècle.

Partout dans le monde, l’urgence climatique est à l’ordre du jour. Que valent donc les promesses du Président François Hollande et des négociateurs français d’obtenir un « accord historique » à Paris et de « tout faire » pour rester en deçà des 2°C, si c’est pour entretenir cette fuite en avant extractiviste et les crimes climatiques qui en découlent ?

La France doit montrer l’exemple en décembre à Paris lors du sommet pour le climat. Le signal que vous et le gouvernement français donnez, n’est pas celui que nous, collectifs citoyens opposés à l’exploitation des gaz et pétrole de schiste et gaz de couche, sommes en droit d’attendre.

Madame la Ministre,
les collectifs citoyens français contre l’exploitation des pétrole, gaz de schiste et gaz de couche vous demandent instamment, une nouvelle fois :
– de ne signer plus aucun nouveau permis d’exploration,
– de ne signer aucune autorisation de prolongation,
– de ne signer aucun renouvellement de permis,
– de ne signer aucune mutation de permis exclusif de recherches d’hydrocarbures.

Bien évidemment, cette lettre reste imaginaire, elle n’a jamais existé, elle n’est pas envoyée à  la ministre qui n’aurait pas eu le temps de la lire. Elle vous permet chers lecteurs de rester informés sur notre état d’esprit notre détermination et cette mascarade perpétuée par un gouvernement qui prépare un avenir … pollué par les intérêts financiers et le manque d’ambition pour engager la véritable transition écologique que souhaitent de nombreux citoyens, ici et ailleurs!