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(!) Info minute – Revue de Presse
Par Olivier Petit Jean emprunté au site de l’observatoire des multinationales

Pour la COP21, Engie (ex GDF Suez) s’est lancée dans une campagne de communication de grande ampleur pour mettre en scène sa conversion à la cause du climat et de la transition énergétique. Le géant français a aussi annoncé qu’il renonçait à tout nouveau projet de centrale au charbon. Mais les militants du climat ne sont pas du tout convaincus. À preuve : la nomination d’Engie au prix Pinocchio du climat. Décryptage.

Aucune entreprise n’a autant misé qu’Engie sur la Conférence climat de Paris, qui doit s’ouvrir dans quelques jours. Sponsor officiel du Sommet, ainsi que de plusieursmultinationaleorg engie COP21 greenwashing événements connexes comme Solutions COP21, le géant français de l’énergie a lancé une grande campagne de communication pour vanter ses investissements dans les énergies vertes et se poser en « leader européen de la transition énergétique ». Ses dirigeants s’affichent aux côtés de Laurent Fabius et Ségolène Royal, et ne manquent pas une occasion de poser en défenseur du climat au sein des milieux économiques, et auprès de leurs employés. Engie a même fini par annoncer, il y a quelques semaines, l’abandon de tout nouveau projet de centrale à charbon, et en particulier de deux projets contestés par les ONG environnementalistes en Afrique du Sud et en Turquie.

Tout ceci, pourtant, ne semble pas suffire aux Amis de la terre et aux autres associations impliquées dans les « prix Pinocchio du climat », qui ont nominé une nouvelle fois Engie cette année, dans la catégorie « Greenwashing ». Pourquoi une telle défiance face à l’offensive verte de l’entreprise ? À vrai dire, les raisons ne manquent pas : il y en a au moins dix.

1. Les dirigeants d’Engie disent exactement le contraire de ce qu’ils disaient il y a quelques mois.

La conversion d’Engie à la cause de la transition énergétique est récente et particulièrement abrupte, puisqu’il y a quelques mois encore, le PDG de l’entreprise Gérard Mestrallet ne s’affichait pas en leader de la transition énergétique, mais en leader d’une « croisade » contre les énergies renouvelables en Europe, au motif que celles-ci portaient atteinte à la compétitivité des centrales au gaz et au charbon [1]. « J’ai été le premier, en mai 2013, à alerter [la Commission européenne] et à dire qu’on était allé trop vite et trop loin sur les renouvelables », se vantait-il au Monde.

Avec les PDG des autres géants européens de l’énergie, Gérard Mestrallet défendait alors une politique alternative : augmenter le prix du carbone, réduire les aides publiques aux énergies renouvelables afin de restaurer la compétitivité du gaz, soutenir la construction de gazoducs et de terminaux méthaniers, et lever tout obstacle à l’exploitation des gaz de schiste en Europe. Le lobbying d’Engie et de ses homologues européens a largement contribué à l’abandon par l’Union de tout objectif ambitieux et contraignant en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique.

2. La « transformation » d’Engie est une opération de communication soigneusement organisée, avec peu de substance.

Le changement de nom de l’entreprise, de GDF Suez à Engie, au début de l’année, puis la campagne de communication actuelle à l’occasion de la COP21, ont été soigneusement orchestrés voici plusieurs mois avec des communicants. Engie s’affiche comme une entreprise totalement différente, mais elle n’a pas changé grand-chose concrètement à ses activités, ni à son mix énergétique. Pour les syndicats français, le but de la restructuration annoncée cette année est surtout de faire des économies et de supprimer des emplois. « De réforme en réforme, le principal objectif assigné à l’Europe et à la France, c’est de faire des économies », avait alors dénoncé la CGT, qui évoquait la perte de 3000 emplois dans le groupe [2].

3. Engie reste très impliquée dans le secteur du charbon.

Illustration de la conversion très récente d’Engie à la cause environnementale : l’entreprise vient d’ajouter plusieurs centrales à charbon flambant neuves à son portefeuille, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas. En tout, selon un rapport des Amis de la terre et d’Oxfam France, Engie possède une flotte de 30 centrales au charbon dans le monde, laquelle émet 81 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère chaque année – l’équivalent de la consommation d’énergie des Philippines, un pays de 100 millions d’habitants.

Le charbon est la principale source globale de gaz à effet de serre. Outre son impact sur le climat, son extraction et sa combustion entraînent également une grave pollution de l’air et de l’eau, avec des conséquences souvent dramatiques pour les riverains des mines et des centrales. Le parc d’Engie a également été identifié comme le plus inefficient au monde, après deux petites firmes indiennes, en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de pollution de l’air et d’utilisation de l’eau (lire cet article).

D’autres projets de centrales au charbon d’Engie en cours de construction, (comme à Safi au Maroc) ou en projet (comme en Mongolie ou au Brésil) ne semblent pas remis en cause.

4. La sortie d’Engie du charbon a des raisons économiques autant qu’environnementales.

Tout le secteur du charbon traverse actuellement une crise profonde, qui s’explique en partie par le pari manqué de nombreux industriels et acteurs financiers sur un boom ininterrompu des pays émergents et sur le fait que ces pays continueraient à privilégier le charbon. Pari qui était aussi jusqu’il y a quelques mois celui d’Engie.

L’entreprise française n’envisage d’ailleurs pas de fermer ses centrales à charbon existantes dans des conditions décentes pour les travailleurs et les riverains. Elle n’envisage que de les céder à d’autres. Les centrales indiennes (acquises il y a quelques mois à peine), australiennes et indonésiennes seraient sur la liste des cessions envisagées, mais Engie peine à trouver des repreneurs.

En cédant certaines de ses centrales, Engie se débarrasserait aussi opportunément de certains passifs juridiques, comme en Australie, où elle est sous la menace de poursuites au pénal suite à un incendie désastreux dans sa mine et centrale de charbon de Hazelwood en 2014. Sa centrale de Vado Ligure en Italie a été fermée par la justice, et plusieurs dirigeants locaux d’Engie sont sous le coup de poursuites pour leur contribution à un « désastre environnemental ».

5. Remplacer le charbon par du gaz (de schiste) est un jeu de dupes pour le climat.

Malgré ses publicités sur les énergies renouvelables, le scénario privilégié par Engie comme par toute l’industrie des hydrocarbures est celui d’un remplacement des centrales électriques au charbon par des centrales au gaz. Le gaz est ainsi présenté comme une énergie « propre » indispensable à la transition énergétique. Ou, comme l’affirme le site web d’Engie : « De combustion bien moins polluante que l’équivalent charbon ou fuel lourd, le gaz naturel est un choix idéal pour une production énergétique plus respectueuse de l’environnement. »

En réalité, non seulement le gaz demeure une énergie fossile source d’émissions de dioxyde de carbone, mais certaines formes de gaz – notamment le gaz de schiste et les autres gaz dits « non conventionnels » extraits au moyen de la fracturation hydraulique – sont probablement tout aussi nocives pour le climat que le charbon. Le recours à la fracturation hydraulique entraîne en effet des risques accrus de fissuration des puits de forage, avec pour résultat des fuites importantes dans l’atmosphère de méthane, un gaz 84 fois pire pour le climat que le dioxyde de carbone.

Engie est impliquée dans le gaz de schiste au Brésil et au Royaume-Uni. Elle a aussi récemment signé un contrat d’approvisionnement auprès de la firme Cheniere, de sorte que les usagers français consommeront bientôt du gaz de schiste américain (lire cet article).

6. Engie est aussi lourdement impliquée dans les autres énergies fossiles.

Engie est également directement impliquée dans l’extraction de pétrole et de gaz. À ses opérations historiques en Europe du Nord (Pays-Bas, Royaume-Uni, Norvège) s’ajoutent désormais des projets extractifs menés en partenariat avec un fonds souverain chinois en Indonésie, en Malaisie, en Algérie, au Qatar, au Brésil et même dans l’Arctique !

Selon les calculs de Fossil Free Indexes, Engie détient des réserves de pétrole et de gaz qui, si elles étaient extraites, entraîneraient l’émission de 155 millions de tonnes de carbone supplémentaires dans l’atmosphère, ce qui en fait l’une des 100 premières entreprises mondiales en termes de réserves prouvées de pétrole et de gaz.

7. Les énergies « vertes » dont se prévaut Engie sont souvent problématiques.

Au titre de son engagement dans les énergies renouvelables, Engie cite ses investissements dans les grands barrages et la biomasse. Or les grands barrages sont très contestés en raison de leurs impacts sociaux et environnementaux. Leurs bénéfices pour le climat sont également à relativiser dans la mesure où les grands barrages en zone tropicale entraînent des émissions de méthane, du fait de la décomposition de la végétation dans l’eau. Le barrage de Jirau construit par Engie en Amazonie brésilienne en constitue un exemple particulièrement saisissant puisqu’il a été associé – pour ne parler que des conséquences à court terme, seules connues à ce jour – à des déplacements forcés de tribus indigènes non contactées, à une augmentation de la criminalité et de la déforestation dans la région, à la disparition des poissons pêchés traditionnellement dans la région, à des inondations désastreuses en 2014, à des cas de travail esclave et à deux grandes émeutes ouvrières sur son chantier.

Quant à la biomasse – le bois -, elle est de plus en plus brûlée (comme les déchets) dans les centrales électriques européennes en complément du charbon, ce qui permet de justifier la prolongation de leur existence. Comme la classification de la biomasse comme énergie verte par l’Union européenne ne s’accompagne pas des garde-fous nécessaires, la demande croissante de biomasse du vieux continent commence à faire sentir ses effets négatifs sur les forêts européennes, mais aussi nord-américaines.

8. Les activités d’Engie dans l’éolien et le solaire proviennent du rachat d’entreprises plus petites plutôt que de développements propres.

Engie détient des actifs dans le solaire et dans l’éolien, mais il s’agit d’acquisitions récentes d’entreprises plus petites. Engie a ainsi acquis opportunément en juillet dernier l’entreprise Solairedirect, ce qui lui a permis de se poser immédiatement en leader français du solaire, et d’inaugurer en grande pompe un parc solaire en septembre en Corrèze en présence de François Hollande.

Il y a quelques années, Engie avait acquis similairement la Compagnie du Vent pour répondre aux appels d’offres français dans le domaine de l’éolien offshore. Une opération qui a fini par occasionner un conflit judiciaire entre Engie et le fondateur et ancien président de la Compagnie du Vent, lequel a remporté deux de ses procès contre le géant de l ’énergie. Une enquête pour corruption a également été ouverte dans ce cadre.

9/ La filiale d’ « efficacité énergétique » d’Engie, Cofely, fait en réalité beaucoup d’autres choses.

Les dirigeants d’Engie évoquent volontiers les activités de leur filiale Cofely dans les « services énergétiques », qui consistent à conseiller des collectivités locales ou d’autres organisations publiques et privées pour les aider à mieux gérer leur utilisation
d’énergie, afin de réduire à la fois leurs factures et leurs émissions de gaz à
effet de serre. Mais peut-on vraiment à la fois vendre de l’énergie d’un côté et se voir confier de l’autre l’essentiel de l’effort de réduction de nos consommations énergétiques ? Une enquête de Mediapart a mis en lumière plusieurs exemples où Cofely avait joué un rôle ambigu, contribuant à réduire les objectifs d’économies d’énergie initialement requis par les collectivités. Il y a quelques mois, la presse évoquait un litige opposant une petite ville de l’Essonne à Engie, qui lui réclamait plusieurs milliers d’euros pour n’avoir pas suffisamment consommé de gaz...

Par ailleurs, Cofely a bien d’autres activités sur lesquelles Engie s’étend peu et qui n’ont rien à voir avec l’efficacité énergétique, comme les caméras de vidéosurveillance, la protection incendie, la gestion d’équipements et les services collectifs, ou encore l’éclairage public.

10/ Le modèle financier d’Engie a-t-il changé ?

Ces trois dernières années, Engie a distribué dix milliards d’euros de dividendes, soit deux fois plus que ses profits sur la même période. Ce chiffre en dit long sur la réalité de l’entreprise, qui reste un conglomérat d’entreprises privatisées (dont Gaz de France ou l’opérateur belge Electrabel) et qui paraît – au contraire sans doute d’EDF ou de Total – gouvernée par une logique plus financière qu’industrielle. Qu’il s’agisse de la reprise des anciens services publics français et belge ou désormais de projets d’énergies renouvelables abondamment soutenus par les pouvoirs publics, comme les grands projets d’éolien offshore, la stratégie d’Engie repose-t-elle sur autre chose que l’accaparement de « rentes » énergétiques, abondées en dernière instance par les pouvoirs publics, les citoyens et les usagers ?

Les votes pour le prix Pinocchio du climat sont ouverts jusqu’au 2 décembre.

- Sauf mention contraire, toutes les informations de cet article sont issues du « contre-rapport annuel » de l’Observatoire des multinationales sur Engie

[1] Voir ici.
[2] Voir aussi ici.

(!) Info minute – Revue de Presse

Sans surprise, le lobby pro gaz de schiste ne désarme pas. Et puisque le Président de la République à annoncé, « moi Président il n’y aura pas d’exploitation de la gaz de schiste », les industriels font pression pour que soit lancé malgré tout un grand inventaire des « ressources » en hydrocarbures non conventionnels. Un « observatoire » verra le jour sous peu avec un l’objectif clair de convaincre les décideurs et de travailler activement à l’acceptation sociale de la recherche et de l’exploitation des gaz et pétroles de schiste en France. Enfin dans cet article, ne pas manquer l’émission demain mardi 14 octobre 2014 sur France 5.

« Observatoire » ou « centre d’information et de documentation » sur le gaz de schiste

Les industriels n’étaient pas loin de tenir le stylo lors de l’attribution des permis d’exploration de gaz de schiste en 2010. Puis en 2011, ils avaient permis aux parlementaires de retoquer la proposition de loi initiale d’interdiction de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnel pour en faire une imparfaite loi d’interdiction de la fracturation hydraulique. Et depuis, ils attaquent à tout va les décisions concernant les abrogations de permis et rejets de demandes ou mutations. A présent comme le précise le Journal du Dimanche, ils s’attèlent à la création d’un « observatoire » ou « centre d’information et de documentation » sur le gaz de schiste. « L’objectif serait de collecter un maximum de « données et d’informations vérifiées et crédibles », car explique l’un des leaders de ce projet « on entend tout et n’importe quoi sur le sujet« , . « Encore secret – car pas finalisé -, cet observatoire devrait voir le jour à la fin de l’année 2014 ou au début de l’année 2015 pour continuer à peser dans le débat. Il regroupera des industriels, des économistes, des sociologues et des scientifiques pour traiter des questions sur l’exploration, l’exploitation, la technique de fracturation hydraulique« . Devraient être membres de ce « centre d’information », Total, GDF Suez, Imerys ou encore Vallourec.

Que les industriels fassent du lobbying, ça n’est pas nouveau. Que l' »information » diffusée auprès des décideurs et du public soit incomplète, tendancieuse voire truffée de mensonges, ça n’est pas nouveau non plus.  Que leur discours soient repris comptant par une partie de la classe politique et certains élus en particulier, c’est de l’irresponsabilité et un danger pour la démocratie. C’est également en l’espèce un danger immédiat pour la santé et l’environnement. Brandir le mensonge de la croissance et de la création de dizaines de milliers d’emplois (lire iciici, et ) qui pourraient être générés par le développement de l’exploitation des gaz de schiste, c’est particulièrement cynique dans un contexte de baisse générale de l’activité, d’augmentation du chômage et de la pauvreté.

Faire « l’inventaire des hydrocarbures en France »,  c’est donner de multiples permis de forage. Donner des permis de forage c’est octroyer une autorisation de quinze ans pendant laquelle, la loi peut être révisée. C’est permettre de convertir aisément des permis de recherche en permis d’exploitation. Le code minier qui le permet est particulièrement souple.
« Gaz de schiste, les lobbies contre-attaquent » à ne pas manquer le reportage de France 5, le mardi 14 octobre à 20h40

France 5 TV schiste -Et puisque nous parlons de ce lobby, ne manquez pas la diffusion du reportage « Gaz de schiste, les lobbies contre-attaquent » sur la chaine française France 5 TV ce mardi 14 Octobre 2014 à 20h40. Ce reportage sera suivi d’un débat. Voilà quelques éléments de présentation produits par Télérama. « Depuis des années, les lobbyistes, hommes de main des industriels, jouent dans l’ombre des parties qui sacrifient la santé publique aux intérêts financiers. Vache folle, sang contaminé, amiante : dans ces scandales sanitaires retentissants, ils ont manipulé l’opinion et les politiques en toute impunité. Aujourd’hui, leur nouveau terrain de jeu, c’est les gaz de schiste, dont la France a interdit l’exploitation en 2011. Depuis, les lobbyistes du secteur n’ont qu’un objectif : convaincre les politiques de faire marche arrière. Pour cela, ils noyautent les organes du pouvoir, s’appuient sur des hauts fonctionnaires, s’entourent de scientifiques complaisants, fournissent des études partisanes et bernent les médias. La critique TV de télérama du 11/10/2014: Ne vous laissez pas décourager par l’emballage dramatisant de cette bonne enquête, mise en scène façon thriller paranoïaque. Michel Tedoldi y décortique la montée en charge des lobbies ­industriels sur l’exploitation du gaz de schiste, interdite en France en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. En 2012, Delphine Batho, alors ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, obtient que l’interdiction soit étendue à l’exploration des ressources potentielles, et fait confirmer par François Hollande le rejet des permis de forage accordés à cet effet. C’est sur ce point, celui de la recherche, que les pro-gaz de schiste s’appuient pour faire pression sur les politiques. Ils finissent par obtenir l’éviction de la ministre ­gênante, et gagnent la faveur de certains de ses collègues — Arnaud Montebourg, puis Laurent Fabius.. la suite sur télérama.fr.

Lire également l’interview de Delphine Batho ex Ministre de l’Écologie du gouvernement Ayrault.

Demandez aux habitants de Rhône-Alpes, de PACA, d’Ile-de-France, s’ils veulent des forages à côté de chez eux, la réponse est non !
La loi: La France a porté un message universel, en affirmant qu’il n’y a pas que le profit à court terme, qu’il faut prendre en compte la nature, l’eau, le climat… ­Depuis, il y a eu des mobilisations ­citoyennes en Roumanie, en Pologne, et l’Allemagne, qui était censée se ­lancer dans le gaz de schiste, a repoussé la décision à 2021. Le combat est inégal, la pression des multinationales ­augmente, et c’est pour cela qu’elles concentrent leur attention sur la France.

Cyber action en cours (15 avril 2013)                                                               (!) Info minute revue de presse

« Un développement sûr et durable de l’exploitation des gaz de schiste, c’est faisable… » !!!

greenwash-C’est du moins ce qu’affirme le Centre pour le développement durable des schistes  (« Center for sustainable shale development »)  qui vient d’être créé en Pennsylvanie. Une officine des pétroliers ? Non, pas tout à fait… « une collaboration sans précédente » (c’est eux qui l’écrivent)[1] entre des fondations philanthropiques (dont la Fondation Heinz, dont le nom est connu des amateurs de ketchup), des associations de protection de la nature et, quand même, Shell, Chevron, et  deux « petits » producteurs EQT Corporation et Consol Energy (avec respectivement 4 000 et 14 900 puits de gaz, tout de même !). Le but de cet attelage pour le moins inattendu : définir des normes pour l’exploitation des gaz de schiste « pour protéger la qualité de l’air, les ressources en eau et le climat » : tiens donc ! Ce n’était pas le cas jusqu’à présent ? La lecture de ces normes[2], par ailleurs assez peu contraignantes, permet de mesurer la piètre qualité de la réalisation et de l’exploitation actuelle des puits…

Une alliance des industriels avec certaines ONG contre (la) nature

Le principe même de ce dialogue direct, sans passer par l’État, a de quoi enchanter les tenants de l’ultralibéralisme… mais que vaudra pour ces sociétés un engagement que personne ne pourra les contraindre à respecter ? Et en quoi un tel engagement est-il réellement protecteur de l’environnement, puisque rien dans les normes proposées ne permet d’empêcher ou même de limiter la fracturation hydraulique. Le seul résultat sera de donner à peu de frais un « petit coup de vert » à ces pétroliers.

greenwashing-On peut se demander pourquoi des associations de protection de la nature se livrent à ce petit jeu. Et on peut trouver des éléments de réponse en s’apercevant, par exemple, qu’un des directeurs du Clean Air Task Force (une de ces associations) est en même temps consultant pour des sociétés gazières…D’autres associations environnementales américaines comme  Sierra Club ou Ohio Citizen Action ont d’ailleurs vivement critiqué la démarche : « La majorité du gaz naturel doit rester dans le sol si nous voulons avoir une chance d’éviter un désastre climatique » a dit Deb Nardone de Sierra Club[3] .

Et rappelons enfin que par nature le développement des gaz de schiste, énergie fossile, ne peut être durable … mais c’est peut-être ce que certains n’ont pas encore compris !

JC