Articles Tagués ‘acceptation sociale’

(!) Info minute – Revue de Presse

Sans surprise, le lobby pro gaz de schiste ne désarme pas. Et puisque le Président de la République à annoncé, « moi Président il n’y aura pas d’exploitation de la gaz de schiste », les industriels font pression pour que soit lancé malgré tout un grand inventaire des « ressources » en hydrocarbures non conventionnels. Un « observatoire » verra le jour sous peu avec un l’objectif clair de convaincre les décideurs et de travailler activement à l’acceptation sociale de la recherche et de l’exploitation des gaz et pétroles de schiste en France. Enfin dans cet article, ne pas manquer l’émission demain mardi 14 octobre 2014 sur France 5.

« Observatoire » ou « centre d’information et de documentation » sur le gaz de schiste

Les industriels n’étaient pas loin de tenir le stylo lors de l’attribution des permis d’exploration de gaz de schiste en 2010. Puis en 2011, ils avaient permis aux parlementaires de retoquer la proposition de loi initiale d’interdiction de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnel pour en faire une imparfaite loi d’interdiction de la fracturation hydraulique. Et depuis, ils attaquent à tout va les décisions concernant les abrogations de permis et rejets de demandes ou mutations. A présent comme le précise le Journal du Dimanche, ils s’attèlent à la création d’un « observatoire » ou « centre d’information et de documentation » sur le gaz de schiste. « L’objectif serait de collecter un maximum de « données et d’informations vérifiées et crédibles », car explique l’un des leaders de ce projet « on entend tout et n’importe quoi sur le sujet« , . « Encore secret – car pas finalisé -, cet observatoire devrait voir le jour à la fin de l’année 2014 ou au début de l’année 2015 pour continuer à peser dans le débat. Il regroupera des industriels, des économistes, des sociologues et des scientifiques pour traiter des questions sur l’exploration, l’exploitation, la technique de fracturation hydraulique« . Devraient être membres de ce « centre d’information », Total, GDF Suez, Imerys ou encore Vallourec.

Que les industriels fassent du lobbying, ça n’est pas nouveau. Que l' »information » diffusée auprès des décideurs et du public soit incomplète, tendancieuse voire truffée de mensonges, ça n’est pas nouveau non plus.  Que leur discours soient repris comptant par une partie de la classe politique et certains élus en particulier, c’est de l’irresponsabilité et un danger pour la démocratie. C’est également en l’espèce un danger immédiat pour la santé et l’environnement. Brandir le mensonge de la croissance et de la création de dizaines de milliers d’emplois (lire iciici, et ) qui pourraient être générés par le développement de l’exploitation des gaz de schiste, c’est particulièrement cynique dans un contexte de baisse générale de l’activité, d’augmentation du chômage et de la pauvreté.

Faire « l’inventaire des hydrocarbures en France »,  c’est donner de multiples permis de forage. Donner des permis de forage c’est octroyer une autorisation de quinze ans pendant laquelle, la loi peut être révisée. C’est permettre de convertir aisément des permis de recherche en permis d’exploitation. Le code minier qui le permet est particulièrement souple.
« Gaz de schiste, les lobbies contre-attaquent » à ne pas manquer le reportage de France 5, le mardi 14 octobre à 20h40

France 5 TV schiste -Et puisque nous parlons de ce lobby, ne manquez pas la diffusion du reportage « Gaz de schiste, les lobbies contre-attaquent » sur la chaine française France 5 TV ce mardi 14 Octobre 2014 à 20h40. Ce reportage sera suivi d’un débat. Voilà quelques éléments de présentation produits par Télérama. « Depuis des années, les lobbyistes, hommes de main des industriels, jouent dans l’ombre des parties qui sacrifient la santé publique aux intérêts financiers. Vache folle, sang contaminé, amiante : dans ces scandales sanitaires retentissants, ils ont manipulé l’opinion et les politiques en toute impunité. Aujourd’hui, leur nouveau terrain de jeu, c’est les gaz de schiste, dont la France a interdit l’exploitation en 2011. Depuis, les lobbyistes du secteur n’ont qu’un objectif : convaincre les politiques de faire marche arrière. Pour cela, ils noyautent les organes du pouvoir, s’appuient sur des hauts fonctionnaires, s’entourent de scientifiques complaisants, fournissent des études partisanes et bernent les médias. La critique TV de télérama du 11/10/2014: Ne vous laissez pas décourager par l’emballage dramatisant de cette bonne enquête, mise en scène façon thriller paranoïaque. Michel Tedoldi y décortique la montée en charge des lobbies ­industriels sur l’exploitation du gaz de schiste, interdite en France en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. En 2012, Delphine Batho, alors ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, obtient que l’interdiction soit étendue à l’exploration des ressources potentielles, et fait confirmer par François Hollande le rejet des permis de forage accordés à cet effet. C’est sur ce point, celui de la recherche, que les pro-gaz de schiste s’appuient pour faire pression sur les politiques. Ils finissent par obtenir l’éviction de la ministre ­gênante, et gagnent la faveur de certains de ses collègues — Arnaud Montebourg, puis Laurent Fabius.. la suite sur télérama.fr.

Lire également l’interview de Delphine Batho ex Ministre de l’Écologie du gouvernement Ayrault.

Demandez aux habitants de Rhône-Alpes, de PACA, d’Ile-de-France, s’ils veulent des forages à côté de chez eux, la réponse est non !
La loi: La France a porté un message universel, en affirmant qu’il n’y a pas que le profit à court terme, qu’il faut prendre en compte la nature, l’eau, le climat… ­Depuis, il y a eu des mobilisations ­citoyennes en Roumanie, en Pologne, et l’Allemagne, qui était censée se ­lancer dans le gaz de schiste, a repoussé la décision à 2021. Le combat est inégal, la pression des multinationales ­augmente, et c’est pour cela qu’elles concentrent leur attention sur la France.

(!) Info minute – Revue de Presse

académie des sciencesL’académie des sciences est un animal bizarre et l’avis qu’elle vient d’émettre au sujet des gaz de schiste est le fruit du travail d’un groupe de 19 personnes parmi lesquelles figurent, tenez-vous bien, une (oui 1) femme soit 5% de l’effectif. Ce groupe indique avoir auditionné des experts. Regardons de plus près :

  • Le 22 novembre 2011, un comité de prospective en énergie est auditionné ; Il comprend 5 personnes dont 1 femme.
  • Une conférence débat se tient le 26 février 2013, avec  5 experts: 5 hommes.
  • Enfin le document de l’académie des sciences formule des remerciements à l’endroit de personnes « pour leurs commentaires, critiques et constructifs, lors du processus de discussion, dont il a été tenu compte dans la rédaction finale et qui ont permis d’améliorer la teneur du présent Avis ». Parmi les 13 personnes citées, figurent exactement 13 hommes.

Faut-il d’autres exemples pour illustrer la grotesque et pitoyable situation française ? Vous est-il arrivé de lire ou écouter les commentaires de l’immense majorité des promoteurs de la recherche et de l’exploitation des gaz de schiste en France ? Cette manière bien particulière de traiter par le mépris les quelques femmes « aux responsabilités » lorsque celles-ci se sont positionnées contre la fracturation hydraulique, contre la recherche et l’exploitation des ressources hydrocarbures extrêmes (roche mère, offshore) ? Que n’a eu à affronter Nathalie Kosciusko-Morizet lorsqu’elle était Ministre au moment du vote de la loi interdisant la fracturation hydraulique ? Que n’ont eu à affronter Nicole Bricq puis Delphine Batho toutes deux dégagées sans ménagement de leurs fonctions de Ministre de l’Écologie et de l’Énergie après avoir pris position contre les intérêts de la seule industrie des hydrocarbures. Quel traitement réservé aux positions argumentées de Corine Lepage?

Faut-il rappeler l’engagement des femmes dans la lutte citoyenne contre la recherche et l’exploitation des gaz et pétrole de schiste en France et dans le monde?

La décision qui sera prise par un exécutif très masculin (Messieurs Hollande, Ayrault, Martin, Montebourg conseillés par un CGEIET où les hommes représentent 83% des membres) sur la mutation des 7 permis de recherche de pétrole de schiste cette semaine sera une indication et un signal fort. Voyons où se situera le courage politique.

Edit 26/11/2013 : Nous vous conseillons également la lecture de « L’Académie des sciences est-elle la marionnette des industriels?« 

Cyber action en cours                                                                                                    (!) Info minute revue de presse

Hydrocarbures non conventionnels : audition par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) ou comment l’alternative à la fracturation hydraulique est … la fracturation hydraulique.

OPECST...Dire qu’il a fallu rassembler 15 députés, autant de sénateurs, le gratin de l’industrie pétrolière française (plus quelques acteurs internationaux) et un « comité scientifique » inféodé à l’Institut Français du Pétrole, pour en arriver  à la conclusion suivante : il n’y a pas aujourd’hui d’alternative à la fracturation hydraulique !

Conclusion ? Va-t-on renoncer aux gaz de schiste ? Non, bien entendu !

On va nous raconter que maintenant on sait les extraire avec beaucoup moins d’eau, de la graine de haricot, du jus de citron et du liquide vaisselle (mais biodégradable !), et que ça s’appelle « fissuration hydraulique» …et le tour est joué.

manipulation ...Et comme on ne veut pas mourir idiots, on va lancer un grand programme de « recherche scientifique » pour savoir de quoi on se prive par « obscurantisme ». Et ce programme nécessitera une centaine de puits, selon Christian Besson de l’Agence Internationale de l’Energie. Et ces puits seront bien entendu « fissurés » voire « massés » comme l’affirmait sans rire le PDG de GDF Suez.

Certes, ils ne l’ont pas dit aussi clairement, mais nous pourrions écrire dès à présent les conclusions du rapport de l’OPECST prévu pour le mois d’octobre : le « regard d’envie » que le député (PS) Bataille a avoué porter sur les américains en raison du « saut économique  que permet le gaz de schiste » ne laisse pas de place au doute. « Drill baby drill ! » est leur nouveau slogan, drill mais en maillot rayé.

Par contre, pour ce qui est de « l’acceptabilité sociale » souhaitée par Bruno Courme, directeur de Total Gas Shale Europe, ils peuvent toujours rêver… ils trouveront du monde sur leur chemin !

Mais à propos, que s’est-il dit pendant cette fameuse réunion? A lire ici

JC

 

Cette semaine en Rhône-Alpes: Agenda ici                                                                            (!) Info minute
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J.C. 21.11.2012

Décidément, l’interdiction de la fracturation hydraulique en France, et la pénurie d’eau aux USA, stimulent tous les « Géotrouvetout » d’ici et d’ailleurs ! Et ils focalisent sur l’aspect « hydraulique », sans doute pour nous faire oublier que l’aspect « fracturation » est dangereux en lui-même. Car même en débordant d’imagination, on ne voit pas du tout comment on pourrait extraire le gaz sans détruire la roche, physiquement ou chimiquement. Et cette destruction présente des risques sismiques et de pollution (ne serait-ce que par migration des gaz le long des failles présentes naturellement), quel que soit le procédé de fragmentation de la roche. Alors on nous amuse en prétendant minimiser les impacts sur l’eau.

Les requins nettoient en eau trouble

Il y a les requins du traitement de l’eau, toujours à l’affut, et qui nous proposent de retraiter l’eau que les foreurs auront polluée pour, selon Veolia, « créer une source durable d’eau et d’énergie pour les générations futures ». Rien que ça ! En réalité il s’agit de faire transiter la fraction des eaux de fracturation pompée en surface au travers d’une batterie de toutes les technologies actuelles de traitement (ultrafiltration sur céramique, échange d’ion, osmose inverse) ; On espère ainsi enlever un maximum des polluants qu’on y aura introduit. La publicité du procédé OPUS ® II[1] ne parle pas des éléments volatils ou radioactifs, mais Veolia se propose de venir sur votre champ gazier pour faire des essais, et ils vous rajouteront sans problème quelques traitements supplémentaires du genre tour de lavage acide/base ou colonne d’adsorption pour compléter la panoplie… Pour « créer » quoi ? Un effluent industriel, de toute façon de moins bonne qualité que l’eau prélevée à l’origine, et en quantité bien moindre puisque près de la moitié de l’eau injectée reste dans le sous-sol. Et puis surtout des boues de traitement concentrant tous les polluants extraits, et dont on ne saura que faire. Elles vont être gâtées « les générations futures » !

Les chimistes et la chimère de l’hélium

Il y a aussi les chimistes qui disent « remplaçons l’eau par autre chose ». Par exemple un gaz liquéfié ! Le canadien Gasfrac expérimente une technique de fracturation au gel de propane : et pourquoi pas du gaz de schiste liquéfié pour extraire le gaz de schiste ? On pourrait fonctionner en circuit fermé sans rien produire! La solution la plus avancée serait celle de l’américain Chimera Energy Corporation (ça ne s’invente pas comme nom) qui a inventé la fracturation pneumatique : Le procédé consisterait à injecter de l’hélium liquéfié dans la roche cible ; grâce à la chaleur du sous- sol celui-ci repasserait en phase gazeuse en augmentant son volume de 700 fois et crac boum hue la roche est fracturée. Mais l’hélium terrestre est une ressource non renouvelable (on l’extrait… du gaz naturel !) en voie d’épuisement selon Robert Richardson, Prix Nobel de Physique. Et avant d’injecter ces gaz, on mettra quoi dans les boues de forage ? Et après, pour permettre au gaz de schiste de remonter, on n’aura plus besoin des additifs indispensables quand la fracturation était faite avec de l’eau ?

Alors pourquoi tant de bruit ?

Alors tout ce bruit pourquoi ? Pour permettre au Gouvernement de faire machine arrière, en cédant aux pressions des industriels, sans perdre la face. Et pour tromper les citoyens en essayant de leur faire croire qu’il peut y avoir une exploitation non polluante des gaz de schiste. La machine à décerveler est en marche et selon les bons conseils prodigués  l’été dernier par (des étudiants de) l’Ecole de Guerre Économique (si, ça existe en France !) dans une « étude fictive » intitulée « L’intérêt du gaz de schiste pour la France » : celle-ci explique comment nous imposer les gaz de schiste en nous faisant croire que nous le décidons volontairement. Plus que jamais nous devons rester fermes : la seule solution, c’est la transition énergétique. Il n’y aura pas de solution propre pour les gaz de schiste : «  on ne peut pas récupérer la confiture sans casser la gaufrette[2] ».


[1] OPUS ® II http://www.vwsoilandgas.com/en/
[2] Cécile Duflot, Ministre de l’égalité des territoires et du logement, Metz le 16 novembre 2011

22.11.2012: Lire aussi cette désintox au sujet du miracle de la surabondance pétrolière aux USA.