Sauvegarde du principe de précaution j’écris à mon député (!) Info minute – Revue de Presse
C’est ce que révèle la chaine de TV américaine News 8 dans un reportage diffusé le 5 Juin 2014.
Depuis deux ans, la chaine de télévision américaine News 8 a diffusé des reportages au sujet de l’eau qui s’enflammait, une eau puisée dans des puits du county de Parker. Une eau qui s’enflamme à cause de dangereux niveaux de méthane.
Alors que les producteurs de gaz de schiste du gisement de Barnett (un des plus grands gisement de gaz de schiste des États-Unis) nient tout lien de causalité entre cette pollution et leurs activités, deux scientifiques les contestent et affirment que les tests publiés par l’autorité locale de réglementation fournissent des preuves concrètes liant la fracturation hydraulique à la contamination des eaux souterraines. Ce qui suit est un résumé en français de ce reportage.
Steve Lipsky habitant du comté de Parker a commencé à remarquer ça en 2010. L’eau de son puits était de plus en plus polluée par le méthane. Tant et si bien que dès qu’il ventilait son puits celui-ci produisait des jets de gaz. Il peut en faire la démonstration en enflammant l’évent de son puits. Aujourd’hui la contamination est telle que même l’eau de son puits s’enflamme.
L’été dernier, M. Lipsky a porté plainte auprès de l’autorité en charge du pétrole et du gaz de l’État du Texas. Des agents sont sortis et ont effectué des tests ; pas seulement pour mesurer la quantité de gaz dans son puits, mais pour déterminer précisément d’où provenait ce gaz. Ces tests ont été effectués et la semaine dernière, l’autorité d’État a publié ses conclusions officielles. (Rapport en anglais disponible ici)
Le rapport indique que les niveaux de concentration de méthane dans l’eau de monsieur Lipsky sont relativement élevés. Il dit également que la composition chimique de méthane ne permet pas de conclure à une source spécifique du gaz qui s’échappe du puits.
Plus précisément, les tests effectués par l’État révèlent que l’eau de monsieur Lipsky contenait 8,6 milligrammes par litre de méthane, un peu en dessous de la limite de 10 tolérée par gouvernement fédéral. Mais les tests effectués récemment par Zac Hildebrand, scientifique de l’Université du Texas à Arlington, indiquaient 83 milligrammes par litre. Le scientifique indique que c’est le plus haut niveau de contamination au méthane qu’il n’ait jamais vu. Et d’ajouter : « Ce que nous pouvons dire maintenant, c’est que c’est dangereux, c’est un niveau dangereux« .
Dans un e-mail adressé à News 8 le 8 Février dernier, la porte-parole de la Commission de régulation de l’État Stacie Fowler indiquait « la Commission est consciente des niveaux de concentration de méthane élevés. » Elle ajoutait que l’échantillonnage et le résultat des tests se concentraient sur la source du méthane et non sur la concentration du gaz.
Pour monsieur Lipsky, la Commission savait que ses tests de concentration étaient inexacts. « Pour une raison quelconque, ils ne veulent pas reconnaître les niveaux les niveaux de concentration de gaz chez moi « .
Pourtant, un examen des données fournies par les tests montre que la signature chimique – (analyse isotopique) – du gaz du gisement de Barnett Shale est 46.52. La mesure de la signature chimique du gaz dans le puits de Lipsky est elle de 46.63, une équivalence pratiquement identique.
« Le méthane et le nombre d’éthanes dans le gaz issu de la production des puits de Butler et Teal sont pratiquement exactement les mêmes que dans l’eau du puits de monsieur Lipsky, a déclaré Geoffrey Thyne scientifique du Wyoming expert en sciences de la terre, qui a examiné les données pour News 8. Ceci me dit que le gaz est le même, et que le gaz dans l’eau du puits de Lipsky vient bien du gisement de Barnett « .
News 8 a également demandé son avis à Bryce Payne scientifique de Pennsylvanie, spécialiste du sous-sol. Il a examiné les données et il conclue également que le gaz trouvé dans l’eau de monsieur Lipsky est clairement le résultat des opérations de fracturation hydraulique. « Le gaz du puits référencé comme le puits N°8 (celui de Lipsky) provient vient du gisement de Barnett, et il vient pratiquement directement de Barnett« , conclue Payne.
Quoi de plus : Thyne et Payne estiment tous les deux que ces résultats de tests pourraient constituer la première preuve aux États-Unis du lien existant en la fracturation hydraulique et contamination de l’aquifère. Et Thyne de déclarer « Et ce que nous avons ici semble bien être le premier exemple que ce qui se passe en réalité« .
Le rapport de la Commission, lui, laisse ouverte la possibilité que la contamination puisse «être attribuée à … la migration naturelle de la formation de gaz » situé juste en dessous de l’aquifère.
Lorsque nous leur avons demandé de nous expliquer les écarts d’interprétation, les fonctionnaires de l’État se sont rétractés, et nous ont communiqué la déclaration suivante ; « Les responsables de la Commission appuient les conclusions émises dans le rapport du 23 mai. Nous sommes conscients des autres études en cours dans la région, et nous nous félicitons la possibilité d’examiner tous les rapports futurs« .
De son côté M. Lipsky affirme qu’il ne compte plus sur l’autorité réglementaire de l’État pour le protéger. Selon lui cette nouvelle preuve est lumineuse et sans ambigüité éclairante. Les habitants qui vivent dans la région du gisement de Barnett doivent agir maintenant pour protéger leur eau.
Et M. Lipsky de conclure « A moins que les gens ne se bougent pour aller voter et faire quelquechose, qui les empêchera de continuer à faire ce qu’ils font?«
Accéder au reportage de la chaine de TV américaine News 8 diffusé le 5 Juin 2014.
Bravo pour la lettre aux députés !
C’est aussi un cas de déni double, puisqu’il concerne non seulement les services de l’état (et les extractivistes) qui ont tout à gagner à nier les faits, mais encore les premiers concernés, qui attendent d’avoir ce type de problèmes avant de réagir. Par chez nous, on a même un faux écolo, qui répète que tant qu’il n’y a pas de pollution, il n’y a pas besoin de protester ! Voulant dire, attendons que l’irréparable soit commis, pour commencer alors à protester, pour nous lamenter et tenter de réparer … l’irréparable. Une fuite en avant sans fin, que le professeur Howarth de l’université Cornell résume dans cette phrase « le gaz naturel, un pont vers nulle part » pour contrer l’argument du gaz qui serait « nécessaire » en phase de transition. Vers où ? Ne pas poser la question aux productivistes, surtout s’ils ont investi leurs billes de spéculation là-dedans …