(!) Info minute – Revue de Presse

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Il est important de savoir que l’exploitation du tight gas (gaz de réservoir compact) requiert de nombreux forages verticaux ; à partir de chacun des puits verticaux forés, des puits horizontaux sont alors forés en étoiles. Voilà la définition qu’en donne le site Manicore: « Le « tight gas » est assez proche d’un gaz conventionnel (il s’agit en particulier d’un gaz qui a bien effectué sa migration secondaire), la seule différence étant que la roche qui le contient est très peu perméable (les pores sont très petits, et surtout il y a eu une cimentation du réservoir sous l’effet d’actions géologiques qui a supprimé la communication entre pores ou l’a rendue très difficile). Du coup la production est limitée physiquement, et il faut parfois faire des puits assez rapprochés parce que justement la circulation interne au réservoir est très mauvaise« .
Lors de son premier forage, M. Petitpierre de Petrosvibri a annoncé dans la presse que 8 puits horizontaux avaient ainsi été forés à partir du puits vertical. Un incident sérieux s’était produit lors de ce forage, nécessitant l’usage de charges explosives pour dégager le train de tiges, bloqué par un effondrement. Chacun de ces puits sera fracturé avec la technique de la fracturation hydraulique afin de produire du gaz, ou une stimulation chimique nécessitant moins d’eau et moins de pression mais plus de produit chimiques toxiques.
En lire un peu plus sur les projets de Petrosvibri dans cet article, celui là ainsi que l’excellent dossier élaboré par Françoise Lienhard en 2012.
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C’est le media suisse arcinfo.ch qui rapporte cette information, la société Celtique Energie Neuchâtel SA fondée en 2010, a été liquidée fin mai. Elle voulait forer au Val-de-Travers pour y trouver du gaz. Un projet avorté suite à un moratoire de 10 ans voté par le Grand Conseil en mai 2014. Une vérification en France confirme que Celtique ferme également sa société Celtique Jura. En revanche au 3 Juin 2015, la société Celtique Rhône-Alpes ex-titulaire du permis des Moussières existe toujours.
Celtique au Val-de-Travers, c’est vraiment fini: la société fondée à Neuchâtel il y a cinq ans a été dissoute et liquidée à fin mai par décision de son assemblée générale, selon le registre suisse du commerce. Le site internet qui détaillait le projet de forage à Noiraigue a par ailleurs été désactivé tout comme celui qui faisait la promotion du projet des Moussières en France.
Les projets de Celtique sont compromis de l’autre côté de la frontière suisse dans le Jura et le Haut-Bugey (Ain) où la demande de renouvellement du permis des Moussières a été rejetée par l’État après trois ans de lutte citoyenne (voir info ici).
Celtique Jura est liquidée. Au 3 Juin 2015, Celtique Rhône-Alpes ex-titulaire du permis des Moussières existe toujours.
Toutefois, dans la partie occidentale de la France, la société est titulaire d’un permis de recherche d’hydrocarbures (le permis de Claraq) sur lequel un premier forage a été autorisé et effectué en 2014 dans le Béarn sur la Commune de Fichous-Riumayou. Elle a part ailleurs fait une demande pour un autre permis celui de Séméacq (voir page 6 de ce bulletin et lire aussi).
En Suisse, Celtique Energie, groupe d’origine britannique, avait fait part à l’été 2013 de sa volonté d’effectuer un forage exploratoire à Noiraigue. Il estimait que le sous-sol du Val-de-Travers contient une quantité de gaz gigantesque, représentant sept ans de consommation en Suisse. Les représentants de Celtique en Suisse avaient effectué un gros travail de lobbying pour convaincre le monde politique de l’intérêt de son projet, faisant miroiter des retombées économiques importante pour le Vallon. Un collectif citoyen du Val-de-Travers , inquiet pour l’approvisionnement en eau de tout le canton, avait lancé une pétition et récolté rapidement plus de 10’000 signatures. Le groupe britannique était en fait soupçonné de recherche de gaz de schiste, pour laquelle des forages par fracturation hydraulique (fracking) sont nécessaires. Le Grand Conseil avait alors voté, en mai 2014, un moratoire de dix ans sur les forages d’hydrocarbures.
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La société Celtique a publié ce jour un encart dans la presse locale. Regard sur les mensonges d’une société prête à tout (quitte à monter les habitants les uns contre les autres) pour réaliser des projets de recherches hydrocarbures dans une zone fragile.
♦ Le discours de Celtique ⇓ LA RÉALITÉ : La société dispose d’un permis de recherche pour lequel elle a fait une demande de renouvellement. On notera que la société n’a pas rempli les engagements financiers de la première période et que lors de l’examen de la demande de renouvellement, l’administration régionale (DREAL) et le Préfet de l’Ain ont chacun formulé un avis défavorable. L’administration centrale va-t-elle déjuger ses propres services techniques ?
♦ Le discours de Celtique ⇓
LA RÉALITÉ : La société recherche dans un premier temps du pétrole (celui mis en évidence par les recherches menées par Esso dans les années 1980). Pour extraire ce pétrole du gisement de la Chandelière Nord, une stimulation par injection massive d’eau est nécessaire, il s’agit donc d’une exploitation « non conventionnelle ». Par ailleurs, un permis de recherche d’hydrocarbure n’est pas spécifique et permet de rechercher à différentes profondeurs. Selon les documents internes de la compagnie auxquels ont eu accès le journal Suisse (Le Courrier) ainsi que Public Sénat qui les a évoqués dans son émission du 11 septembre 2014, cette société dont le siège est au Royaume uni est intéressée par les hydrocarbures de shale dans le massif du Jura en France comme en Suisse.
♦ Le discours de Celtique ⇓
LA RÉALITÉ : La société Celtique ne peut prédire quelles sont les éventuelles réserves exploitables. Les estimations financières varient au grès des communications de la société depuis des années. Par ailleurs, les barèmes établis par l’État sont susceptibles de changement.
♦ Le discours de Celtique ⇓
LA RÉALITÉ : La société Celtique fait miroiter des jobs de très courte durée (9 mois !!) dont la majorité seraient des prestations confiées à des sous-traitants. La vraie création d’emplois pour les habitants du plateau n’existera pas. Par contre, le risque de destruction d’activités existantes (agriculture, tourisme) est majeur en cas de pollution.
♦ Le discours de Celtique ⇓
LA RÉALITÉ : La société Celtique ne peut offrir absolument aucune garantie. Les risques de pollution sont réels (et se sont produits par le passé) dans un réseau hydrographique karstique particulièrement complexe dont les spécialistes s’accordent à dire qu’ils n’en ont identifié qu’un très faible pourcentage. Le forage en grande profondeur en zone karstique est une pure folie selon les pétroliers américains.
♦ Le discours de Celtique ⇓
LA RÉALITÉ : La société Celtique fait référence à un projet dans lequel elle n’est pas impliquée. A ce jour, la production de pétrole française se fait de manière conventionnelle dans des gisements conventionnels. Ça ne serait pas le cas du permis des Moussières qui s’attaquerait à un terrain particulièrement vulnérable.
♦ Le discours de Celtique ⇓
LA RÉALITÉ : La société Celtique n’a à son actif en France qu’un seul forage pétrolier récemment sous-traité à une entreprise spécialisée et elle s’est vue refuser le 11 septembre 2014 une demande de permis au Royaume Unis (Fernhurst West Sussex) puisqu’elle n’offrait pas les garanties suffisantes. En Suisse, les demandes de permis faites par Celtique rencontrent également un avis peu favorable de la part des élus. Certains projets de recherche de gaz de schiste ont déjà été rejetés.
Les collectifs citoyens de Rhône-Alpes et du Jura opposés à ces projets de recherche d’hydrocarbures demandent instamment au gouvernement de suivre l’avis des services préfectoraux et de rejeter la demande de renouvellement du permis des Moussières.
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Le gros carottage pour prélever des échantillons de roche dans le sous-sol c’est fini ! Fini aussi la fracturation hydraulique ! La novlangue des pétroliers et autres chercheurs de sources d’énergie fossiles évolue. De nos jours, il est beaucoup plus chic d’évoquer le « slim hole »[1] et la « stimulation ». Ce nouvel usage linguistique fait partie de la batterie des recommandations formulées par les communicants à leur riche clientèle de l’industrie de l’énergie et de l’extraction des hydrocarbures. Plus grave, il permet de tenter un contournement des interdictions. Des compagnies en profitent et tentent de s’implanter pour aller fouiller le sous-sol. Aujourd’hui, les pays de Savoie, de l’Ain et la Suisse.
En France dès 2012, les patrons de TOTAL et de GDF Suez ont commencé à communiquer sur ce ton feutré avec les mots supposés adoucir la perception que se fait le public de la fracturation de la roche provoquée par l’injection sous très haute pression d’un fluide composé d’eau et de produits chimique, la fameuse fracturation hydraulique. Christophe de Margerie, le PDG de Total, dans un entretien au Monde le 11 janvier 2013 s’interrogeait : « Je suis fasciné par la manière dont le terme de « fracturation » a cristallisé les clivages. Aux États-Unis, on parle de massaging de la roche. C’est peut-être une idée ? ». « Le mot fracturation ne suffit pas à décrire toutes les technologies possibles, ajoutait quelques jours plus tard son homologue de GDF-Suez, Gérard Mestrallet, devant la presse. Parler de « stimulation » de la roche, c’est déjà moins violent.[2]«
Du côté de certains ministres et élus, c’est la même chose. Que n’a-t-on entendu Arnaud Montebourg lorsqu’il était ministre parler de « gaz de schiste écologique [3]», faisant échos aux parlementaires MM. Bataille et Lenoir rapporteurs d’une mission de l’OPECST sur les gaz de schiste lesquels répétaient en cœur le discours préparé par certains industriels.
Parmi ces industriels, la compagnie ECorp, détentrice de permis de recherche d’hydrocarbure en France et en Suisse. Elle a tout d’abord murmuré à l’oreille de Montebourg, puis parlé à plus haute voix aux parlementaires français d’une technique magique -mais qui n’avait fait l’objet d’aucune mise en œuvre industrielle et, qui pourrait remplacer la fracturation hydraulique ; Il s’agissait là de la fracturation à l’heptafluoropropane. Et pourtant ailleurs, aux États-Unis, là où l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels a lieu, c’est bien en ayant recours de manière massive au fracking, puisque sans fracturation hydraulique, pas d’exploitation de gaz de schiste, ni de pétrole de schiste, ni de tight-oil. Car si on veut sortir ces hydrocarbures des entrailles de la terre, il faut aller secouer une roche plus ou moins compacte. Afin qu’elle libère le pétrole, le gaz ou l’huile enfouis plus ou moins profondément, la roche doit être percée, fissurée, éclatée. Il faut y injecter des produits chimiques, de l’acide, de l’eau afin que les hydrocarbures remontent en surface.
Des hydrocarbures qui vont émettre de puissants gaz à effet de serre lors de leur exploitation puis de leur combustion et qui auront nécessité de gigantesques quantités d’eau pour être extraits des profondeurs.
Sournoisement, alors que la technique de la fracturation hydraulique a été interdite en France, alors qu’en Suisse certains cantons ont également rejeté des projets d’exploration de gaz non conventionnel, ECorp poursuit son travail de lobbying et son investissement dans des demandes et permis de recherche. Dans les pays de Savoie et de l’Ain, la compagnie est détentrice du permis de Gex -pour lequel elle a récemment fait une demande de prolongation exceptionnelle, et dont elle voudrait étendre le périmètre avec la demande de permis de Gex Sud. Chez nos voisins suisses, c’est dans le Gros-de-Vaud que les habitants ont été informés cet été que PEOS AG -filiale zurichoise du groupe américain ECorp, basé au Texas, (en lire plus ici sur ce partenariat) détenait des permis d’exploration et envisageait des travaux de forage exploratoire[4]. Le Courrier . ch (à lire ici) explique comment le canton de Vaud, qui par ailleurs a introduit un moratoire sur toute recherche de gaz de schiste sur son territoire, pourrait laisser s’installer la compagnie.
Nous le savons, elles ne s’en cachent pas, ces compagnies jouent sur la durée et tentent d’épuiser la résistance des populations par des recours administratifs puis juridiques. Face aux manipulations et aux mensonges, il s’agira de rester éveillés et endurants.
[1] Système d’évaluation pétrophysique faisant appel à des forages de faible diamètre.
[2] http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/01/22/gaz-de-schiste-ne-dites-plus-fracturation-mais-massage-de-la-roche_1820407_3244.html
[3] http://www.lepoint.fr/politique/et-montebourg-inventa-le-gaz-de-schiste-ecologique-11-07-2013-1702922_20.php
[4] Lettre d’information de PEOS AG aux habitants de Dommartin
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Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les cinq premiers articles publiés ici depuis le 13 janvier 2014, voici le sixième épisode.
Nous avons entamé il y déjà quelques jours une descente virtuelle dans le sous-sol de Noiraigue, sur la base des données publiques des promoteurs du forage. Après avoir mis en évidence plusieurs dangers manifestes pour les eaux potables du canton, nous nous sommes arrêtés dans les schistes du Toarcien, à 600 mètres de profondeur. Remettons la foreuse en route, et voyons ce que la section suivante du forage nous réserverait.
L’objectif affiché des promoteurs est d’atteindre les grès poreux et perméables du Buntsandstein, supposés contenir d’éventuels hydrocarbures. Pour y arriver, la foreuse va devoir perforer 1600 mètres supplémentaires de roches. L’outil de forage, appelé trépan, se trouvera alors à environ 2200 mètres sous la surface. Dans sa descente, il traversera tout le Toarcien et le reste du Lias, puis le Trias (voir fig.7). Ce dernier est un empilement rocheux complexe d’environ 1200 mètres d’épaisseur, n’affleurant pas en surface dans notre région. Il est essentiellement constitué de marnes et de roches évaporitiques (dolomies, gypses/anhydrite et sel). Ayant largement contribué à la formation de la chaîne du Jura, la succession ainsi que l’état de déformation de ses couches sont difficilement prévisibles. Qu’à cela ne tienne! La foreuse est en marche.
Le cauchemar des boues de forage
Les boues de forage ont de nombreuses fonctions. Par leur circulation contrôlée (surface à fond du trou à surface), elles ramènent constamment à nos yeux les débris arrachés au massif rocheux par le trépan en profondeur. Les foreurs font évoluer la composition des boues au fur et à mesure des roches traversées. Dans le rapport technique hydrogéologique (RTH) des promoteurs, pour en améliorer la performance au niveau de la section intermédiaire qui nous occupe, les boues se verront complétées, dans un premier temps, par des polymères… Ce sont des additifs chimiques. Il en existe une multitude, dont certains cocktails sont d’ailleurs brevetés et leur composition tenue secrète. Leur innocuité, que ce soit à court ou long terme reste à démontrer en cas de migration –de notre point de vue, absolument inadmissible –dans nos aquifères! Dans un second temps, dès que la tête de forage passera l’épaule dans le Trias, des roches salines seront rencontrées. Les boues utilisées jusqu’à présent devront alors être remplacées par un système saturé en sel, contenant tout autant d’additifs!
Une facture salée?
Petit rappel : le Toarcien n’est toujours pas tubé et il vient de subir un test de fracturation hydraulique. De surcroît, juste au-dessus, la couche inférieure du Dogger (l’Aalénien) est connue comme étant fortement fracturée dans la région de Neuchâtel. Il est plausible qu’elle le soit également à Noiraigue. Autrement dit, Toarcien et Aalénien se comporteront-ils comme des éponges au contact avec les boues?
Vous l’aurez compris : l’infiltration potentielle et insidieuse de boues de forages «polymérisées » et/ou fortement salées dans le Toarcien, se propageant dans l’Aalénien, en direction de l’aquifère du Dogger ne présage rien de bon pour nos eaux souterraines!
Un train de retard…
Admettons qu’aucun accident majeur ne soit survenu jusque-là: ouf! Nous voilà enfin à 2200 mètres sous la surface, dans les grés bigarrés du Buntsandstein! L’ensemble des tiges au bout duquel se trouve le trépan peut être retiré. C’est ce moment-là qu’ont choisi les promoteurs notamment pour contrôler la cimentation du puits… supérieur!
Ce test leur permet de vérifier la qualité effective de l’isolement hydraulique des couches aquifères du Dogger, 1600 mètres plus haut! On croit rêver: il faut attendre que la tête de forage soit arrivée dans le Buntsandstein pour voir se réaliser ce test d’adhérence de la cimentation au tubage au niveau de l’aquifère du Dogger!
Une parfaite cimentation est pourtant indispensable pour éviter, au moins à court terme, une migration ascendante de fluides dans l’espace annulaire entre la roche et le tubage, en direction de nos aquifères. Par fluides, il faut entendre: fluides et boues de forage, hydrocarbures, hydrogène sulfuré, eaux fortement salées d’aquifères plus profonds, etc.
Il eut été nettement plus responsable (mais plus coûteux pour les promoteurs) de prévoir la possibilité de défauts de cimentation au niveau de l’aquifère du Dogger, avec mesures correctives, et ce, avant de poursuivre vers le Buntsandstein! Soit dit en passant, au vu de tous les éléments plaidant en défaveur de ce projet, cela ne le rendrait en rien plus acceptable si les promoteurs revoyaient leur copie…
Revenons à nos moutons
Le temps est venu de placer un tubage en acier sur cette longue section fraîchement forée, en partie dans des roches salifères et sulfatées. Il convient ensuite de cimenter ce tubage sur environ 2200 mètres de longueur, entre le sommet du Buntsandstein et la surface. Cette
opération n’est de loin pas une mince affaire… Bref, si nous mentionnions tous les risques possibles, nous ne nous en sortirions plus! Considérons donc ces opérations comme réalisées sans incident important ou disqualifiant. Sur cette base, nous poursuivrons la prochaine fois pour atteindre, finalement, le fond du trou!
Au plaisir de vous retrouver. Belle semaine à vous.
Les dangers du gaz de schiste dans le Jura [ 1][ 2][ 3][ 4][ 5] [ 6] [ 7][ 8][ 9] [10]
Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les quatre premiers articles publiés ici le 13 janvier 2014, voici le cinquième épisode.
Il y a deux jours, notre foreuse virtuelle s’est arrêtée à 600 mètres de profondeur, dans les roches du Toarcien, juste en dessous des calcaires aquifères du Dogger (voir Fig.7 ici). Avant de poursuivre à plus grande profondeur, prenons le temps d’analyser les opérations prévues à ce niveau.
Après la cimentation du tubage le long des roches à peine forées de l’aquifère du Dogger, les promoteurs du forage d’hydrocarbures à Noiraigue ont planifié un test consistant en une mise en pression conséquente du sous-sol, à la base du tubage, dans les roches du Toarcien.
Comme nous l’avons vu précédemment, le processus physique en jeu est celui, bien connu, de la fracturation hydraulique, avec une montée en pression jusqu’à atteindre la limite de fracturation de la roche. Ce test est certes réalisé à petite échelle, mais reste inquiétant de notre point de vue, car il a lieu juste en dessous d’un aquifère sensible!
Un drôle de jeu
Dans leur rapport (RTH), les promoteurs laissent à penser que ce test est indispensable pour confirmer l’intégrité de la cimentation à la base du tubage. Dans les faits cependant, il leur permettra surtout de connaître la pression limite à laquelle les roches de cette couche se fractureront. Vu le contexte, il eut été responsable à ce stade, avant de poursuivre plus profondément, de réaliser des mesures réellement adaptées –abordées dans un prochain article –pour confirmer une cimentation parfaite, et ce sur toute la longueur de cette section de 600 mètres! Par ailleurs, des produits réactifs seront-ils utilisés pour réaliser ce test de pression, et si oui, lesquels? Le RTH reste muet à ce propos…
Leur objectif réel?
Moins avouable, leur objectif serait-il de mesurer la teneur des roches du Toarcien en hydrocarbures, qu’ils soient conventionnels ou non? Comme révélé dans un article du quotidien Le Courrier daté du 12 juin 2013, le Toarcien est, au même titre que l’Autunien (Permien inférieur), bel et bien considéré comme une roche-cible en matière d’hydrocarbures non-conventionnels, à l’échelle de l’Arc jurassien. Ce test est une occasion rêvée de voir ce que ces roches ont «dans le ventre», avant qu’elles ne disparaissent derrière le tubage prévu pour la section suivante du forage.
De l’eau « gazeuse » à l’odeur d’œuf pourri…
Partons de l’hypothèse que le Toarcien contienne de la matière organique (puisqu’il est paraît-il si prometteur…). Dans ce contexte, il n’est pas exclu que le procédé de fracturation hydraulique que nous venons d’évoquer ne conduise à la libération, non seulement d’hydrocarbures légers, mais aussi d’hydrogène sulfuré, dans les fractures ouvertes par la mise en pression.
L’hydrogène sulfuré (H2S) est un gaz toxique reconnaissable à son odeur caractéristique d’œuf pourri. Il est soluble dans l’eau et absolument indésirable dans les eaux potables. Constituant un risque majeur associé à toute recherche d’hydrocarbures, des quantités non négligeables de ce gaz, mêlées à des hydrocarbures légers, pourraient soudainement se retrouver dans l’aquifère du Dogger. Leur migration verticale semble indéniable, par effet de densité, comme des bulles de gaz carbonique remontant dans une bouteille d’eau gazeuse.
… qui s’immisce sans crier gare
Comme développé dans notre article sur la géologie régionale (« Les dangers du gaz de schiste dans le Jura: La région de Noiraigue, une géologie complexe… »), les calcaires du Dogger sont karstifiés et parcourus de fractures. Compte tenu également de la présence avérée de failles cossues s’enracinant en profondeur, telle celle traversant le village de Noiraigue, la modification des pressions dans les couches du Toarcien, même localement, pourrait bien vite compliquer la donne. Ces éléments font-ils partie des risques «négligeables» avancés par les promoteurs?
Contraintes naturelles et sismicité induite
Les forces tectoniques colossales en jeu entre les plaques africaine et européenne ont créé les reliefs alpins et jurassiens. Du fait que ces deux plaques sont toujours en compression à grande échelle, notre sous-sol est encore soumis à des forces. Étant de ce fait en tension, notre sous-sol contient une énergie non négligeable, à l’image du ressort d’un petit diable prêt à sortir de sa boite. Par ce premier test de fracturation hydraulique prévu dans le Toarcien, cette énergie pourrait se voir libérée, sous la forme de tremblements de terre. Les séismes induits seront-ils tous d’une magnitude inférieure à 2.5, limite approximative au-dessous de laquelle ils ne sont pas généralement pas ressentis en surface? Ou certains seront-ils d’une magnitude supérieure?
Sans connaître localement l’état des contraintes à 600 mètres de profondeur, et à plus forte raison encore lorsque le même procédé de fracturation hydraulique sera opéré à 2300 mètres de profondeur, il est bien difficile de prévoir l’ampleur de la sismicité induite par ce procédé… et les conséquences à court ou plus long terme sur les captages d’eau potable.
Notre analyse de ce qui attend notre sous-sol se poursuivra dans deux jours. Ne baissons pas la garde, car le projet de loi de moratoire sur tout forage d’hydrocarbures à l’échelle du territoire neuchâtelois n’est pas encore voté!
Les dangers du gaz de schiste dans le Jura [ 1][ 2][ 3][ 4] [ 5][ 6][ 7][ 8][ 9] [10]
(!) Info minute – Revue de Presse
Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les trois premiers articles publiés ici le 13 janvier 2014, voici le quatrième épisode.
Nous avons posé le cadre ces deux dernières semaines, en présentant la géologie de la région et les écoulements souterrains complexes qui s’y déroulent. Tentons à présent de décrypter certaines étapes techniques particulièrement sensibles de ce forage profond à but d’hydrocarbures, tel qu’il est projeté. Nous nous référons pour ce faire à des éléments à disposition de chacun, à savoir les panneaux de l’exposition publique présentée par les promoteurs en août et le Rapport Technique Hydrogéologique (RTH), disponible sur leur site internet.
Les éléments apportés dans cet article et ceux développés la semaine prochaine visent à démontrer qu’il est absolument inadmissible de procéder à un forage profond, ne serait-ce qu’exploratoire, dans le bassin d’alimentation des captages des Gorges de l’Areuse.
Quid des risques?
Les promoteurs se gardent bien de nier l’existence de risques autour de ce forage. Au niveau de la méthode de forage planifiée, et uniquement de ce point de vue, ils considèrent les risques comme « acceptables ». Au niveau des impacts sur les eaux souterraines, les risques sont qualifiés de « négligeables ».
Ils se basent sur trois études complémentaires qui, malgré l’enjeu considérable de ce projet pour tous les citoyens neuchâtelois, n’ont pas été rendues publiques!
Un chantier plus grand qu’un terrain de football
Les opérations commencent par la préparation d’une surface de 120 x 75 m. La terre végétale est enlevée et le sol drapé d’une membrane textile. Une épaisseur de 30 à 50 cm de calcaire concassé, représentant une masse d’environ 5400 tonnes, y est ajoutée. Cela constitue une surcharge locale conséquente.
En cas d’inondation?
Même dans des conditions favorables, toute opération de forage profond est déjà délicate et sujette à des imprévus, incidents, voire à des accidents. Le projet de forage dénommé « Le Cygne Blanc 1 » (LCB1) est quant à lui planifié à quelques encablures de l’Areuse, sur des sédiments lacustres et alluvionnaires abritant une nappe phréatique. Le sol, étant formé de sédiments non consolidés, a une portance qui laisse parfois à désirer. Les Vallonniers le savent bien: c’est la raison pour laquelle certaines maisons ont tendance à pencher méchamment, notamment à Travers et à Noiraigue.
Mais ce n’est pas tout: à cela s’ajoute la possibilité d’une crue de l’Areuse, entraînant son débordement et bien sûr, une montée des eaux de la nappe. D’ailleurs, au niveau du danger d’inondation, le lieu du forage se trouve en zone de « danger résiduel » sur la carte neuchâteloise des dangers naturels. Une fois la foreuse en action, que se passerait-il en cas de crue extrême de l’Areuse, et donc d’inondation majeure?
La combinaison entre un sol à faible portance d’une part, la proximité de l’Areuse et d’une nappe superficielle à la merci d’une inondation imprévisible, de l’autre… bonjour les dégâts ! Et même si une digue était prévue, encore faudrait-il pouvoir la rendre étanche sur le pourtour du chantier, pour qu’elle soit efficace. Beau défi.
Déroulement du forage
Le premier objectif est d’atteindre le rocher, situé à une centaine de mètres de profondeur. Vu la présence des sédiments non consolidés, un tube conducteur en acier d’un diamètre d’environ 50 cm doit d’abord être enfoncé.
Arrivé au rocher, une puissante foreuse entre alors en action. A l’aide de « boues de forage » constituées d’eau, d’argiles et d’additifs chimiques, une première section est forée jusqu’à environ 600 m de profondeur, pour atteindre le Toarcien (voir Fig.7 plus haut).
D’après le rapport de synthèse (RTH), les couches karstiques du Malm sont supposées absentes à l’endroit précis du forage. Ceci explique pourquoi les premiers rochers calcaires rencontrés par l’outil de forage seraient ceux du Dogger, abritant également un aquifère sensible. Durant le forage de cette zone, si des cavités karstiques sont rencontrées conduits, grottes, gouffres, etc.), des pertes importantes de « boues » se produiraient, par écoulement dans ces espaces, à l’image d’une hémorragie interne. Il s’agit là d’un risque majeur et malheureusement non prévisible.
La cimentation, une épée de Damoclès
Une fois le Toarcien atteint, les foreurs ressortent les tiges portant l’outil « grignotant » la roche et mettent en place un tube en acier dans le trou. Ils procèdent ensuite à une cimentation destinée à assurer l’étanchéité du puits le long de l’aquifère du Dogger. Un ciment relativement liquide est injecté au fond du forage, de sorte qu’il remonte dans un espace de quelques centimètres, entre le rocher et la paroi extérieure du tube en acier. Au même titre
que durant le forage avec des pertes de boues potentielles dans le karst, du ciment peut également s’échapper durant la remontée. Si c’était le cas, la cimentation serait alors incomplète et une parfaite étanchéité ne serait pas garantie. De tels défauts de cimentation n’étant pas rares, il s’agit d’une phase cruciale et critique de ce forage exploratoire.
Un test ambigu
Si tant est que ces délicates opérations réussissent, les promoteurs envisagent alors de réaliser un essai de pression censé confirmer la bonne qualité de la cimentation. Par ailleurs, ce test mesurerait la pression requise pour fracturer la roche, en faisant recours à un procédé de fracturation hydraulique. Alors même que le ciment se sera à peine consolidé, cette pratique serait à nos yeux pour le moins osée dans le contexte donné !
Au plaisir de vous retrouver dans deux jours pour la suite de ce périlleux voyage dans le sous-sol de notre belle région !
Les dangers du gaz de schiste dans le Jura [ 1][ 2][ 3] [ 4] [ 5][ 6][ 7][ 8][ 9] [10]