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(!) Info minute – Revue de Presse

Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les neuf premiers articles publiés ici depuis le 13 janvier 2014, voici le dixième épisode.

Val Travers bannière-

10. L’eau potable du canton n’est pas négociable
A l’heure où les promoteurs du projet de forage d’hydrocarbures à Noiraigue courtisent sans relâche et tous azimuts nos élus politiques, la démarche analytique et de vulgarisation adoptée dans ces colonnes, depuis plus de deux mois, prend tout son sens. Les habitants de vingt communes neuchâteloises boivent tous les jours de l’eau potable provenant des Gorges de l’Areuse. Une prise de conscience générale des réels enjeux liés à ce projet nous semble fondamentale.
Pour permettre à chacun de s’approprier autant que possible les enjeux multiples et complexes de ce projet et ainsi éviter d’en rester au niveau de la « peur face à l’inconnu » ou du « je suis pour, ou contre, mais sans comprendre vraiment pourquoi… », il nous a fallu, petit à petit, présenter des notions peu connues du grand public. Nous visons à informer, avec honnêteté et rigueur scientifique, tous les citoyens et citoyennes, y compris les élus, de manière objective et par une argumentation se basant sur des faits avérés et des informations soigneusement vérifiées. Notre but est aussi de mettre en évidence que, pour se positionner sur un tel projet en toute objectivité et clairvoyance, il est primordial de tenir compte de multiples paramètres.
Continuons notre voyage dans ce monde complexe, dans lequel l’industrie pétro-gazière se fait un malin plaisir d’orienter l’information qu’elle fournit.
Rigueur, quand tu nous tiens..
Analysons aujourd’hui plus précisément les bases sur lesquelles les promoteurs s’appuient pour tenter de faire gober à nos décideurs qu’au niveau de la méthode de forage planifiée, les risques sont « acceptables ». De plus, pour eux, en terme d’impact sur les eaux souterraines, les risques sont considérés comme « négligeables ». Le rapport de synthèse (RTH) des promoteurs manque à notre sens, tout à la fois d’objectivité et de rigueur scientifique. Il se joue de la complexité de la thématique, à plusieurs niveaux, pour tirer des conclusions générales, que nous nous permettons de remettre sérieusement en question. Pour nous positionner très clairement contre ce projet, avec conviction et sans concession possible, nous avons aussi pris le parti d’aller plus loin que l’usage d’arguments à l’emporte-pièce.
Une première planification du forage sèchement recalée
Le rapport disponible sur le site des promoteurs se base sur plusieurs études de détail, dites complémentaires. Placées parmi les annexes de ce rapport, elles n’ont pas été rendues publiques. A défaut, restons-en donc aux éléments avancés dans le rapport en lui-même, dont il a déjà largement été question dans nos articles précédents. Deux études concernent l’identification et l’évaluation des risques induits par les opérations de forage sur l’environnement. Le rapport spécifie que suite aux conclusions de ces études, les promoteurs ont dû revoir leur copie de manière approfondie et significative. Quand bien même ce fait pose déjà des questions au sujet de leur compétence et de leur réelle préoccupation environnementale dans la mise en place de tels projets, là n’est toutefois pas l’essentiel, le programme de forage initialement prévu ayant été révisé.
Quand y’a pas, y a quand même!

A dire vrai, les responsables et les acteurs socio-économiques de notre canton ne peuvent se targuer d’une grande tradition d’exploitation gazière. Ainsi et de fait, la législation en vigueur afférente à ce genre de projet est inadaptée chez nous. Cet état de fait, tout à la fois rassurant et inquiétant est identique ailleurs en Suisse, voire dans d’autres pays d’Europe! C’est justement là où le bât blesse : lorsque les bases légales et règlementaires manquent à l’appel, l’industrie pétro-gazière nous gratifie de ses propres normes et standards pour justifier de l’acceptabilité environnementale de ses activités!
Au niveau de la méthode de forage planifiée, les promoteurs qualifient le niveau de risque par l’acronyme « ALARP » (as low as reasonably praticable), traduisez: « le plus faible qu’il soit raisonnablement possible d’atteindre dans la pratique ». Plus interloquant à notre sens, du point de vue des promoteurs et en français dans le texte: « ALARP » est traduit par « risques acceptables »! Vraiment? En la matière, la réalité du terrain s’écarte bien souvent de la planification élaborée dans des bureaux feutrés à la lumière tamisée. Pour ainsi dire, tous les forages profonds rencontrent des imprévus, sans compter les problèmes techniques, les défaillances matérielles et les potentielles erreurs humaines.Or, même si ces éléments faisaient partie de l’évaluation des risques, en tout état de cause, il serait suicidaire de laisser les promoteurs poursuivre leurs démarches. Une question délicate reste aussi en suspens: le risque lié à l’impact à long terme qu’aurait le puits profond sur les différents aquifères régionaux a-t-il été évalué, en regard de sa dégradation due aux effets du temps?

Finance, quand tu nous tiens…
De fait, dans le montage financier d’un projet de forage d’hydrocarbures, la préservation des eaux souterraines n’est qu’un élément parmi d’autres. Dans toute évaluation des risques, les pétro-gaziers chiffrent très précisément les coûts-bénéfices de chacune des mesures ou opérations visant à amoindrir ces risques. Leur objectif est d’optimiser le coût du projet, tout en « gérant » les risques! Quelle audace dans le contexte régional à Noiraigue! Est-il besoin ici de rappeler la présence de plusieurs aquifères régionaux superposés et par endroits interconnectés? Or, ceci n’est, en soi, clairement pas un obstacle disqualifiant aux yeux des promoteurs! Pas plus, semble-t-il, que la présence totalement imprévisible et potentielle de conduits karstiques sur le tracé du forage.
Serrons-nous les coudes
Les Vallonniers, même s’ils ne prélèvent pas directement leur eau potable dans les Gorges de l’Areuse, ont une responsabilité très importante au niveau de la protection de cette ressource unique pour bon nombre de communes dans le canton. Il s’agit aussi d’une question de solidarité intercommunale, laquelle est par ailleurs vitale pour le Vallon. Pour rappel, c’est également cette solidarité qui permet à Val-de-Travers de bénéficier, bon an mal an, d’un apport effectif annuel de plus de 5 millions de francs au titre de la péréquation financière intercommunale.
Tout forage dans cette région particulièrement sensible est à proscrire. La mascarade a assez duré. Il nous semble grand temps de fermer, ici, maintenant et définitivement, la porte à ce projet.

 

Les dangers du gaz de schiste dans le Jura [ 1] [ 2] [ 3] [ 4] [ 5] [ 6] [ 7] [ 8] [ 9] [10]

(!) Info minute – Revue de Presse

Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les huit premiers articles publiés ici depuis le 13 janvier 2014, voici le neuvième épisode.

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9.Un forage en travers des Gorges: non merci!
L’eau potable bue par deux personnes sur trois dans notre canton provient des captages dans les Gorges de l’Areuse . Les éléments développés aujourd’hui ont pour objectif, une fois de plus, de démontrer que la réalisation d’un forage profond en amont de captages si précieux est totalement inacceptable. Le Collectif Val-de-Travers défend un bien commun de très grande valeur, à l’échelle cantonale.
Imaginez-vous dès maintenant bien au chaud, à environ 2200 mètres sous la surface. Vous êtes dans le Buntsandstein, susceptible de contenir des hydrocarbures, hypothétiquement en gisement conventionnel. Ces couches sont le point de mire déclaré des promoteurs du forage.
La température intérieure est d’environ 76°C, en raison de son augmentation naturelle avec la profondeur. Passons en revue quelques hypothèses de travail et voyons ensemble que l’ambiance est, en définitive, assez lourde…
Première hypothèse
Si des hydrocarbures étaient présents dans le Buntsandstein sous Noiraigue, que se passerait-il s’ils étaient emprisonnés serrés, dans un réservoir compact, dit « tight »? Dans ce cas de figure, l’industrie pétro-gazière utiliserait sans ménagement des additifs chimiques, associés à de la fracturation hydraulique, pour mieux extirper les hydrocarbures de ce type de gisement non-conventionnel. Remarquons au passage que dans sa communication « grand-public », cette industrie évite généralement toute référence aux additifs utilisés. Or, comme les promoteurs clament haut et fort ne pas vouloir utiliser ce procédé à Noiraigue, ils marqueraient dommage sur leur investissement. Mais pas complètement, en tenant compte du contexte énergétique mondial dans ce domaine! Par ce forage, ils acquerraient également, en quelque sorte au dépens de notre collectivité, des données d’une grande valeur en regard de leurs objectifs et velléités sur d’autres sites dans l’arc jurassien. Côté rentrées financières pour le Canton et la Commune de Val-de-Travers: zéro. Par contre, ce qui serait nettement plus préoccupant serait d’avoir ce forage profond sur les bras. Pire encore? La frustration au ventre de savoir que des hydrocarbures non-conventionnels sont présents, tout en n’osant y toucher, la tentation serait grande pour qu’ils reviennent à la charge. Dans dix ans? Dans cinquante ans? Quel que soit le laps de temps, notre sous-sol sera toujours autant fracturé, hétérogène, karstifié, etc. Et nous aurons toujours autant besoin de notre ressource en eau potable de qualité. Par conséquent, en particulier pour ce forage, c’est un leurre de compter sur des avancées technologiques ou scientifiques!
Deuxième hypothèse
Que se passerait-il si des hydrocarbures étaient présents dans un Buntsandstein tout à la fois « très conventionnel », mais « trop pauvre » pour laisser entrevoir son exploitation? Mêmes conclusions que ci-dessus: les promoteurs lèveraient l’ancre, pas si bredouilles ni désintéressés que cela, Canton et Commune de Val-de-Travers ne verraient pas leurs caisses se renflouer « comme par enchantement » et le puits resterait à jamais en travers de la… gorge des générations futures.
Il nous semble important de relever que la présence même d’un puits profond à cet endroit pose des questions quant aux conséquences de sa dégradation due aux effets du temps. Des communications verticales entre les différents aquifères pourraient à terme insidieusement impacter la qualité des ressources en eau souterraine.
Troisième hypothèse
Et si le gisement dans le Buntsandstein était du genre « bonne pâte et bon producteur »? hypothèse que les promoteurs évaluent eux -mêmes, comme très peu probable! De la bouche de ces mêmes promoteurs, qui reconnaissent n’avoir encore exécuté, ni coordonné aucun forage, dans tous les cas en Europe, l’exploitation de ce gisement impliquerait la réalisation de six à dix autres forages dans la région! Or, l’emplacement de ce forage exploratoire a justement été choisi pour éviter qu’il ne traverse l’aquifère très sensible du Malm. Qu’en serait-il pour les six à dix autres? Nous sommes très perplexes! D’autant plus que, tenez-vous bien,  dans le rapport de synthèse relatif à ce projet de premier forage, il n’est pas totalement exclu que le Malm puisse tout de même être présent! Une fois de plus, on croit rêver, mais non!
Plan B?
Par revirement de situation, les promoteurs pourraient avoir comme « plan B » d’exploiter le gisement uniquement à partir du forage exploratoire, en le développant largement. En effet, les techniques actuelles en matière de forage profond pourraient leur permettre de forer plusieurs branches radiales, pour puiser dans le gisement, tout autour et à partir du forage principal. Ce mode de faire peut être comparé un peu aux baleines d’un parapluie tout retourné, malmené qu’il est par une bourrasque de vent. Le plan « parapluie » ne rendrait en rien ce projet plus acceptable, et ce, pour les nombreuses raisons déjà évoquées dans ces colonnes au fil des semaines, en tête desquelles un milieu souterrain naturel, faut-il le rappeler, fracturé, hétérogène, karstifié, etc., donc difficilement modélisable.
Plan C?
Une autre pirouette des promoteurs, pour tenter de tout de même administrer la pilule au patient récalcitrant qui ne veut pas la prendre par voie orale, pourrait consister à proposer la réalisation d’un forage dévié, pour « taper à distance » dans le Buntsandstein. Ainsi, en forant à partir d’un autre endroit que depuis Noiraigue, ils pourraient avoir l’outrecuidance de prétendre amoindrir les risques… Or, cette façon de faire serait largement réfutable, compte tenu de tous les éléments apportés ici et au fil des semaines précédentes. Une des filiales des promoteurs prévoit d’ailleurs ce genre de forages, dans deux projets actuels de forages d’hydrocarbures dans l’Ain (Jura français). Aux dernières nouvelles, les forages déviés ne permettent pas de s’affranchir de la présence de conduits karstiques ou de la fracturation pré-existante! Il y a une vingtaine d’années, des forages exploratoires à but d’hydrocarbures avaient défrayé la chronique, exactement dans cette région. Des pertes de boues de forage massives étaient survenues, autant dans les couches du Malm que du Dogger!
Cela avait engendré de la pollution, des pertes de débit et des tarissements de sources. L’approvisionnement en eau potable de plusieurs villages avait été lourdement touché. Des adductions alternatives avaient dues être mises en place dans l’urgence et des sources ont dû être irrémédiablement et définitivement abandonnées.
Dans cette affaire et à notre sens, l’intérêt prépondérant est de protéger durablement le bien commun que sont, à un niveau cantonal, les ressources souterraines en eau potable des Gorges de l’Areuse.
Au plaisir de vous retrouver. Belle semaine à vous.
Les dangers du gaz de schiste dans le Jura [ 1][ 2][ 3][ 4][ 5][ 6][ 7][ 8] [ 9] [10]

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Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les sept premiers articles publiés ici depuis le 13 janvier 2014, voici le huitième épisode.

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8. Arrivée fracassante dans l’Autunien
Depuis quelques semaines, notre foreuse virtuelle a été strictement programmée pour exécuter les opérations telles que planifiées par les promoteurs du forage d’hydrocarbures de Noiraigue. Leur rapport de synthèse est actuellement aux mains du Conseil d’État qui doit prendre une décision officielle quant à la suite, ou non, à donner à ce projet…
 
La semaine dernière, la foreuse s’est arrêtée au fond du trou, dans le Permien. Où exactement? Mystère. Avec quelles intentions? Mystère. Pour resituer le contexte, la cible déclarée des promoteurs est une structure géologique profonde, en forme de dôme, dont le point culminant se situe à environ 2200 m. sous la surface. Plus précisément, les grès bigarrés du Buntsandstein sont visés, hypothétiquement susceptibles de contenir des hydrocarbures. Or, les promoteurs prévoient d’outrepasser, somme toute assez rapidement, cette formation rocheuse, pourtant déclarée si prometteuse. Ils veulent forer plus profondément, dans le Permien. Tentons de décrypter ce qu’implique ce choix et la manière dont tout cela est explicité dans leur rapport (RTH).
 
La distillerie…
 
Les hydrocarbures sont issus de la lente évolution de la matière organique (micro-organismes animaux et végétaux) contenue dans les sédiments rocheux se déposant au fond d’océans. Considérons un niveau repère, renfermant une bonne quantité de matière organique initiale. Au fil du temps, cette couche sera surmontée par d’autres sédiments. Donc, sa profondeur d’enfouissement augmentera, et avec elle, la pression et la température. Le processus de maturation, ou de « distillation » de la matière organique est en route. Les conditions physiques régnant dans le sous-sol évoluent et des transformations chimiques s’opèrent. Petit à petit, au cours de temps géologiques, la matière organique initiale se métamorphose en hydrocarbures, soit en pétrole et/ou en gaz.
 
Roche-mère et roche-réservoir
 
A partir de la matière organique originelle qu’elle contient, la roche-mèreest celle qui enfante… des hydrocarbures. Quant à la roche-réservoir, elle est en quelque sorte « la nounou poreuse et perméable » chez qui ces hydrocarbures se concentrent, après migration dans le sous-sol. Cette migration s’opère notamment à la faveur de failles ou de structures géologiques favorables.

Dans le cas de Noiraigue, le Buntsandstein est considéré potentiellement comme une roche-réservoir. Notons déjà à ce stade que les schistes de l’Autunien (Permien inférieur), présumés présents en dessous du Buntsandstein, sont reconnus à large échelle pour être une roche-mère, par l’industrie gazière et pétrolière.
 
Plutôt du genre… conventionnel …
 
Dans la thématique qui nous occupe, un gisement est un volume de roches renfermant des hydrocarbures. Ces derniers sont soit présents dans de menus espaces de la roche, soit plus fermement retenus en son sein. Les hydrocarbures, qu’il s’agisse de gaz ou de pétrole proviennent de gisements dits « conventionnels », ou « non-conventionnels », la distinction résidant dans la méthode utilisée pour les extraire, plus ou moins péniblement, du sous-sol. Le caractère « conventionnel » s’applique lorsque la porosité et la perméabilité de la roche sont optimales ou faciles à développer, pour atteindre une bonne productivité du champ gazier ou pétrolier. Cette définition est d’autant plus tangible quand la concentration en hydrocarbures du gisement est forte. En règle générale, plusieurs forages doivent être réalisés pour exploiter un champ d’hydrocarbures.

 
… ou non-conventionnel?
 
Quant au « non-conventionnel », il vise à produire du gaz de houille, du gaz ou du pétrole dits « de schiste » ou des hydrocarbures de réservoirs compacts, aussi appelés « tight ».
Dans la pratique, des méthodes très invasives doivent alors être utilisées, afin de « stimuler » la libération des hydrocarbures piégés dans ces roches de faibles porosité et perméabilité. Cela se traduit par l’emploi de grandes quantités d’eau et de produits chimiques, favorisant le drainage des hydrocarbures, en ayant recours au procédé de fracturation hydraulique. La méthode « non-conventionnelle » a pour objectif « d’ouvrir » la formation rocheuse et de la rendre « coopératrice ». En termes imagés, c’est: « tu vas l’cracher l’morceaud’hydrocarbures? ou bien?« .
 
Sésame dans l’Autunien?
 
Sur la base de profils de sismique-réflexion, sortes d’échographies du sous-sol établies à partir de mesures réalisées en surface, les promoteurs semblent convaincus de la présence massive de couches du Permien, sous les pieds des Néraouis, en dessous de la cible officielle du Buntsandstein. L’aubaine visée par les promoteurs? Soit dit en passant, l’interprétation de ces mesures ne donne pas d’informations probantes ni sur l’état de la fracturation à petite échelle du sous-sol, ni sur le niveau de karstification des différentes couches et encore moins sur les contraintes, ou forces tectoniques régnant en profondeur.
 
A bon entendeur
 
Et si l’Autunien était présent, effectivement visé et tout à la fois atteint par le forage? Et si les promoteurs étaient tentés de le « titiller », comme cela s’opère de par le monde dans les forages exploratoires d’hydrocarbures de gisements de ce type? Et si ce gisement non-conventionnel de roche-mère s’avérait productif sous la contrainte des méthodes invasives évoquées plus haut? Ces interrogations ne sont pas de pures conjectures émises par un groupe d’illuminés à la bougie! Non! Elles sont réelles et très préoccupantes, tout comme les conséquences qui pourraient en découler! Ce d’autant que le rapport (RTH) est, il va sans dire, totalement muet à ce sujet.
 
Moins j’en dis, mieux c’est?
 
Indépendamment du contexte hydrogéologique très délicat, si l’objectif était purement la recherche d’hydrocarbures conventionnels dans le Buntsandstein, n’eut-il pas été judicieux de planifier des échantillonnages de fluides? La réalisation de tests de production dans cette couche? La conduite de procédés de stimulation hydraulique et chimique du réservoir? Ces opérations sont pourtant habituellement réalisées dans la pratique, en phase exploratoire! Que se passerait-il dans les faits là-bas au fond?
 
Au plaisir de vous retrouver. Belle semaine à vous.
 
 
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Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les six premiers articles publiés ici depuis le 13 janvier 2014, voici le septième épisode.

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7. Le fond du trou dans le Permien… mais où?

La semaine dernière, nous avons passé en revue les grandes lignes de ce qu’impliquerait la réalisation de la section intermédiaire du forage à but d’hydrocarbures de Noiraigue. Notre foreuse virtuelle s’est arrêtée dans les grès du Buntsandstein, à environ 2200 mètres sous la surface. Nous verrons aujourd’hui que les promoteurs, non contents d’avoir atteint cet objectif officiel, ont planifié d’aller encore plus loin, plus en profondeur. Jusqu’où ? Comment et pourquoi ?

Un forage profond est en quelque sorte une antenne télescopique déployée pointe en bas, étape par étape, dans le sous-sol. Chaque section est forée, tubée, et enfin l’espace annulaire entre le tubage et la roche est cimenté. Ainsi, à l’amorce de la section suivante, le diamètre de forage diminue. En effet, l’outil de forage rotatif passe d’abord à l’intérieur du tubage de la section venant d’être dûment équipée, avant de pouvoir grignoter les roches de la nouvelle section. Au niveau des couches qui pourraient hypothétiquement contenir des hydrocarbures, le puits ne sera évidemment pas tubé. Il sera laissé en trou nu.
Aquifères saumâtres
Dans l’article précédent, nous nous sommes quittés alors que le tubage en acier de cette longue section intermédiaire, d’environ 2200 mètres avait été posé et cimenté. Il faut espérer que les roches tant du Lias que du Trias aient été clémentes avec les hypothèses de travail des promoteurs. Dans les faits, la cimentation pourra-t-elle être réalisée comme planifiée sur le papier, c’est-à-dire sur toute la longueur, et sans problème ? Des niveaux aquifères profonds et saumâtres sont reconnus dans ces formations. Seront-ils à l’origine de problèmes de qualité d’adhérence de la cimentation au tubage, mais aussi d’adhérence aux formations rocheuses, et ce, déjà au moment même de la réalisation de la cimentation ? Comme écrit précédemment: une parfaite cimentation serait cruciale dans le contexte hydrogéologique régional, mais est plutôt chimérique dans la pratique !
Transparence, transparence…
Dans leur rapport technique hydrogéologique (RTH), les promoteurs prévoient alors un essai de pression, cette fois dans le Buntsandstein, sans plus de détail. Ce test sera-t-il à nouveau conduit jusqu’à atteindre la pression requise pour fracturer la roche ? Le rapport n’en pipe mot. Quoi qu’il en soit, les contraintes tectoniques probablement importantes à ces profondeurs pourraient se voir être libérées. De la sismicité pourrait alors être induite et ressentie jusqu’en surface (voir à ce sujet notre article N°5 « Arrêt sur image à 600 mètres de profondeur« ). Pour mémoire, suite à l’importante mise en pression appliquée à 600 m. sous la surface, le Toarcien en tremble encore…, et nous n’osons penser aux conséquences graves si le moindre risque de pollution de nos eaux souterraines devenait réalité.
Le fond du tr-où ?
Après avoir réalisé cet essai de pression dans le Buntsandstein et sans plus attendre, les promoteurs remettent la foreuse en route, pour perforer la dernière section du puits. Les boues de forage saturées en sel utilisées jusqu’ici auront préalablement été remplacées et devront être gérées comme des déchets particuliers. Tout un programme, en considérant la manière dont cela s’est déroulé à Noville (VD) en 2010, lors de la réalisation d’un forage exploratoire d’hydrocarbures. Quant au troisième mélange de boues employé, il sera constitué à base d’eau, sans aucune matière solide. Rien n’est par contre mentionné au niveau des additifs chimiques qui seront bien entendu utilisés… Une fois la foreuse en route vers le Permien, le rapport (RTH) devient à notre sens lacunaire et tout à la fois ambigu. Aucune profondeur finale n’est planifiée. Le Permien sera-t-il pénétré sur 50 ou 500 mètres?!
Rebelotte
Dès l’énigmatique profondeur finale atteinte dans le Permien, les promoteurs ont prévu de nettoyer le puits par circulation, avant de retirer le train de tige. Alors, une série de mesures pourront être réalisées dans la section en trou nu. Ensuite, la vérification de l’adhérence de la cimentation au tubage du puits…intermédiaire sera conduite. De nouveau, avec un train de retard (Article 6 « Objectif officiel : grès du Buntsandstein« ), cette fois en regard des roches du Lias, Toarcien compris et du Trias ! Prompts à contenir des hydrocarbures susceptibles de migrer en direction de nos aquifères par l’annulaire entre le tubage de la section intermédiaire et la roche, le Buntsandstein et le Permien auront été forés. Une fois de plus, les promoteurs ne dérogent pas aux pratiques habituelles induites notamment par des impératifs de rentabilité, malgré l’importance capitale pour notre canton des aquifères situés en aval de ce forage.

Cela dit, plusieurs éléments laissent à penser que les promoteurs se cachent derrière l’objectif officiel des grès du Buntsandstein, avant tout pour acquérir des données plus en profondeur, dans le Permien. Quels sont les objectifs réels des promoteurs ? Cette piste sera explorée dans notre prochain article.
Ne nous laissons pas berner ! La réalité d’un forage profond tel celui planifié à Noiraigue en amont de captages d’eau potable cruciaux pour notre canton n’est pas un long fleuve tranquille, où quelques personnes s’imaginent pouvoir garder toute la maîtrise grâce aux meilleures techniques disponibles, aussi sophistiquées soient-elles. Au plaisir de vous retrouver. Belle semaine à vous.
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Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les cinq premiers articles publiés ici depuis le 13 janvier 2014, voici le sixième épisode.

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6. Objectif officiel: grès du Buntsandstein

Nous avons entamé il y déjà quelques jours une descente virtuelle dans le sous-sol de Noiraigue, sur la base des données publiques des promoteurs du forage. Après avoir mis en évidence plusieurs dangers manifestes pour les eaux potables du canton, nous nous sommes arrêtés dans les schistes du Toarcien, à 600 mètres de profondeur. Remettons la foreuse en route, et voyons ce que la section suivante du forage nous réserverait.

L’objectif affiché des promoteurs est d’atteindre les grès poreux et perméables du Buntsandstein, supposés contenir d’éventuels hydrocarbures. Pour y arriver, la foreuse va devoir perforer 1600 mètres supplémentaires de roches. L’outil de forage, appelé trépan, se trouvera alors à environ 2200 mètres sous la surface. Dans sa descente, il traversera tout le Toarcien et le reste du Lias, puis le Trias (voir fig.7). Ce dernier est un empilement rocheux complexe d’environ 1200 mètres d’épaisseur, n’affleurant pas en surface dans notre région. Il est essentiellement constitué de marnes et de roches évaporitiques (dolomies, gypses/anhydrite et sel). Ayant largement contribué à la formation de la chaîne du Jura, la succession ainsi que l’état de déformation de ses couches sont difficilement prévisibles. Qu’à cela ne tienne! La foreuse est en marche.

Le cauchemar des boues de forage

Les boues de forage ont de nombreuses fonctions. Par leur circulation contrôlée (surface à  fond du trou à  surface), elles ramènent constamment à nos yeux les débris arrachés au massif rocheux par le trépan en profondeur. Les foreurs font évoluer la composition des boues au fur et à mesure des roches traversées. Dans le rapport technique hydrogéologique (RTH) des promoteurs, pour en améliorer la performance au niveau de la section intermédiaire qui nous occupe, les boues se verront complétées, dans un premier temps, par des polymères… Ce sont des additifs chimiques. Il en existe une multitude, dont certains cocktails sont d’ailleurs brevetés et leur composition tenue secrète. Leur innocuité, que ce soit à court ou long terme reste à démontrer en cas de migration –de notre point de vue, absolument inadmissible –dans nos aquifères! Dans un second temps, dès que la tête de forage passera l’épaule dans le Trias, des roches salines seront rencontrées. Les boues utilisées jusqu’à présent devront alors être remplacées par un système saturé en sel, contenant tout autant d’additifs!

Une facture salée?

Petit rappel : le Toarcien n’est toujours pas tubé et il vient de subir un test de fracturation hydraulique. De surcroît, juste au-dessus, la couche inférieure du Dogger (l’Aalénien) est connue comme étant fortement fracturée dans la région de Neuchâtel. Il est plausible qu’elle le soit également à Noiraigue. Autrement dit, Toarcien et Aalénien se comporteront-ils comme des éponges au contact avec les boues?

Vous l’aurez compris : l’infiltration potentielle et insidieuse de boues de forages «polymérisées » et/ou fortement salées dans le Toarcien, se propageant dans l’Aalénien, en direction de l’aquifère du Dogger ne présage rien de bon pour nos eaux souterraines!

Un train de retard…

Admettons qu’aucun accident majeur ne soit survenu jusque-là: ouf! Nous voilà enfin à 2200 mètres sous la surface, dans les grés bigarrés du Buntsandstein! L’ensemble des tiges au bout duquel se trouve le trépan peut être retiré. C’est ce moment-là qu’ont choisi les promoteurs notamment pour contrôler la cimentation du puits… supérieur!

Ce test leur permet de vérifier la qualité effective de l’isolement hydraulique des couches aquifères du Dogger, 1600 mètres plus haut! On croit rêver: il faut attendre que la tête de forage soit arrivée dans le Buntsandstein pour voir se réaliser ce test d’adhérence de la cimentation au tubage au niveau de l’aquifère du Dogger!

Une parfaite cimentation est pourtant indispensable pour éviter, au moins à court terme, une migration ascendante de fluides dans l’espace annulaire entre la roche et le tubage, en direction de nos aquifères. Par fluides, il faut entendre: fluides et boues de forage, hydrocarbures, hydrogène sulfuré, eaux fortement salées d’aquifères plus profonds, etc.

Il eut été nettement plus responsable (mais plus coûteux pour les promoteurs) de prévoir la possibilité de défauts de cimentation au niveau de l’aquifère du Dogger, avec mesures correctives, et ce, avant de poursuivre vers le Buntsandstein! Soit dit en passant, au vu de tous les éléments plaidant en défaveur de ce projet, cela ne le rendrait en rien plus acceptable si les promoteurs revoyaient leur copie…

Revenons à nos moutons

Le temps est venu de placer un tubage en acier sur cette longue section fraîchement forée, en partie dans des roches salifères et sulfatées. Il convient ensuite de cimenter ce tubage sur environ 2200 mètres de longueur, entre le sommet du Buntsandstein et la surface. Cette

opération n’est de loin pas une mince affaire… Bref, si nous mentionnions tous les risques possibles, nous ne nous en sortirions plus! Considérons donc ces opérations comme réalisées sans incident important ou disqualifiant. Sur cette base, nous poursuivrons la prochaine fois pour atteindre, finalement, le fond du trou!

Au plaisir de vous retrouver. Belle semaine à vous.

www.collectifvaldetravers.ch

Les dangers du gaz de schiste dans le Jura [ 1][ 2][ 3][ 4][ 5] [ 6] [ 7][ 8][ 9] [10]

(!) Info minute – Revue de Presse

Le 16 décembre 2013 Lettre ouverte au Ministre de l’Écologie            

Depuis octobre 2013, la société EGL travaille sur un chantier de forage à Tritteling-Redlach dans le bassin de Saint Avold (en Moselle) pour évaluer la présence de gaz de couche, communément appelé « gaz de houille ». Mais le forage est arrêté depuis une dizaine de jours, et ce pour une durée indéterminée, selon les laconiques informations transmises par la commune aux habitants du village ce 3 décembre. Des « problèmes techniques » justifient cet arrêt, que d’anciens mineurs interprètent comme un potentiel blocage d’une tête de forage dans le puits, problème toujours délicat à résoudre.

forageMais ceci n’est qu’une broutille de quelques dizaines (voir centaines) de milliers d’euros. Ce qui inquiète beaucoup plus les membres des collectifs français « Non aux pétrole et gaz de schiste et de houille » est la gestion des effluents de ce forage – qui se présentent sous la forme de très grandes quantités de boues extrêmement chargées en sel, et pouvant contenir, en plus de produits toxiques utilisés par les agents chargés du forage, des éléments fossiles : métaux lourds, chrome, arsenic, lithium, mercure, strontium, baryum, voire radium, etc., des particules en concentration variable suivant les sites explorés et donc potentiellement radioactives.

Ce qui est inquiétant, c’est que ces boues ont été convoyées, y compris à travers le village, dans des véhicules-citernes appartenant à des exploitants agricoles du village ! A l’heure où nous rédigeons ces lignes et malgré plusieurs courriers adressés à la préfecture de Moselle et à la DREAL, à laquelle la première nous renvoie, nous n’avons pu obtenir aucune information sur l’endroit où ces eaux ont officiellement été amenées, sur les autorisations et habilitations de transport, ni surtout sur la nature de ces eaux.

Selon des témoins, plusieurs de ces véhicules chargés en provenance du site de forage se seraient engagés sur une voie sans issue débouchant dans des champs proches du village. D’autres se seraient dirigés directement vers des exploitations agricoles locales. Nous avons donc de fortes raisons de penser que ces boues de forages ne sont pas gérées comme il se doit, qu’elles sont soit déversées en pleine nature, soit peut-être stockées dans des fosses à purin, ce qui a été observé pour les boues d’un forage gazier en Suisse où 850 tonnes de boues ont été stockées ainsi durant plusieurs mois.

Les Collectifs français « NON au pétrole et gaz de schiste et de houille », gaz de couche en l’occurrence, demandent aujourd’hui instamment aux plus hautes autorités de l’État de prendre toutes les mesures pour que les citoyens puissent bénéficier dans les plus brefs délais d’informations fiables et complètes concernant ce forage. Nous exigeons que soient précisées de même, et de manière exhaustive, toutes les mesures prises par les autorités de notre pays, de manière générale et au cas par cas, pour l’élimination des effluents de ce forage et de tous les autres forages en cours en France. Nous exigeons qu’une enquête soit menée par les services de l’État afin de préciser les responsabilités concernant, dans le cas de la gestion des boues de forage, le non-respect et les manquements à la charte de l’environnement, à la directive sur l’eau, à la législation environnementale dans notre pays et à la directive REACH de manière générale.

Les Collectifs français « NON aux pétrole et gaz de schiste et de houille »*

NON AUX HYDROCARBURES DE SCHISTE ET DE HOUILLE,
NON AUX ÉNERGIES EXTRÊMES,
NI ICI NI AILLEURS, NI AUJOURD’HUI NI DEMAIN