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(!) Info minute – Revue de Presse

C’est le media suisse arcinfo.ch qui rapporte cette information, la société Celtique Energie Neuchâtel SA fondée en 2010, a été liquidée fin mai. Elle voulait forer au Val-de-Travers pour y trouver du gaz. Un projet avorté suite à un moratoire de 10 ans voté par le Grand Conseil en mai 2014. Une vérification en France confirme que Celtique ferme également sa société Celtique Jura. En revanche au 3 Juin 2015, la société Celtique Rhône-Alpes ex-titulaire du permis des Moussières existe toujours.

Celtique au Val-de-Travers, c’est vraiment fini: la société fondée à Neuchâtel il y a cinq ans a été dissoute et liquidée à fin mai par décision de son assemblée générale, selon le registre suisse du commerce. Le site internet qui détaillait le projet de forage à Noiraigue a par ailleurs été désactivé tout comme celui qui faisait la promotion du projet des Moussières en France.

Pas de renouvellement du permis des Moussières mais des activités et projets en Aquitaine

Les projets de Celtique sont compromis de l’autre côté de la frontière suisse dans le Jura et le Haut-Bugey (Ain) où la demande de renouvellement du permis des Moussières a été rejetée par l’État après trois ans de lutte citoyenne (voir info ici).

celtique Jura ferme stop gaz de schiste

Celtique Jura est liquidée. Au 3 Juin 2015, Celtique Rhône-Alpes ex-titulaire du permis des Moussières existe toujours.

Toutefois, dans la partie occidentale de la France, la société est titulaire d’un permis de recherche d’hydrocarbures (le permis de Claraq) sur lequel un premier forage a été autorisé et effectué en 2014 dans le Béarn sur la Commune de Fichous-Riumayou. Elle a part ailleurs fait une demande pour un autre permis celui de Séméacq (voir page 6 de ce bulletin et lire aussi).

Moratoire de dix ans dans le canton de Neuchatel

En Suisse, Celtique Energie, groupe d’origine britannique, avait fait part à l’été 2013 de sa volonté d’effectuer un forage exploratoire à Noiraigue. Il estimait que le sous-sol du collectif val de travers manif saint claudeVal-de-Travers contient une quantité de gaz gigantesque, représentant sept ans de consommation en Suisse. Les représentants de Celtique en Suisse avaient effectué un gros travail de lobbying pour convaincre le monde politique de l’intérêt de son projet, faisant miroiter des retombées économiques importante pour le Vallon. Un collectif citoyen du Val-de-Travers , inquiet pour l’approvisionnement en eau de tout le canton, avait lancé une pétition et récolté rapidement plus de 10’000 signatures. Le groupe britannique était en fait soupçonné de recherche de gaz de schiste, pour laquelle des forages par fracturation hydraulique (fracking) sont nécessaires. Le Grand Conseil avait alors voté, en mai 2014, un moratoire de dix ans sur les forages d’hydrocarbures.

Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les quatre premiers articles publiés ici le 13 janvier 2014, voici le cinquième épisode.

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5.  Arrêt sur image à 600 mètres de profondeur

Il y a deux jours, notre foreuse virtuelle s’est arrêtée à 600 mètres de profondeur, dans les roches du Toarcien, juste en dessous des calcaires aquifères du Dogger (voir Fig.7 ici). Avant de poursuivre à plus grande profondeur, prenons le temps d’analyser les opérations prévues à ce niveau.

Après la cimentation du tubage le long des roches à peine forées de l’aquifère du Dogger, les promoteurs du forage d’hydrocarbures à Noiraigue ont planifié un test consistant en une mise en pression conséquente du sous-sol, à la base du tubage, dans les roches du Toarcien.

Comme nous l’avons vu précédemment, le processus physique en jeu est celui, bien connu, de la fracturation hydraulique, avec une montée en pression jusqu’à atteindre la limite de fracturation de la roche. Ce test est certes réalisé à petite échelle, mais reste inquiétant de notre point de vue, car il a lieu juste en dessous d’un aquifère sensible!

Un drôle de jeu

Dans leur rapport (RTH), les promoteurs laissent à penser que ce test est indispensable pour confirmer l’intégrité de la cimentation à la base du tubage. Dans les faits cependant, il leur permettra surtout de connaître la pression limite à laquelle les roches de cette couche se fractureront. Vu le contexte, il eut été responsable à ce stade, avant de poursuivre plus profondément, de réaliser des mesures réellement adaptées –abordées dans un prochain article –pour confirmer une cimentation parfaite, et ce sur toute la longueur de cette section de 600 mètres! Par ailleurs, des produits réactifs seront-ils utilisés pour réaliser ce test de pression, et si oui, lesquels? Le RTH reste muet à ce propos…

Leur objectif réel?

Moins avouable, leur objectif serait-il de mesurer la teneur des roches du Toarcien en hydrocarbures, qu’ils soient conventionnels ou non? Comme révélé dans un article du quotidien Le Courrier daté du 12 juin 2013, le Toarcien est, au même titre que l’Autunien (Permien inférieur), bel et bien considéré comme une roche-cible en matière d’hydrocarbures non-conventionnels, à l’échelle de l’Arc jurassien. Ce test est une occasion rêvée de voir ce que ces roches ont «dans le ventre», avant qu’elles ne disparaissent derrière le tubage prévu pour la section suivante du forage.

De l’eau « gazeuse » à l’odeur d’œuf pourri…

Partons de l’hypothèse que le Toarcien contienne de la matière organique (puisqu’il est paraît-il si prometteur…). Dans ce contexte, il n’est pas exclu que le procédé de fracturation hydraulique que nous venons d’évoquer ne conduise à la libération, non seulement d’hydrocarbures légers, mais aussi d’hydrogène sulfuré, dans les fractures ouvertes par la mise en pression.

L’hydrogène sulfuré (H2S) est un gaz toxique reconnaissable à son odeur caractéristique d’œuf pourri. Il est soluble dans l’eau et absolument indésirable dans les eaux potables. Constituant un risque majeur associé à toute recherche d’hydrocarbures, des quantités non négligeables de ce gaz, mêlées à des hydrocarbures légers, pourraient soudainement se retrouver dans l’aquifère du Dogger. Leur migration verticale semble indéniable, par effet de densité, comme des bulles de gaz carbonique remontant dans une bouteille d’eau gazeuse.

… qui s’immisce sans crier gare

Comme développé dans notre article sur la géologie régionale (« Les dangers du gaz de schiste dans le Jura: La région de Noiraigue, une géologie complexe… »), les calcaires du Dogger sont karstifiés et parcourus de fractures. Compte tenu également de la présence avérée de failles cossues s’enracinant en profondeur, telle celle traversant le village de Noiraigue, la modification des pressions dans les couches du Toarcien, même localement, pourrait bien vite compliquer la donne. Ces éléments font-ils partie des risques «négligeables» avancés par les promoteurs?

Contraintes naturelles et sismicité induite

Les forces tectoniques colossales en jeu entre les plaques africaine et européenne ont créé les reliefs alpins et jurassiens. Du fait que ces deux plaques sont toujours en compression à grande échelle, notre sous-sol est encore soumis à des forces. Étant de ce fait en tension, notre sous-sol contient une énergie non négligeable, à l’image du ressort d’un petit diable prêt à sortir de sa boite. Par ce premier test de fracturation hydraulique prévu dans le Toarcien, cette énergie pourrait se voir libérée, sous la forme de tremblements de terre. Les séismes induits seront-ils tous d’une magnitude inférieure à 2.5, limite approximative au-dessous de laquelle ils ne sont pas généralement pas ressentis en surface? Ou certains seront-ils d’une magnitude supérieure?

Sans connaître localement l’état des contraintes à 600 mètres de profondeur, et à plus forte raison encore lorsque le même procédé de fracturation hydraulique sera opéré à 2300 mètres de profondeur, il est bien difficile de prévoir l’ampleur de la sismicité induite par ce procédé… et les conséquences à court ou plus long terme sur les captages d’eau potable.

Notre analyse de ce qui attend notre sous-sol se poursuivra dans deux jours. Ne baissons pas la garde, car le projet de loi de moratoire sur tout forage d’hydrocarbures à l’échelle du territoire neuchâtelois n’est pas encore voté!

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Les dangers du gaz de schiste dans le Jura [ 1][ 2][ 3][ 4] [ 5][ 6][ 7][ 8][ 9] [10]

(!) Info minute – Revue de Presse

roulette russeDepuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les trois premiers articles publiés ici le 13 janvier 2014, voici le quatrième épisode.

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4. Forer à Noiraigue, c’est jouer à la roulette russe !

Nous avons posé le cadre ces deux dernières semaines, en présentant la géologie de la région et les écoulements souterrains complexes qui s’y déroulent. Tentons à présent de décrypter certaines étapes techniques particulièrement sensibles de ce forage profond à but d’hydrocarbures, tel qu’il est projeté. Nous nous référons pour ce faire à des éléments à disposition de chacun, à savoir les panneaux de l’exposition publique présentée par les promoteurs en août et le Rapport Technique Hydrogéologique (RTH), disponible sur leur site internet.

Les éléments apportés dans cet article et ceux développés la semaine prochaine visent à démontrer qu’il est absolument inadmissible de procéder à un forage profond, ne serait-ce qu’exploratoire, dans le bassin d’alimentation des captages des Gorges de l’Areuse.

Quid des risques?

Les promoteurs se gardent bien de nier l’existence de risques autour de ce forage. Au niveau de la méthode de forage planifiée, et uniquement de ce point de vue, ils considèrent les risques comme « acceptables ». Au niveau des impacts sur les eaux souterraines, les risques sont qualifiés de « négligeables ».

Ils se basent sur trois études complémentaires qui, malgré l’enjeu considérable de ce projet pour tous les citoyens neuchâtelois, n’ont pas été rendues publiques!

Un chantier plus grand qu’un terrain de football

Les opérations commencent par la préparation d’une surface de 120 x 75 m. La terre végétale est enlevée et le sol drapé d’une membrane textile. Une épaisseur de 30 à 50 cm de calcaire concassé, représentant une masse d’environ 5400 tonnes, y est ajoutée. Cela constitue une surcharge locale conséquente.

En cas d’inondation?

Même dans des conditions favorables, toute opération de forage profond est déjà délicate et sujette à des imprévus, incidents, voire à des accidents. Le projet de forage dénommé « Le Cygne Blanc 1 » (LCB1) est quant à lui planifié à quelques encablures de l’Areuse, sur des sédiments lacustres et alluvionnaires abritant une nappe phréatique. Le sol, étant formé de sédiments non consolidés, a une portance qui laisse parfois à désirer. Les Vallonniers le savent bien: c’est la raison pour laquelle certaines maisons ont tendance à pencher méchamment, notamment à Travers et à Noiraigue.

Mais ce n’est pas tout: à cela s’ajoute la possibilité d’une crue de l’Areuse, entraînant son débordement et bien sûr, une montée des eaux de la nappe. D’ailleurs, au niveau du danger d’inondation, le lieu du forage se trouve en zone de « danger résiduel » sur la carte neuchâteloise des dangers naturels. Une fois la foreuse en action, que se passerait-il en cas de crue extrême de l’Areuse, et donc d’inondation majeure?

La combinaison entre un sol à faible portance d’une part, la proximité de l’Areuse et d’une nappe superficielle à la merci d’une inondation imprévisible, de l’autre… bonjour les dégâts ! Et même si une digue était prévue, encore faudrait-il pouvoir la rendre étanche sur le pourtour du chantier, pour qu’elle soit efficace. Beau défi.

Déroulement du forage

Val Travers Fig7Le premier objectif est d’atteindre le rocher, situé à une centaine de mètres de profondeur. Vu la présence des sédiments non consolidés, un tube conducteur en acier d’un diamètre d’environ 50 cm doit d’abord être enfoncé.

Arrivé au rocher, une puissante foreuse entre alors en action. A l’aide de « boues de forage » constituées d’eau, d’argiles et d’additifs chimiques, une première section est forée jusqu’à environ 600 m de profondeur, pour atteindre le Toarcien (voir Fig.7 plus haut).

D’après le rapport de synthèse (RTH), les couches karstiques du Malm sont supposées absentes à l’endroit précis du forage. Ceci explique pourquoi les premiers rochers calcaires rencontrés par l’outil de forage seraient ceux du Dogger, abritant également un aquifère sensible. Durant le forage de cette zone, si des cavités karstiques sont rencontrées conduits, grottes, gouffres, etc.), des pertes importantes de « boues » se produiraient, par écoulement dans ces espaces, à l’image d’une hémorragie interne. Il s’agit là d’un risque majeur et malheureusement non prévisible.

La cimentation, une épée de Damoclès

Une fois le Toarcien atteint, les foreurs ressortent les tiges portant l’outil « grignotant » la roche et mettent en place un tube en acier dans le trou. Ils procèdent ensuite à une cimentation destinée à assurer l’étanchéité du puits le long de l’aquifère du Dogger. Un ciment relativement liquide est injecté au fond du forage, de sorte qu’il remonte dans un espace de quelques centimètres, entre le rocher et la paroi extérieure du tube en acier. Au même titre

que durant le forage avec des pertes de boues potentielles dans le karst, du ciment peut également s’échapper durant la remontée. Si c’était le cas, la cimentation serait alors incomplète et une parfaite étanchéité ne serait pas garantie. De tels défauts de cimentation n’étant pas rares, il s’agit d’une phase cruciale et critique de ce forage exploratoire.

Un test ambigu

Si tant est que ces délicates opérations réussissent, les promoteurs envisagent alors de réaliser un essai de pression censé confirmer la bonne qualité de la cimentation. Par ailleurs, ce test mesurerait la pression requise pour fracturer la roche, en faisant recours à un procédé de fracturation hydraulique. Alors même que le ciment se sera à peine consolidé, cette pratique serait à nos yeux pour le moins osée dans le contexte donné !

Au plaisir de vous retrouver dans deux jours pour la suite de ce périlleux voyage dans le sous-sol de notre belle région !

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Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après les deux premiers articles publiés ici le 13 janvier 2014, voici le troisième épisode.

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3. Éléments d’hydrogéologie de la région de Noiraigue-Gorges de l’Areuse

Après avoir décrit la complexité géologique et structurale de la région de Noiraigue, nous voyons aujourd’hui comment les eaux cheminent dans l’édifice rocheux, afin de mieux appréhender les risques d’un forage exploratoire d’hydrocarbures sur les eaux potables captées.

Porosité et perméabilité sont deux notions importantes en hydrogéologie.

La porosité se définit par la proportion des vides de petite taille occupés par de l’eau au sein du milieu rocheux, par rapport au volume total. La perméabilité est le reflet de l’interconnexion de ces vides ; c’est l’aptitude du milieu à se laisser traverser par de l’eau. Une couche du sous-sol est dite aquitard lorsqu’elle est relativement imperméable.

De telles couches sont présentes au pied des falaises du Creux du Van : il s’agit des marnes argoviennes de la base du Malm. Après infiltration dans les calcaires massifs, fracturés et karstifiés du Malm, l’eau de pluie atteint, puis ruisselle sur cette couche marneuse et permet aux promeneurs de se désaltérer d’un breuvage local, à la Fontaine Froide.

A contrario, une couche est dite aquifère si l’eau qu’elle contient peut cheminer, circuler en son sein. Plus grande est la perméabilité de cette roche, plus facilement l’eau peut s’y écouler.

Quels sont les aquifères reconnus dans la région ?

Tout d’abord, une nappe phréatique superficielle s’écoule dans les sédiments lacustres «récents » tapissant le fond du Vallon. En interaction directe avec l’Areuse, le niveau de cette nappe fluctue au fil du temps. A certains moments, la nappe se déverse dans l’Areuse pour l’alimenter, à d’autres, l’Areuse recharge la nappe.

Quand le niveau de la nappe monte au-dessus de la surface du sol, de l’eau apparaît dans les champs, et les inonde. Vu son cheminement, l’Areuse, accompagnée plus ou moins fidèlement de la demoiselle la nappe, sont par endroits en contact potentiel avec les autres aquifères importants de la région, reconnus dans les roches calcaires du Malmet du Dogger (voir fig.2 article précédent).

Les roches calcaires sont par ailleurs rongées, dissoutes par les eaux de pluie. Ce phénomène s’appelle l’érosion karstique (fig.5). Ce processus d’érosion provoque également l’élargissement des fractures du massif. Ainsi, des chemins d’écoulements préférentiels et rapides se développent, comme des conduits karstiques.

  Val Travers Fig5

Un aquifère est peu vulnérable lorsqu’il se développe entre deux aquitards dans des couches peu déformées et non fracturées. Par contre, lorsque la pile de roches est plissée, déformée et faillée, comme dans la région de Noiraigue, et qu’elle renferme plusieurs aquifères, de surcroît karstifiés, cela se corse, et ce, d’autant plus s’ils peuvent en partie communiquer entre eux. Compte tenu de circulations lentes et profondes se mélangeant aux eaux d’infiltration, la grande valeur des eaux captées dans les Gorges réside dans le fait qu’elles séjournent pour certaines plus de 10 ans dans le sous-sol, avant d’être captées. Elles s’épurent en quelque sorte naturellement, contrairement aux eaux d’aquifères purement karstiques.

Dès 1886, de l’eau potable de qualité provenant de ces aquifères est exploitée par des sources et des captages, pour certains fort ingénieux (fig.6). Ces aquifères sont à la base de l’alimentation en eau potable des Villes de La Chaux-de-Fonds, de Neuchâtel et de nombreuses communes du canton.

Val Travers Fig6Le prochain article abordera la question des risques liés à la réalisation d’un forage profond à but d’hydrocarbures.

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Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après le premier article publié ici le 13 janvier 2014, voici le deuxième épisode.

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2. La région de Noiraigue, une géologie complexe…

Pour mieux comprendre les risques liés à l’implantation d’un forage sur les ressources en eau du Canton, nous vous proposons, cette semaine, quelques éléments significatifs de géologie permettant de caractériser notre sous-sol.

Il y a environ 250 millions d’années, une mer était présente dans nos contrées.

Au fil du temps et sur un socle cristallin, témoin d’une très ancienne chaîne de montagnes complètement érodée, plus de 2000 m d’épaisseur de sédiments se sont accumulés : tantôt, la mer était profonde et des marnes s’accumulaient, tantôt moins et des calcaires se déposaient. A certaines époques, des quantités importantes de matière organique se sont faites prendre au piège dans les sédiments. Après maturation, ce sont elles qui sont traquées depuis le début de l’ère industrielle, sous forme de gaz et de pétrole.

Il y a 100 millions d’années, la plaque africaine est venue petit à petit emboutir la vieille Europe, s’y télescoper. Lorsque deux plaques entrent en collision, des montagnes prennent naissance. Le raccourcissement horizontal conduit à la création de reliefs.

La jeune chaîne alpine a commencé à sortir son nez de la mer il y a env. 40 millions d’années, et donc à se le faire éroder comme en témoigne la molasse du plateau suisse.

Val Travers Fig1 et 2

Les forces tectoniques alpines persistantes se propageant dans la pile de roches sises sous la molasse du plateau, la chaîne plissée et faillée du Jura voit le jour à partir d’il y a env. 12 mio d’années (fig.1 et 2), avec ses fameux anticlinaux, plis «bombés» vers le haut et synclinaux, plis «en creux».

 Par la présence des dépôts évaporitiques importants du Trias (dolomie, gypse et sel), en quelque sorte une «couche-savon», les chevauchements jurassiens ont pu s’initier et se développer. Vu les variations latérales des dépôts sédimentaires, influençant le développement des chevauchements, ceux-ci ont été accompagnés de failles décrochantes (fig.3), sorte de coups de sabre délimitant les plis se relayant latéralement au sein de la chaîne. Très souvent verticales, ces failles ont la particularité de décaler les deux compartiments qu’elles séparent. Elles sont comme des déchirures de la pile de roches, par ailleurs plissée. Leur extension en profondeur est en relation directe avec les chevauchements qui sont à l’origine des plis observés en surface, de part et d’autre de ces failles.

Val Travers Fig3

En y regardant de plus près (fig.4), la région située entre Travers et le décrochement de la Tourne semble être une zone-relais particulière au sein de la chaîne du Jura.

Localement, la déformation y est importante, les chevauchements et décrochements associés sont nombreux. La zone du Creux-du-Van est une sorte de poinçon, délimitée à l’ouest et à l’est par deux failles décrochantes. Au nord, dans son prolongement, une faille décrochante passe au niveau du village de Noiraigue.

Elle délimite deux chevauchements, à vergence opposée pour les initiés. Du point de vue de la déformation intrinsèque des roches et de leur agencement, la zone est particulièrement complexe. La semaine prochaine, nous verrons comment s’opèrent les circulations des eaux souterraines dans un tel milieu. La combinaison entre géologie et hydrogéologie nous permettra de comprendre la vulnérabilité de notre château d’eau face à un forage profond.

Val Travers Fig4

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Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Le Val-de-Travers est dans l’État de Neuchâtel mais c’est aussi une géologie semblable à celles des massifs du Jura et Pré-Alpins. Et puis ce qui menace cette jolie région c’est un permis de recherche d’hydrocarbure délivré à la compagnie Celtique Energie. Celtique ça ne vous dit rien en France? Allons un petit effort, cette société est également titulaire des permis de recherche dans nos montagnes. Le Permis des Moussières et le Permis de Pontarlier. C’est également pour cette raison que nous nous entendons bien avec nos amis suisses qui sont venus à Saint-Claude défiler avec nous lors de la journée mondiale contre la fracturation hydraulique, le global frackdown.

Nous publierons les 6 premiers articles dans les deux semaines qui viennent à raison de trois articles par semaine. Le lundi soir, le  mercredi soir et le vendredi soir, à 20h00.

Voici le premier. Bonne lecture.

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1. Projet de forage gazier à Noiraigue, état des lieux

Le Collectif Val-de-Travers a l’opportunité d’exposer, dans ces colonnes et sur plusieurs semaines, son point de vue sur ce projet. Cette semaine, nous commençons par faire le point sur la situation.

Depuis 2008, Celtique Energie est en pourparlers avec l’État de Neuchâtel sur un projet de forage gazier à Noiraigue. Par décret du Grand Conseil voté en 2010, Celtique Energie a obtenu le principe d’octroi d’une concession d’exploitation d’hydrocarbures en cas de découverte; cet octroi est cependant soumis au respect des prescriptions légales (qui ne sont pas réalisées à ce jour) et à un accord sur les conditions (redevances, durée) qui ne pourront être définies qu’après l’exploration.

La procédure d’attribution de la concession, telle que définie par la Loi sur les mines et les carrières, n’est donc toujours pas entamée. Abritant les principales ressources en eau potable du canton, la région de Noiraigue n’a d’emblée pas paru comme le site idéal pour le projet. Souhaitant démontrer le

contraire, les promoteurs ont fait réaliser des études complémentaires dont les résultats sont actuellement soumis au Conseil d’Etat et à la Commune de Val-de-Travers, lesquels ont mandaté de s experts. Les autorités devraient se positionner au printemps 2014 quant à la suite à donner ou non à ce projet. 

La menace du gaz de schiste dans le Canton s’estompe depuis la session du Grand Conseil du 6 novembre, toutefois, le projet de forage de Celtique Energie, prétendant mettre en évidence un gisement de gaz conventionnel, n’est pas remis en question pour autant. L’exécutif de la Commune de Val-de-Travers (CVDT du 30/05/13) a assuré à la population que «Celtique Energie ne cherche en aucun cas du gaz de schiste et qu’il ne communiquera sur le sujet qu’après avoir pris connaissance des résultats des expertises ».

En juin, les Verts neuchâtelois et le Courrier ont révélé l’existence d’un rapport confidentiel de Celtique Energie à l’attention de ses investisseurs indiquant des ressources probables et importantes de gaz de schiste dans le Jura. Les Communes de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds ont pour leur part communiqué dès le 6 juin leur opposition ferme à ce forage qui menace la principale ressource en eau potable du Canton.

Le Collectif citoyen Val-de-Travers s’est constitué le 2 juillet, a lancé une pétition contre tout forage d’hydrocarbures au Val-de-Travers, a réuni plus de 10’500 signatures et les a remises au Président du Grand Conseil neuchâtelois le 3 septembre, jour de la reprise parlementaire. Les 30-31 août, Celtique Energie a organisé à l’attention de la population une exposition visant à démontrer que son projet est sans danger pour l’environnement et pourrait donner lieu à un développement économique très positif pour la région.

Par cette rubrique hebdomadaire, nous voulons mettre à disposition de la population une information différente et argumentée afin de poser sur ce projet un autre éclairage que celui de ses promoteurs. Chacun y gagnera la possibilité de se forger son opinion personnelle.

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val de travers à Saint ClaudeL’opposition au gaz de schiste ne faiblit pas dans le canton de Neuchâtel. Ce 6 novembre, le Grand Conseil s’est prononcé contre la prospection et l’exploitation de cette forme d’énergie dans le Val-de-Travers.

Les députés neuchâtelois ont accepté sans opposition aucune une motion de la commune de Val-de-Travers interdisant la prospection ainsi que l’exploitation de gisements d’hydrocarbures non conventionnels, notamment le gaz de schiste, dans le sous-sol neuchâtelois. Ils ont aussi adopté un postulat demandant d’instaurer un moratoire sur la recherche et la méthode actuelle d’extraction de cette forme d’énergie.

Ces deux interventions n’ont pas été combattues. Le Grand Conseil a donc suivi l’avis du Conseil d’Etat qui recommandait l’acceptation du postulat et de la motion déposée sous la forme d’une initiative communale. Le Parlement neuchâtelois devra se prononcer sur une modification de loi allant dans le sens de la motion.

Début septembre, le collectif citoyen du Val de Travers avait remis au Grand Conseil une pétition munie de 10’518 signatures demandant un moratoire sur tout forage de gaz conventionnel ou non conventionnel dans la commune de Val-de-Travers. Cette position est appuyée par plusieurs communes, notamment celles de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel.

Le groupe britannique Celtique Energie souhaite réaliser à Noiraigue (NE) un forage exploratoire pour rechercher du gaz. Il a affirmé à plusieurs reprises sur la base d’un rapport d’experts indépendants que ces forages ne présentaient que peu de risques ( !)  pour les eaux. Comme chez nous de l’autre côté de la frontière Celtique répète  que ce projet ne vise pas le gaz de schiste. Il s’agit comme d’habitude de jouer sur les mots. Les documents internes de la société indiquent clairement de l’objectif de Celtique dans l’Ain, le Jura, le Doubs et la Suisse concerne des hydrocarbures nécessitant des méthodes d’extraction non conventionnelles. Celles-ci présentent bien des risques majeurs dans ces régions karstiques.

Les collectifs français se réjouissent de ce premier succès de nos voisins et amis suisses. Ensemble, boutons Celtique dehors !

Lire aussi Neuchatel: Des documents confidentiels révèlent que Celtique cherche bien du gaz de schiste

Concessions Celtique Jura