(!) Info minute – Revue de Presse
Depuis le 21 novembre 2013, nos voisins et amis Suisses du Collectif Val-de-Travers publient dans le Courrier du Val-de-Travers Hebdo, une information sur le projet de forage de Noiraigue. Il nous semble tout à fait opportun de faire la chambre d’écho et d’offrir à nos lecteurs la possibilité de lire cette analyse tant elle est pertinente. Après le premier article publié ici le 13 janvier 2014, voici le deuxième épisode.
2. La région de Noiraigue, une géologie complexe…
Pour mieux comprendre les risques liés à l’implantation d’un forage sur les ressources en eau du Canton, nous vous proposons, cette semaine, quelques éléments significatifs de géologie permettant de caractériser notre sous-sol.
Il y a environ 250 millions d’années, une mer était présente dans nos contrées.
Au fil du temps et sur un socle cristallin, témoin d’une très ancienne chaîne de montagnes complètement érodée, plus de 2000 m d’épaisseur de sédiments se sont accumulés : tantôt, la mer était profonde et des marnes s’accumulaient, tantôt moins et des calcaires se déposaient. A certaines époques, des quantités importantes de matière organique se sont faites prendre au piège dans les sédiments. Après maturation, ce sont elles qui sont traquées depuis le début de l’ère industrielle, sous forme de gaz et de pétrole.
Il y a 100 millions d’années, la plaque africaine est venue petit à petit emboutir la vieille Europe, s’y télescoper. Lorsque deux plaques entrent en collision, des montagnes prennent naissance. Le raccourcissement horizontal conduit à la création de reliefs.
La jeune chaîne alpine a commencé à sortir son nez de la mer il y a env. 40 millions d’années, et donc à se le faire éroder comme en témoigne la molasse du plateau suisse.
Les forces tectoniques alpines persistantes se propageant dans la pile de roches sises sous la molasse du plateau, la chaîne plissée et faillée du Jura voit le jour à partir d’il y a env. 12 mio d’années (fig.1 et 2), avec ses fameux anticlinaux, plis «bombés» vers le haut et synclinaux, plis «en creux».
Par la présence des dépôts évaporitiques importants du Trias (dolomie, gypse et sel), en quelque sorte une «couche-savon», les chevauchements jurassiens ont pu s’initier et se développer. Vu les variations latérales des dépôts sédimentaires, influençant le développement des chevauchements, ceux-ci ont été accompagnés de failles décrochantes (fig.3), sorte de coups de sabre délimitant les plis se relayant latéralement au sein de la chaîne. Très souvent verticales, ces failles ont la particularité de décaler les deux compartiments qu’elles séparent. Elles sont comme des déchirures de la pile de roches, par ailleurs plissée. Leur extension en profondeur est en relation directe avec les chevauchements qui sont à l’origine des plis observés en surface, de part et d’autre de ces failles.
En y regardant de plus près (fig.4), la région située entre Travers et le décrochement de la Tourne semble être une zone-relais particulière au sein de la chaîne du Jura.
Localement, la déformation y est importante, les chevauchements et décrochements associés sont nombreux. La zone du Creux-du-Van est une sorte de poinçon, délimitée à l’ouest et à l’est par deux failles décrochantes. Au nord, dans son prolongement, une faille décrochante passe au niveau du village de Noiraigue.
Elle délimite deux chevauchements, à vergence opposée pour les initiés. Du point de vue de la déformation intrinsèque des roches et de leur agencement, la zone est particulièrement complexe. La semaine prochaine, nous verrons comment s’opèrent les circulations des eaux souterraines dans un tel milieu. La combinaison entre géologie et hydrogéologie nous permettra de comprendre la vulnérabilité de notre château d’eau face à un forage profond.
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