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(!) Info minute – Revue de Presse

Traduction et adaptation par nos soins de l’article Oil And Gas Companies Dump Fracking Wastewater Directly Into Oceans With EPA Approval

Dans le Golfe du Mexique, les compagnies pétrolières et gazières déversent des quantités illimitées d’eaux usées et de produits chimiques directement dans l’océan avec l’approbation de l’EPA, l’autorité environnementale fédérale des États-Unis.

284 milliards de litres de fluide de fracturation hydraulique rejetés en mer

Six ans après la marée noire provoquée par l’explosion en 2010 de la plateforme « Deepwater Horizon» opérée par BP, bien que beaucoup pensent que la situation the-gulf-of-mexicos-dead-zone-with-an-offshore-fracking-well-in-the-horizon-credit-oceandoctor-orgdans le Golfe du Mexique soit de « retour à la normale », l’écosystème a continué de souffrir en silence pendant ces dernières années. En effet, les compagnies pétrolières et gazières, avec la pleine approbation de l’EPA, ont poursuivi le rejet de quantités illimitées d’eaux usées de forage et de produits chimiques dans l’océan. Pour la seule année 2014, on estime ces rejets à 75 milliards de gallons (soit 284 milliards de litres !). Bien que ces énormes volumes d’eaux usées ne puissent pas contenir d’huile et soient soumis à des normes de toxicité, les opérateurs pétroliers et gaziers ne sont contraints qu’à quelques tests annuels de toxicité de ces déchets, et ceci sans surveillance. Lorsque le Centre pour la diversité biologique (Center for Biological Diversity) a contacté l’EPA pour plus d’informations, l’EPA a répondu qu’elle «ne savait pas vraiment quels types de produits chimiques étaient déversés dans le Golfe du Mexique ». En dépit de ce manque évident de connaissances et de son incapacité à assurer une véritable surveillance de l’activité des compagnies pétrolières, l’EPA a annoncé un projet de plan … lequel poursuivra cette même «politique» en vigueur depuis des années.

1.500 opérations de fracking dans l’océan exemptées de contrôle

Bien que de nombreux opposants à la fracturation hydraulique (« fracking ») se concentrent principalement sur les forages terrestres, la fracturation hydraulique offshore dans les écosystèmes océaniques a également été en plein essor ces dernièresstop-gaz-de-schiste-offshore-fracking-credit-ib-times années. Pour les quatre années de 2010 à 2014, alors que l’écosystème du Golfe était encore fort impacté  par la marée noire provoquée par l’accident de la plateforme BP Deepwater Horizon, l’administration Obama a approuvé 1.500 opérations de fracking offshore dans 630 puits différents. Ces puits ont bénéficié d’autorisations de l’EPA les exemptant des tests de contrôle complets d’impact environnemental. Mais alors pourquoi l’EPA ferait cela? Tout a commencé en 2005 avec l’adoption de la Loi sur la politique énergétique (Energy Policy Act), aussi connu comme « la faille de Cheney ».

La fracturation hydraulique exemptée de l’application de la  Loi sur l’assainissement de l’eau

Ce dispositif législatif exempte de façon permanente les fluides de fracturation de l’application de la Loi sur l’assainissement de l’eau. Celle-ci a été adoptée en grande partie grâce aux efforts de lobbying de Dick Cheney, vice-président à l’époque et ancien PDG d’Halliburton. A cause de cette exemption, l’EPA est incapable et ne veut pas réglementer sur les eaux usées de fracturation hydraulique. Et même si l’EPA pouvait réglementer le contenu des eaux de rejets du fracking, les sociétés pétrolières pourraient refuser de divulguer la liste des produits chimiques utilisés en application du secret commercial et industriel. La politique actuelle n’impose pas aux compagnies pétrolières de divulguer la liste des produits chimiques qu’elles utilisent pour la fracturation, seuls certains opérateurs ont fourni quelques informations sur une base volontaire via le site internet FracFocus. Même si ni le gouvernement ni les citoyens sont en mesure de connaître précisément la composition des fluides de fracturation, des recherches indépendantes ont montré qu’ils sont pleins de composants chimiques toxiques et cancérigènes. Des produits chimiques tels que le benzène, le formaldéhyde et le sulfure d’hydrogène ont été trouvés autour des puits terrestres, certains d’entre eux dépassant cinq fois les limites autorisées par la réglementation fédérale.

Malgré le désastre environnemental… on continue

Malgré cela, les compagnies pétrolières et l’EPA maintiennent que le rejet des fluides devrait continuer à ne pas être réglementé, affirmant que ces liquides de fracturation hydraulique sont suffisamment dilués par l’océan. Or la science utilisée pour soutenir ce point de vue remonte aux années 1980, période à laquelle la fracturation était encore rare et alors que le Golfe du Mexique était beaucoup moins pollué qu’à présent. Or tout indique que ces opérations ont un impact sur la biodiversité du Golfe du Mexique. En fait, il existe une «zone morte» de la taille du Connecticut, où il n’y a plus suffisamment  d’oxygène dissous dans l’eau pour assurer la vie. Or comme par hasard la plupart des puits de fracturation se situent dans cette zone. Il est difficile de dire si cela est dû aux retombées de la marée noire de 2010, à la présence de puits de fracturation, ou d’autres contaminants, mais clairement le rejet des eaux usées toxiques et cancérigènes ne fera rien pour restaurer ce magnifique écosystème océanique.

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(Gauche) puits de fracturation offshore dans le Golfe du Mexique | (Droite) La zone morte du Golfe du Mexique

 

 

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Une nouvelle étude publiée le 6 janvier 2016 dans la revue Nature publiée confirme l’avis exprimé depuis maintenant plusieurs années par les experts: les produits chimiques présents dans les fluides de fracturation et les eaux usées peuvent présenter des risques graves pour la santé et notamment la santé de la reproduction.

Fracturation hydraulique et danger sanitaire

Cela fait suite à une étude de toxicologie et de pharmacologie appliquée publiée au mois d’Octobre 2015, laquelle a d’abord analysé le lien entre la toxicité des solides dissous dans les fluides du fracking et les changements constatés dans les cellules de mammifères.

Les auteurs de cette étude ont trouvé des niveaux élevés et nocifs de baryum et de strontium (composants chimiques métalliques) dans les cellules exposées au fluide de fracturation et aux produits de reflux, ces mêmes cellules étant affectées par des tumeurs malignes.

La nouvelle étude publiées dans la revue Nature, franchit unFracking waste water in Wyoming : toxic waste nouveau pas, en analysant 240 des produits chimiques connus dans les fluides de fracturation. Ce que les chercheurs ont découvert est particulièrement préoccupant: 43% des produits chimiques analysés sont connus pour leur toxicité pour la reproduction et sont liés à des problèmes comprenant des anomalies congénitales, la stérilité, la baisse de la qualité du sperme ainsi que les fausses couches. Et 40% des produits chimiques analysés posent des problèmes pour la santé in utero avec des affections telles que le retard de développement du fœtus et pouvant avoir d’autres incidences dans le développement humain telles que le développement sexuel précoce ou retardée.

Le fracking

La fracturation hydraulique est une méthode utilisée pour libérer le pétrole et le gaz naturel emprisonnés dans des formations rocheuses profondes. Les fluides sont injectés profondémentfracking_site_usgs marcellus gaz de schiste dans la terre à des pressions suffisamment élevées pour fracturer la roche entourant les gisements de pétrole et de gaz naturel, permettant de libérer les hydrocarbures et de les remonter à la surface.

Les fluides – comprenant les boues toxiques et des composés organiques volatils comme le benzène – sont la principale source d’impacts sur la santé quand ils contaminent les eaux souterraines utilisées pour la boisson : Cela étant généralement du à des problèmes d’entreposage, d’élimination de produits de reflux, ou des « accidents de chantier ».

Identification des produits utilisés dans la fracturation hydraulique dangereux pour la santé

Un rapport de l’Agence de protection environnementale (EPA) sur la sécurité de la fracturation publié en Juin 2015 qui examinait tout d’abord les effets des fluides de fracturation sur l’eau potable a constaté que le nombre de puits d’eau potable contaminés était peu élevé comparé au nombre total de puits fracturés. Cependant, l’étude de l’EPA admettait que le manque de données fiables sur la qualité de l’eau avant et après les opérations de fracturation avait pu limiter les résultats et par là même sous estimer les impacts du fracking.

C’est pourquoi, l’étude publiée par la revue Nature est essentielle puis qu’elle identifie très précisément les produits chimiques nocifs que l’ont trouve dans les fluides de fracturation et les produits de reflux. Idéalement ça devrait permettre à l’agence de protection de l’environnement ainsi que d’autres organismes de réglementation d’inclure ces produits chimiques toxiques dans les analyses futures, et au final de mettre à jour les normes sur l’eau potable dans les zones où sont pratiquée ces fracturations. C’est ce que souhaitent les associations et riverains où l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels existe déjà.

Les nombreux impacts désastreux de l’exploitation des pétrole et gaz de schiste

Aux États-Unis, bien que l’industrie de la fracturation hydraulique climatosceptiquesoit considérée comme une aubaine pour la production d’énergie, celle-ci a du faire face a une année difficile. En plus de la baisse de la production liée à la chute des prix du brut, de nombreux rapports ont fait état des multiples risques et impacts liés à l’exploitation des pétrole et gaz de schiste: les tremblements de terre dans l’Oklahoma, la confirmation des fortes émissions de méthanes annulant le prétendu « avantage » du gaz sur le climat, quand il ne s’agit pas de tentative de manipulation de la recherche par l’industrie des hydrocarbures.

En France, eu Europe et ailleurs mobilisons-nous afin que ces projet d’exploitation d’hydrocarbures extrêmes soient bloqués, partout, à l’image de ce qui a déjà été fait en Ardèche, dans l’Ain, en Seine et Marne et ailleurs comme au Royaume-Uni, en Suisse, en Pologne. Exigeons le rejet ferme et définitif de toutes les demandes de recherche d’hydrocarbures.

global frackdown since feb 2011

Source : Business Insider UK

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Comme le rapporte Multinationale.org, EDF, l’entreprise publique d’électricité française, exploite discrètement des puits de gaz de schiste aux États-Unis. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il s’agit là d’un scénario bien réel. Alors qu’elle appartient à un État qui a interdit la fracturation hydraulique sur son propre territoire en raison des risques environnementaux, EDF a décidé d’adopter une politique exactement inverse, en achetant des puits de gaz de schiste en Pennsylvanie et au Texas. Et pas qu’un peu!

EDF et le gaz de schiste : quésaco?

D’après l’article de Multinationale.org qui a mené l’enquête, tout part d’une filiale d’EDF opérant loin des regards du grand public. Il s’agit d’EDF Trading. Celle-ci regroupe les activités de négoce du groupe et emploie environ de millier de personnes, principalement à Londres, où elle a son siège, et aux États-Unis. Comme beaucoup d’autres activités d’EDF hors de France, elle reste mal connue dans notre pays, et le gouvernement français semble ne s’y intéresser que lorsqu’il est temps d’encaisser les dividendes reversés à la maison mère. EDF Trading est chargée de l’achat et de la vente de charbon, de pétrole, de gaz et d’électricité pour le compte du groupe EDF, dont elle est filiale à 100%, ainsi que du négoce des crédits carbone.

Quand EDF se réinvente en pétrolier texan…
edf resources shale gas texas

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Pour optimiser ses activités de négoce, EDF Trading a été amenée à acquérir des infrastructures de transport et de stockage de charbon, de gaz et d’autres matières premières. Et désormais, elle a choisi d’acquérir et opérer directement ses propres opérations d’extraction de gaz. Pour ce faire, EDF Trading a créé une sous-filiale dédiée, EDF Trading Resources (ou EDFTR), dont le siège social est à Austin au Texas, et qui se présente comme une « compagnie indépendante d’exploration et de production de pétrole et de gaz naturel » ! Elle est dirigée par une petite équipe de cadres issus du milieu pétrolier texan. EDFTR ne possède en fait que deux zones d’opérations, l’une dans l’Est du Texas (environ 500 puits sur 120 kilomètres carrés), l’autre en Pennsylvanie, dans le comté de Greene, qui correspond à la formation de gaz de schiste de Marcellus (sur 80 kilomètres carré).

… et fait de la fracturation hydraulique en Pennsylvanie
edf shale gaz

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Dans son « Rapport développement durable 2014 » [qui a été retiré de son site web depuis la publication de l’article de Multinationale.org], EDF reconnaît recourir à la fracturation hydraulique en Pennsylvanie. « Le premier forage est prévu fin 2014-début 2015. Le projet est en phase de développement (préparation pour le premier forage et acquisition de droits fonciers) », précise le rapport (de manière quelque peu anachronique puisque ce document a été publié début juin 2015). Le site web d’EDF Trading Resources évoque quant à lui 45 puits en Pennsylvanie.

L’Est du Texas est lui aussi une zone d’exploitation de gaz de schiste (formation de Haynesville), mais EDF ne dit pas explicitement dans ce cas si elle y recourt ou non à la fracturation hydraulique. Ces puits ont été achetées à la firme canadienne Encana en 2012. Et d’autres investissements pourraient être sur les rails puisqu’EDF Trading a également signé en 2013 un protocole d’accord avec l’entreprise énergétique indienne GAIL pour rechercher conjointement des concessions de gaz de schiste à acquérir aux États-Unis.

Une activité controversée

EDF assure que ses forages par fracturation hydraulique seront développés « selon les plus hauts standards industriels ». Mais pour ses opérations en Pennsylvanie, il a choisi un partenaire qui n’a rien de rassurant : Alpha Natural Resources, une entreprise spécialisée non dans le gaz de schiste, mais dans le charbon.  Alpha Natural Resources a écopé en 2014 d’une amende record de 227,5 millions de dollars, la plus importante jamais infligée dans le secteur du charbon par l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA). En cause, le déversement illégal de millions de litres de déchets toxiques dans les cours d’eau de Virginie occidentale. Ce qui n’augure pas forcément bien de l’impact environnemental des forages d’EDF en Pennsylvanie. 

La France, propriétaire d’EDF, a pourtant interdit la fracturation hydraulique en 2011

La France, propriétaire d’EDF, a pourtant interdit la fracturation hydraulique en 2011 et, pour l’instant, le gouvernement tient bon face aux pressions des lobbies industriels qui souhaitent revenir sur cette mesure. À l’époque où il était PDG de l’entreprise, Henri Proglio est même réputé avoir fait pression contre l’exploitation du gaz de schiste en Europe, au contraire de la plupart de ses homologues des grands groupes énergétiques du continent, apparemment parce qu’il en craignait la concurrence vis-à-vis du nucléaire. EDF est aussi ostensiblement absente du « Centre hydrocarbures non conventionnels », le lobby récemment créé par les grands groupes du CAC40 pour promouvoir la cause des gaz et pétroles de schiste en France. Suite et plus d’information sur multinationale.org.

Ne pas confondre EDF Electricité de France avec EDF Environmental Defense Fund société qui n’est pas non plus opposée à l’exploitation du gaz de schiste.

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Cinq ans après s’être lancée dans une étude ambitieuse sur l’impact de la fracturation hydraulique sur l’environnement, l’Agence fédérale américaine de protection de l’environnement (EPA) a considérablement réduit la portée et l’importance de ses recherches. Quelle en est la raison? L’immixtion de l’industrie pétrolière et gazière dans ce processus.

Tentative de conduire une étude scientifique faisant référence

Dans plus de 3000 pages de documents que l’ONG Greenpeace a pu obtenir suite à une requête d’accès aux dossiers, il est possible de constater que le travail des responsables de l’EPA est constamment annoté, édité et révisé par des responsables de l’industrie des combustibles fossiles. Mais pourquoi l’industrie est-elle impliquée à ce point? Parce que dans son approche initiale, l’étude de l’Agence nécessitait le soutien de l’industrie.

L’Agence de protection de l’environnement voulait identifier quels étaient les risques –s’il en existait- que fait porter la fracturation hydraulique sur l’eau potable auxetude gaz de schiste fracking et impact sur eau États-Unis. En 2011, l’administrateur adjoint du Bureau de la recherche et du développement de l’EPA déclarait : «Il s’agit de recourir aux meilleurs moyens possibles offerts par la science pour faire ce que le peuple américain attend de l’EPA à savoir – veiller à ce que la santé des communautés et des familles soit protégée » Pour ce faire, le plan de l’EPA comprenait l’utilisation de modèles théoriques, des enquêtes sur les contaminations signalées dans cinq États et l’évaluation des niveaux de pollution, avant et après la fracturation hydraulique sur deux sites distincts.

Exigences et obstruction de l’industrie du fracking

Cependant, pour atteindre l’ensemble de ces objectifs, il était nécessaire que l’EPA obtienne l’accord de sociétés comme Chesapeake Energy (CHK) et Range Resources pour leur coopération. De leur côté, CHK et Range, ont exploité cette dépendance de l’EPA à leur endroit en obtenant progressivement plusieurs concessions de l’Agence fédérale. Il s’agissait notamment d’établir des accords de confidentialité, d’obtenir des copies des photos et des vidéos prises par l’EPA lors de la visite des sites, d’avoir un double des échantillons prélevés sur leurs sites (afin de mener leurs propres études), et d’être prévenues à l’avance de toutes les visites sur les sites par les équipes de recherche. Et la liste continue.

Lorsque Range et CHK ont fini par recevoir les visites de contrôle des experts et bureaux d’étude mandatés par l’EPA, la portée initiale de l’étude avait été considérablement révisée… à la baisse. Comme le media Desmoblog l’explique, les documents démontrent que les responsables des sociétés pétrolières imposaient de telles exigences que le travail prévu par l’EPA devenait impossible à mettre en œuvre et qu’en fin de compte, cela a conduit l’Agence à abandonner un objectif clé de la recherche, à savoir la mesure des niveaux de pollution avant et après la fracturation hydraulique sur deux nouveaux sites de forage.

CHK n’a pas facilité les choses quand elle a choisi de forer sur un site du Shale d’Haynesville … avant que l’EPA ne puisse effectivement prélever ses échantillons de référence. Pour Geoffrey Thyne, géochimiste et membre du groupe des experts scientifiques indépendants qui ont examiné le projet de plan de l’étude, « en termes de données réelles, nous ne pourrons en savoir plus que ce que nous avions fait il y a cinq ans ». Ce qui devait devenir l’instrument de référence a été anéanti par un long processus bureaucratique de développement d’un protocole de recherche qui ne produira aucun résultat significatif.

Les fonctionnaires et scientifiques ne veulent pas cautionner

Comme le rapporte le site insideclimatenews, les recherches universitaires ont déjà répondu à plusieurs des questions que l’EPA s’était initialement posées. En 2013, des études de l’Université Duke et de l’Université du Texas à Arlington ont montré que les fracking fracturation hydraulique eaupuits d’eau potable situés à proximité des sites de fracturation présentaient des niveaux significatifs de contamination par des produits chimiques comme le méthane et l’arsenic, ainsi que d’autres métaux lourds. Ce même média indique également qu’à en juger par les paroles de fonctionnaires fédéraux et les fuites de documents eux-mêmes, sur le plan réglementaire personne n’est satisfait du rapport de l’EPA. : « Plus d’une demi-douzaine d’anciens hauts responsables de l’EPA, ainsi que des membres de l’administration et du Congrès ont fait écho à l’opinion émise par M. Thyne, tout comme l’ont fait des scientifiques et les écologistes. Presque tous les anciens fonctionnaires ont demandé à ne pas être cités à cause des transactions en cours entre le gouvernement et l’industrie ».

Alors que de nombreux média ont rapidement simplifié un communiqué de presse de l’EPA qui indiquait que « la fracturation hydraulique n’a pas d’impact « général » sur l’eau » en concluant en l’ « absence de risque du fracking sur l’environnement », il convient de se rappeler pourquoi l’EPA ne peut conclure en l’innocuité de la fracturation hydraulique sur la ressource en eau.

 

Source en anglais : Planetexpert

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En 2010, le Congrès américain avait demandé à l’Agence Fédérale pour la Protection de l’Environnement (EPA) d’étudier l’impact de la fracturation hydraulique sur l’eau potable. Ce rapport d’évaluation très attendu aux États-Unis a été publié le 4 juin 2015. Il examine l’incidence sur l’eau de la fracturation hydraulique, technique que nécessite l’exploitation des pétrole et gaz de schiste . Le rapport réfute la conclusion d’une précédente étude effectuée en 2004 par la même agence gouvernementale qui concluait à l’absence de menace du fracking sur l’eau potable. A l’époque, cette conclusion avait  permis de dispenser la fracturation hydraulique de répondre aux obligations de la Loi sur la protection de l’eau potable (Safe Drinking Water Act).

L’administration confirme que le « fracking » n’est pas exempt de risque

Tout d’abord le rapport indique que la fracturation hydraulique mise en œuvre pour l’exploitation de l’huile et du gaz de schiste n’a pas conduit à « des impacts systémiques répandus sur la ressource en eau potable aux États-Unis ». Et c’est heureux. Si les opérations de fracking qui ont envahi de nombreuses régions des États-Unis depuis les dix dernières années avaient conduit à « des impacts systémiques répandus sur la ressource en eau potable » ça se saurait. D’ailleurs, on notera que personne n’a jamais prétendu que la fracturation hydraulique produisait « des impacts systémiques répandus sur la ressource en eau potable ». Le rapport confirme aussi que la fracturation pourrait contaminer l’eau potable dans « certaines conditions », comme lorsque les fluides utilisés dans le processus fuient dans la nappe phréatique. Il confirme également des cas de contamination de l’eau. Ça on le savait (lire ici et ).

L'utilisation de l'eau dans le processus de fracturation hydraulique gaz de schiste

Un examen des 5 étapes du cycle de l’eau dans la fracturation hydraulique

Cette étude a examiné l’utilisation de l’eau à travers cinq étapes du processus : l’approvisionnement en eau pour la fracturation hydraulique; le mélange de l’eau avec les produits chimiques pour créer fluide de fracturation; le reflux du fluide après son injection sous haute pression dans le sous-sol pour fracturer la roche et libérer le pétrole ou le gaz; le traitement des sous-produits des liquides de reflux de fracturation; et les puits d’injection fréquemment utilisés pour se débarrasser des fluides de fracturation hydraulique lorsque le processus est terminé.
Se faisant, le rapport a identifié plusieurs voies par lesquelles le risque de contamination de l’eau existe, y compris les déversements, les défauts de construction et d’étanchéité de puits, les problèmes de retraitement et la mauvaise élimination des eaux usées. Très ciblé sur la question de l’eau, le rapport n’évoque pas l’impact sur la qualité de l’air, les abondantes fuites de méthane générées par l’exploitation, le stockage et le  transport du gaz, l’empreinte au sol gigantesque de l’exploitation des hydrocarbures, ni la fragilité du modèle économique pour une activité outrageusement subventionnée.

► Concernant l’impact des prélèvements d’eau,

5.7 millions de litres d’eau sont nécessaires pour chaque puits en moyenne. Cette estimation fournie par le rapport représente probablement les besoins pour la fracturation d’une grande variété de types de puits, y compris des puits verticaux qui utilisent généralement beaucoup moins d’eau par puits que les puits horizontaux généralement mis en œuvre dans le cas de l’exploitation des pétroles et gaz de schiste. Ainsi, les estimations publiées pour les puits de gaz de schiste horizontaux sont généralement plus élevées (environ 15 millions de litres (Vengosh et al., 2014)). Il existe aussi de grandes variations dans les volumes d’eau utilisés par puits selon les États et les bassins. De plus de 19 millions de litres dans l’Arkansas, la Louisiane et la Virginie occidentale à moins 3,8 millions de litres en Californie, au Nouveau-Mexique et dans l’Utah. Cette variation résulte de plusieurs facteurs, y compris la durée d’exploitation du puits, la formation géologique et la formulation du fluide de fracturation. La question de l’impact des prélèvements de l’eau pour les opération d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels sur la quantité et la qualité de l’eau potable est extrêmement variable selon les localités où est pratiquée la fracturation hydraulique. Il en est de même pour ce qui concerne les conflits d’usage avérés ou potentiels.

► Concernant les incidents liés à la manipulation des produits chimiques utilisés,

Rappelons que les fluides de fracturation hydrauliques sont conçus pour exécuter des fonctions spécifiques telles que: créer et élargir les fractures, le transports de l’agent de soutènement (sable ou micro-billes) pour le placer dans les fissures crées par la fracturation. Le fluide est généralement constitué de trois parties: (1) le fluide de base, qui est le plus grand constituant en volume: C’est de l’eau; (2) des additifs généralement un mélange d’une grande variété de produits chimiques; et (3) l’agent de soutènement. Les additifs sont choisis pour servir un but précis (par exemple, ajuster le pH, augmenter la viscosité, limiter la croissance bactérienne). Les produits chimiques représentent généralement un faible pourcentage (2% à 5%) du volume de fluide injecté dans son ensemble. Mais ramené aux 5 millions de litres de liquides injectés par puits, des milliers de litres de produits chimiques peuvent être potentiellement stockées sur place et utilisés au cours des activités de fracturation hydraulique.

L’EPA a examiné les risques liés au stockage et à la manipulation de ces produits sur les sites d’opération de fracking. Elle note que la fréquence des déversements accidentels de produits chimique varie d’une région à l’autre et a pu se produire dans certains cas sur  1% des sites d’exploitation alors que dans d’autres cas jusqu’à à 12% des sites ont été concernés. Ces estimations comprennent les déversements de fluides de  fracturation hydraulique et de produits chimiques tels qu’ils ont été signalés par les opérateurs et enregistrés officiellement par l’administration publique. L’EPA admet toutefois ignorer si ses chiffres sont représentatifs et extrapolables. Les causes de déversements incluent la défaillance d’équipement, l’erreur humaine, la défaillance de l’intégrité du contenant, ainsi que d’autres causes telles de la météo et vandalisme. La cause la plus fréquemment signalée étant la défaillance du matériel.

► Concernant les volumes et la nature des produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique,

Les estimations tirées de la base de données de l’EPA développés à partir FracFocus (voir plus bas) suggèrent que le volume moyen des produits chimiques injectés par puits est de 2500 litres par produit chimique. L’EPA supposant qu’en moyenne 14 produits chimiques sont utilisés par puits, elle estime que 34 000 litres de produits chimiques sont injectés par puits. Elle estime que les volumes peuvent varier de 9800 litres à 69 000 litres de produits chimique par puits. Quant à la nature des produits, l’EPA indique simplement que les propriétés physico-chimiques estimées ont été obtenues pour 453 produits chimiques du total des 1076 substances chimiques déclarées dans les fluides de fracturation hydraulique. Sachant que les industriels ne sont pas tenus de déclarer la composition des mélanges effectués pour la fracturation hydraulique, il est évident que l’administration fédérale se retrouve dans l’impossibilité d’étudier les impacts de ces cocktails chimiques notamment lorsque ceux-ci ont connu de très fortes pressions et hautes températures et qu’ils remontent à la surface en même temps de d’autres molécules. L’eau de reflux suite à l’opération de fracturation peut en effet contenir des métaux (comme le baryum, le cadmium, le chrome, le plomb, le mercure) ainsi que des composés organiques tels que le benzène.

► Concernant l’impact potentiel des produits chimiques sur la santé humaine,

Après avoir indiqué que les produits utilisés ont des effets reconnus sur la santé (cancers, effets sur le système immunitaire, changements dans le poids, modification de la chimie du sanguine, cardiotoxicité, neurotoxicité, toxicité hépatique et rénale, toxicité reproductive et développementale), le rapport botte en touche en indiquant que « comme la plupart des produits chimiques sont utilisés fréquemment sur une base nationale (comprendre au niveau d’un état), l’exposition potentielle est susceptible d’être un problème local ou régional, plutôt qu’un problème national. En conséquence, l’examen des dangers et des risques associés à ces additifs chimiques serait plus utile sur une base spécifique au site et est au-delà de la portée de cette évaluation ». Et pourtant des études confirment ces risques comme le rapporte par exemple cette étude menée par une équipe de recherche de l’Université de Yale.

► Concernant l’impact des fuites sur les aquifères,

Le rapport dit qu’ « aucun des déversements de fluide de fracturation hydraulique n’a atteint les eaux souterraines. Cela pourrait être dû à une absence d’impact;  Cependant, l’infiltration dans le sol et le lessivage dans les eaux souterraines des fluides déversés peut prendre plusieurs années. Ainsi, poursuit l’EPA, il peut ne pas être immédiatement évident qu’un déversement a atteint les eaux souterraines ou non ». Or c’est bien ce risque que les opposants à l’exploitation des gaz et pétrole de schiste mettent en évidence: Le risque à moyen ou long terme de contamination de l’environnement, qu’il s’agisse de l’eau ou de l’air ainsi que de son impact sur la santé. Ce qui peut prendre des années. Et apparaître bien après que les opérations d’extractions d’hydrocarbures auront pris fin. Et alors que les industriels auront plié bagages.

Les données utilisées sont celles fournies par les industriels sur une base volontaire

D’où proviennent les données? Et quelle est leur validité ? Dans le résumé de l’étude, l’EPA indique que les données utilisées dans l’évaluation des puits proviennent de « FracFocus », un site Internet accessible au public alimenté par les informations fournies par les opérateurs de puits de production de pétrole et de gaz. Les informations y sont communiquées par les industriels sur une base volontaire ou en fonction des exigences de certains États relatives aux produits utilisés dans les fluides de fracturation hydraulique. Il ne s’agit donc aucunement d’une étude prospective menée par l’État dans laquelle les opérateurs auraient l’obligation de fournir une information systématique. Alors que c’était ce qui avait été initialement envisagé par l’EPA, ces derniers s’y sont refusé. Cela confirme et montre la crainte qu’ont les industriels concernant la surveillance attentive de leurs opérations mais aussi l’influence qu’ils exercent sur les autorités politiques et celles en charge de la définition et de l’application de la réglementation. Comme nous l’évoquions ici, la réglementation fédérale sur les pratiques des industriels reste en effet très timide.

En France, on ne manquera pas de constater dans les jours à venir l’empressement du lobby organisé en faveur de l’exploitation des pétroles et gaz de schiste à claironner que la fracturation hydraulique n’a pas d’impact sur la ressources en eau potable et que les bonnes pratiques de cimentation permettent de conduire une exploitation des hydrocarbures non conventionnels en toute sécurité. Ces bonnes pratiques ont un coût et restent parfois très théoriques. L’expérience américaine le prouve. Et ce n’est pas un chantier vitrine que réclament les industriels pour convaincre l’opinion publique qui permettra de changer la réalité des choses. Nos ingénieurs et géologues des pétroles le savent.  

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Traduction par nos soins de l’article publié par desmoblog.com le 7 octobre 2014.

C’est confirmé: En Californie les aquifères ont été contaminés avec des milliards de litres d’eaux usées issues de la fracturation hydraulique.

Après que les autorités de l’État de Californie aient fermé 11 puits d’injection d’eaux usées de fracturation au mois de Juillet dernier, inquiètes que les eaux usées aient pu contaminer les nappes phréatiques utilisés pour l’alimentation en eau potable et l’irrigation agricole, le ministère fédéral de l’environnement des États-Unis (EPA) avait demandé qu’un rapport soit préparé sous 60 jours.

On a appris hier que l’autorité de gestion de l’eau en Californie avait envoyé une lettre à l’EPA confirmant qu’au moins neuf de ces sites avaient réinjecté les eaux usées contaminées par des fluides de fracturation et d’autres polluants dans la nappe phréatique, laquelle est pourtant protégée par la loi fédérale sur l’eau (Safe Drinking Water Act).

waste water injection eau reflux fracturation hydraulique stop gaz de schisteLa lettre, dont une copie a été obtenue par le Centre pour la diversité biologique (Center for Biological Diversity), révèle que près de 11 milliards de litres d’eaux usées ont été injectés illégalement dans les nappes phréatiques du centre de la Californie. Elle indique que la moitié des échantillons d’eau prélevés dans les 8 puits d’alimentation d’eau testés près des sites d’injection présente des niveaux élevés de produits chimiques dangereux tels que l’arsenic, un agent cancérogène connu qui peut également affaiblir le système immunitaire humain, et le thallium, une toxine présent dans la morts au rats.

FRACKING operation fracturation hydraulique stop gaz de schisteTimothy Krantz, professeur d’études environnementales à l’Université de Redlands, affirme que ces produits chimiques constituent un risque grave pour la santé publique: «Le fait que des concentrations élevées soient identifiées dans plusieurs puits d’eau à proximité des sites d’injection d’eaux usées soulève d’importantes préoccupations concernant la santé et la sécurité des riverains ».

L’ampleur de la contamination n’est pas encore connue. La Commission de gestion des ressources en eau de l’État a déclaré que pas moins de 19 autres puits d’injection auraient pu contaminer les nappes phréatiques, et que l’Office des eaux de Central Valley n’avait jusqu’à présent testé que 8 des 100 puits d’eau à proximité.

stop injection eau fracking californieLa fracturation hydraulique a été accusée d’aggraver l’impact de la grande sécheresse que connaît la Californie et la nouvelle de ces milliards de litres d’eaux contaminée rejetés dans la nappe phréatique utilisée pour l’alimentation en eau potables des habitants ne pouvait survenir à un pire moment. Ajoutant l’insulte à l’injure, la fracturation hydraulique (fracking) est un processus nécessitant d’énormes quantités d’eau. Elle représente entre 530 et 570 000 litres d’eau par fracturation retirés quotidiennement du cycle de l’eau.

Hollin Kretzmann, avocat du Center for Biological Diversity, affirme que ces nouvelles révélations démontrent que le régulateur de l’État n’a pas réussi à protéger les Californiens et l’environnement de la fracturation hydraulique. Il a demandé au gouverneur Jerry Brown d’agir immédiatement pour éviter une situation encore plus grave alors que la Californie est frappée par la sécheresse.

Pour Krezmann « Beaucoup d’autres tests sont nécessaires pour évaluer l’ampleur de la pollution de l’eau et de la menace pour la santé publique. Mais le gouverneur Brown devrait agir rapidement pour mettre fin à la fracturation hydraulique. Il s’agit de mettre fin à une situation dans laquelle la Californie est dans l’incapacité de faire face à l’augmentation grandissante de la production d’eaux usées par l’industrie pétrolière.»