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(!) Info minute – Revue de Presse

Une nouvelle étude. Une nouvelle étude qui démontre la contamination de l’eau liée à l’exploitation du gaz de schiste et de la fracturation hydraulique. Une des études sur les eaux souterraines les plus complètes réalisées à ce jour aux États-Unis. Cette étude a été publiée mercredi 17 Juin 2015 et selon le chercheur principal, certaines de ses conclusions sont «incroyablement alarmantes».

Les mesures ont été effectuées au cours des deux dernières années dans le Barnett Shale[1] et montrent l’augmentation du lien entre la fracturation et la contamination des eaux souterraines. L’étude est publiée dans la revue spécialisée Environmental Science and Technology (lien ici). Le Dr. Zac Hildenbrand, l’un des principaux auteurs de l’étude qui a collaboré avec l’Université du Texas à Arlington, a recueilli des échantillons de 550 puits d’eau dans 13 comtés concernés par l’exploitation du gaz de schiste du bassin de Barnett.

Les échantillons ont été collectés à travers les comtés de Montague, Wise, Parker, Hood, Tarrant, Somervell, Johnson, Hill, Ellis, Dallas, Denton, Collin et Cooke en 2013 et 2014. Les résultats sont implacables et montrent que l’eau est contaminée etude eau fracturation fracking texas gaz de schiste 2013 2015 2015par « plusieurs composés volatils de carbone organique dans toute la région, y compris divers alcools, la famille des composés BTEX à savoir le Benzene, le Toluene, l’Ethylbenzene, et le Xylene) ainsi que plusieurs composés chlorés ». Le Dr Hildenbrand explique que l’ensemble de ces produits chimiques sont associés à l’industrie de la fracturation hydraulique. « Lorsque vous trouvez un composé du BTEX avec un composé chloré, avec un agent anti-corrosif et tout ça dans le même puits d’eau, c’est tout de même assez choquant et c’est bien la preuve qu’il y a eu un problème.  La seule industrie qui utilise simultanément l’ensemble de ces composants est l’industrie du pétrole et du gaz ». Et M. Hildenbrand d’ajouter: «Si l’étude ne démontre pas directement que la fracturation hydraulique est la source de contamination, cette association est plus de troublante. La conclusion que l’on peut en tirer est que là où il y a plus de forages, c’est là qu’il y a le plus d’ « anomalies » dans l’eau ».

Si les promoteurs de l’industrie pétrolière et gazière ne se sont pas encore prononcés sur cette étude, sollicitée par la presse, Sharon Wilson, de l’organisation de protection de l’environnement Earthworks du nord du Texas, affirme que quelque soit le responsable de ces pollutions, les résultats des tests montrent clairement que l’utilisation de l’eau des puits dans le bassin du Barnett Shale est maintenant réputée potentiellement dangereuse à la consommation. « Ces produits vont pénétrer votre peau, ils être vaporisés par l’eau lorsque vous prendrez une douche. Lorsque vos cheveux seront mouillés et que vous les sécherez avec un sèche-cheveux, vous allez respirer cette vapeur contaminée. Donc, non, vous ne devez pas utiliser cette eau! ».

Si l’industrie clame que le méthane peut être présent naturellement dans l’eau, cette fois il sera probablement plus difficile de justifier la présence de ce cocktail de produits chimiques dans les nappes phréatiques à proximité des forages de gaz de schiste.

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[1] Le Barnett Shale est un des plus grands gisements de gaz de schiste en cours d’exploitation intensive aux États-Unis.

Source: News 8 WFAA, a division of Gannett Satellite Information Network, Inc

(!) Info minute – Revue de Presse

En 2010, le Congrès américain avait demandé à l’Agence Fédérale pour la Protection de l’Environnement (EPA) d’étudier l’impact de la fracturation hydraulique sur l’eau potable. Ce rapport d’évaluation très attendu aux États-Unis a été publié le 4 juin 2015. Il examine l’incidence sur l’eau de la fracturation hydraulique, technique que nécessite l’exploitation des pétrole et gaz de schiste . Le rapport réfute la conclusion d’une précédente étude effectuée en 2004 par la même agence gouvernementale qui concluait à l’absence de menace du fracking sur l’eau potable. A l’époque, cette conclusion avait  permis de dispenser la fracturation hydraulique de répondre aux obligations de la Loi sur la protection de l’eau potable (Safe Drinking Water Act).

L’administration confirme que le « fracking » n’est pas exempt de risque

Tout d’abord le rapport indique que la fracturation hydraulique mise en œuvre pour l’exploitation de l’huile et du gaz de schiste n’a pas conduit à « des impacts systémiques répandus sur la ressource en eau potable aux États-Unis ». Et c’est heureux. Si les opérations de fracking qui ont envahi de nombreuses régions des États-Unis depuis les dix dernières années avaient conduit à « des impacts systémiques répandus sur la ressource en eau potable » ça se saurait. D’ailleurs, on notera que personne n’a jamais prétendu que la fracturation hydraulique produisait « des impacts systémiques répandus sur la ressource en eau potable ». Le rapport confirme aussi que la fracturation pourrait contaminer l’eau potable dans « certaines conditions », comme lorsque les fluides utilisés dans le processus fuient dans la nappe phréatique. Il confirme également des cas de contamination de l’eau. Ça on le savait (lire ici et ).

L'utilisation de l'eau dans le processus de fracturation hydraulique gaz de schiste

Un examen des 5 étapes du cycle de l’eau dans la fracturation hydraulique

Cette étude a examiné l’utilisation de l’eau à travers cinq étapes du processus : l’approvisionnement en eau pour la fracturation hydraulique; le mélange de l’eau avec les produits chimiques pour créer fluide de fracturation; le reflux du fluide après son injection sous haute pression dans le sous-sol pour fracturer la roche et libérer le pétrole ou le gaz; le traitement des sous-produits des liquides de reflux de fracturation; et les puits d’injection fréquemment utilisés pour se débarrasser des fluides de fracturation hydraulique lorsque le processus est terminé.
Se faisant, le rapport a identifié plusieurs voies par lesquelles le risque de contamination de l’eau existe, y compris les déversements, les défauts de construction et d’étanchéité de puits, les problèmes de retraitement et la mauvaise élimination des eaux usées. Très ciblé sur la question de l’eau, le rapport n’évoque pas l’impact sur la qualité de l’air, les abondantes fuites de méthane générées par l’exploitation, le stockage et le  transport du gaz, l’empreinte au sol gigantesque de l’exploitation des hydrocarbures, ni la fragilité du modèle économique pour une activité outrageusement subventionnée.

► Concernant l’impact des prélèvements d’eau,

5.7 millions de litres d’eau sont nécessaires pour chaque puits en moyenne. Cette estimation fournie par le rapport représente probablement les besoins pour la fracturation d’une grande variété de types de puits, y compris des puits verticaux qui utilisent généralement beaucoup moins d’eau par puits que les puits horizontaux généralement mis en œuvre dans le cas de l’exploitation des pétroles et gaz de schiste. Ainsi, les estimations publiées pour les puits de gaz de schiste horizontaux sont généralement plus élevées (environ 15 millions de litres (Vengosh et al., 2014)). Il existe aussi de grandes variations dans les volumes d’eau utilisés par puits selon les États et les bassins. De plus de 19 millions de litres dans l’Arkansas, la Louisiane et la Virginie occidentale à moins 3,8 millions de litres en Californie, au Nouveau-Mexique et dans l’Utah. Cette variation résulte de plusieurs facteurs, y compris la durée d’exploitation du puits, la formation géologique et la formulation du fluide de fracturation. La question de l’impact des prélèvements de l’eau pour les opération d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels sur la quantité et la qualité de l’eau potable est extrêmement variable selon les localités où est pratiquée la fracturation hydraulique. Il en est de même pour ce qui concerne les conflits d’usage avérés ou potentiels.

► Concernant les incidents liés à la manipulation des produits chimiques utilisés,

Rappelons que les fluides de fracturation hydrauliques sont conçus pour exécuter des fonctions spécifiques telles que: créer et élargir les fractures, le transports de l’agent de soutènement (sable ou micro-billes) pour le placer dans les fissures crées par la fracturation. Le fluide est généralement constitué de trois parties: (1) le fluide de base, qui est le plus grand constituant en volume: C’est de l’eau; (2) des additifs généralement un mélange d’une grande variété de produits chimiques; et (3) l’agent de soutènement. Les additifs sont choisis pour servir un but précis (par exemple, ajuster le pH, augmenter la viscosité, limiter la croissance bactérienne). Les produits chimiques représentent généralement un faible pourcentage (2% à 5%) du volume de fluide injecté dans son ensemble. Mais ramené aux 5 millions de litres de liquides injectés par puits, des milliers de litres de produits chimiques peuvent être potentiellement stockées sur place et utilisés au cours des activités de fracturation hydraulique.

L’EPA a examiné les risques liés au stockage et à la manipulation de ces produits sur les sites d’opération de fracking. Elle note que la fréquence des déversements accidentels de produits chimique varie d’une région à l’autre et a pu se produire dans certains cas sur  1% des sites d’exploitation alors que dans d’autres cas jusqu’à à 12% des sites ont été concernés. Ces estimations comprennent les déversements de fluides de  fracturation hydraulique et de produits chimiques tels qu’ils ont été signalés par les opérateurs et enregistrés officiellement par l’administration publique. L’EPA admet toutefois ignorer si ses chiffres sont représentatifs et extrapolables. Les causes de déversements incluent la défaillance d’équipement, l’erreur humaine, la défaillance de l’intégrité du contenant, ainsi que d’autres causes telles de la météo et vandalisme. La cause la plus fréquemment signalée étant la défaillance du matériel.

► Concernant les volumes et la nature des produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique,

Les estimations tirées de la base de données de l’EPA développés à partir FracFocus (voir plus bas) suggèrent que le volume moyen des produits chimiques injectés par puits est de 2500 litres par produit chimique. L’EPA supposant qu’en moyenne 14 produits chimiques sont utilisés par puits, elle estime que 34 000 litres de produits chimiques sont injectés par puits. Elle estime que les volumes peuvent varier de 9800 litres à 69 000 litres de produits chimique par puits. Quant à la nature des produits, l’EPA indique simplement que les propriétés physico-chimiques estimées ont été obtenues pour 453 produits chimiques du total des 1076 substances chimiques déclarées dans les fluides de fracturation hydraulique. Sachant que les industriels ne sont pas tenus de déclarer la composition des mélanges effectués pour la fracturation hydraulique, il est évident que l’administration fédérale se retrouve dans l’impossibilité d’étudier les impacts de ces cocktails chimiques notamment lorsque ceux-ci ont connu de très fortes pressions et hautes températures et qu’ils remontent à la surface en même temps de d’autres molécules. L’eau de reflux suite à l’opération de fracturation peut en effet contenir des métaux (comme le baryum, le cadmium, le chrome, le plomb, le mercure) ainsi que des composés organiques tels que le benzène.

► Concernant l’impact potentiel des produits chimiques sur la santé humaine,

Après avoir indiqué que les produits utilisés ont des effets reconnus sur la santé (cancers, effets sur le système immunitaire, changements dans le poids, modification de la chimie du sanguine, cardiotoxicité, neurotoxicité, toxicité hépatique et rénale, toxicité reproductive et développementale), le rapport botte en touche en indiquant que « comme la plupart des produits chimiques sont utilisés fréquemment sur une base nationale (comprendre au niveau d’un état), l’exposition potentielle est susceptible d’être un problème local ou régional, plutôt qu’un problème national. En conséquence, l’examen des dangers et des risques associés à ces additifs chimiques serait plus utile sur une base spécifique au site et est au-delà de la portée de cette évaluation ». Et pourtant des études confirment ces risques comme le rapporte par exemple cette étude menée par une équipe de recherche de l’Université de Yale.

► Concernant l’impact des fuites sur les aquifères,

Le rapport dit qu’ « aucun des déversements de fluide de fracturation hydraulique n’a atteint les eaux souterraines. Cela pourrait être dû à une absence d’impact;  Cependant, l’infiltration dans le sol et le lessivage dans les eaux souterraines des fluides déversés peut prendre plusieurs années. Ainsi, poursuit l’EPA, il peut ne pas être immédiatement évident qu’un déversement a atteint les eaux souterraines ou non ». Or c’est bien ce risque que les opposants à l’exploitation des gaz et pétrole de schiste mettent en évidence: Le risque à moyen ou long terme de contamination de l’environnement, qu’il s’agisse de l’eau ou de l’air ainsi que de son impact sur la santé. Ce qui peut prendre des années. Et apparaître bien après que les opérations d’extractions d’hydrocarbures auront pris fin. Et alors que les industriels auront plié bagages.

Les données utilisées sont celles fournies par les industriels sur une base volontaire

D’où proviennent les données? Et quelle est leur validité ? Dans le résumé de l’étude, l’EPA indique que les données utilisées dans l’évaluation des puits proviennent de « FracFocus », un site Internet accessible au public alimenté par les informations fournies par les opérateurs de puits de production de pétrole et de gaz. Les informations y sont communiquées par les industriels sur une base volontaire ou en fonction des exigences de certains États relatives aux produits utilisés dans les fluides de fracturation hydraulique. Il ne s’agit donc aucunement d’une étude prospective menée par l’État dans laquelle les opérateurs auraient l’obligation de fournir une information systématique. Alors que c’était ce qui avait été initialement envisagé par l’EPA, ces derniers s’y sont refusé. Cela confirme et montre la crainte qu’ont les industriels concernant la surveillance attentive de leurs opérations mais aussi l’influence qu’ils exercent sur les autorités politiques et celles en charge de la définition et de l’application de la réglementation. Comme nous l’évoquions ici, la réglementation fédérale sur les pratiques des industriels reste en effet très timide.

En France, on ne manquera pas de constater dans les jours à venir l’empressement du lobby organisé en faveur de l’exploitation des pétroles et gaz de schiste à claironner que la fracturation hydraulique n’a pas d’impact sur la ressources en eau potable et que les bonnes pratiques de cimentation permettent de conduire une exploitation des hydrocarbures non conventionnels en toute sécurité. Ces bonnes pratiques ont un coût et restent parfois très théoriques. L’expérience américaine le prouve. Et ce n’est pas un chantier vitrine que réclament les industriels pour convaincre l’opinion publique qui permettra de changer la réalité des choses. Nos ingénieurs et géologues des pétroles le savent.  

(!) Info minute – Revue de Presse

L’exploitation des pétrole et gaz non conventionnels (PGNC) a le potentiel d’accroître la pollution de l’air et de l’eau des communautés vivant à proximité des sites d’exploitation. Chaque étape du processus d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels (HNC) -du forage et de la construction du puits aux opérations d’extraction, en passant par le transport et la distribution- est source de pollution de l’air et de l’eau. Des centaines de produits chimiques sont associés au processus d’exploitation du pétrole non conventionnel et du gaz de schiste.

Dans ce travail, nous passons en revue la littérature scientifique qui fournit la preuve que l’exposition des adultes ainsi que des nouveaux nés à des produits chimiques associés aux opérations d’exploitation des PGNC peut engendrer des effets défavorables en matière de santé génésique (santé de la reproduction) ainsi que de développement chez les humains. Les composéspollution gaz de schiste organiques volatils (COV) [y compris le benzène, le toluène, l’éthylbenzène, et xylène (BTEX) et le formaldéhyde] et les métaux lourds (y compris l’arsenic, le cadmium et le plomb) sont quelques-uns des produits dont on connaît l’incidence sur la réduction de la qualité de l’air et de l’eau et qui constituent une menace pour le développement humain et la santé de la reproduction. Le fœtus en développement est particulièrement sensible aux facteurs environnementaux, qui comprennent la pollution de l’air et l’eau.

La recherche montre qu’il y a des périodes critiques de vulnérabilité dans le développement prénatal et postnatal précoce, au cours desquelles l’exposition aux produits chimiques peut causer des dommages potentiellement définitifs à l’embryon en croissance et au fœtus. Beaucoup des contaminants de l’air et de l’eau trouvés a proximité des sites d’exploitation de pétrole et gaz de schiste sont reconnus comme étant toxiques pour le développement et la reproduction; Il est donc absolument nécessaire d’accroître notre connaissance des conséquences potentielles de ces produits chimiques sur la santé pour les adultes, les nourrissons et les enfants à travers des enquêtes rapides et des recherches approfondies.»

Ce qui précède est le résumé (abstract) rédigé par ses propres auteurs d’une étude conduite aux États-Unis par six chercheurs issus du Center for Environmental Health (CEH), de l’Université du Missouri et de l’Institut pour la santé et l’environnement (Institute for Health and Environment). Comme conséquences potentielles des pollutions générées par l’exploitation des pétrole et gaz de schiste, ces travaux ont identifié la stérilité, les fausses couches, l’incidence sur la croissance du fœtus, les faibles poids de naissance, les naissances prématurées et les malformations congénitales. Et l’étude à trouvé que la prévalence de ces problèmes était élevée dans les zones où la fracturation hydraulique est pratiquée de manière intensive. Le même type de constat a été fait chez d’autres mammifères tels que les animaux de ferme et les animaux de compagnie vivant dans ces zones.

Sans surprise l’industrie indique que ces études n’ont pas de valeur et ont toutes été contredites.

De leur coté, les chercheurs tirent la sonnette d’alarme et demandent la mise en œuvre immédiate d’enquêtes rapides et de recherches approfondies. Ils redoutent DANGER Pollution gaz de schisteque les conséquences sur le développement humain ainsi que l’apparition tardive d’autres affections comme les cancers se produisent dans dix ou vingt ans. A ce moment il sera trop tard. Et les opérateurs industriels auront plié bagages. 

En France où la fracturation hydraulique est interdite, la recherche et l’exploitation des pétrole et gaz de schiste continue à faire l’objet de la convoitises de spéculateurs ou grands industriels. Et alors que Paris (Le Bourget) doit accueillir la prochaine conférence internationale sur le climat en décembre 2015, on peut s’attendre à la poursuite d’un fort lobby des industriels au niveau Européen en faveur de la déréglementation et pour faire passer le gaz de schiste pour une énergie de transition.

► La publication en anglais relative à cette étude est accessible ici (Document pdf de 12 pages)

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Traduction par nos soins d’après un article publié par le site de promotion de l’industrie du gaz naturalgaseurope

L’agenda pro- gaz de schiste» du gouvernement Cameron a pris un coup venant directement de son propre expert scientifique en chef. En effet, le Conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique s’oppose à la fracturation hydraulique.

Dans le rapport annuel du conseiller scientifique en chef du gouvernement, le professeur Sir Mark Walport avertit que le gouvernement n’a pas pris correctement en considération les risques potentiels générés par le processus de fracturation hydraulique utilisé pour l’extraction du gaz de schiste.

Sir Walport précise que le processus de fracturation pourrait avoir des impacts négatifs sur la santé et l’environnement pour les décennies à venir et qu’il comporte des risques potentiels comparables à ceux du thalidomide[1] , du tabac et de l’amiante.

«L’histoire est riche d’exemples de processus d’innovation qui se sont révélées plus tard être problématiques – par exemple l’amiante, le benzène, le thalidomide, les dioxines, le plomb dans l’essence, le tabac, de nombreux pesticides, le mercure, le chlore et les composés perturbateurs endocriniens … » indique le rapport publié le 28 novembre 2014.

fracking gaz de schiste Royaume Uni« Dans tous ces cas et bien d’autres, la reconnaissance tardive des effets néfastes a non seulement causé de sérieux impacts sur l’environnement ou la santé, mais aussi engendré un coût massif et une sérieuse perte de compétitivité pour les entreprises et les économies qui persistaient dans la mauvaise voie. »

Plus tôt ce mois, un rapport produit par le réputé Centre britanique de recherche sur l’énergie avait indiqué que le gouvernement avait promu de manière exagérée le potentiel du gaz de schiste au Royaume-Uni.

Lire le rapport (en anglais) annuel du conseiller scientifique en chef du gouvernement ICI

[1] « Le thalidomide est un médicament utilisé durant les années 1950 et 1960 comme sédatif et anti-nauséeux, notamment chez les femmes enceintes. Or, on découvrit qu’il provoquait de graves malformations congénitales. » Voir ici

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Traduction libre par nos soins de l’article de Susan Phillips publié le 28 août 2014 dans State Impact . org

Une nouvelle étude publiée ce mois-ci révèle que les travailleurs du pétrole et du gaz naturel non conventionnels pourraient être exposés à des niveaux dangereux de benzène, les plaçant face à un risque plus élevé de cancers du sang comme la leucémie. Le benzène – connu pour être un agent cancérogène, est présent dans l’eau de reflux lors des opérations de fracturation hydrauliques. On le retrouve également dans l’essence, la fumée de cigarette et dans l’industrie chimique. Reconnue comme cancérogène, l’exposition au benzène dans le milieu du travail aux États-Unis est en principe limitée par les règlements fédéraux du travail. Mais certaines activités liées à la production de pétrole et de gaz sont dispensées de l’application de ces normes.

AP travailleurs foreurs gaz de schiste fracturation hydraulique benzene

Les foreurs gardent un œil sur les têtes de puits au cours d’une opération de fracturation hydraulique sur un puits de pétrole – Encana Corp, près de Mead, Colorado.

L’Institut national de la santé et de la sécurité au travail[1] a travaillé avec l’industrie pour mesurer les expositions aux produits chimiques des travailleurs en charge de la surveillance des fluides de reflux sur les sites de forages dans le Colorado et le Wyoming. Un résumé de l’article (examiné par des pairs) a été publié en ligne ce mois-ci sur un site Web des Centres de Contrôle des Maladies (CDC) . Dans de nombreux cas, les expositions au benzène étaient supérieures aux niveau de tolérable.

Cette recherche a cela d’inhabituel, qu’elle ne s’est pas limitée à étudier des échantillons d’air. Les chercheurs ont également prélevé des échantillons d’urine des travailleurs, faisant le lien entre l’exposition et l’absorption de la toxine par leur organisme. Une des limites de l’étude est relative à la petite taille de l’échantillon, il s’agissait de seulement six sites dans deux États.

Le Dr Bernard Goldstein de l’École de Santé Publique de l’Université de Pittsburg indique que cette étude est la première du genre. Si Goldstein n’y a pas directement contribué, il mène ses propres recherches sur le benzène. Et il a traité des patients exposés à l’agent cancérigène.

Pour le Dr Goldstein, «ces travailleurs sont exposé à un risque de leucémie très élevé. Plus longtemps et plus souvent ils font ce travail, plus ils sont susceptibles d’être touchés par la leucémie en particulier si les niveaux sont élevés».

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Un technicien effectue des mesures sur le liquide de reflux de la fracturation hydraulique par une trappe au sommet de la cuve.

L’étude portait sur les travailleurs qui mesurent la quantité d’eau de reflux consécutif à la fracturation. Un porte-parole de l’Institut national de la santé et de la sécurité au travail indique qu’aucune de ces études n’a tiré de conclusions sur l’exposition des résidents vivant à proximité, mais qu’elles se concentraient spécifiquement sur les travailleurs.

Pourtant le Dr Goldstein dit que ceci montre qu’il pourrait y avoir des risques pour les résidents.

«Nous n’agissons pas de manière à protéger le public qui est à haut risque, indique le Dr Goldstein, et nous ne pouvons même pas vous dire qui est à haut risque. Et pourtant c’est la fuite en avant dans une situation où toutes les données indiquent clairement qu’il y a des risques».

Il demande instamment qu’une étude similaire ait lieu en Pennsylvanie. «C’est le genre d’études qui doit être fait, indique Goldstein. Ç’aurait dû être fait depuis bien longtemps. Elles doivent être faites maintenant. Et elles doivent être effectuées en Pennsylvanie »

La porte-parole d’un groupe industriel indique pour sa part qu’il existe toujours une marge d’amélioration si l’exposition toxiques existe réellement.

Pour Katie Brown du groupe Energy In Depth,« [l’étude] est basée sur un échantillon de petite taille, de ce point de vue elle est limitée. Et d’ajouter, je pense que toute la raison de ce partenariat est d’étudier et de voir comment les pratiques des foreurs peuvent être améliorées».

Les auteurs de cette étude sur le benzène souhaitent que plus de recherches soient conduites avec des échantillons plus importants, d’autant plus que peu de variations dans les niveaux observés à différents moments et sur les différents puits ont été constatées. Les chercheurs ont également produit un certain nombre de recommandations à prendre en compte par l’industrie pour réduire les niveaux de benzène sur les lieux de travail. Il s’agit notamment de modifier les procédures de jaugeage (gestion des reflux de liquide de fracturation), la formation des travailleurs, la limitation des temps d’exposition, de porter des détecteurs de gaz, d’utiliser une protection respiratoire et pour les mains, ainsi que la surveillance des niveaux d’exposition.

[1] The National Institute of Occupational Health and Safety (NIOSH)