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Cette semaine en Rhône-Alpes: Agenda ici              SIGNEZ  LA PETITION !                 ( ! ) Info minute

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Par Jacques CAMBON, co-président du collectif Non au Gaz de Schiste Pays de Savoie et de l’Ain – Publié le 14 07 2012 sur le site du collectif

Monsieur,

Dans votre tribune dans Challenge du 12 juillet vous venez joindre votre voix à la campagne d’opinion lancée par les pétroliers en faveur de l’exploitation des gaz et pétroles de schiste. On peut effectivement considérer  que certains avantages économiques sont plus importants que la santé de nos concitoyens et la préservation de nos ressources en eau et de notre climat, mais on n’a pas le droit de nier les impacts de la fracturation hydraulique observés aux États Unis ou au Canada. Affirmer que « sur 18 000 puits forés aux États Unis il n’y a eu aucun problème grave ou dangereux » n’a pas de sens puisque ce sont des centaines de milliers de puits qui ont été forés : qu’en est-il des autres? Comment peut-on passer aussi vite sur les témoignages et les études scientifiques qui ont conduit en mai 2011 le « Secretary of Energy » à faire « définir les mesures immédiates à prendre pour améliorer la sécurité et la performance environnementale du fracking » et en juin 2011 la Chambre des Représentants à demander à l’ »Environment Protection Agency » un programme de recherche sur la fracturation hydraulique, notamment sur son impact sur les ressources en eau ?

Quant à l’avantage économique que l’on peut en espérer, il est plus que douteux : la mise sur le marché étasunien de gaz de schiste en grande quantité a certes fait baisser le prix du gaz de de 8,4 USD/MBtu en 2008 à 2,8 USD/MBtu en 2009. (1 million British thermal Unit = 28 m3 de gaz), mais avec le résultat paradoxal de voir le prix d’extraction de ce gaz, autour de 8 USD/MBtu, devenir supérieur à son prix de vente. Alors certains, dont le New York Times, n’hésitent pas à parler de « bulle spéculative » : en annonçant des ressources considérables, et donc des espoirs de gains en proportion, les pétroliers ont attiré les investisseurs qui ont massivement financé leurs entreprises. Et ces entreprise doivent maintenant continuer à rechercher et à exploiter le gaz de schiste pour conserver la confiance de leurs actionnaires et éviter l’effondrement boursier, même si cette activité est « intrinsèquement non rentable » selon un analyste financier de la PNC Wealth Management cité par le New York Times, qui conclut que « les investisseurs risquent de perdre leur argent et les consommateurs de payer le prix fort ». 

La volonté d’expansion mondiale de cette activité qui après les USA et le Canada, touche aujourd’hui l’Europe, l’Afrique, l’Asie apparaît alors comme une gigantesque fuite en avant dont la chute finale sera dramatique pour l’économie mondiale. Ne commettons pas la même erreur que notre ancien Président de la République qui voulait introduire en France les prêts hypothécaires pour résoudre le mal logement, un peu avant que ces mêmes prêts ne provoquent la crise des « subprimes » !

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La pression monte ! 

Au-delà de l’insuffisante –et ridicule-  loi sur les gaz de schiste en cours de validation qui on le sait vise essentiellement à endormir voire étouffer un fort mouvement citoyen à la veille de la campagne électorale française

– alors que se multiplient les revendications –ravivées par l’épouvantable catastrophe nucléaire au Japon – pour un vrai débat sur la politique énergétique française

 – alors que les dirigeants de la Pologne – présidente du Conseil Européen au 1er Juillet – offrent les entrailles de leur pays aux compagnies gazières accourant de toutes parts (USA, France, Japon …) pour exploiter sans vergogne les gaz de schiste au prétexte d’assurer une indépendance énergétique

 – alors qu’en France de très nombreux citoyens – pour certains constitués en collectifs, adhérents d’associations, de réseaux sociaux, pour d’autres simples militants avec ou sans étiquette politique, agissant informant depuis des années, ainsi que des jeunes ou moins jeunes éveillés récemment hurlent leur souhait d’une véritable consultation démocratique et solidaire sur les enjeux sociétaux que constituent :

. la production et la consommation d’énergie,

. la protection des ressources en eaux, bien commun fondamental à la survie de l’espèce humaine

. les pratiques industrielles destructrices de l’environnement, de la santé humaine et animale, des écosystèmes en général

C’est LYON (capitale des Gaules en un temps, de la résistance en un autre, grand carrefour des chemins de fer français, baignée par ce Rhône bleu malade de PCB et sensé refroidir nombre de réacteurs nucléaires français) qui a été choisie pour débattre cette semaine et ce week-end

  AGENDA DE LA SEMAINE

 

La Région : Mercredi 22 Juin 2011  LYON

Organisée par la Région Rhône-Alpes: « Gaz de schiste, une conférence pour tout savoir »
22 Juin après-midi: 14h30 à 19h00, Hôtel de Région, Confluence, Lyon 
Voir site de la Région Rhône-Alpes ici

 

National :  Samedi 25 Juin 2011   LYON                                                                                                                                           
APPEL A CO-CONSTRUIRE DES RENCONTRES SUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE – en Cévennes août 2011
A l’initiative de la Coordination nationale des collectifs contre le gaz de schiste, en partenariat avec les réseaux militants nationaux et internationaux, luttant pour un autre avenir énergétique,

* 10H30 CONFÉRENCE DE PRESSE à la Maison Rhodanienne de l’Environnement communiqué de presse ici

* 14H00 RENCONTRE PRÉPARATOIRE à la Maison Rhodanienne de l’Environnement info ici

National : Dimanche 25 Juin 2011  LYON

Réunion de la Coordination nationale des collectifs locaux contre le gaz de schiste

 

Sur les territoires en Rhône-Alpes
LUNDI 20 Juin 2011CREST - DROME 

  Réunion publique d’information par le collectif du Val de Drome
19h45, Au café citoyen à coté de l’église

MERCREDI 22 Juin 2011VIENNE - ISÈRE 

  Gasland, séance publique d’information et débat sur les gaz de schiste
20 heures, salle de l’Europe, Mairie de Vienne

JEUDI 23 Juin 2011AMBERIEU EN BUGEY - AIN 

  Gasland, séance publique d’information et débat sur les gaz de schiste                                      20 heures, salle Dumesnil à l’Espace 1500 à Ambérieu-en-Bugey

VENDREDI 24 Juin 2011DOMPNAC - ARDECHE 

  Gasland, historique et dernières nouvelles sur les permis et les exploitations ici et ailleurs. 20h30 – Chapelle Saint Régis

 


Lire aussi ( ! ) Info minute ici

« Bizarrement » malgré les annonces gouvernementales la mobilisation ne désenfle pas. Bizarrement  on continue d’assister dans les villages et villes de France à de nombreuses manifestations. De très nombreux citoyens pour certains constitués en collectifs, pour d’autres lançant des initiatives à travers les réseaux sociaux, poursuivent le débat, mènent des recherches (scientifiques, juridiques, sur le terrain) et informent à tout va sur les conséquences désastreuses qu’entrainerait l’exploitation des gaz et huiles de schiste.

Les risques de la fracturation hydraulique :

Pourtant le gouvernement et une majorité de la classe politique tentèrent bien de poser l’éteignoir sur ce mouvement spontané lequel appelait à un débat en profondeur sur la politique énergétique du pays ainsi qu’à la protection des ressources notamment aquifères. La solution fut : on va légiférer en vitesse, unissons-nous l’heure est grave on ne va pas se laisser enschister(1), interdisons la fracturation hydraulique! (2).

(1)    Un schiste est une roche qui a pour particularité d’avoir un aspect feuilleté, et de se débiter en plaques fines ou « feuillet rocheux ». Par extension si la classe politique se laisse enschister le principal risque est de provoquer un débat auquel participeraient divers niveaux de la population.

(2)    La fracturation hydraulique a pour but de fracturer le sous-sol afin de libérer une source d’énergie enfermée dans une couche perméable en profondeur

 C’est alors que nos décideurs, clairvoyants, sans attendre les conclusions de la mission d’information parlementaire, examinèrent la situation alors que parmi plusieurs hypothèses (prouvées, probables, possibles), se dégageaient deux scénarii :

Scénario 1 : Une fracturation hydraulique même maîtrisée libèrera vers la surface l’énergie piégée dans des couches hermétiques profondes; L’infrastructure pour la canaliser et la stocker en surface existe mais elle est vétuste, il s’agit de la réformer (en urgence c’est difficile).

 

Scénario 2 : Une fracturation hydraulique présente des risques avérés ; La libération de l’énergie piégée dans des couches hermétiques profondes peut conduire cette dernière à emprunter des voies (failles) naturelles que l’on n’aura pas identifiées à l’avance ; Il y a un risque élevé de contamination.

A la lueur de cet examen approfondi, on décida donc d’interdire en vitesse la fracturation hydraulique
Serait-ce que les grands partis politiques n’avaient pas souhaité faire de la question des énergies et des ressources un vrai débat de campagne à l’échéance des scrutins de 2012 ? Une loi va être votée, elle permettra la recherche, elle ne peut abroger les décisions déjà prises par l’exécutif et elle sera détricotée à très brève échéance.
… ou comment les conseillers du gouvernement français indiquent que LA Révolution Energétique, c’est l’exploitation des ressources fossiles!

Révolutionnaire en effet!

Mars 2011: Une note d’analyse du Centre d’Analyse Stratégique placé auprès du Premier ministre(*) brosse un tableau sur l’exploitation des Gaz non Conventionnels (GNC, en termes populaire Gaz de Schiste) au plan mondial. Il indique le potentiel inimaginable des ressources probables du sous-sol français, précise les investissements majeurs opérés depuis peu par l’industrie (lire la finance mondiale) dans le secteur de l’exploitation des GNC (1).

Évidemment, l’analyse sous-tend qu’il est temps pour la France de s’ « y mettre », puisqu’elle est déjà en retard par rapport à l’Amérique du Nord. La question de l’acceptabilité (2) y est posée, mais on y trouve également la solution: L’expropriation légale!(3) On peut imaginer -mais notre imagination est sûrement trop fertile- que l’industrie pétrolière saura généreusement indemniser des agriculteurs victimes de la politique agricole désastreuse de ces dernières décennies, endettés ou en faillite. La durée d’exploitation des gisements étant extrêmement courte (5 ans en moyenne dit-on), les terrains ainsi acquis pourront faire l’objet d’une autre spéculation financière et de projets immobiliers forts lucratifs et dégradant nos paysages (mais ce n’est que procès d’intention évidemment … revenons à nos moutons).

L’exploitation et la consommation d’eau?  Nos experts la compare à « la consommation d’eau nécessaire à l’extraction du charbon (oui oui vous avez bien lu!) qui est dix fois supérieure (à quantité d’énergie retirée identique), sans évoquer l’éthanol (agrocarburant) qui, lui, nécessite une quantité d’eau encore beaucoup plus importante« !! Quel progrès!

M. Etienne Beeker auteur de cette note stratégique (N°215) de conclure:  « Au plan mondial, si de telles études (ndlr: chez nous les études commandées par les ministres Kosciusko-Morizet et Besson) se révèlent concluantes, et si l’ampleur des ressources exploitables est à la hauteur des prévisions les plus optimistes, il faut s’attendre à ce que le gaz,énergie souple et bien adaptée aux différents usages, redessine en profondeur (quel humour!) et pour quelque temps les paysages énergétiques.

Informez-vous, informez vos proches, interrogez et informez vos élus, la situation est trop grave pour qu’elle soit confiée aux seuls experts confisquant de facto le débat démocratique!

Télécharger et lire la note ici

(1) Page 4: « Restées trop longtemps focalisées sur les gros gisements en raison d’une culture axée sur les grands projets, les majors cherchent à rattraper leur retard en investissant de fortes sommes dans certains actifs de ces sociétés (par exemple 41 milliards de dollars pour ExxonMobil dans XTO)« .

(2) Page 5: « Après forage, il ne reste sur le site que les têtes de puits, les installations d’exploitation (collecte, stockage, traitement du gaz) étant regroupées sur un site approprié, en général dans une zone industrielle. Ces inconvénients semblent relativement bien acceptés  par le public aux États-Unis, mais il n’est pas certain qu’ils le soient en Europe, où la sensibilité aux installations industrielles est souvent plus forte, en raison notamment d’un habitat plus dense. »

(3) Page 5: « En France, à la différence des États-Unis, quand elles sont classées dans la catégorie des mines, les ressources en hydrocarbures du sous-sol ne peuvent être exploitées qu’en vertu d’un titre d’exploitation délivré par l’État. Le propriétaire du sol (et du sous-sol) exproprié est donc indemnisé lors de l’octroi du titre (redevance tréfoncière). Par ailleurs, les titulaires du titre d’exploitation sont tenus de verser une redevance locale (redevance communale et départementale des mines, en fonction de la production) et de payer à l’État une redevance sur la production. »

(*) Le Centre d’analyse stratégique est une institution d’expertise et d’aide à la décision placée auprès du Premier ministre. Il a pour mission d’éclairer le gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale et technologique. Il préfigure, à la demande du Premier ministre, les principales réformes gouvernementales. Il mène par ailleurs, de sa propre initiative, des études et analyses dans le cadre d’un programme de travail annuel. Il s’appuie sur un comité d’orientation qui comprend onze
membres, dont deux députés et deux sénateurs et un membre du Conseil économique, social et environnemental. Il travaille en réseau avec les principaux conseils d’expertise et de concertation placés auprès du Premier ministre : le Conseil d’analyse économique, le Conseil d’analyse de la société, le Conseil d’orientation pour l’emploi, le Conseil d’orientation des retraites, le Haut Conseilà l’intégration.