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(!) Info minute – Revue de Presse

Une traduction par nos soins d’après l’article Fossil fuels subsidised by $10m a minute, says IMF publié le 18 mai 2015 dans le journal The Guardian.

Le subventionnement de l’industrie des énergies fossiles atteint 5,300 milliards de $ pour 2015 un montant supérieur aux dépenses totales de santé consenties par tous les pays du monde.

Au niveau mondial, les compagnies d’extraction d’énergie fossile bénéficient d’un subventionnement pour un montant global qui atteint 5.3 billions de dollars US (1 billion = 1000 milliards, voir note de bas de page [1])  (4,800 milliards d’Euros) par an, soit l’équivalent, au quotidien de 10 millions de dollars (9 M d’Euros) par minute, selon une nouvelle estimation effectuée par le Fonds monétaire international (FMI)[2]. Le FMI qui qualifie cette révélation de « scandaleuse » indique que ce nombre correspond à une estimation « extrêmement robuste » du véritable coût des combustibles fossiles. La subvention de 5 300 milliards de $ estimée pour 2015 est supérieure aux dépenses totales de santé de tous les pays du monde.

Cet énorme montant est notamment lié au fait que les pollueurs ne paient pas les coûts imposés aux gouvernements par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz. Ceux-ci comprennent les dommages causés aux populations locales par la pollution de l’air ainsi que des personnes touchées au niveau mondial par les inondations, les sécheresses et les tempêtes générées par le changement climatique.

Pour Nicholas Stern, économiste spécialiste du climat à la London School of Economics « Cette analyse de la plus haute importance, en montrant l’énormité de leurs coûts réels, brise le mythe selon lequel les combustibles fossiles ne seraient pas chers. Il n’y a aucune justification à ces énormes subventions pour les combustibles fossiles, qui faussent les marchés et endommage les économies, en particulier dans les pays les plus pauvres « . Lord Stern ajoute même que cette estimation du FMI était largement sous-estimé: « Une estimation plus complète des coûts liés au changement climatique démontreraient que ces subventions implicites des combustibles fossiles sont bien plus élevées que ce que le rapport suggère. »

Pour le FMI, la fin des subventions aux combustibles fossiles engendrerait une réduction de 20% des émissions mondiales de carbone. Ça représenterait un pas de géant vers la prise en compte du dérèglement climatique, une question sur laquelle le monde a fait trop peu de progrès à ce jour. La fin des subventions réduirait également de 50% le nombre de décès prématurés dus à la pollution de l’air, soit environ 1,6 millions de vies par an. De plus, toujours selon le FMI, « la réorientation de ces ressources aurait un effet de levier sur la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans de nombreux pays grâce à des investissements plus importants faits dans les infrastructures, la santé et l’éducation, ainsi que par la réduction des impôts qui restreignent la croissance ».

Ceci aurait également pour autre conséquence de voir disparaitre le besoin de subventions pour les énergies renouvelables – ce relativement petit montant de 120 milliards de dollars par an – si les prix des combustibles fossiles prenaient en compte le coût total de leurs impacts.

Le subventionnement aux combustibles fossiles en chiffres

1 La subvention aux combustibles fossiles en chiffres stop petrole gaz de schiste

Pour Vitor Gaspar, en charge des affaires budgétaires au FMI et ancien ministre des Finances du Portugal « Ces estimations [des subventions aux combustibles fossiles] sont choquantes. Les prix des énergies restent lamentablement en dessous des niveaux de leurs coûts réels« . Quant à David Coady, le fonctionnaire du FMI en charge du rapport, il déclare: « Lorsque ce nombre [de 5.300 Mds de dollars] est sorti, au début nous avons pensé que nous aurions mieux faire de contrôler nos chiffres deux fois! Mais le tableau général des énormes subventions mondiales était « extrêmement robuste. Il reflète le coût réel associé à ces subventions aux combustibles fossiles. »

L’estimation du FMI des 5.3000 Mds de dollars en subventions des combustibles fossiles représente 6,5% du PIB mondial. Un peu plus de la moitié du chiffre correspond à de l’argent que les gouvernements sont obligés de dépenser pour la prise en charge du traitement des victimes de la pollution de l’air et du revenu perdu pour cause de maladie et de décès prématurés. Le chiffre est plus élevé que l’estimation de 2013 du FMI car de nouvelles données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquent que les dommages causés par la pollution de l’air sont beaucoup plus élevés que ce qu’on pensait.

Le charbon est le combustible le plus sale en termes d’émissions locales de pollution de l’air et de carbone lui-même cause de réchauffement climatique, il est donc le plus grand bénéficiaire des subventions, avec un peu plus de la moitié du total. Le pétrole, fortement utilisé dans les transports, obtient environ un tiers de la subvention et le gaz le reste.

La plus grande source unique de pollution de l’air provient des centrales à charbon chinoises, la Chine, avec sa grande population et sa forte dépendance énergétique au charbon, fournit 2.300 milliards de dollars de subventions annuelles. Viennent ensuite les États-Unis (700 Mds de dollars), la Russie (335 Mds $), l’Inde (277 Mds $) et le Japon (157 Mds $), l’Union européenne représentant pour l’ensemble de ses pays membres 330 Milliards de dollars (ou 300 Mds d’Euros) en subventions pour les combustibles fossiles.

Répartition des subventions aux combustibles fossiles

2 La subvention aux combustibles fossiles repartition des couts  stop petrole gaz de schiste

Les coûts résultant du changement climatique générés par les émissions des combustibles fossiles représentent 1.270 milliards de dollars par an, soit environ un quart du montant total du FMI. Le FMI a calculé ce coût en utilisant une estimation officielle de l’administration fédérale des États-Unis de 42 $ la tonne de CO2 (en dollars de 2015), un prix «très probablement sous-estimé », selon Groupe d’experts intergouvernemental de l’ONU sur les changements climatiques.

Le subventionnement direct du combustible pour les consommateurs, (subventions publiques sur le diesel et autres carburants), représente à peine 6% du total du FMI. Les autres facteurs locaux, tels que la réduction des taxes de vente sur les combustibles fossiles et le coût de la congestion de la circulation et les accidents, constituent le reste. Le FMI indique que les coûts liés au trafic sont inclus parce qu’une augmentation des prix accrus sur le carburant serait le moyen le plus direct pour les réduire.

Palmarès par pays du subventionnement des énergies fossiles

Palmares par pays de la subvention aux energies fossiles - stop gaz de schiste

En 2009, Barack Obama et les pays du G20 appelaient à la fin des subventions des combustibles fossiles, mais peu de progrès avaient été réalisés jusqu’à la chute des prix du pétrole en 2014. En Avril, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, déclarait que c’était une folie de voir les États continuer à promouvoir l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz en accordant des subventions. « Nous devons nous débarrasser des subventions aux combustibles fossiles maintenant« , disait-il.

La réforme de ces subventions augmenterait les coûts de l’énergie, mais M.Kim et le FMI notent que les subventions aux combustibles fossiles existantes bénéficient massivement aux plus riches, avec les 20% les plus riches obtenant six fois plus que les 20% les plus pauvres dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Pour Vitor Gaspar la baisse des prix du pétrole et du charbon constituait une «occasion en or» pour éliminer les subventions et utiliser les recettes fiscales accrues pour réduire la pauvreté grâce à des investissements et à la fournir d’un appui mieux ciblé.

La réforme des subventions commencent dans des dizaines de pays, dont l’Egypte, l’Indonésie, le Mexique, le Maroc et la Thaïlande. En Inde, les subventions pour le diesel ont pris fin en Octobre 2014. « Les gens prétendaient que ça serait impossible à faire». Et pour la première fois de ce siècle, l’utilisation du charbon a également commencé à baisser en Chine.

Sur les énergies renouvelables, David Coady co-auteur de l’analyse du FMI indique « Si nous obtenons que le prix des combustibles fossiles reflète la réalité, l’argument des subventions pour les énergies renouvelables tombera et les énergies renouvelables deviendront tout d’un coup une option beaucoup plus attrayante. « 

Pour Shelagh Whitley, experte en matière de subventions à l’Overseas Development Institute[3],  » Le rapport du FMI rappelle à nouveau que les gouvernements du monde entier s’appuient sur un modèle énergétique vieux d’un siècle. Aggravant le problème, nos recherches montrent que la plupart des subventions à l’énergie mises en évidence par le FMI vont vers la recherche de nouvelles réserves de pétrole, de gaz et de charbon , alors même que nous savons qu’elles doivent être laissées dans le sous-sol si nous voulons éviter un changement climatique catastrophique et irréversible « .

Le développement de la coopération internationale, une nécessité pour lutter contre le changement climatique, s’est avéré difficile, mais pour M. Gaspar un message clé du travail du FMI, est que chaque nation bénéficiera directement de la lutte contre ses propres subventions aux combustibles fossiles. « La cerise sur le gâteau est que les avantages de la réforme des subventions – par exemple, la réduction de la pollution – bénéficierait massivement aux populations locales. En agissant localement, et dans leur propre intérêt, les [pays] peuvent contribuer de manière significative à la résolution d’un défi mondial. La piste à suivre est claire: agir localement, pour des solutions globales. »

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[1] Un billion c’est quoi ? un billion représente le nombre 1012, c’est-à-dire 1 000 000 000 000, soit mille milliards. Pour les anglophones, ce que nous appelons le billion s’appelle le trillion, voir une illustration graphique du trillion selon les anglophones ici
[2] Voir le rapport du FMI How Large Are Global Energy Subsidies? by David Coady, Ian Parry, Louis Sears, and Baoping Shang
[3] L’Overseas Development Institute ou Institut pour le développement International est un think thank britannique sur le développement international et les questions humanitaires.

(!) Info minute – Revue de Presse

Ce samedi 30 Août, le polonais Donald Tusk a été « élu » par les chefs d’État et de gouvernement président du Conseil Européen. Ce grand promoteur de l’exploitation du gaz de schiste succède dans cette fonction au Belge Herman Van Rompuy.

Un promoteur du gaz de schiste à la tête de l’Europe

Donald-Tusk gaz de schisteÂgé de 57 ans, proche des milieux d’affaires et partisan de la réponse ferme vis-à-vis de la Russie, le premier ministre polonais est également connu pour un positionnement très radical en faveur du développement de la recherche et de l’exploitation des gaz de schiste dans son pays et en Europe. On se souvient qu’à la fin du printemps 2011, alors que la mobilisation contre l’exploitation des gaz de schiste faisait rage en France, M. Sarkozy alors Président et dont le pays la France assurait la Présidence de l’Europe, s’était engagé vis à vis de son successeur polonais à ne point freiner les projets miniers de son collègue polonais … avec l’espoir de promouvoir également le nucléaire en Pologne. A l’issue d’une rencontre entre les deux hommes, le premier ministre polonais déclarait : « Le président Sarkozy m’a dit qu’il n’y aurait pas d’obstacle, pas de lobbying et donc pas de problème pour la Pologne si elle se lance dans l’exploitation du gaz de schiste. C’était une déclaration très importante pour moi».

Gaz de schiste, corruption et déception en série en Pologne

D’après les estimations de l’agence américaine de l’énergie, le sous-sol polonais abriterait les premières « réserves » de gaz de schiste, ce méthane emprisonné dans la roche compacte et dont l’extraction requiert des méthodes complexes et hautement polluantes, telles que la fracturation hydraulique.

gaz de schiste forageAprès avoir accordé de nombreux permis de recherche aux majors du gaz et du pétrole, la Pologne commence à déchanter. Cette déconvenue fait suite à la frilosité des compagnies dont les recherches s’avèrent beaucoup compliquées et moins profitables qu’espérées. A partir de 2013, plusieurs d’entre elles décident de plier bagages. Au même moment éclate un premier scandale suivi de l’inculpation de plusieurs fonctionnaires pour corruption lors de procédures de répartition de licences pour la prospection et l’exploitation de gisements de gaz de schiste.

Une Europe à la botte des majors des hydrocarbures et des promoteurs des énergies fossiles ?

Alors que le Parlement européen s’est saisi plusieurs fois de la question de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels afin de renforcer la réglementation et de mieux encadrer la recherche, la Commission de son côté – sous l’emprise du lobby industriel et financier pro-gaz de schiste, avance bon train et commence à subventionner la recherche de gaz de schiste. En outre, elle engage des fonds européens pour le développement de projets industriels tels que la construction en Pologne d’une usine de fabrication de billes de céramique pour le fracking en Europe.

On se souvient que la dernière conférence sur le climat tenue à Varsovie s’est terminée en fiasco. La nomination de Donald Tusk à la présidence de la Commission Européenne est donc une mauvaise nouvelle pour celles et ceux qui préoccupés par les questions climatiques souhaitent le développement des énergies propres et renouvelables.