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Le 4 octobre 2017 – L’Assemblée nationale vient d’examiner en première lecture le projet de loi Hulot “mettant fin à l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures”. Alors que le passage en commission Développement durable avait permis de renforcer le texte sur certains points (notamment l’interdiction des techniques non conventionnelles, et l’arrêt de toutes les concessions en 2040), le vote en plénière signe aujourd’hui un net recul. En effet, deux amendements très problématiques du gouvernement ont été adoptés, et ce dernier a bloqué systématiquement les modestes propositions qui voulaient donner au texte un contenu en accord avec ses objectifs et ambitions.

Alors qu’elle devait permettre de mettre en œuvre l’Accord de Paris et de tourner la page des énergies fossiles, la loi Hulot est en net retrait par rapport aux discours et aux engagements réitérés du Président de la République, du gouvernement et du ministre de la Transition écologique et solidaire. Le texte voté aujourd’hui est le résultat de renonciations et reculs successifs de Nicolas Hulot, depuis la présentation d’une première version au CNTE fin août (1), jusqu’à la discussion en plénière.

Selon Nicolas Haeringer, de 350.org, « Au nom d’une conception datée de la “liberté d’entreprendre”, inadaptée au défi que représente le réchauffement climatique, les députés ont manqué une opportunité rare de voter un texte qui aurait dû servir d’exemple au reste de la communauté internationale ».

Face aux failles initiales du texte, nos organisations avaient fait des propositions concrètes d’amélioration, soutenues par la mobilisation en ligne de plusieurs milliers de citoyens (2). La discussion en commission du Développement durable la semaine dernière avait pu faire croire un instant que quelques avancées étaient possibles (3). Elles ont été malheureusement balayées au cours des trois séances de discussions en assemblée plénière. En plus de concéder aux lobbies industriels une dérogation discutable pour le bassin de Lacq – l’exploitation génère de fortes pollutions aux impacts sanitaires majeurs -, le gouvernement a déposé un amendement qui ouvre une nouvelle faille dans la loi : la possibilité, pour les premières concessions délivrées en vertu du droit de suite, d’être octroyées pour une échéance excédant 2040 dans le cas où les industriels démontreraient qu’ils ne peuvent pas rentrer dans leurs frais.

Selon Juliette Renaud, des Amis de la Terre France : « Cet amendement est le symbole de la frilosité du gouvernement : il n’ose pas toucher au code minier, qui pourtant réduit sa capacité d’action à presque néant. De même, le gouvernement a de nouveau bloqué les amendements qui voulaient supprimer ou simplement restreindre le droit de suite. Face à l’urgence climatique, le ministre disait vouloir lancer un signal aux industriels, pour sortir des énergies fossiles, mais ce texte envoie le signal inverse : entre les intérêts économiques et le climat, ce sont toujours les intérêts économiques qui priment et ce, jusqu’à 2040 voire au-delà !  ».

Pour Isabelle Levy, du collectif du pays Fertois “Non au pétrole de schiste”, « Le projet ambitieux de Nicolas Hulot se limite à afficher un panneau « fermé » sur la porte du bureau où sont habituellement déposées les demandes de permis de recherche. Pour le reste c’est business as usual : les permis actuels seront prolongés, et pourront donner lieu à de nouvelles concessions qui pourront même aller au-delà de 2040 ! ».

L’autre recul notable concerne les hydrocarbures non conventionnels. En commission du Développement durable, un amendement avait été voté permettant de renforcer la loi Jacob de 2011 : il interdisait, au-delà de la fracturation hydraulique, la stimulation et les autres techniques non conventionnelles. Mais le gouvernement a proposé en dernière minute un amendement qui, sous motif de précision technique, vide en réalité de tout son sens la définition des techniques interdites. En dehors de l’abrogation des articles 2 et 4 de la loi Jacob concernant l’expérimentation, la loi Hulot n’apporte donc aucune amélioration en la matière.

Maxime Combes, d’ATTAC France conclut : « Aux objectifs ambitieux et appropriés initialement annoncés par le gouvernement, correspond une loi en demi-teinte bien éloignée de l’exemplarité totale attendue. En multipliant les dérogations et en refusant de s’engager sur la réductions des importations d’hydrocarbures (99% de notre consommation), le gouvernement a préféré sécuriser les droits des détenteurs des permis plutôt que commencer à résoudre le défi de ce début de 21ème siècle : faire en sorte que le droit des affaires, notamment le droit minier, la liberté d’entreprendre et le commerce international, soient enfin soumis à l’impératif climatique. C’est la tâche que nous poursuivrons dans les mois à venir : #MakethePlanetGreatAgain ou #BusinessAsUsual, il va bien falloir choisir ».

Le projet de loi devrait être examiné par le Sénat au moins de novembre, le gouvernement espérant une adoption finale par le Parlement avant la fin de l’année.

Notes :
(1) Voir notre note de décryptage sur les reculs entre le texte présenté au CNTE le 23 août, et celui examiné au Conseil des ministres et transmis à l’Assemblée nationale le 6 septembre.
(2) Voir notre campagne d’interpellation des députés “Loi Hulot : redonnons à l’État le pouvoir de dire non !”, lancée le 21 septembre : https://350.org/fr/pasdepermis/
(3) Voir notre communiqué du 27 septembre 2017, suite au passage en commission du Développement durable : http://www.amisdelaterre.org/Loi-Hulot-les-ameliorations-doivent-etre-confirmees-et-les-dernieres-failles.html

(!) Info minute – Revue de Presse

Communiqué de Presse des collectifs locaux contre les pétrole et gaz de schiste et de couche réunis en Coordination Nationale.

Lyon, le 03 avril 2016

Les collectifs français opposés à la recherche et l’exploitation des pétrole et gaz de schiste et de couche (de charbon) se sont réunis en coordination nationale à Lyon les 02 et 03 avril 2016.

Les collectifs opposés au pétrole et gaz de schiste et de couche se sont réunis les 2 et 3 Avril à Lyon en coordination nationale. A cette occasion, cette dernière s’est élargie de militants provenant de Lacq. Cet ancien site majeur de l’exploitation du gaz en France connaît une réactivation avec de nouveaux permis d’exploration et de recherche d’hydrocarbures malgré l’impact sur la santé des riverains confirmé récemment.

Dans la continuité de la mobilisation de Barjac le 28 février dernier qui a rassemblé 15000 personnes, dont plus de 350 élus, les collectifs demandent à la Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, Ségolène Royal, de se mettre en cohérence avec ses propos sur la fin de l’attribution de permis d’exploration et de recherche d’hydrocarbures.

« C’est à la lumière de ces nouveaux choix, consolidés par la loi de transition énergétique, que le ministère met en place un système de refus de toute nouvelle demande d’autorisation de recherches d’hydrocarbures conventionnels »
Ségolène Royal, interrogée à l’Assemblée nationale par le député socialiste Yves Blein le mardi 12 janvier.

Les collectifs demandent donc à la Ministre de rejeter toutes les demandes, renouvellements, mutations, prolongations et prorogations des permis d’hydrocarbures liquides ou gazeux.

Parallèlement en Lorraine, les forages se multiplient, l’entreprise La Française de l’Énergie parle déjà d’exploitation pour 2018 alors que la population montre son opposition et s’organise en collectif. Une grande mobilisation se prépare dans les prochains mois.

D’ores et déjà, les collectifs soutiennent et appellent à participer au blocage du sommet du pétrole et gaz offshore qu’organise Total à Pau du 5 au 7 avril.

Face à l’urgence climatique, l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures extrêmes en France et ailleurs implique de construire une nouvelle organisation de société sobre en énergie hors du mythe de la croissance, fût-elle « verte ».

Cette semaine en Rhône-Alpes: Agenda ici     NANTUA 16 MARS 2013    (!) Info minute revue de presse
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ClR(1) 11 Mars 2013

André Cazetien est ancien élu du bassin de Lacq. Il est maire honoraire de la ville nouvelle de Mourenx, dans le bassin de Lacq. Instituteur, il a été maire durant 18 ans de cette ville construite pour accueillir les milliers d’ouvriers venus dans le Béarn afin de travailler à l’exploitation du gaz. Militant écologiste, il est, à 89 ans, l’auteur de nombreux livres parmi lesquels « Et organisons-nous! » (Utovie, 2012), qui fait écho à celui de Stéphane Hessel.

Exploitation du gaz à Lacq (64) – février 2013

Exploitation du gaz à Lacq (64) – février 2013

 Nous publions ici un extrait de l’article « Gaz de schiste, gaz de Lacq: Une philosophie nouvelle » (Article paru dans L’âge de faire, n71, janvier 2013) qui témoigne des premières années de l’exploitation du gaz à Lacq et de ses conséquences pour les habitants.

 « Il y a cinquante ans, l’exploitation du gisement de Lacq ne fut pas une banale activité industrielle. Les ravages de nos plantations agricoles, viticoles notamment, les détériorations d’installations métalliques, les masques à gaz des enfants à l’école et à la maison et leur envoi, gratuit pour les familles de Lacq, en classe de neige en vallée d’Aspe, l’extinction d’une torchère de l’usine de Lacq et l’hospitalisation d’une partie du personnel, l’incendie d’une unité de l’usine, tout cela, et j’en passe, a marqué douloureusement les premières années de vie dans ce bassin industriel.

Il fallut la lutte intense, à l’appel de l’Association de défense des populations de la région de Lacq, animée notamment par Félicien Prué, maire d’Abidos, et par moi-même, directeur de l’école de Lacq. Les tracteurs des paysans barrèrent la route nationale, plus d’un millier de paysans se rassemblèrent à Lacq, le député Guy Ebrard créa, avec les maires de la région, une deuxième association de défense. La vie de tout ce qui vit, humains, animaux et plantes, était mise à rude épreuve par la pollution. Sans la lutte, il n’y aurait pas eu les travaux anti-polluants réalisés par la SNPA (Société nationale des pétroles d’Aquitaine, qui a exploité le gaz de Lacq et fusionnera avec Elf dans les années 70) ».

Lacq 1960 Elève arrivant à l'école avec masque à gaz obligatoire

Légende: Lacq, 1960. La pollution est intense. Un élève arrive à son école. Il porte son cartable et un masque à gaz obligatoire

La leçon que nous voulons en tirer, c’est que l’exploitation des énergies fossiles, conventionnelle ou non conventionnelle, est toujours polluante et qu’il a fallu, déjà à l’époque, la mobilisation de la population pour que les pouvoirs publics s’ en préoccupent un tant soit peu. Vouloir faire passer les projets actuels pour des projets « conventionnels », et prétendre que les techniques sauront résoudre toutes les difficultés (Comme le gaz souffré fut dompté par les ingénieurs à Lacq) n’élimine pas les conséquences de cette exploitation pour la population sur son territoire. « Qui veut aujourd’hui du gaz de schiste? », demande André Cazetien. « Quand la planète, malmenée par l’homme, se réchauffe et perd sa vie. Nous choisissons le Soleil, le Vent, la Mer – Inépuisables, Non polluants – Qui nous font vivre ». Non à l’exploitation des gaz de schistes, oui à la transition énergétique!

(1) chercheure et membre du collectif stop au gaz de schiste 69