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Sauvegarde du principe de précaution j’écris à mon député            (!) Info minute – Revue de Presse

Adaptation par nos soins de l’article de SETH BORENSTEIN rédacteur scientifique AP.

Ruée vers le gaz de schiste en Pennsylvanie : Selon une étude des rapports d’inspection de l’État portant sur 41 000 puits, les nouveaux puits pour le non conventionnel fuient beaucoup plus souvent que les anciens puits traditionnels.

Selon son auteur principal, monsieur Anthony Ingraffea professeur de génie à l’Université Cornell, les résultats de cette étude suggèrent que les fuites de méthane pourraient constituer un problème pour l’ensemble des forages à travers le pays.

marcellus shaleLa recherche a été critiquée par l’industrie de l’énergie. Pour Travis Windle porte-parole de la Coalition du Marcellus Shale (n.d.t. un des plus importants gisements de gaz de schiste actuellement en exploitation aux Etats-Unis) il reflète « la tendance claire d’Ingraffea de jouer double jeu avec les faits». Le gisement de Marcellus Shale dispose de réserves très importantes de ce gaz naturel piégé dans le schiste et autrefois très difficile à extraire. Il s’étend de la Pennsylvanie à la Virginie-Occidentale et jusqu’à New York.

L’étude a été publiée très récemment (n.d.t. le 23 Juin 2014) dans les Actes de l’Académie nationale des sciences.

Pour ce faire, une équipe de quatre scientifiques a analysé les rapports de plus de 75 000 inspections des puits de gaz effectuées par l’Etat de Pennsylvanie depuis 2000.

La fracturation hydraulique (Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS Lyon)

Il en ressort que les vieux puits – ceux forés avant 2009 – ont un taux de fuite d’environ 1 pour cent. La plupart étaient des puits traditionnels, forés verticalement. Les puits non conventionnels – ceux forés horizontalement et pour lesquels la technique de la fracturation hydraulique est utilisée – ne sont pas apparus avant 2006 et ont rapidement pris le relais.

Les nouveaux puits traditionnels forés après 2009 ont un taux de fuite d’environ 2 pour cent; et l’étude a révélé que le taux pour les puits non conventionnels est lui d’environ 6 pour cent.

Le taux de fuite a atteint un niveau de près de 10 pour cent pour les puits forés horizontalement aussi bien avant qu’après 2009 dans la partie nord-est de l’état, où les forages sont intensifs.

Les chercheurs n’ont pu établir vers où le méthane fuit – dans l’eau ou l’air ?- alors que ces fuites pourraient constituer une aggravation du problème du réchauffement climatique anthropique.

Les scientifiques n’ont pu établir précisément l’importance des fuites ou même quelles en sont les causes tandis que les responsables de l’industrie nient qu’il y ait des fuites.L’étude se réfère toutefois à une « insuffisance de l’enveloppe et du ciment».

Selon Ingraffea, qui fait partie d’une équipe de chercheurs de Cornell qui a identifié de nombreux problèmes liés à la fracturation hydraulique, « quelque chose qui ne le devrait pas s’échappe, d’un endroit d’où ça ne devrait pas ».

L’étude n’a pas examiné pourquoi le taux de fuite atteint de tels niveaux. Ingraffea évoque plusieurs causes possibles comme la forme des mâts de forage, ou le fait qu’il y ait de meilleurs contrôles ou encore la manière dont le gaz est piégé dans la formation rocheuse.

Selon les responsables de la réglementation de Pennsylvanie, leurs relevés démontrent que les fuites de gaz ont atteint un sommet en 2010 et sont actuellement en baisse et que ceci reflète leurs efforts pour améliorer les pratiques de cimentation. En outre selon Morgan Wagner, un porte-parole de l’agence environnementale de l’Etat, en 2011, l’Etat a porté ses efforts sur les puits non conventionnels et la nécessité de pratiques « plus strictes pour prévenir les fuites ».

Les représentants de l’industrie de l’énergie quant à eux ont attaqué l’étude et Ingraffea.

Pour Chris Tucker, porte-parole de l’industrie les inspecteurs n’ont pas mesuré des fuites mais une accumulation liée à la pression. « Le truc de ces chercheurs, dit-il, c’est de faire l’amalgame entre la pression et les fuites, et de tenter de convaincre les gens que la simple existence du premier est la preuve du second ».

Mais des scientifiques indépendants, même des pro-forage, ont fait l’éloge de l’étude menée par Ingraffea et ses collègues.

Pour Terry Engelder de l’Université d’État de Pennsylvanie et fervent partisan de l’exploitation du Marcellus Shale, ceci montre qu’il y a une très forte marge pour améliorer la sécurité des forages.

Quant à Ira Leifer, professeur de génie à l’Université de Californie à Santa Barbara et expert du méthane, et qui ne faisait pas partie de l’étude, elle déclare « ceci indique clairement qu’il y a un problème avec la production » sur ces puits.

(!) Info minute – Revue de Presse

Les chiffres sont têtus…et certains sondeurs aussi, qui s’ingénient à les tordre pour leur faire dire ce pour quoi ils sont payés.

IFOP 24 pc janv 2014Le dernier sondage de l’IFOP[1] confirme que moins d’un français sur quatre souhaite voir encouragée la filière des gaz de schiste pour la production de chaleur et d’électricité, alors que neuf sur dix se prononcent pour encourager  la filière des  énergies renouvelables. Remarquable clairvoyance des citoyens face au déferlement médiatique pro-gaz de schiste de nombre de politiciens, industriels, universitaires et même « écologiste people »…

Alors comment soutenir l’insoutenable ? microtrotoir figaro fev 2014Par exemple, en limitant l’échantillon aux lecteurs du Figaro. On obtient un magnifique 72% de favorables à l’exploration du gaz de schiste. La seule conclusion qu’on puisse en tirer, en comparant avec le sondage précédent, c’est que les lecteurs du Figaro ne sont pas représentatifs du peuple français : on s’en doutait un peu. Seraient-ils aveuglés par le souci de maintenir à tout prix  leur niveau de consommation, ou espèrent-ils que ce sont les pauvres qui paieront l’addition climatique ?

sondage 69pc ok recherche gds envi janv 2014Et puis il y a les pervers avec les questions vicieuses : « faut-il mener des recherches pour trouver un mode d’exploitation du gaz de schiste compatible avec la protection de l’environnement ? ». Notez bien les termes : « mener des recherches », pas « faire des forages d’exploration » : avec les « recherches » on imagine des scientifiques en blouse blanche dans leur laboratoire aseptisé, pas des foreurs en train de fracturer le sous-sol dans la boue et le vacarme dans le champ d’à côté. Quant au « mode d’exploitation  compatible  avec la protection de l’environnement » leur a-t-on dit, aux sondés, qu’il consistait à utiliser pour l’extraction du gaz de schiste un autre gaz dont le potentiel de réchauffement climatique est 4300 fois celui de gaz carbonique ? Bonjour l’environnement !

Et si on vous proposait du gaz disponible sans forage, qui ne provoquerait pas de réchauffement climatique et en plus serait renouvelable ?  Vous seriez contre, vous ?