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Sauvegarde du principe de précaution j’écris à mon député            (!) Info minute – Revue de Presse

Sur France Inter, Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie du gouvernement Valls, répond à l’interpellation d’un auditeur sur la question des gaz de schiste. C’est dans la capsule « Interactive » du 7/9 de l’été de France Inter (avancer le curseur à 8’39 »). En voici le verbatim ainsi que la réaction d’un citoyen militant contre la recherche et l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels.

Verbatim —–

Arnaud Montebourg (AM) : La question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre les GdS…
France Inter (FI) : Non ???
AM : La question c’est de savoir si ça pollue ou si ça pollue pas. Donc on est contre la pollution. D’ailleurs c’est la préoccupation de cette personne qui est engagée dans un mouvement écologiste, et c’est bien NORMAL ! Donc si on trouve les solutions techniques pour éviter la pollution des sous-sols, des nappes phréatiques ce qui EST le CAS, faut le reconnaître, et je comprends parfaitement les mouvements d’opposition à ces techniques qui ont répugné un certain nombre de… peuples. Et bien si ces problèmes sont surmontés je crois qu’il faut s’interroger sur la nécessité -ou pas- de le faire, c’est tout ! Moi, je crois qu’il faut avoir une vision assez simple et pragmatique et de bon sens.
FI : Et on travaille pour essayer de trouver de nouvelles techniques qui soient moins polluantes ?
AM : Bien sur, bien sur, d’ailleurs tout cela doit se faire dans la transparence…
FI : Il y a des essais ? Où ça ?
AM : … sous le contrôle des parlementaires, c’est… ce sont des choses qui sont très importantes. Je vais vous expliquer pourquoi. La révolution des gaz de schiste aux États-Unis a relancé une partie de leur économie, a créé un million d’emploi…
FI : exactement, donc du coup… et a parfois des conséquences terribles sur l’environnement.

AM : … ben je vais vous dire, il y a même aujourd’hui des… j’allais dire… entrepreneurs, des grandes entreprises de chimie qui disent : « qu’est-ce que fait l’Europe ? » parce que si ça continue nous on peut avoir le gaz quatre fois moins cher – qui est une matière première de la chimie – aux États-unis, on va délocaliser. Je vous rappelle qu’on a plusieurs centaines de milliers d’emplois de la chimie en France. Et que nous sommes une grande nation de chimistes, hein… LAVOISIER ! hein… que nous avons plusieurs prix Nobel de chimie. Donc attention, parce que nous sommes des leaders mondiaux et que nous risquons, là encore… Donc moi je suis d’accord avec l’idée que tout ce qui pollue doit être…
FI : Donc pas aujourd’hui mais si on y arrive proprement…
AM : Voila ! Donc il faut trouver des technologies qui règlent ces problèmes.
FI : On teste où en ce moment, par exemple ? On expérimente où ?
AM :  Eh ben, hors de France parce que c’est interdit en France par la loi.

—– Suite à l’émission …

… Alain, un militant engagé dans la lutte contre la recherche et l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels réagit :

Certes Arnaud Montebourg met de l’eau dans son vin de Bourgogne (Saône-et-Loire…) , mais dans « le monde de Oui Oui » décrit par le Ministre, les technologies « propres » iraient-elles au-delà de la tête de puits? Les citoyens ne sont pas des « prix Nobel » ni tous des Lavoisier mais ils demeurent lucides et parfaitement documentés ; Alors, prêtons-nous au jeu et acceptons un instant que ces nébuleuses technologies « propres » n’impactent pas les ressources en eau et n’induisent pas de conflits d’usage mortifères pour les autres usagers… mais alors  qu’en serait-il donc :

  • de la désorption de la quantité de gaz chimiquement liée à la roche mère ? Quelle que soit la technique « propre », la rentabilité du processus industriel passe par l’essorage de l’hydrocarbure et donc l’emploi de surfactants. Amenés au contact des couches profondes du sous-sol par… téléportation ??? Que vont devenir ces dangereux détergents ?
  • de la migration de nouvelles espèces d’éléments chimiques formés dans le sous-sol profond véritable four où se produisent des réactions atomiques  (pression lithostatique + température) : radionucléides et métaux lourds ?
  • du trafic routier indispensable à la transhumance de ce barnum industriel a travers le pays ? Qui payera l’aménagement et l’entretien de la voirie  française.  Que diras-tu aux riverains ?
  • du mitage des paysages de la première destination touristique mondiale 2014 et ce depuis des années ?fracking new mexico
  • de la dépréciation des biens immobiliers et patrimoniaux, dont la valeur est évaluée AUSSI sur leur localisation dans un territoire préservé ?
  • des stations de traitement des gaz extraits ; une pour 3 à 4 pads d’extraction. Stations qui évacuent les « sous-produits » ; éthane, éthylène, condensats, etc. par citernage avec les risques industriels routiers que cela comporte ?
  • de l’hypothétique présence même de ces gaz légers lesquels sont présents en proportions notables dans certains gisements états-uniens mais pas partout en fonction de l’origine et de l’évolution de la matière organique enfouie ?
  • du réseau de gazoduc nécessaire pour acheminer la ressource CH4, de leurs stations de compression tous les 150 km, des fuites automatiques de méthane par les valves de régulation de pression, des explosions de ces unités industrielles potentiellement dangereuses ?
  • de l’impact de ces activités industrielles entropiques sur le dérèglement climatique, alors que l’État français, dont Arnaud Montebourg est l’un des ministres, accueillera la COP 21 Paris 2015 ?

… pour ne pointer que ces points parmi les dizaines de raisons de tourner la page des énergies fossiles et d’avancer vers un mix-énergétique d’avenir pérenne.

… Et puis de la chimie pour quoi faire ?
  • des sacs plastiques ?!
  • des intrants qui se retrouvent sous forme de nitrates dans les nappes phréatiques, le réseau fluvial et les plages ?
  • des « médicaments » dont les français sont sur-consommateurs ? Des perturbateurs endocriniens ?
  • des emballages agroalimentaires et autres sous lesquels nous croulons déjà et dont la gestion induit des centres de traitements en but à l’impossible éducation des français en termes de tri sélectif ? Déchets plastiques qui étouffent les océans !
  • AZF ?

Enfin faut-il rappeler « des idées et des rêves » d’Arnaud Montebourg en 2011 pendant la campagne des primaires du parti socialiste qui qualifiait le gaz de schiste de « Fausse bonne idée »

le gaz de schiste la fausse bonne idée

 

Sauvegarde du principe de précaution j’écris à mon député            (!) Info minute – Revue de Presse

Négociation du partenariat transatlantique : les fuites de documents démontrent le rôle très actif de l’industrie chimique.

Le texte qui suit est l’adaptation en français par nos soins de l’article publié en mars 2014 sur le site ecowatch.org. Nous le reprenons car il est une illustration de l’incidence qu’aurait la mise en œuvre du Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (PTCI ou TTIP également connu sous le nom de Grand Marché Transatlantique GMT ou TAFTA) sur l’activité chimique, industrielle et bien évidemment les méthodes d’extraction d’hydrocarbures telles que la fracturation hydraulique.

Un rapport publié en mars 2014 par le Centre pour le droit International de l’environnement (Centre for International Environmental Law (CIEL)) et ClientEarth montre comment une proposition des groupes de lobbying de l’industrie chimique (il s’agit d’une fuite) pourrait sérieusement remettre en cause la législation sur les produits chimiques toxiques.

Les documents rédigés par l’American Chemistry Council (Conseil de l’industrie chimique étasunienne) et le Conseil européen de l’industrie chimique, ont été injectés dans les négociations de Décembre dernier sur le Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (PTCI) -une action qui démontre la capacité permanente de l’industrie chimique à influencer directement les pourparlers secrets entre les États-Unis et l’Union Européenne.

ttip TAFTA PTCIPour Baskut Tuncak, avocat du Centre pour le droit international de l’environnement « Cette proposition illustre deux problèmes énormes et interdépendants avec le PTCI : La position privilégiée de l’industrie dans l’élaboration de l’accord de commerce sans la participation du public, et le potentiel illimité du PTCI d’affecter la capacité des pays à réglementer les produits chimiques toxiques, l’énergie et le changement climatique, la nourriture et l’agriculture ainsi que d’autres domaines essentiels.« 

L’ingérence de l’industrie chimique dans les futurs règlements du PTCI pourrait avoir pour effet le ralentissement de la mise en œuvre des décisions de précaution sur les produits chimiques toxiques, la compromission de la prise de décision démocratique et pourrait également étouffer l’innovation pour des alternatives plus sûres.

Pendant des années, le gouvernement américain et l’industrie chimique se sont plaints des lois européennes relatives à l’industrie chimiques, les qualifiant d’obstacles au commerce, des groupes industriels les qualifiant de barrières commerciales les plus restrictives dans l’accord transatlantique.

Compte tenu de cela, il semble bien que l’objectif principal de cet accord transatlantique soit de minimiser ce qu’il appelle « les obstacles techniques au commerce », ses actions pouvant affaiblir l’introduction de lois vitales destinées à protéger les personnes et l’environnement.

Le rapport publié par le Centre pour le droit International de l’environnement indique que:

La proposition conjointe des Conseils américains et européens de l’industrie chimique cherche à utiliser le PTCI comme un mécanisme pour « s’attaquer aux obstacles nochimie-n tarifaires potentiels qui peuvent découler de mesures réglementaires discordantes. » Même si à première vue cela peut sembler être un objectif raisonnable, une étude plus approfondie de la proposition suggère fortement qu’il existe une motivation bien différente visant à exploiter les différences de réglementation entre les deux parties afin de ralentir les évolutions réglementaires à tous les niveaux, de prévenir la réglementation des perturbateurs endocriniens et d’entraver les efforts visant à promouvoir le remplacement des substances dangereuses par des alternatives plus sûres.

La suggestion de l’industrie selon laquelle les «améliorations» proposées n’impliqueront aucun changement dans les exigences légales ou réglementaires dans les deux juridictions est au mieux d’une invraisemblance extravagante, au pire d’une profonde malhonnêteté

TAFTA--Selon Vito Buonsante l’avocat de ClientEarth, « Le thème principal de ces propositions est gardé secret » et «L’industrie veut limiter la transparence de l’information, ce qui est essentiel si les gens doivent faire des choix sur ce à quoi ils s’exposent. Ils veulent aussi saper le processus démocratique en confiant la prise de décision à des comités dominés par l’industrie».

Le rapport montre également que les propositions qui ont fait l’objet de ces fuites auraient un effet particulièrement néfaste sur la législation concernant la limitation des perturbateurs endocriniens lesquels sont reconnus comme ayant une incidence sur le système hormonal.

Les perturbateurs endocriniens sont présents dans les produits de tous les jours tels que les écrans solaires, les déodorants et les jouets pour enfants.

Selon les estimations économiques utilisées par la Commission européenne, le secteur des produits chimiques serait le deuxième plus grand bénéficiaire si certaines lois étaient annulées par cet accord commercial transatlantique.