Sauvegarde du principe de précaution j’écris à mon député (!) Info minute – Revue de Presse
Sur France Inter, Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie du gouvernement Valls, répond à l’interpellation d’un auditeur sur la question des gaz de schiste. C’est dans la capsule « Interactive » du 7/9 de l’été de France Inter (avancer le curseur à 8’39 »). En voici le verbatim ainsi que la réaction d’un citoyen militant contre la recherche et l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels.
— France Inter (@franceinter) 11 Juillet 2014
Verbatim —–
Arnaud Montebourg (AM) : La question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre les GdS…
France Inter (FI) : Non ???
AM : La question c’est de savoir si ça pollue ou si ça pollue pas. Donc on est contre la pollution. D’ailleurs c’est la préoccupation de cette personne qui est engagée dans un mouvement écologiste, et c’est bien NORMAL ! Donc si on trouve les solutions techniques pour éviter la pollution des sous-sols, des nappes phréatiques ce qui EST le CAS, faut le reconnaître, et je comprends parfaitement les mouvements d’opposition à ces techniques qui ont répugné un certain nombre de… peuples. Et bien si ces problèmes sont surmontés je crois qu’il faut s’interroger sur la nécessité -ou pas- de le faire, c’est tout ! Moi, je crois qu’il faut avoir une vision assez simple et pragmatique et de bon sens.
FI : Et on travaille pour essayer de trouver de nouvelles techniques qui soient moins polluantes ?
AM : Bien sur, bien sur, d’ailleurs tout cela doit se faire dans la transparence…
FI : Il y a des essais ? Où ça ?
AM : … sous le contrôle des parlementaires, c’est… ce sont des choses qui sont très importantes. Je vais vous expliquer pourquoi. La révolution des gaz de schiste aux États-Unis a relancé une partie de leur économie, a créé un million d’emploi…
FI : exactement, donc du coup… et a parfois des conséquences terribles sur l’environnement.
.@montebourg « Nous sommes des leaders en chimie… Il faut trouver des technologies qui règlent les problèmes de pollution » #gazdeshiste
— France Inter (@franceinter) 11 Juillet 2014
AM : … ben je vais vous dire, il y a même aujourd’hui des… j’allais dire… entrepreneurs, des grandes entreprises de chimie qui disent : « qu’est-ce que fait l’Europe ? » parce que si ça continue nous on peut avoir le gaz quatre fois moins cher – qui est une matière première de la chimie – aux États-unis, on va délocaliser. Je vous rappelle qu’on a plusieurs centaines de milliers d’emplois de la chimie en France. Et que nous sommes une grande nation de chimistes, hein… LAVOISIER ! hein… que nous avons plusieurs prix Nobel de chimie. Donc attention, parce que nous sommes des leaders mondiaux et que nous risquons, là encore… Donc moi je suis d’accord avec l’idée que tout ce qui pollue doit être…
FI : Donc pas aujourd’hui mais si on y arrive proprement…
AM : Voila ! Donc il faut trouver des technologies qui règlent ces problèmes.
FI : On teste où en ce moment, par exemple ? On expérimente où ?
AM : Eh ben, hors de France parce que c’est interdit en France par la loi.
—– Suite à l’émission …
… Alain, un militant engagé dans la lutte contre la recherche et l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels réagit :
Certes Arnaud Montebourg met de l’eau dans son vin de Bourgogne (Saône-et-Loire…) , mais dans « le monde de Oui Oui » décrit par le Ministre, les technologies « propres » iraient-elles au-delà de la tête de puits? Les citoyens ne sont pas des « prix Nobel » ni tous des Lavoisier mais ils demeurent lucides et parfaitement documentés ; Alors, prêtons-nous au jeu et acceptons un instant que ces nébuleuses technologies « propres » n’impactent pas les ressources en eau et n’induisent pas de conflits d’usage mortifères pour les autres usagers… mais alors qu’en serait-il donc :
- de la désorption de la quantité de gaz chimiquement liée à la roche mère ? Quelle que soit la technique « propre », la rentabilité du processus industriel passe par l’essorage de l’hydrocarbure et donc l’emploi de surfactants. Amenés au contact des couches profondes du sous-sol par… téléportation ??? Que vont devenir ces dangereux détergents ?
- de la migration de nouvelles espèces d’éléments chimiques formés dans le sous-sol profond véritable four où se produisent des réactions atomiques (pression lithostatique + température) : radionucléides et métaux lourds ?
- du trafic routier indispensable à la transhumance de ce barnum industriel a travers le pays ? Qui payera l’aménagement et l’entretien de la voirie française. Que diras-tu aux riverains ?
- du mitage des paysages de la première destination touristique mondiale 2014 et ce depuis des années ?
- de la dépréciation des biens immobiliers et patrimoniaux, dont la valeur est évaluée AUSSI sur leur localisation dans un territoire préservé ?
- des stations de traitement des gaz extraits ; une pour 3 à 4 pads d’extraction. Stations qui évacuent les « sous-produits » ; éthane, éthylène, condensats, etc. par citernage avec les risques industriels routiers que cela comporte ?
- de l’hypothétique présence même de ces gaz légers lesquels sont présents en proportions notables dans certains gisements états-uniens mais pas partout en fonction de l’origine et de l’évolution de la matière organique enfouie ?
- du réseau de gazoduc nécessaire pour acheminer la ressource CH4, de leurs stations de compression tous les 150 km, des fuites automatiques de méthane par les valves de régulation de pression, des explosions de ces unités industrielles potentiellement dangereuses ?
- de l’impact de ces activités industrielles entropiques sur le dérèglement climatique, alors que l’État français, dont Arnaud Montebourg est l’un des ministres, accueillera la COP 21 Paris 2015 ?
… pour ne pointer que ces points parmi les dizaines de raisons de tourner la page des énergies fossiles et d’avancer vers un mix-énergétique d’avenir pérenne.
… Et puis de la chimie pour quoi faire ?
- des sacs plastiques ?!
- des intrants qui se retrouvent sous forme de nitrates dans les nappes phréatiques, le réseau fluvial et les plages ?
- des « médicaments » dont les français sont sur-consommateurs ? Des perturbateurs endocriniens ?
- des emballages agroalimentaires et autres sous lesquels nous croulons déjà et dont la gestion induit des centres de traitements en but à l’impossible éducation des français en termes de tri sélectif ? Déchets plastiques qui étouffent les océans !
- AZF ?
Enfin faut-il rappeler « des idées et des rêves » d’Arnaud Montebourg en 2011 pendant la campagne des primaires du parti socialiste qui qualifiait le gaz de schiste de « Fausse bonne idée »