(!) Info minute – Revue de Presse
Après avoir soutenu l’interdiction de l’exploitation des gaz de schiste sur le territoire national, le gouvernement français pousse très activement au développement de la recherche et de l’exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels en Algérie. Selon l’Ambassadeur de France, le renforcement du partenariat français avec l’Algérie dans ce domaine est l’une des priorités de l’Hexagone.
L’interdiction en France
La pratique de la fracturation hydraulique –seule technique permettant l’exploitation des gaz et pétrole de schiste- a été interdite en France par la loi du 13 Juillet 2011. Votée et publiée moins d’un an avant les élections présidentielles et législatives de 2012, sa mise en application a conduit le gouvernement Fillon (UMP) à décider de l’abrogation de (seulement) 3 permis de recherche de gaz de schiste dans le Sud de la France. Puis lors de la première « conférence environnementale », le président Hollande (PS) a annoncé le rejet de 7 demandes de permis de recherche hydrocarbure (PERH). Il indiquait au même moment que tant qu’il serait président, l’exploitation du gaz de schiste n’aurait pas lieu en France.
Relance du lobbying pro recherche de gaz de schiste en France
Depuis, sur le territoire national, le lobby pro gaz de schiste qui avait perdu cette première et essentielle bataille met tout en œuvre pour convaincre parlementaires, gouvernements et population de la nécessité de lancer « la France » dans l’«inventaire de ses ressources en hydrocarbure» par l’octroi de permis de recherche. Entendons-nous bien: D’une part les « réserves » « conventionnelles » sont pratiquement épuisées -donc la recherche dont on parle est bien celle d’ hydrocarbures « non conventionnels » la plupart issus des roches mères- d’autre part l’investissement effectué par le titulaire (privé) d’un permis de recherche nécessite un retour, donc l’accord tacite de pouvoir exploiter la «ressource» qui aura pu être identifiée. De ce point de vue, le code minier permet la conversion aisée d’un permis de recherche en permis d’exploitation. Rappelons par ailleurs que la durée d’un PERH est de 5 ans renouvelable deux fois ouvrant ainsi un droit de 15 ans au titulaire !
Forons et fracturons … mais en Algérie
Quelques semaines seulement après la conférence environnementale de 2012, on apprenait que la France et l’Algérie allaient signer un accord permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l’exploitation des gaz de schiste. Naturellement, cette information était accompagnée de démentis et enfouie pour ne point trop éveiller les soupçons.
Depuis décembre 2014, on parle à nouveau (si peu dans les media français) des projets de recherche de gaz de schiste en Algérie. La population du Sud algérien se mobilise en effet massivement et sans relâche contre les forages et les opérations de fracturation testées par la compagnie nationale SONATRACH avec la participation technique de compagnies étrangères comme Halliburton. Alors que cette mobilisation populaire dans le Sahara pour la préservation des ressources en eau et contre ce qui risque de se transformer en véritable écocide de désenfle pas, l’ambassadeur de France en Algérie déclare ouvertement que la compagnie française TOTAL présentera un dossier pour exploiter le gaz de schiste après la fin de la phase des essais entrepris par Sonatrach et que «le renforcement du partenariat français avec l’Algérie dans ce domaine est l’une des priorités de l’Hexagone pour hisser les relations économiques entre les deux pays ».
Les collectifs français sont solidaires de la population algérienne en lutte contre ces projets dont le gouvernement français se rend complice. Les déclarations de l’ambassadeur de France contribuent à jeter de l’huile sur le feu. Elles sont le reflet de l’action d’un gouvernement qui n’a aucune préoccupation pour la question environnementale. Et c’est ce même gouvernement qui organise le sommet mondial sur le climat en décembre 2015.
Avec les problèmes grandissants de sécheresse dans le monde entier, et particulièrement en Afrique y compris le Maghreb, il est vraiment tout-à-fait recommandé de gaspiller les réserves d’eau algériennes! Les populations locales ont mille fois raison de s’y opposer, et il faut les soutenir.