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le 17/01/2015                                                                   (!) Info minute – Revue de Presse


Les dangers de l’exploitation des gaz et des huiles de schistes par fracturation hydraulique dans les pays qui en ont fait l’expérience, ainsi que la quasi-unanimité des scientifiques et de nombreux experts nationaux et internationaux à ce sujet, suscitent l’inquiétude, légitime, des populations du Sud Algérien, notamment les habitants de In Salah, ainsi que la préoccupation de la majorité des Algériens. 

Il est formellement établi que la technique d’exploitation des gaz de schistes par fracturation hydraulique est nocive, forage gaz de schisteaussi bien sur les équilibres environnementaux que sur la santé. Les conclusions des expériences actuelles dans les pays qui ont fait le choix de l’exploitation des gaz de schiste sont alarmantes, ce qui a fait interdire définitivement cette technique en France et plus récemment (décembre 2014), dans l’État de New York et au Canada, sans oublier le désenchantement en Pologne.

Sont incriminés la toxicité des produits utilisés dans le fluide de fracturation (agents de soutènement, réducteurs de friction, surfactants, gélifiants, inhibiteurs de corrosion, antimousses…) dont certains sont cancérogènes (benzène, formaldéhyde, naphtalène…), neurotoxiques (aluminium, hexane, acrylamide, toluène, xylène…), ou toxiques pour la reproduction (acide borique, toluène). Certaines substances considérées comme des perturbateurs endocriniens sont également utilisées (phtalates, butoxyéthanol…)». Est également mentionnée la toxicité de certains éléments naturels, remontés en surfaces, par les boues et la difficulté de traiter ces dernières (métaux lourds, produits hautement radioactifs, bactéries anaérobies qui au contact de l’air produisent un gaz asphyxiant), en plus de la pollution de l’air et des nappes phréatiques.

Un autre inconvénient et non des moindres ; cette technique nécessite l’utilisation de quantités astronomiques d’eau qui, en Algérie, ne pourront être puisées que dans la nappe albienne fossile et non renouvelable. Cette eau pourrait servir au développement d’autres secteurs tels que l’agriculture, le tourisme, pourvoyeurs d’un plus grand nombre de postes de travail pour les populations locales, de façon durable et respectueuse de leur lieu de vie.

Pour finir, il est de plus en plus établi que l’investissement dans les gaz de schistes ne soit pas rentable et qui a crée une véritable bulle spéculative. Il est important de signaler que les coûts secondaires à l’impact sur la santé et l’environnement ne sont toujours pas intégrés dans l’investissement.

En ce qui nous concerne en Algérie, n’oublions pas Reggane, B2 Namous, Haoud Berkane Haoud Berkaoui (OKN32 et voir note ici) et le risque que représente actuellement l’enfouissement du CO2 dans la région de In Salah. N’oublions pas, également, que l’eau sera notre or bleu après l’ère de l’or noir. Dire Non à l’exploitation de gaz de schistes c’est dire OUI à une Algérie responsable.

Plus que jamais, devant l’effondrement des cours des hydrocarbures qui nous met face a notre réalité économique et à sa fragilité, une réflexion large et stratégique s’impose afin d’impulser une véritable vision quant à la politique économique et énergétique de notre pays : nécessité de diversifier notre économie pour qu’elle devienne créatrice de richesses, et nécessité de diversifier nos ressources énergétiques hors fossiles. Il est de notre responsabilité à tous de réfléchir en termes d’équité intergénérationnelle et de se projeter vers l’avenir de nos enfants et des enfants de nos enfants.

Par devoir citoyen et en soutien aux populations du Sud qui nous ont donnés une leçon de citoyenneté, notamment par leurs refus de toute récupération ou manipulation, nous faisons l’appel suivant :

– La nécessité d’un moratoire en attendant des process plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité, et rentable économiquement.- L’urgence de réactiver le Conseil national de l’Énergie- Impulser un débat national, serein, sur l’avenir économique et énergétique de l’Algérie, impliquant tous les acteurs de la société algérienne dans la transparence la plus totale.

L’Algérie est à un tournant décisif de son histoire, celui de la deuxième indépendance, économique celle-là, qui risque d’être compromise par des décisions précipitées et pas assez concertées. Les citoyennes et les citoyens, au nom de la responsabilité, doivent imposer l’ouverture d’un champ de réflexion à toutes les bonnes volontés du pays, pour sauver l’Algérie du péril.

Dr Sabrina RAHMANI

P/Le Collectif “Non à l’exploitation de gaz de schiste en Algérie”

(!) Info minute – Revue de Presse

Alors qu’en France le Groupement des Entreprises Parapétrolières et paragazières (GEP) lance sa campagne de dénigrement  du film Gasland réalisé par Josh Fox et tente de minimiser les risques liés à l’exploitation du gaz de schiste, il y a quelques jours, en Pennsylvanie, un arbitre a ordonné à Chesapeake Appalaches LLC de dédommager une habitante du comté de Bradford d’un montant de près de $ 60,000 pour avoir contaminé son puits d’eau avec du méthane.

Revenons brièvement sur cette histoire[1] qui démontre très simplement la mauvaise fois des promoteurs de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels.

  Gaz de schiste Chesapeake Pennsylanie pollution eau par forageEn Juin 2008, Jacqueline Place avait signé un bail comprenant une clause d’arbitrage laquelle mentionnait l’Association Américaine d’Arbitrage[2] (agissant comme un tribunal de commerce) comme arbitre pour la résolution de toute réclamation résultant de dommages causés par les activités de la Chesapeake.

En Décembre 2008, Mme Place a embauché un prestataire pour effectuer un état zéro de l’eau de son puits. Selon des documents juridiques fournis par son avocat, ce test indiquait la présence de méthane à un niveau de 0,01 particules par million. Ce test deviendra la pièce maîtresse pour l’arbitrage.

En Août 2009, la compagnie Chesapeake a  achevé le forage d’un puits (Barret 2H) pour extraire le gaz du sous-sol de la propriété de Mme Place. Ce forage hydrocarbure se situe alors à moins de 100 mètres (80 yards) du puits de Mme Place.

Le 22 Mars 2010, Mme Place remarque que son eau est devenue « rouge-brun » et huileuse. Elle saisit alors Chesapeake ainsi que le département de la protection de l’environnement de la Pennsylvanie. L’un et l’autre effectuent des prélèvements et des tests de l’eau de son puits au mois d’avril suivant. Lesquels tests révèlent une présence de méthane 1300 à 2000 fois supérieure à ce qu’indiquaient les tests effectués par Madame Place en 2008.

Le département de la protection de l’environnement a déclaré cette eau impropre à la consommation et Chesapeake a du fournir une réserve d’eau temporaire et mettre en place un équipement pour le monitorage de la présence du méthane.

Pendant les mois qui ont suivi, Chesapeake, le département de la protection de l’environnement et le prestataire de Mme Place ont continué à effectué des tests de l’eau du puits lesquels continuaient d’indiquer des niveaux de méthanes des centaines de fois plus élevés que ceux mesurés lors de l’état zéro effectué par Mme Place avant le forage, ainsi qu’une augmentation de la présence de fer et de la turbidité.

En Décembre 2010, le  département de la protection de l’environnement a donné la permission à Chesapeake de reconnecter le puits de Mme Place ce qu’a fait la société en Janvier 2011. En Février 2011, le département de la protection de l’environnement a publié une note administrative confirmant que les travaux de Chesapeake avaient causé un « impact temporaire  » sur le puits et recommandant la poursuite de la surveillance par des tests.

L’Agence américaine de protection de l’environnement et le prestataire de Mme Place ont continué la surveillance au cours des 16 mois suivant pour finalement trouver du méthane à des niveaux plus élevés que le niveau mesuré avant le forage mais au-dessous du niveau maximum toléré par  l’Agence de protection de l’environnement.

En mai 2013, un expert embauché par Mme Place trouvait un niveau de méthane de 0,042 particules par million. Mme Place et son fils continuent de boire de l’eau en bouteille.

« En résumé, Jacqueline Place a vécu pendant 10 mois totalement privée de l’accès à l’eau de son puits et depuis sa « restauration » a eu a subir une alimentation en eau polluée de manière chronique, nécessitant une vigilance constante et une surveillance continue » selon le rapport produit par le tribunal de commerce ».

Ross F. Schmucki , l’arbitre de l’Association américaine d’arbitrage, a ordonné à Chesapeake[3] de payer 59,381.42 $ à Madame Place.


[1] D »après l’article publié le 19 février 2014 par le Time Tribune.com
[2] American Arbitration Association
[3] Chesapeake est le principal partenaire avec lequel TOTAL a investi dans la recherche de gaz de schiste aux États-Unis