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(!) Info minute – Revue de Presse

D’après l’article de Lucy Hornby paru dans le Financial Times le 27/03/2015 sous le titre « China’s Cnooc shelves shale project »

La compagnie China National Offshore Oil Corp (Cnooc) a décidé d’abandonner son projet d’exploitation de gaz de schiste dans la province d’Anhui[1]. Ceci illustre qu’il est peu probable que la « révolution du gaz de schiste qui a transformé l’industrie de l’énergie des États-Unis » soit reproductible en Chine.

Les compagnies pétrolières chinoises et internationales réduisent leurs investissements après une dégringolade des prix du brut au cours de la dernière année, et les coûteux projets de schiste sont les premiers visés. Cnooc indiquait le mois dernier vouloir réduire ses dépenses de 35% en 2015. Pour son président M. Wang Yilin, « Compte tenu de la situation critique induite par les bas prix du pétrole, nous aurons une approche très prudente pour ce qui concerne la poursuite de projets d’exploitation de gaz de schiste, et particulièrement pour ce qui concerne les gisements en Chine».

Cnooc rejoint la plus grande entreprise chinoise PetroChina laquelle a déjà revu fortement à la baisse son projet d’exploitation de gaz de schisteChine gaz de schiste dans la province du Sichuan[2] [qu’elle menait avec la Royal Dutch Shell]. PetroChina et Shell n’ont pas voulu indiquer publiquement le degré de mise à l’arrêt de leurs opérations. Selon son directeur exécutif Li Fanrong, « Depuis la fin 2011, Cnooc avait commencé ses forages près de Wuhu, dans le sud de l’Anhui. Mais la compagnie a décidé que ce gisement de schiste ne se prêtait pas au développement d’une exploitation à grande échelle ».

Une exploitation du gaz de schiste bien moins rentable qu’elle n’a pu l’être aux Etats-Unis

Pékin avait fait une priorité du développement de l’exploitation du gaz de schiste « pour essayer d’accroître l’indépendance énergétique de lagaz de schiste Chine fracking Chine, tout en réduisant l’utilisation du charbon polluant ». Mais la combinaison d’une géologie complexe et d’une politique industrielle qui réserve l’exploration et le développement de projets énergétiques à quelques entreprises publiques ont conduit à ces résultats décevants.

Cnooc a essayé mais n’a pas réussi à intéresser les investisseurs étrangers dans le bloc de Wuhu. Mais les partenaires potentiels ont hésité à investir en partie à cause de la forte densité de la population dans la région. Le même contrainte se pose pour ce qui concerne le projet de Shell avec PetroChina dans le Sichuan.

Quant à l’autre major chinoise Sinopec, elle dit être plus avancée dans son projet d’exploitation de gaz de schiste près de Chongqing[3]. Elle a promis de respecter les objectifs fixés par le gouvernement central … mais a fait de nouvelles demandes de subventions.

Malgré l’abandon de son projet à Wuhu, Cnooc a encore de grands projets d’exploitation gazière en Chine depuis qu’elle a repris en 2013 le contrôle des projets de l’État concernant l’exploitation de gaz de couche[4].

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[1] L’Anhui est une province de Chine dont le chef-lieu est Hefei. L’Anhui est situé en Chine de l’est, autour des bassins du Yangzi Jiang et du Huai He voir ici

[2] Sichuan, province du centre-ouest de la Chine. Sa capitale est Chengdu voir ici

[3] Chongqing ou Tchongking  été longtemps l’une des principales villes de la province intérieure du Sichuan

[4] Gaz de couche, gaz de houille ou gaz de charbon voir ici une définition

(!) Info minute – Revue de Presse

Traduction libre de l’article de Paul Reig , Tianyi Luo et Jonathan N. Proctor – Septembre 2014 publié par le World Resource Institute

 Ce rapport analyse la disponibilité de l’eau dans toutes régions du monde où le gaz de schiste serait potentiellement exploitable. Il révèle également que la disponibilité de l’eau pourrait limiter l’exploitation du gaz de schiste sur tous les continents l’Antarctique excepté. Les conclusions qu’il formule sur la nécessité d’une collaboration entre les compagnies pétro gazières, les services locaux et la population pour limiter les dégâts sur l’environnement ne sont pas celles que nous soutenons face aux autres risques majeurs induits par l’exploitation et la consommation de ces ressources fossiles. Nous restons opposés à toutes formes d’exploitation d’hydrocarbures non-conventionnels.

WWRI shale gas gaz de schiste eau et risques Rapport résumé

télécharger le rapport résumé (en anglais) en cliquant sur l’image. (4 Mo)

Les ressources d’hydrocarbures de schiste sont inégalement réparties dans le monde et, pour la plupart, ne se trouvent pas là où l’eau douce est abondante. Par exemple, des pays comme la la Chine, le Mexique et l’Afrique du Sud abritent parmi les plus importantes ressources de gaz de schiste techniquement récupérables (basées sur les estimations de l’Agence américaine de l’énergie), mais sont confrontés à un stress hydrique extrêmement élevé particulièrement à où se situent les « réserves » de gaz de schiste.

Ce rapport révèle que le manque d’eau pourrait réduire le développement de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels dans de nombreuses régions à travers le monde:

  • 38% des ressources de gaz et pétrole de schiste se trouvent dans les zones qui sont soit arides soit avec des niveaux extrêmement élevés de stress hydrique,
  • 19% de ces « ressources » sont dans des zones à forte et très forte variabilité saisonnière ou extrêmement élevé, et
  • 15% sont situées dans des régions exposées à de forte ou très sévères sécheresses.

De plus 386 millions de personnes vivent au dessus de ces gisement de schistes, et dans 40% des cas, l’agriculture irriguée y est le plus grand utilisateur d’eau. Ainsi les forages et la fracturation hydraulique sont souvent en concurrence avec d’autres activités nécessitant des ressources en eau douce, ce qui peut entraîner des conflits avec les autres usagers de l’eau. Cela est particulièrement vrai dans les zones de stress hydrique élevé, où plus de 40% des réserves d’eau disponibles sont déjà consacrées à l’agriculture, la consommation des ménages ou l’industrie.

Les 20 pays ayant les plus grandes réserve de gaz de schiste ou de pétrole non conventionnel (tight oil) qui sont récupérables à l’aide de la technologie actuellement disponible sont présentés dans le tableau ci-dessous.

WWRI

  • 8 des 20 premiers pays ayant les plus grandes ressources de gaz de schiste sont confrontés à des conditions arides ou des tensions élevées ou très élevées sur les aquifères là où se trouvent les ressources de gaz de schiste; ce qui inclut la Chine, l’Algérie, le Mexique, l’Afrique du Sud, la Libye, le Pakistan, l’Egypte et l’Inde.
  • 8 des 20 premiers pays les riches en ressources pétrolières de type tight oil doivent faire face à des conditions arides ou des tensions élevées ou très élevées sur les aquifères là où se trouvent où se trouvent les gisements d’hydrocarbure; ce qui comprend la Chine, la Libye, le Mexique, le Pakistan, l’Algérie, l’Egypte, l’Inde et la Mongolie.

Les conditions hydrologiques varient dans l’espace et selon les saisons, avec des variations au sein même des régions schisteuses, et tout au long de l’année. Cette variation rend la capacité des entreprises à répondre aux besoins en eau douce -pour la fracturation hydraulique et le forage, hautement incertaines, et les estimations de disponibilité qui ont pu être faites par le passé ne se révèlent pas toujours correctes sur les nouveaux gisements de schiste. Ce niveau élevé d’incertitude engendre un risque économique pour les entreprises impliquées dans l’exploration de nouveaux gisements. En outre, les préoccupations du public sur la concurrence accrue et les impacts sur la disponibilité de l’eau douce constituent un risque supplémentaire pour les entreprises et peuvent conduire à des changements dans les réglementations nationales et locales, ce qui pourrait avoir une incidence sur les investissements à court et à long terme.

Les conclusions formulées par l’étude du WRI indiquent que les compagnies pétrolières et gazières impliquées des l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels au plan international auront à relever de grands défis pour l’accès à l’eau douce dans de nombreuses régions du monde. Ces défis mettent en évidence une solide analyse de rentabilisation pour la société engagement stratégique dans la gestion durable de l’eau au niveau local et régional. Le rapport souligne également la nécessité pour les entreprises de travailler avec les gouvernements et d’autres secteurs afin de limiter les impacts sur l’environnement et éviter l’épuisement des ressources en eau.

  • 38% des gisements de gaz et pétrole de schiste dans le monde sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.
  • 386 millions de personnes vivant au-dessus de gisements de schiste sont en compétition pour l’eau et l’inquiétude du public face à la fracturation hydraulique est plus probable dans les zones densément peuplées.
  • En Chine, 61% des gisements de gaz et pétrole de schiste sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.
  • En Argentine, 72% des gisements de gaz et pétrole de schiste sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.
  • Au Royaume-Uni, 34% des gisements de gaz et pétrole de schiste sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.

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