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(!) Info minute – Revue de Presse

Traduction libre de l’article de Paul Reig , Tianyi Luo et Jonathan N. Proctor – Septembre 2014 publié par le World Resource Institute

 Ce rapport analyse la disponibilité de l’eau dans toutes régions du monde où le gaz de schiste serait potentiellement exploitable. Il révèle également que la disponibilité de l’eau pourrait limiter l’exploitation du gaz de schiste sur tous les continents l’Antarctique excepté. Les conclusions qu’il formule sur la nécessité d’une collaboration entre les compagnies pétro gazières, les services locaux et la population pour limiter les dégâts sur l’environnement ne sont pas celles que nous soutenons face aux autres risques majeurs induits par l’exploitation et la consommation de ces ressources fossiles. Nous restons opposés à toutes formes d’exploitation d’hydrocarbures non-conventionnels.

WWRI shale gas gaz de schiste eau et risques Rapport résumé

télécharger le rapport résumé (en anglais) en cliquant sur l’image. (4 Mo)

Les ressources d’hydrocarbures de schiste sont inégalement réparties dans le monde et, pour la plupart, ne se trouvent pas là où l’eau douce est abondante. Par exemple, des pays comme la la Chine, le Mexique et l’Afrique du Sud abritent parmi les plus importantes ressources de gaz de schiste techniquement récupérables (basées sur les estimations de l’Agence américaine de l’énergie), mais sont confrontés à un stress hydrique extrêmement élevé particulièrement à où se situent les « réserves » de gaz de schiste.

Ce rapport révèle que le manque d’eau pourrait réduire le développement de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels dans de nombreuses régions à travers le monde:

  • 38% des ressources de gaz et pétrole de schiste se trouvent dans les zones qui sont soit arides soit avec des niveaux extrêmement élevés de stress hydrique,
  • 19% de ces « ressources » sont dans des zones à forte et très forte variabilité saisonnière ou extrêmement élevé, et
  • 15% sont situées dans des régions exposées à de forte ou très sévères sécheresses.

De plus 386 millions de personnes vivent au dessus de ces gisement de schistes, et dans 40% des cas, l’agriculture irriguée y est le plus grand utilisateur d’eau. Ainsi les forages et la fracturation hydraulique sont souvent en concurrence avec d’autres activités nécessitant des ressources en eau douce, ce qui peut entraîner des conflits avec les autres usagers de l’eau. Cela est particulièrement vrai dans les zones de stress hydrique élevé, où plus de 40% des réserves d’eau disponibles sont déjà consacrées à l’agriculture, la consommation des ménages ou l’industrie.

Les 20 pays ayant les plus grandes réserve de gaz de schiste ou de pétrole non conventionnel (tight oil) qui sont récupérables à l’aide de la technologie actuellement disponible sont présentés dans le tableau ci-dessous.

WWRI

  • 8 des 20 premiers pays ayant les plus grandes ressources de gaz de schiste sont confrontés à des conditions arides ou des tensions élevées ou très élevées sur les aquifères là où se trouvent les ressources de gaz de schiste; ce qui inclut la Chine, l’Algérie, le Mexique, l’Afrique du Sud, la Libye, le Pakistan, l’Egypte et l’Inde.
  • 8 des 20 premiers pays les riches en ressources pétrolières de type tight oil doivent faire face à des conditions arides ou des tensions élevées ou très élevées sur les aquifères là où se trouvent où se trouvent les gisements d’hydrocarbure; ce qui comprend la Chine, la Libye, le Mexique, le Pakistan, l’Algérie, l’Egypte, l’Inde et la Mongolie.

Les conditions hydrologiques varient dans l’espace et selon les saisons, avec des variations au sein même des régions schisteuses, et tout au long de l’année. Cette variation rend la capacité des entreprises à répondre aux besoins en eau douce -pour la fracturation hydraulique et le forage, hautement incertaines, et les estimations de disponibilité qui ont pu être faites par le passé ne se révèlent pas toujours correctes sur les nouveaux gisements de schiste. Ce niveau élevé d’incertitude engendre un risque économique pour les entreprises impliquées dans l’exploration de nouveaux gisements. En outre, les préoccupations du public sur la concurrence accrue et les impacts sur la disponibilité de l’eau douce constituent un risque supplémentaire pour les entreprises et peuvent conduire à des changements dans les réglementations nationales et locales, ce qui pourrait avoir une incidence sur les investissements à court et à long terme.

Les conclusions formulées par l’étude du WRI indiquent que les compagnies pétrolières et gazières impliquées des l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels au plan international auront à relever de grands défis pour l’accès à l’eau douce dans de nombreuses régions du monde. Ces défis mettent en évidence une solide analyse de rentabilisation pour la société engagement stratégique dans la gestion durable de l’eau au niveau local et régional. Le rapport souligne également la nécessité pour les entreprises de travailler avec les gouvernements et d’autres secteurs afin de limiter les impacts sur l’environnement et éviter l’épuisement des ressources en eau.

  • 38% des gisements de gaz et pétrole de schiste dans le monde sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.
  • 386 millions de personnes vivant au-dessus de gisements de schiste sont en compétition pour l’eau et l’inquiétude du public face à la fracturation hydraulique est plus probable dans les zones densément peuplées.
  • En Chine, 61% des gisements de gaz et pétrole de schiste sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.
  • En Argentine, 72% des gisements de gaz et pétrole de schiste sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.
  • Au Royaume-Uni, 34% des gisements de gaz et pétrole de schiste sont situés dans des régions arides ou devant faire face à stress hydrique élevé ou très élevé.

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Lettre ouverte à Philippe Martin, Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie
A la suite de l’émotion suscitée par le démarrage du forage sur la plateforme de Jouarre, l’AFP a produit une vidéo largement relayée par de nombreux media (1). Pour contrebalancer les propos d’Isabelle Lévy, du Collectif du Pays Fertois, parlant au nom des citoyens inquiets,  insistant sur le fait que ce forage constitue la “première étape avant d’aller plus loin” si la loi du 13 juillet 2011, dite “loi Jacob” est invalidée par le Conseil Constitutionnel, l’AFP fait parler Guillaume Bailly, au nom de la DRIEE. “Les services de l’Etat veilleront à ce que l’exploitant ne fasse absolument pas recours à la fracturation hydraulique, nous allons d’ailleurs renforcer nos contrôles. Puisque le forage de recherche va durer 3 mois, les services de la DRIEE vont se rendre à trois reprises sur le site dans  le cadre de contrôles programmés voire inopinés pour s’assurer qu’il n’y a pas de fracturation hydraulique”. Tels sont les propos tenus par Guillaume Bailly, chef de l’unité territoriale 77 à la DRIEE, ancien élève de l’Ecole Nationale Supérieure  des Techniques Industrielles et des Mines d’Alès.

Un représentant de la DRIEE peut-il ignorer que la fracturation hydraulique  ne peut avoir lieu tant que la foreuse est en place?

Nous, simples citoyens, engagés dans la lutte contre l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste, nous en saurions plus que les ingénieurs des mines composant la DRIEE ?
Nous, simples citoyens, savons qu’une exploration complète d’hydrocarbures non conventionnels (pétrole ou gaz de schiste)  se compose de trois phases: un forage vertical, un forage horizontal, et enfin une fracturation hydraulique.
Nous, simples citoyens, savons que la société Hess Oil est en train de forer verticalement, comme elle l’avait prévu en 2010,  dans sa déclaration d’ouverture de travaux miniers, pour procéder à des carottages à l’étage des schistes.
Nous, simples citoyens, sommes perplexes sur les raisons qui poussent Hess Oil à forer. L’entreprise pétrolière prétend explorer  le sous-sol pour obtenir une cartographie du Bassin Parisien alors que selon Didier Bonijoly, directeur adjoint des géoressources au Bureau de Recherches Géologiques et Minières, ce sous-sol et ses ressources sont déjà connus.
Nous, simples citoyens, savons que le forage horizontal a été interdit par arrêté préfectoral en avril 2013, à la suite de la circulaire Batho  du 21 septembre 2012.
Nous, simples citoyens, savons que la troisième phase, (la fracturation hydraulique) est interdite depuis le 13 juillet 2011,  à la suite du vote de la loi, dite “loi Jacob”. A ce titre nous n’avons jamais prétendu que la présence de la foreuse sur la plateforme  de Jouarre supposait qu’une fracturation hydraulique allait avoir lieu dans les jours à venir.
Nous, simples citoyens, savons aussi que la loi Jacob est menacée par une QPC et que le Conseil Constitutionnel doit statuer  avant la mi-octobre.
Nous simples citoyens, savons que si la loi est invalidée, le recours à la fracturation hydraulique par les pétroliers pourra avoir lieu  sans que rien ne s’y oppose.
Nous simples citoyens, savons, par ailleurs, que la loi Jacob prévoit en son article 4 des “expérimentations [de fracturation hydraulique] réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public”. Le Conseil Constitutionnel, s’il décidait de ne pas invalider la loi, pourrait demander au gouvernement d’appliquer complètement la loi, à savoir ses articles 2 et 4, prévoyant la mise en place de la commission chargée de surveiller ces expérimentations de fracturation hydraulique. Celle-ci pourrait alors être effectuée en toute légalité.
Nous, simples citoyens,  savons qu’il n’est pas possible de procéder à une fracturation hydraulique tant que la foreuse est en place.
Nous, simples citoyens, nous interrogeons donc sur les objectifs réels de ces contrôles programmés ou inopinés annoncés  par la DRIEE ainsi que sur la nécessité d’annoncer ces contrôles à l’AFP.
Nous, simples citoyens, conscients de la situation financière des services de l’Etat, ne souhaitons pas participer indirectement  au gaspillage du budget de la DRIEE qui va pratiquer des contrôles dont le seul objectif serait de calmer la population  en répétant qu’il n’y a pas eu de fracturation hydraulique.
Monsieur le Ministre, nous vous demandons de rassurer vos services, si attentifs à nos inquiétudes:  il n’y aura aucune fracturation hydraulique tant que la foreuse sera visible dans les champs, au milieu de la Brie.
Monsieur le Ministre, si d’aventure, une fois la foreuse démontée, nous observions la présence de compresseurs,  de sable et de produits chimiques nécessaires à la fracturation hydraulique nous ne manquerions pas d’en informer  vos services qui, nous l’espérons, se rendront rapidement sur les lieux pour relayer notre veille citoyenne. Citoyennement votre,
Le Collectif du Pays Fertois (Jouarre, le 12 août 2013). Collectifs associés: Boccage Gâtinais (77), Carmen(02), Causse-Méjean – Gaz-de-Schiste-NON ! (48), Marne-Ourcq-Multien (77), Basta ! Gaz-Alès (30), Isérois-STOP-GHRM-38, Pays-de-Coulommiers (77), Anduze (30), ile-de-france-non-au-GPDS (77), non-au-Gaz-etPétrole-de-Schiste-91, Garrigue-Vaunage (30), Touche-pas-à-mon-schiste ! (07) ainsi que le CRI – Nonville (77) et l’association GAIA – SOS planète en dangeret