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(!) Info minute – Revue de Presse

Les asthmatiques ont jusqu’à quatre fois plus de risques d’avoir une crise s’ils vivent près de puits de gaz de schiste extrait par fracturation hydraulique. Telle est la conclusion d’une recherche publiée lundi et réalisée à partir de patients vivant en Pennsylvanie.

Les asthmatiques priés de ne pas vivre près des exploitations de gaz de schiste

Comme le rapporte une dépêche AFP citant l’étude parue dans la revue médicale asthme stop gaz de schiste impact santeaméricaine JAMA Internal Medicine (consulter le résumé de l’étude), les risques augmentent comparativement à ceux résidant à de plus grandes distances.  Cette étude vient ainsi conforter d’autres travaux liant ces exploitations à des problèmes de santé, soulignent les auteurs de la faculté de santé publique de l’université Johns Hopkins à Baltimore.

La mise en exploitation de plus de 9000 puits rend l’air nocif

En Pennsylvanie (Est des États-Unis) où l’industrie de la fracturation hydraulique a mis en exploitation plus de 9000 puits en ces dix dernières années, les responsables sanitaires sont préoccupés par les effets de ce type de forage sur la qualité de l’eau et de l’air, ainsi que sur le stress pour ceux qui résident près des puits. Il peut y avoir par exemple plus d’un millier de passages de camions par jour sur des routes rurales normalement peu fréquentées.

Première étude d’ampleur à se pencher sur l’effet  de l’exploitation du gaz de schiste sur l’asthme

« Notre étude est la première à se pencher sur l’asthme et cette activité, mais nous avons déjà plusieurs recherches suggérant des effets néfastes sur la santé liés à la fracturation hydraulique« , relève un des auteurs, Sara Rasmussen, chercheuse au département de la santé environnementale à l’université Johns Hopkins.

Les scientifiques ont analysé les dossiers médicaux d’un groupe d’assurance maladie entre 2005 à 2012 dans plus de quarante comtés dans le nord et le centre de la Pennsylvanie, où se concentre l’exploitation des gaz de schiste. Les auteurs ont trouvé plus de 35’000 patients asthmatiques âgés de cinq à 90 ans. Pendant cette période, ils ont identifié près de 21’000 attaques d’asthme bénignes requérant seulement une ordonnance pour des corticoïdes, 1870 crises plus fortes nécessitant d’aller aux urgences et 4782 cas où les patients ont dû être hospitalisés.

Un risque de crise d’asthme entre 1,5 et quatre fois plus élevé près des puits

Ces scientifiques ont établi une carte des endroits où vivaient les malades par rapport aux emplacements des puits, la taille de ces derniers, leur nombre ainsi que leur phase d’exploitation, leur profondeur et le volume de production. Les asthmatiques qui vivaient au plus près d’un grand nombre de puits ou des plus actifs, avaient un risque de crise d’asthme entre 1,5 et quatre fois plus élevé. La probabilité d’une crise est d’autant plus grande que les puits sont dans une phase de production, qui peut durer de nombreuses années.

Impact de l’exploitation du gaz de schiste désastreux pour la santé des populations

Ces résultats ont été confirmés après avoir pris en compte d’autres facteurs pouvant exacerber l’asthme comme la proximité d’un grand axe autoroutier, des antécédents familiaux ou le tabac. Des études ont aussi suggéré que le stress pouvait nettement accroître le risque de crise d’asthme.

De précédentes recherches (lire ici) ont déjà lié les activités de fracturation hydraulique à des problèmes de reproduction, des naissances prématurées et à un poids plus faible des nouveau-nés ainsi qu’à une variété de symptômes cutanés et respiratoires.

Source: AFP / Romandie

 Sauvegarde du principe de précaution j’écris à mon député            (!) Info minute – Revue de Presse

Les faits démontrent que la plupart des emplois de courte durée dans l’industrie gazière ne paie pas tant que ça.

Traduit par nos soins d’après le texte de Theo Colborn(1) publié 25 Février 2014 sur le site hcn.org

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Théo Colborn: Présidente-Fondatrice du Endocrine Disruption Exchange [TEDx], basé à Paonia dans le Colorado, et Professeur(e) Emérite de Zoologie à l’Université de Floride, Gainesville. Elle est spécialiste en santé environnementale et fait l’objet d’une reconnaissance toute particulière pour ses travaux sur les effets des produits chimiques /perturbateurs endocriniens sur la santé.

À la télévision, la radio et sur les grands panneaux d’affichage dans l’Ouest des États-Unis, le secteur de l’énergie vend l’idée que la production de gaz naturel est source de ces emplois tellement nécessaires. Les pub affichent de superbes paysages, presque euphoriques et conçus pour nous faire ressentir le bien-être.

Le contraste entre le sentiment de bien-être affiché sur ces publicités et la réalité de la plupart des emplois qu’ils vantent est également magnifique. Certes il y a des emplois, mais la plupart des ouvriers des champs gaziers sont des travailleurs faiblement rémunérés qui n’ont pas de la sécurité de l’emploi, pas d’assurance médicale ni de sécurité sociale, pas de syndicats ni aucun recours contre les abus de l’industrie.

Ces travailleurs ne sont pas protégés par l’Administration fédérale de la sécurité et de la santé au travail(2) parce qu’ils ne travaillent pas dans des bâtiments ni au fond d’une mine. Ils commencent tout juste a faire l’objet d’une certaine attention de la part de l’Institut national pour la sécurité et la santé – une bonne chose, car des ouvriers victimes de blessures au travail -et à cause de celles-ci – dans l’incapacité définitive de travailler se voient systématiquement refuser toute indemnisation compensatoire. Quant à ceux qui tombent malades, ils sont généralement incapables de prouver que leur maladie est liée à l’exposition de quelquechose lié à leur travail.

Les emplois dans l’industrie de l’énergie peuvent être divisés en deux classes. La première comprend les employés qui reçoivent des salaires élevés ainsi que des avantages et des congés payés. Cette main-d’œuvre salariée comprend ceux qui supervisent le forage, la production d’énergie et la pose des canalisations de collecte. Ces emplois sont cependant limitées, et dépendant du nombre de forages et d’opérations de fracturation hydraulique opérés à travers le pays.

La seconde catégorie et la plus importante comprend des journaliers qui sont payés à l’heure et souvent en quête désespérée d’heures supplémentaires afin de toucher un revenu décent. Ils comprennent les membres des petites équipes des sites de forage qui se déplacent avec les foreuses, constamment en mouvement et se demandant où ils dormiront le lendemain.

Au-delà du travail de forage et de fracturation, une série de petits boulots existe allant des travaux de remblaiement et d’aménagement du site de forage à l’obtention de l’agrément des propriétaires. L’essentiel de ses taches est généralement sous-traitée, générant des sous-contrats et des sous-employés.

Ces boulots incluent la conduite des camions-citernes et d’équipements lourds, le soudage, le nettoyage de l’intérieur des réservoirs de fracturation, le travail autour des compresseurs et des solvants toxiques ainsi que la maintenance et la réparation de la vaste infrastructure de pipeline qui évacue le méthane. Ces travailleurs sont généralement les premiers à intervenir en cas de fuite, ce sont eux qui doivent pelleter la saleté et déverser les dispersants. Le travail qu’ils font peut les exposer aux composés volatils toxiques qui, lorsqu’ils sont inhalés, peuvent avoir un impact sur la santé, immédiatement ou parfois avec retard et de manière durable.

Les ouvriers travaillent de longues heures, prennent des risques physiques et bénéficient de peu de protection. Ainsi de nombreux de sous-traitants incitent par exemple les travailleurs à rester indépendants, assurent même qu’ils inscrivent leur propre nom sur leur camion, donnant ainsi l’illusion de la multiplicité des petites entreprises impliquées dans les chantiers alors que ces ouvriers dépendent en réalité en majorité du même sous-traitant sans pourtant bénéficier des droits et avantages sociaux censés venir avec l’emploi.

Lorsque les entreprises lèvent le camp et se déplacent, ces travailleurs « indépendants » se retrouvent sans droits au chômage, tout simplement parce que les travailleurs indépendants ne sont pas obligés de cotiser à une assurance chômage. Les entreprises de forage n’assument aucune responsabilité envers eux; ces travailleurs doivent couvrir leurs propres impôts, leur assurance maladie ainsi que les frais médicaux et lorsque les entreprises décident d’aller forer ailleurs, ils n’ont tout simplement pas de chance.

Beaucoup de travailleurs contractuels sous sont médicaments et souvent de manière illégale et non-contrôlée, pour traiter les troubles liés à leur activité, mais aussi pour rester éveillés jusqu’à la fin de leur quart. Comme ils n’ont pas d’assurance santé, ils se tournent généralement vers les services d’urgence de l’hôpital le plus proche, ce qui oblige la communauté locale à prendre en charge le traitement que ces ouvriers ne peuvent pas se permettre.

En plus de souffrir de problèmes allant de troubles immunitaires, à l’hypertension en passant par la perte de libido et les troubles pulmonaires chroniques, ces ouvriers sont également fortement exposés à l’alcoolisme et à la toxicomanie. Au cours de la dernière décennie, alors que l’ouest du Colorado a connu un boom de l’exploitation du gaz de schiste, le comté de Garfield a établi un centre de désintoxication de 90 lits qui aident les travailleurs dont le test urinaires se révèle positif trois fois de suite…

Il est regrettable que la loi du silence, teintée de crainte, imprègne cette main-d’œuvre de la sous-traitance. Souvent, elle découle de la loyauté des travailleurs qui préfèrent ces emplois à pas de boulot du tout. Pendant ce temps, les sociétés pétrolières et gazières prévoient de porter ces emplois de seconde zone à 870 ,000 d’ici à 2015. Ces travailleurs mériteraient certainement une meilleure alternative.

(1) Theo COLBORN est Présidente-Fondatrice du Endocrine Disruption Exchange [TEDx], basé à Paonia dans le Colorado, et Professeur(e) Emérite de Zoologie à l’Université de Floride, Gainesville. Elle est spécialiste en santé environnementale et fait l’objet d’une reconnaissance toute particulière pour ses travaux sur les effets des produits chimiques /perturbateurs endocriniens sur la santé. Plus d’informations ici

(2) Federal Occupational Safety and Health Administration