Exploitation conventionnelle, pollution conventionnelle? Le témoignage d’André Cazetien à propos des forages à Lacq (64)

Publié: 12 mars 2013 dans énergie climat, forage d'hydrocarbures, gaz de schiste
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ClR(1) 11 Mars 2013

André Cazetien est ancien élu du bassin de Lacq. Il est maire honoraire de la ville nouvelle de Mourenx, dans le bassin de Lacq. Instituteur, il a été maire durant 18 ans de cette ville construite pour accueillir les milliers d’ouvriers venus dans le Béarn afin de travailler à l’exploitation du gaz. Militant écologiste, il est, à 89 ans, l’auteur de nombreux livres parmi lesquels « Et organisons-nous! » (Utovie, 2012), qui fait écho à celui de Stéphane Hessel.

Exploitation du gaz à Lacq (64) – février 2013

Exploitation du gaz à Lacq (64) – février 2013

 Nous publions ici un extrait de l’article « Gaz de schiste, gaz de Lacq: Une philosophie nouvelle » (Article paru dans L’âge de faire, n71, janvier 2013) qui témoigne des premières années de l’exploitation du gaz à Lacq et de ses conséquences pour les habitants.

 « Il y a cinquante ans, l’exploitation du gisement de Lacq ne fut pas une banale activité industrielle. Les ravages de nos plantations agricoles, viticoles notamment, les détériorations d’installations métalliques, les masques à gaz des enfants à l’école et à la maison et leur envoi, gratuit pour les familles de Lacq, en classe de neige en vallée d’Aspe, l’extinction d’une torchère de l’usine de Lacq et l’hospitalisation d’une partie du personnel, l’incendie d’une unité de l’usine, tout cela, et j’en passe, a marqué douloureusement les premières années de vie dans ce bassin industriel.

Il fallut la lutte intense, à l’appel de l’Association de défense des populations de la région de Lacq, animée notamment par Félicien Prué, maire d’Abidos, et par moi-même, directeur de l’école de Lacq. Les tracteurs des paysans barrèrent la route nationale, plus d’un millier de paysans se rassemblèrent à Lacq, le député Guy Ebrard créa, avec les maires de la région, une deuxième association de défense. La vie de tout ce qui vit, humains, animaux et plantes, était mise à rude épreuve par la pollution. Sans la lutte, il n’y aurait pas eu les travaux anti-polluants réalisés par la SNPA (Société nationale des pétroles d’Aquitaine, qui a exploité le gaz de Lacq et fusionnera avec Elf dans les années 70) ».

Lacq 1960 Elève arrivant à l'école avec masque à gaz obligatoire

Légende: Lacq, 1960. La pollution est intense. Un élève arrive à son école. Il porte son cartable et un masque à gaz obligatoire

La leçon que nous voulons en tirer, c’est que l’exploitation des énergies fossiles, conventionnelle ou non conventionnelle, est toujours polluante et qu’il a fallu, déjà à l’époque, la mobilisation de la population pour que les pouvoirs publics s’ en préoccupent un tant soit peu. Vouloir faire passer les projets actuels pour des projets « conventionnels », et prétendre que les techniques sauront résoudre toutes les difficultés (Comme le gaz souffré fut dompté par les ingénieurs à Lacq) n’élimine pas les conséquences de cette exploitation pour la population sur son territoire. « Qui veut aujourd’hui du gaz de schiste? », demande André Cazetien. « Quand la planète, malmenée par l’homme, se réchauffe et perd sa vie. Nous choisissons le Soleil, le Vent, la Mer – Inépuisables, Non polluants – Qui nous font vivre ». Non à l’exploitation des gaz de schistes, oui à la transition énergétique!

(1) chercheure et membre du collectif stop au gaz de schiste 69

commentaires
  1. Bernard de Brion dit :

    Comme l’écrit jlg, ce monsieur ne se souvient plus bien!Je n’ai jamais entendu dire qu’il y ait eu une pollution avérée à Lacq. Il est vrai qu’au moment de la découverte(1956?) il y a eu éruption de gaz, d’où les masques distribués (qui s’en est servi?probablement pas Mr Cazetien!) ; pendant 60 ans ensuite , et encore maintenant, rien à dire(voir les agriculteurs du coin qui ont toujours cultivés leur maîs autour de Lacq. Visitez le Béarn, c’est toujours un beau pays.

    • noschiste dit :

       » Sans la lutte, il n’y aurait pas eu les travaux anti-polluants réalisés par la SNPA (Société nationale des pétroles d’Aquitaine, qui a exploité le gaz de Lacq et fusionnera avec Elf dans les années 70) ». « 

  2. jlg dit :

    Je pense que ce monsieur ne se souvient plus très bien. A part la mauvaise odeur, il n’y a eu aucune catastrophe, personne n’a jamais quitté la région. Renseignez-vous !

    • FORCADE dit :

      Pas quitté la région? Mais si ! Et dans l’usine, il y a eu des morts et des gens qui ne sont pas morts parce qu’ils étaient partis… aux toilettes! Quant à la mauvaise odeur, je suis désormais allergique à tout parfum chimique (nausées, diarrhées, malaises, agressivité…). Je pense, quant à moi, que vous n’étiez pas du côté vers où le vent souffle.

  3. Balto dit :

    Tout cela est vrai, mais mérite qu’on y trouve rapidement des solutions si l’on veut sortir à bon compte de la crise et gagner notre indépendance énergétique dans ce monde où seules les grandes puissances, dont la France ne fait plus partie, auront accès aux ressources énergétiques conventionnelles. Arrêtons cette hypocrisie très à la mode, qui consiste à être écolo tout en continuant à rouler en voiture, à se chauffer et à prendre de bonnes douches chaudes à la maison!

  4. therese Delfel dit :

    Oui, indignons-nous, organisons-nous, mobilisons-nous, ne laissons aucune chance aux consortiums australo-américains de venir s’enrichir sur notre territoire en laissant un sillage de pollutions aux habitants qui eux, resteront sur place !

    • Cadel dit :

      Ce témoignage est un excellent démenti des récentes affirmations de Michel Rocard, et de François Fillon qui prétendaient que l’exploitation du Gaz de Lacq n’avait jamais causé de problème ni fait de mal à personne !.. Comme trop souvent, les politiciens de salon ne connaissent rien à la vraie vie des gens, ni à leurs souffrances. Ils ne savent même pas que pour vivre, on a besoin d’atmosphère et d’eau saines, de terres cultivables non polluées, de respect de la nature.
      Qui nomme à la tête du pays des « décideurs ou gouvernants » infatués d’eux-mêmes mais incapables de faire pousser un radis ?
      Et qui les paye pour énoncer des énormités sans même les vérifier ?…- sinon « encore nous ! ».
      Merci à l’Age de Faire : le combat pour la vie sur notre petite planète est encore loin d’être gagné, hélas !

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