Gaz de schiste, gaz de couche, lettre ouverte à Nicolas Hulot ministre de la transition écologique et solidaire

Publié: 15 juin 2017 dans énergie climat, forage d'hydrocarbures, gaz de schiste
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(!) Info minute – Revue de Presse

Les collectifs opposés à la recherche et l’exploitation des pétrole et gaz de schiste et de couche interpellent M. Nicolas Hulot ministre de la transition écologique et solidaire à propos du projet « gaz de couche », dans les bassins miniers du Nord de la France et de la Lorraine.

Lille le 9 juin 2017,

Monsieur le Ministre, en décembre 2015 au moment de la COP 21, vous déclariez : « …la cohérence est que l’humanité doit renoncer volontairement à 70-80% des énergies fossiles déjà connues qu’elle a sous les pieds » ; suite à la décision de M. Trump de se désengager des accords sur le climat, vous expliquiez sur Europe 1 : « On est sur le fil du rasoir, les choses se déterminent maintenant ».

Nous partageons évidemment ces constats. Il faut donc que la France soit exemplaire et n’autorise pas, sur son propre sol, la recherche de nouvelles énergies fossiles, surtout lorsqu’elles sont extrêmement polluantes. Puisqu’il faut en sortir, commençons dès aujourd’hui à trouver d’autres solutions ; plus nous tarderons, plus nous cumulerons de gaz à effet de serre dans l’atmosphère qui amplifient les dérèglements climatiques.

Alors, pourquoi continuer à renouveler ou à prolonger des permis de recherche d’hydrocarbures, comme ce fut encore le cas ces derniers mois (Permis du Valenciennois, Permis Attila (Meuse), Permis de Claracq…) ?

L’entreprise « la Française de l’énergie, (LFDE) », cotée en bourse depuis juin 2016, entend exploiter le gaz de couche. Le gaz de couche est le méthane emprisonné dans les couches profondes de charbon, il n’a pas vocation à alimenter l’effet de serre…

En Lorraine plusieurs forages ont été réalisés pour l’exploration, et 15 autres sont déjà prévus, pourquoi les autoriser ?

Notons que pour l’instant, le seul forage qui a permis une certification de ressource est celui de Folschviller qui a subi une fracturation hydraulique en 2008, au dire d’une salériée de l’entreprise dans la presse de l’époque. La technique innovante mise en place depuis l’interdiction de la fracturation hydraulique par la loi -forage horizontaux et stimulation du massif rocheux, avec moult produits chimiques (source : DREAL)- n’a pas permis de nouvelle certification de ressource sur les deux forages de Tritteling et Lachambre.

Dans le Nord/Pas-de-Calais, LFDE a racheté Gazonor (issue de Charbonnages de France), ce qui lui permet de tirer profit du gaz de mine, exploité depuis 1992. Bien sûr, il faut exploiter ce gaz qui s’accumule dans les galeries de mine. Mais produire de l’électricité avec un rendement de 37% nous apparaît comme un gaspillage de la ressource. Cette production d’électricité permet par ailleurs à cette entreprise d’avoir un tarif de rachat garanti, ce qui s’apparente à une subvention aux énergies fossiles, que vous avez, avec raison, décrié.

De plus, le gaz de mine est une ressource qui se renouvelle très lentement et LFDE prévoit d’ores et déjà des forages pour extraire du gaz de couche dans ce bassin minier (2 DAOTM pour l’instant mais beaucoup d’autres sont prévus).

L’opposition citoyenne à ces projets d’exploitation du gaz de couche se lève, contrairement à ce qu’affirme l’entreprise dans la communication à ses actionnaires : des marches sont organisées chaque mois en Lorraine et les réunions d’informations et actions se multiplient dans le Nord de la France.

Les opposants craignent, d’une part une pollution des nappes aquifères, (considérée comme un risque par l’entreprise : p46 du document de base qui a accompagné l’introduction en bourse) par le méthane ou par les produits chimiques utilisés ; d’autre part les mouvements de terrains dans ces sous-sols déjà déstructurés par l’exploitation du charbon. L’impact sur la faune est important, les plateformes de forage se situant au milieu des champs aux abords d’espaces boisés.

En Australie, où le gaz de couche est exploité, un député a récemment enflammé une rivière pour dénoncer la fracturation hydraulique utilisée et la pollution de l’eau par le méthane qui s’ensuit.

Et lorsque l’exploitation ne sera plus rentable, les puits fuiront comme c’est presque toujours le cas partout ailleurs où ce gaz est exploité : le gaz ira alors contribuer à l’effet de serre.

Tous ces dégâts potentiels pour une année de consommation française (5% par an sur 20 ans, estimé par l’entreprise) !

Les collectifs s’inquiètent aussi de la possible signature des accords de libre-échange entre le Canada et l’Union Européenne (CETA) qui nous conduirait immanquablement à l’exploitation des gaz de schiste et de couche, aux hydrocarbures de sables bitumineux et à leur importation sur le sol français. Nous ne comprenons pas non plus le développement des ports méthaniers comme Montoir ou Dunkerque (où arrive déjà du gaz de schiste américain) et des infrastructures liées au transport d’hydrocarbures (projet Eridan, notamment), qui engagent des milliards € dont nous aurons bien besoin pour les énergies renouvelables sur nos territoires.

Monsieur Hulot, vous avez soutenu les collectifs d’opposition aux gaz de schiste et de couche. En conséquence, nous comptons sur votre soutien, maintenant que vous avez l’opportunité d’agir. Ce n’est pas à une entreprise de décider de la politique énergétique de la France, à vous donc de mettre en œuvre votre souci de respecter les accords de Paris sur le climat. L’heure n’est plus à l’investissement dans les projets d’infrastructure liées à l’extraction ou au transport d’hydrocarbures ni aux subventions aux énergies fossiles.

Collectif Houille-ouille-ouille 59/62, Les grenouilles en colère, APPEL 57 Collectif de Lachambre, Stop gdhc d’alsace et de lorraine STOP Gaz De Couche 57, Stop GHRM 38, Nonaugazdeschiste91, Collectif taupes énervées 91, Collectif d’Anduze, Collectif Basta! Gaz Alès, Collectifs citoyen de Pézenas, Castelnau de Guers, Collectif du Céressou, Eco’lectif de Gignac, Collectif de Campagnan, St Pargoire, Collectif Touche pas à mon schiste, Collectif 07 SGHDS, Collectif Carmen, Association « stop aux gaz de schiste-Non al gas d’esquit-47, Collectif CAMIS’GAZ-permis plaine d’Alès, Collectif Roquedur-Le Vigan (30), Collectif de Valgor(07) Le Collectif Montpeyroux, Arboras, Collectif non au gaz de schiste Montélimar/Drôme Sud Collectif Hainaut 59 (permis Nord CAMBRAI),Collectif Hautes Cévennes (30) Collectif Auzonnet, Cèze et Ganière (30), Association Cèze et Ganière (07), Stop gaz de schiste 69, Non au gaz de schiste Pays de Savoie et de l’Ain, Collectif Non aux Gds31, Collectif Non aux forages d’hydrocarbures Haut-Bugey et Jura, Collectif Montpellier-Littoral, Les Dindons de la Farce, Collectif Causse Méjean : Gaz de schiste NON ! (48) Aniane 34, Collectif Stop gaz de schiste Florac (48) Collectif 32 Non au gaz de schiste, Collectif du pays fertois : Non au pétrole de schiste (77), Collectif ALDEAH, Collectif stop au gaz de schiste 83

commentaires
  1. Jérémy NICOLAS dit :

    Nicolas HULOT c’est clairement exprimé. Il s’opposer à toute nouvelle demande de recherche d’hydrocarbures sur le sol Français, mais il a expliqué que le gouvernement devra accorder les permis d’exploitation aux sociétés qui ont déjà investi dans la recherche, pour ne pas avoir de pénalités à payer. M. Macron, qui a été soutenu dans sa campagne par M. Moulin (directeur de LFDE), compte bien permettre l’exploitation du gaz de couche en France, avec toutes les conséquences qui en découlent.
    Le 26 et 27 août, il y aura le « Festigaz : Gaz Paz les Houilles » en Moselle. Au programme : des stands d’info, des débats, activités pour les enfants, concerts, camping, cantine, etc…
    Pour plus d’infos : stop-gdc57@riseup.net

  2. Balvet Jeanne dit :

    Après avoir fais parti de vos pages sur Face Book, serais fort déçu si vous laissait ouvrir d autres puits actuellement en étude pour fournir avec fracturation hydraulique du gaz. Ce serait catastrophique, contamination des eaux, de l air, effondrement et peut être séisme avec le temps.Vous si engagez en écologie, ne nous décevez pas!

  3. thérèse Delfel dit :

    Il est intolérable que le jeu de la société pétrolière consiste à vouloir noyer le … gaz dans des termes fumeux. Gaz de mine = Gazonor, récupération de méthane dans les anciennes galeries minières, tout à fait acceptable, alors que gaz de couche = gaz non conventionnel, multiples permis en Lorraine, en 11 ans, 0 m3 de gaz de couche fourni à la France, 0 euro de C.A. gaz de couche ayant contribué au P.I.B. du pays, 0 emploi laissé après départ de Diebling, de Folschviller et de Tritteling et selon géologues EGL, donc compétents et loyaux envers la société, forages avec fracturation hydraulique avant 2011. Espérons que M. Hulot sera sincère dans ses engagements et ne nous enverra pas dans un avenir fossile ! Ce que M. Macron semble désirer …

    • Dan ARDUYNNA dit :

      Nous projeter dans  » le jour d’après « , après le nucléaire, après le pétrole, après les dégats météo, après les famines, les pandémies, les conflits, les exodes, pour juger de l’intérêt de ces investissements qui concernent les générations futures. Le méthane fossile ou biomasse sera précieux.

  4. Monique Demare dit :

    Monsieur Hulot a certes, été nommé, mais il a refusé plusieurs propositions de représentation par le passé, et il a accepté cette fois -ci : alors sans doute qu’il ne voulait pas se cantonner à la critique systématique et de principe ou de calcul politicien sans proposer et promouvoir des améliorations décisives pour la transition énergétique et le développement durable pour l’hexagone et ailleurs dans l’intérêt général; Et puis sans doute qu’il estime que le nouveau gouvernement lui donnera les coudées franches pour agir efficacement dans ce sens. Encore faut-il pour cela que les structures étatiques et commerciales actuelles qu’utilisent nos élus ne puissent pas bloquer ces orientations essentielles du développement durable pour le dévoyer dans l’intérêt dominant du profit… Compte-tenu que les pressions politiques des français( élus inclus) depuis trente ans au moins, ont conduit à la situation actuelle que nous vivons, sa tâche demandera qu’ils ne lui cassent pas la baraque pour le plaisir et par égocentrisme collectif ou individuel aussi, en étant capable de tenir compte à la fois de la flexibilité professionnelle tenable ( formations) sans conséquences graves et irrémédiables sur la santé des gens et de la nécessité de tenir le cap de la transition énergétique durable. Bref, du coton. Je lui souhaite bien du courage et à nous aussi …. Mais je fais partie de ceux ou celles qui ne se contentent pas des discours culpabilisateurs sans actions qui les soutiennent…pour les nouvelles générations.

    • Dan ARDUYNNA dit :

      La récupération des émanations naturelles issues des puits existants est vertueuse, mais les techniques d’extractions forcées sont climaticides.
      La lutte contre le réchauffement nécessiterait non seulement plus de sobriété énergétique, de reconsidérer nos besoins, mais aussi l’abandon de l’alimentation carnée, l’élevage, par ses émanations de méthane, ayant plus d’impact que les transports, cette lutte chacun peut y participer, et l’état doit l’accompagner par des campagnes pédagogiques, (gestion des déchets…), culturelles (gastronomie… ), et politiques en aidant les éleveurs à se reconvertir dans l’agriculture bio.
      Donc, pas de nouveaux puits, et concentrons nos efforts sur la transition énergétique et la révolution philosophique holistique nécessaire pour nous préparer aux désastres climatiques à venir.

  5. Dan ARDUYNNA dit :

    Monsieur Hulot, vous pouvez compter sur nous pour vous aider à représenter la Conscience humaine face aux cataclysmes climatiques qui arrivent. Si l’exploration, la fracturation, la stimulation sont le fruit de convoitises climaticides, donc écocides, donc insidieusement génocidaires, je reste favorable, sur le principe, à l’exploitation des gaz de couche (Note modérateur: Attention il s’agit de « gaz de mine« ) de puits déjà en place, car la captation du méthane, qui dégaze naturellement, pour sa consommation, permettra sa transformation en CO2 dont le pouvoir radiatif est 84 fois inférieur sur les 20 premières années, ce qui présente donc un bilan climatique positif. Le rendement de telles installations, doit être considéré sur une échelle de temps transgénérationnelle.
    Source CITEPA très fiable, mise à jour le 13 janvier 2017, très bien documentée et présentée :
    https://www.citepa.org/fr/air-et-climat/phenomenes/changement-climatique-effet-de-serre

  6. martine graf dit :

    https://www.rts.ch/info/regions/vaud/8703523-l-initiative-vaudoise-contre-le-gaz-de-schiste-est-sur-le-point-d-aboutir.html

    cette initiative devrait aboutir et sera vraisemblablement soumise au vote populaire sur le canton de Vaud, mais cela pourrait prendre encore 2 ans …

  7. Espérant que M. Hulot lira cette lettre ouverte et continuera à soutenir le collectif en interdisant les permis d’exploitation.

  8. Decaudin dit :

    Moralement et par ces engagements antérieurs fondés sur la réalité écologique, Mr Hulot est très bien placé pour ne pas cautionner, accompagner, permettre ces exactions contre la nature, l’environnement !

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