Alerte! en Pologne ici (!) Info minute revue de presse
On vous l’avait annoncé, ils l’ont fait !
Le rapport d’étape de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) présenté le 6 juin 2013 propose de revenir sur la législation interdisant la recherche et l’extraction des gaz et huiles de schiste en utilisant la fracturation hydraulique. Compte tenu de la composition du Comité scientifique, représentant des intérêts industriels, qui était chargé de conseiller nos députés et sénateurs, le résultat était prévisible.
Bien entendu, il s’agit d’abord de « savoir ce que recèle notre sous-sol », ce qui nécessiterait quelques puits « avec tests de production … une vingtaine dans le bassin parisien et une dizaine à l’échelle de la France » dit le Rapport. Une centaine avait dit M Besson de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) lors de son audition par l’OPECST. Tiens, tiens…
En se fondant sur les « estimations sommaires » de la même AIE, qui se sont avérées largement surestimées en Pologne, et sur les prévisions de création d’emplois complétement fantaisistes du bureau d’étude SIA, MM Lenoir (sénateur UMP) et Bataille (député PS), avalisent toutes les contre-vérités véhiculées par les entreprises pétro-gazières.
Selon eux les techniques de forages et même de fracturation hydraulique sont parfaitement maîtrisées en France, puisqu’on y a réalisé plus de 6000 puits d’hydrocarbures en 70 ans dont 45 avec fracturations hydraulique. Ce n’est pas vraiment rassurant quand on pense que la production des 50 milliards de mètres cubes de gaz par an que nous consommons actuellement nécessiterait le creusement et la fracturation d’au moins 3600 puits chaque année : ce ne sont pas les mêmes ordres de grandeur ! Et avec une telle production, si elle s’avérait possible, on baisserait notre facture énergétique d’au plus 10% : on peut faire mieux et moins cher avec la promotion des énergies renouvelables.
Au passage les rapporteurs en profitent pour faire l’amalgame entre la fracturation hydraulique pour l’exploitation des hydrocarbures et celle pour la géothermie de grande profondeur, appuyant ainsi la QPC (Question prioritaire de constitutionnalité) posée par le pétrolier Schuepbach pour tenter de faire abroger la loi du 13 juillet 2011. Naïveté ou complicité ?
Quant à leurs affirmations sur l’absence de pollutions aux États-Unis, elles ne peuvent tromper que ceux qui refusent de voir la réalité. D’ailleurs ils admettent implicitement la nocivité des produits utilisés, puisqu’ils parlent de « réduire la toxicité des additifs » en reconnaissant que ce sera « coûteux ». Et de nous proposer un fluide à base de produits ménagers (pas vraiment biologiques…) et d’additifs alimentaires à vous dégouter définitivement des jus de fruits et desserts industriels surtout avec glaçage au chocolat, en précisant toutefois que « son surcoût… limite son utilisation » !
Et puis Veolia ne demanderait qu’à produire puis retraiter l’eau de fracturation (sans garantie technique pour l’instant) pour la réutiliser, mais là aussi à quel coût ? Quand on sait que certains champs gaziers américains produisent aujourd’hui à des prix de revient inférieurs au prix du marché, et avec des techniques polluantes, à qui veut-on faire croire que les mêmes entreprises pourraient produire de façon plus propres chez nous avec un prix attractif ?
Et puis, cerise sur le gâteau, il suffirait de « faire bénéficier les collectivités locales et les propriétaires » d’une partie des retombées financières pour leur faire accepter l’inacceptable. Et bien non, messieurs nos parlementaires, cela ne suffira pas à nous faire avaliser la dégradation continue du climat, la pollution de nos ressources en eau et de notre air, la destruction de nos cadres de vie et la santé de nos enfants.
Et tant que notre Ministre de l’Ecologie maintiendra fermement sa position contre la fracturation hydraulique, renforcée par sa circulaire du 21 septembre 2012 interdisant l’exploration par sismique réflexion « dans les zones géographiques où cela ne peut être justifié par la recherche d’hydrocarbures conventionnels », nous serons à ses côtés.
Sur le même sujet:
Nous ne les laisserons pas faire.