Articles Tagués ‘Société Générale’

Révision du code minier : Pétition                                                        (!) Info minute – Revue de Presse

26 mai 2014 Observatoire des multinationales par Olivier Petitjean

Si les problèmes environnementaux associés à la fracturation hydraulique ne suffisaient pas déjà, ce sont désormais aussi les bienfaits économiques allégués du gaz de schiste qui apparaissent comme un mirage. Ce qui n’empêche pas les multinationales pétrolières et gazières d’en faire la promotion aux quatre coins du monde. Malgré le caractère quasi spéculatif de ces projets, ils bénéficient des financements et du soutien de nombreuses institutions financières – parmi lesquelles les grandes banques françaises. Interpellées par les Amis de la terre, les banques concernées se cachent derrière leur petit doigt. Une attitude qui contraste avec les initiatives prises dans d’autres pays, comme les Pays-Bas.

gaz de schiste les banquesMême si la France a fermé la porte au gaz de schiste sur son territoire, ses entreprises ne se privent pas d’en faire la promotion en Europe et ailleurs, et d’y investir des ressources parfois considérables. C’est le cas, bien sûr, pour les grands opérateurs gaziers, Total et GDF Suez, et pour les fournisseurs traditionnels du secteur des hydrocarbures. Mais c’est aussi le cas des banques. Selon une étude réalisée pour le compte des Amis de la terre Europe, dont nous avons pu prendre connaissance en exclusivité, les banques françaises figurent en bonne place parmi les institutions financières les plus actives dans le financement du gaz de schiste dans le monde.

Au vu du caractère extrêmement controversé de l’industrie des gaz et pétrole de schiste, on aurait pu s’attendre à un peu plus de prudence. La seule technique d’extraction viable à ce jour est la fracturation hydraulique, facteur de pollution des nappes phréatiques et d’aggravation des risques sismiques. Outre ces impacts locaux, l’attention se porte de plus en plus désormais sur les conséquences de l’extraction des hydrocarbures de schiste pour la pollution de l’air et pour le climat. Plusieurs études récentes ont montré que la fracturation hydraulique occasionne d’importantes émissions de méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2. Et le gaz ou le pétrole extraits restent, en eux-mêmes, des sources d’énergie fossile, émettrices de carbone.

Le rapport commissionné par les Amis de la terre Europe identifie les banques et autres institutions financières qui soutiennent 17 entreprises actives dans la prospection et l’exploitation de gaz de schiste au niveau mondial, parmi lesquelles les majors Total, Shell et Chevron, les firmes pétrolières nord-américaines Cuadrilla, Marathon Oil et Talisman Energy, ou encore l’argentine YPF et la polonaise PGNiG. L’étude prend en compte différentes formes d’implication financière des banques dans les entreprises concernées (prêts, souscriptions d’actions ou d’obligations, garantie d’émission d’actions ou d’obligations) et évalue cette implication selon une échelle graduée : faible, moyenne ou haute.

Les grandes institutions financières françaises – BNP Paribas, Société générale, Amundi, Axa et Crédit agricole – non seulement financent toutes sans exception des entreprises actives dans le gaz de schiste, mais elles figurent aussi souvent parmi les plus impliquées dans le secteur, aux côtés de banques telles que Citi ou UBS. Les firmes polonaises, PGNiG et PKN Orlen, sont les premières bénéficiaires des largesses financières françaises : l’implication de BNP Paribas et de la Société générale dans ces deux entreprises est qualifiée de « haute » [1]. Mais c’est aussi le cas de firmes nord-américaines, très actives dans la promotion du gaz de schiste dans plusieurs pays, comme Marathon Oil [2] et Talisman Energy [3]. Les institutions financières françaises soutiennent également le développement du gaz de schiste en Argentine et en Afrique du Sud via leur implication dans, respectivement, les firmes Repsol et Sasol. Enfin, elles sont évidemment très présentes aussi aux côtés de Total, pour des sommes encore plus considérables [4].

Les critères sociaux et environnementaux mis en place par les banques sont-ils crédibles ?

Les Amis de la terre Europe ont écrit aux banques et compagnies d’assurances concernées pour les interpeller sur les risques du gaz de schiste et leur demander de se désengager du secteur. Seule la Société générale n’a pas daigné leur répondre. La réponse d’Amundi résume l’attitude générale : « Amundi (…) est particulièrement sensible aux questions environnementales et plus largement à l’ensemble des critères ESG (Environnemental, Sociétal, Gouvernance). Elle en tient compte dans ses processus d’analyse et de choix d’investissement (…) [Or] la notation résultant de nos critères d’analyse n’exclut pas à ce jour PGNiG de notre univers d’investissement. » Bref : ne vous inquiétez pas, nous avons déjà mis en place tous les critères de « responsabilité » et de « durabilité » nécessaires, vous n’avez qu’à nous faire confiance même si nous ne vous en dirons pas plus.

De la même manière, BNP Paribas affirme être « parfaitement conscient des risques et opportunités relatif [sic] à cette activité », ayant participé aux côtés d’autres institutions financières à l’élaboration d’un « guide pour les financiers », intitulé « Shale gas exploration and production : lire la suite ici