(!) Info minute revue de presse
« Les syndicats tous unis pour défendre les gaz de schiste » titre le quotidien gratuit 20 minutes dans son édition du 29 mai. De quoi s’inquiéter !
Mais 20 minutes n’est pas à une approximation près : «les» syndicats en question sont les mêmes –tiens, tiens- que ceux qui ont signé le fameux accord ANI qui détricote le code du travail pour permettre à ceux qui ont (encore) un emploi de travailler plus pour gagner moins avant de perdre leur travail pour de bon. On y retrouve, à côté des syndicats patronaux (MEDEF, CGPME et UPA), la même brochette de syndicats collaborationnistes : CFDT, CFTC et CFE-CGC. Les «poids lourds» du syndicalisme n’y sont pas ! Ouf !
Mais comment ces syndicats-là, même minoritaires, justifient-ils l’injustifiable ?
D’abord par l’amélioration de la balance commerciale et de l’indépendance énergétique du pays. Les experts du MEDEF n’ont-ils donc pas expliqué aux syndicalistes que, selon le rapport des ingénieurs généraux des mines du CGEIET[1] (Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies), lesquels ne sont pas des opposants à l’extraction, l’exploitation des gaz et huiles de schiste permettrait au mieux d’assurer la moitié de notre consommation actuelle de gaz naturel pendant 25 ans ? Soit en fait moins de 10% des hydrocarbures que nous importons aujourd’hui : pas négligeable en montant, mais on pourrait faire bien mieux avec des économies d’énergie. Rien non plus à espérer avec de tels volumes en termes de prix de l’énergie en Europe, c’est la Commission européenne qui le dit[2]. Quant à l’indépendance énergétique, on en resterait bien loin !
L’autre argument, « décisif » pour ces syndicalistes, ce sont les emplois créés. Il est vrai que le bureau d’études SIA a affirmé que l’exploitation des gaz de schiste pourrait créer 100 000 emplois en France. Cette évaluation, largement relayée par la presse dominante, est fondée sur des données américaines[3] (volontairement ?) mal interprétées, et s’avère malheureusement plus que fantaisiste[4][5]. Les ingénieurs du CGEIET estiment, dans le même rapport, ces extrapolations inappropriées et chiffrent à «quelques centaines» les emplois (précaires et peu qualifiés pour la plupart) à espérer. Et il faudrait aussi chiffrer les destructions d’emplois dans l’agriculture et le tourisme qu’induirait l’industrialisation massive des régions concernées…Et que dire du coût sanitaire et environnemental qui en résulterait, et viendrait plomber la sacro-sainte quête de compétitivité ?
Y- aurait-il eu «un peu» d’intoxication de la part du patronat envers des syndicalistes naïfs ? Ou d’autres intérêts communs inavouables ? Nous ne doutons pas de la réaction indignée de la CGT, de FO et de SUD qui devraient rapidement dénoncer cette assimilation de quelques syndicats minoritaires à TOUS les syndicats français. Nous attendons aussi avec impatience, mais un peu moins de certitude pour certains d’entre eux, leur prise de position contre la recherche et l’exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels, nocifs pour l’environnement immédiat, le climat planétaire et l’économie, tant française que mondiale.
JC
[1] Les hydrocarbures de roche-mère en France – Rapport du Conseil Général de l’industrie, de l’énergie et des technologies et du Conseil Général de l’environnement et du développement durable – février 2012
[2] Unconventional gas : potential energy market impact in the European Union – European Commission Joint Research Centre – 2012
[3] Marcellus shale workforce needs assessment – Marcellus shale education and training centre – juin 2009
[4] Gaz de schiste: SIA et les 100 000 emplois bidons – Octobre 2012
[5] Trois questions à Thomas Porcher – Agir pour l’environnement 2 Mai 2013
« Réinventer la croissance , agir ensemble pour une dynamique économique« , MEDEF, CGPME, UPA, CFDT, CFTC, CFE-CGC mai 2013 : les pages où l’on évoque les gaz de schiste
Si on se souvient que la CGT aussi, dans son communiqué du 2 mai, appelait de ses voeux l’arrivée d’une exploitation de gaz de couche (alors qu’elle défend des mineurs atteints de pathologies liées à l’ère minière et des personnes luttant pour obtenir réparation des dégâts, en somme, qu’elle a pleine connaissance des effets dévastateurs de l’après-mines ! Nous y avions répondu vertement (réponse publiée sur le site de notre collectif lorrain) et quand EGL impliquée sur le terrain, annonce vouloir « attirer les investisseurs et les crédits d’état », les intentions du consortium sont données. Quant aux emplois, quelques 600.000 aux USA pour … 800.000 puits, soit 0,8 emploi par puits (évidemment même pas éthique, ni solidaire ni pérenne), la farce est relayée par conseil régional et ministère du redressement productif. A croire que tous ces « responsables » n’ont eux, pas besoin d’air respirable, ni d’eau de qualité, ni de sols qui portent les récoltes dont ils se nourrissent ! Vite, une vague de bon sens pour les arrêter !
Voilà le communiqué auquel Thérèse fait référence. Communiqué