Au nom de la guerre en Ukraine, ne ressortons pas tous les projets enterrés!

Publié: 8 avril 2022 dans énergie climat, forage d'hydrocarbures, gaz de houille, gaz de schiste

Profitant de la guerre en Ukraine et des tensions énergétiques, des entreprises gazières tentent de relancer leurs activités en faisant miroiter l’indépendance ou des réserves mirifiques – en réalité inexploitables -, et en avançant des arguments fallacieux pour tenter de faire reculer le gouvernement sur ses engagements climatiques.

En Lorraine, l’entreprise « La Française de l’Énergie » surfe sur les débats actuels sur la dépendance de l’Europe au gaz russe pour relancer sa campagne de communication dans le but d’obtenir une autorisation pour extraire du gaz de couche de charbon. En réalité, une très faible part de ces réserves est réellement récupérable

L’obtention du permis « Bleue Lorraine », impliquerait le forage de 400 puits sur 191 km2 et mettrait en péril la ressource en eau potable, détruirait des terres agricoles, et libérerait d’importantes quantités de méthane, puissant gaz à effet de serre (1).

Collectifs, associations, citoyens et même élus (2) ont alerté depuis plusieurs années sur les risques de ce projet, et demandé au gouvernement français de rejeter cette demande de concession. Ils s’inquiètent aujourd’hui de l’opportunisme de cette entreprise spéculative qui espère tirer profit de la situation géopolitique pour faire entrer les réserves de gaz dans les actifs de l’entreprise.

Ces pressions de l’industrie gazière ne sont pas isolées. En Catalogne, l’Espagne propose de relancer la construction du gazoduc MidCat (3) – 120 km entre la Catalogne et les Pyrénées orientales- afin d’y faire transiter du gaz de schiste nord-américain, livré en Espagne sous forme liquéfiée (GNL).

La Commission européenne est sollicitée pour réactiver cette interconnexion, cette fois en changeant de sens le flux gazier : en 2017, il était prévu d’y faire passer du gaz russe dans le sens France-Espagne et aujourd’hui ce serait du gaz de schiste nord-américain dans le sens Espagne-France. Ce projet ne peut répondre au problème d’approvisionnement actuel : il faudrait plusieurs années pour que ces infrastructures soient opérationnelles. Ces fausses solutions ne feraient que nous enfermer davantage dans notre dépendance aux énergies fossiles et repousser le problème.

Certains en profitent même pour tenter de remettre sur la table des études sur le gaz de schiste et des terminaux gaziers ; projets qui avaient été interdits ou abandonnés.

Rappelons que peu importe la provenance et la méthode de production, il faut s’attendre à l’avenir à des tensions récurrentes sur le prix des énergies fossiles.

Le piège serait d’autoriser des projets, en réaction immédiate à l’actualité, et de se retrouver face à des conséquences catastrophiques dans les prochaines années

Pourtant il existe des rapports qui nous montrent comment se passer des importations russes sans nouvelles infrastructures et sans nouvelles exploitations fossiles (4).

Le futur gouvernement sera-t-il aveuglé par la crise énergétique au point de perdre de vue la menace climatique ? Sortir des énergies fossiles est une urgence absolue reconnue par l’ensemble de la communauté scientifique. Il serait aberrant qu’après l’énième alarme du GIEC le mois dernier, la France contribue encore au développement des énergies fossiles. 

Deux choix opposés s’offrent à vous : allez-vous vous engager vers de vraies solutions d’avenir ou tomber dans le piège qui consiste à reculer pour soi-disant mieux sauter ?

La France – et l’ensemble des pays européens – doivent dire halte aux fausses solutions ! Le chemin à suivre est celui d’une vraie transition énergétique, de la sobriété, de la modification de nos modes de consommation et de transport. La crise internationale actuelle nous invite à cesser sans délai la course en avant dans le domaine des énergies, quelle qu’en soit la source – et à rompre notre dépendance aux énergies fossiles d’où qu’elles proviennent. 

Nous exigeons des candidats qu’ils démontrent leur capacité à être à la hauteur des enjeux climatiques. 

Ni fossiles, ni fissiles, ni ici ni ailleurs.

Les 74 premiers signataires de cette lettre ouverte aux candidates et candidats à la Présidence de la République :

350.org, Greenpeace France, Les Amis de la Terre France, Les Amis de la Terre Pays-Viganais 30, Les Amis de la Terre 57, Attac France, Attac Paris, Attac Moselle, Attac Romans, Attac Mâcon, Attac Périgueux, Attac Alès Cévennes, Attac93sud, AttacUzège (30), ATTAC 45, Attac21 , ATTAC74 (Genevois, Chablais et Annecy), Alternatiba Nord Franche-Comté, EDA Lille, Eau Secours 62, GDEAM 62, Solidaires Moselle, CRI-AC ! – Collectif Relais d’Informations et Actions Citoyennes 38, Association de préservation de l’environnement local 57, Non au gaz de schiste 74 Pays de Savoies et de l’Ain, Association Vervillages, Association pour la promotion des énergies renouvelables AMPER, Collectif BASTAGAZ’ALES, Consom’acteurs, Association HIRRUS, MAN Moselle, Metz Marche pour le climat, Association de défense contre la pollution Sarreguemines et environs, Association l’Inventerre du pré vert-Dieuze-57, Association Quand On sème, Lorraine Association Nature, Collectif du lien et du bien, Aitec, Association GECNAL – Groupement d’Etude et de Conservation de la Nature en Lorraine, Vigilance Hydrocarbures France, La Voix de l’Arbre France, Collectif nonaugazde schiste 91, Collectifs Stop au gaz de schiste en Rhône-Alpes, Collectif de défense des bassins miniers Lorrains, DEnosMAINs, Collectif Houille-ouille-ouille 59/62, Association La rêverie, Association Le repère, Sortons du nucléaire Moselle, Comité mosellan de soutien à Bure, A.L.M.E.C., Fédération Lorraine Nature Environnement, Fédération-Flore 54, Vosges Nature Environnement, Les Amis de la Confédération paysanne d’Alsace, Collectif Alsace des luttes paysannes et citoyennes, Air Vigilance, Metz à Vélo, Association STOP KNAUF ILLANGE-57, Comité de soutien Bure-Longwy, Association Ginkgo Mon Amour, Metz en Transition, STOP FESSENHEIM, Hêtre Vit Vent

(1) https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/exploitation-des-hydrocarbures-des-chercheurs-identifient-plus-d-un-millier-de-fuites-majeures-de-methane-dans-le-monde_4940889.html (2) https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop26/tribune-cop26-66-elus-demandent-au-gouvernement-l-abandon-du-projet-d-exploitation-du-gaz-de-couche-en-moselle_4837545.html (3) https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/l-ue-enlisee-dans-le-gaz-les-lobbies-derriere-la-politique-europeenne-de/  (4) http://www.raponline.org/wp-content/uploads/2022/03/rap-e3g-ember-bellona-stop-russian-gas-2025-final.pdf

commentaires
  1. Corcelle Stéphane dit :

    Les américains sont prêts à tout pour se faire du fric (avec le gaz de schiste) même s’ils disent que c’est pour nous rendre service. La porte est grande ouverte pour accroitre le réchauffement climatique alors qu’il existe d’autres moyens. Le monde ne change pas tellement.
    La seule chose de positif c’est qu’une prise de conscience commence à voir le jour en Europe pour se séparer des énergies fossiles venant de la Russie.

  2. Pascal Clavreul dit :

    C’est la 1ère chose qui m’est venus à l’esprit …
    Un retour du gaz de schiste dans nos contrées.
    Les États-Unis vont en profiter pour nous vendre leurs gaz. C’est désolant…
    Bien à vous
    Pascal

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