Les compagnies pétrolières à l’assaut de Cuba

Publié: 22 mars 2016 dans énergie climat, forage d'hydrocarbures
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(!) Info minute – Revue de Presse

Libre traduction par nos soins de l’article publié par Grist.org sous le titre Oil companies want to get in on the action in Cuba

C’est un nouveau jour pour Cuba et les États-Unis. Un peu plus d’un an après le début duobama-cuba-embargo- dégel officiel des relations entre les deux nations, dimanche (20 mars 2016) le président Obama est devenu le premier président américain à visiter l’île depuis … Calvin Coolidge (soit depuis 88 ans). Au cours d’une visite de deux jours et demi, selon la Maison Blanche Obama a rencontré le président cubain Raúl Castro pour discuter de la levée de l’embargo en place depuis 1962 ainsi que des opportunités économiques et des violations des droits de l’homme. Il devait également assister à un match de baseball.

Obama n’est pas le seul que Cuba intéresse. Le monde des affaires, y compris l’industrie pétrolière, lorgne lui aussi l’île nation.

En octobre dernier, cent vingt chefs d’entreprise se sont rendus à Cuba pour discuter du développement pétrolier offshore. Alors que les entreprises américaines n’ont toujours pas le droit de détenir des actifs pétroliers à Cuba, elles peuvent être impliquées dans des opérations de forage et de gestion de la sécurité. Et Cuba pourrait être accueillante l’explique Bloomberg:

La chute des cours du pétrole a forcé le Venezuela à réduire son soutien à Cuba et cela va amener la « nation officiellement communiste » à s’ouvrir à l’investissement étranger et à construire son rapprochement avec les États-Unis, selon un rapport de l’agence Moody du mois de décembre. EtHIBERNIA OIL DRILLING PLATFORM TOWED OUT TO SEA une telle ouverture pourrait se traduire par une augmentation de la production de pétrole laquelle se situe actuellement à 50.000 barils par jour. Le bureau de recherche géologique des États-Unis (US Geological Survey – USGS) estime que 4,6 milliards de barils de pétrole brut sont nichés dans le bassin du Nord de Cuba, avec la plus grosse part se situant à moins de 80 kilomètres de la côte cubaine; Le bureau de recherche géologique américain estime que ces « réserves » équivalent à un cinquième de celles identifiées dans les mers arctiques au large de l’Alaska. Mais ce pétrole – s’il existe vraiment – ne nécessiterait pas le recours à des technologies de très haut niveau généralement nécessaires à l’exploitation en région difficile et la production ne nécessiterait qu’un court transport en barge pour rejoindre les raffineries américaines du golfe du Mexique.

Évidemment, la perspective d’un tel développement de la production pétrolière dans les eaux cubaines n’est pas du goût des écologistes. Les forages pourraient être entrepris à une cinquantaine de miles (80 km) des côtes de la Floride et en cas de fuite la marée noire pourrait atteindre facilement les côtes américaines. Ceci sans compter l’impact climatique lié à la production et la consommation de ce pétrole. Un notera que l’altitude de Cuba est très peu élevée rendant l’île particulièrement vulnérable à l’élévation du niveau de la mer.

Une note de briefing officielle sur le voyage d’Obama à Cuba émanant de la Maison Blanche mentionne les changements climatiques et l’intention des deux pays de travailler ensemble sur la lutte et de s’y adapter. Cette note ne fait aucune mention du pétrole ni du gaz. « Les États-Unis et Cuba reconnaissent les menaces posées par le changement climatique à nos deux pays», peut-on lire « y compris l’aggravation des impacts tels que la poursuite de l’élévation du niveau de la mer, l’acidification alarmante de nos océans, et l’incidence frappante des événements météorologiques extrêmes. La coopération dans l’action pour relever ce défi est plus importante que jamais ».

Relever ce défi est en effet un challenge à la fois pour Washington et La Havane, mais alors que les compagnies pétrolières montrent un intérêt grandissant pour les « réserves » de pétrole de Cuba, on risque encore une fois de voir triompher le profit au détriment du progrès. C’est arrivé partout ailleurs. Alors quid de Cuba?

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